Ingénieur mécatronicien de profession qui aspire à devenir chercheur ou professeur en intelligence artificielle, Tlamelo Makati, du Botswana, est également un écrivain dont les travaux sont présentés dans le blog Sauti, une collection numérique de 25 histoires de jeunes femmes africaines sur l'impact de COVID-19.
Cette publication, lancée par le Bureau de l'Union africaine de l'Envoyé de la jeunesse, vise à amplifier les jeunes femmes africaines en première ligne de COVID-19 et à mettre en valeur leurs talents créatifs.
Dans cette courte interview avec Africa Renewal, Tlamelo parle de son poème "Healing" : Un labyrinthe sans fin". Elle explique combien il est difficile pour une survivante de la violence sexiste de se remettre d'un traumatisme.
Votre poème "Healing : Un labyrinthe sans fin". Que signifie-t-il ?
Le poème essayait de dépeindre la guérison comme une lutte quotidienne. Un jour, vous pensez que vous allez bien. Vous pensez que vous avez atteint l'autre côté, mais vous vous rendez compte que vous êtes dans une impasse. Puis vous devez revenir sur vos pas, parfois même vous perdre sur le chemin du retour. Et vous n'atteignez jamais la lumière à la fin parce qu'elle vous conduit dans un autre labyrinthe.
Le texte semble très personnel. Est-ce une histoire vraie, fictive ou composite ? Ìý
C'est une histoire vraie et très personnelle.
Pourquoi avez-vous choisi ce format ? N'aurait-il pas pu s'agir d'un essai ou d'une simple histoire racontée ?
J'ai pensé que c'était plus logique. Une série de poèmes raconte une histoire sous différents angles et points de vue. Les parties peuvent être reliées entre elles mais chacune a son propre cadre. Pour un essai ou une histoire racontée, il aurait fallu que je sois toujours la même personne.
Le mot "labyrinthe" du titre me fait penser à "brume" et je me demande si le titre n'aurait pas pu être aussi "Guérison" : Une brume sans fin" ?
En regardant de l'extérieur, on pourrait croire que le personnage est conscient de tout. Elle n'a tout simplement aucun contrôle, dans certains cas, sur sa situation.
Bien qu'il semble qu'il n'y ait qu'un seul narrateur, celui-ci alterne entre les récits à la première et à la troisième personne. Pourquoi ce choix ?
Le narrateur alterne entre les différentes personnes, donc parfois il parle comme celui qui a le contrôle et parfois il parle au nom des autres.
Y avait-il un message que vous essayiez de faire passer ?
Je voulais dire à ceux qui ont été traumatisés, ou à ceux qui ont vécu une expérience qui a changé leur âme, qu'ils ne sont pas seuls. Et pour ce faire, j'avais besoin de leur donner un aperçu de ce qui se passe dans l'esprit d'un survivant ; de leur dire : nous comprenons et vous n'êtes pas fou ou délirant. C'est normal de se sentir comme dans un labyrinthe.
Vous êtes parmi les 25 gagnants du concours de blog du Sauti. Avez-vous spécifiquement écrit l'article pour le concours ou s'agit-il d'une histoire réadaptée ?
Il s'agit d'une histoire réadaptée. Elle était dans mes ébauches et quand j'ai vu le concours, j'ai trouvé qu'elle collait bien. Et je ne pensais pas que j'avais quelque chose à perdre en partageant mon histoire avec des étrangers.
Y a-t-il eu une expérience particulière qui l'a motivée ?
C'était un point culminant d'expériences, mais celle qui s'est produite l'année dernière lors du week-end de mon anniversaire a été pour moi le point de rupture.
Et les autres jeunes femmes peuvent-elles facilement s'identifier à cette expérience ?
Je pense qu'il est très facile pour elles de s'identifier. La plupart des femmes traversent des expériences traumatisantes et se blâment souvent elles-mêmes, ou estiment qu'elles n'ont pas le droit de ressentir une certaine chose.