Selon une analyse de l'Organisation mondiale de la ³§²¹²Ô³Ùé (OMS), la couverture vaccinale contre la COVID-19 a stagné dans la moitié des pays africains, tandis que le nombre de doses mensuelles de vaccin contre la COVID-19 administrées a diminué de plus de 50% entre juillet et septembre. Même si l'Afrique est loin d'atteindre l'objectif mondial de fin d'année consistant à protéger 70 % de la population, des progrès modestes ont été réalisés dans la vaccination des groupes de population à haut risque, notamment les personnes âgées.
L'analyse de l'OMS montre que le pourcentage de personnes ayant reçu une série de primovaccination complète (une dose pour le vaccin Johnson and Johnson et deux doses pour les autres vaccins) a à peine bougé dans 27 des 54 pays africains au cours des deux derniers mois (17 août - 16 octobre 2022). De plus, en septembre, 23 millions de doses ont été administrées, soit 18 % de moins qu’en août, et 51 % de moins que les 47 millions de doses administrées en juillet. Le nombre de doses administrées le mois dernier représente également environ un tiers du pic de 63 millions de doses atteint en février 2022. Toutefois, on observe des signes d'amélioration ce mois-ci, avec 22 millions de doses administrées au 16 octobre 2022, soit 95 % du total administré en septembre.
De manière générale, au 16 octobre 2022, seuls 24 % de la population du continent avaient terminé leur série de primovaccination, alors que la couverture est de 64 % au niveau mondial. Le Libéria a maintenant rejoint l’île Maurice et les Seychelles comme l'un des trois pays ayant dépassé les 70 % de personnes avec une couverture vaccinale complète. Le Rwanda est aussi sur le point de franchir ce cap. Parmi les autres signes de progrès, le nombre de pays où moins de 10 % de la population achève sa série de primovaccination est passé de 26 en décembre 2021 à cinq présentement. Malgré ces progrès, au rythme actuel de vaccination, l'Afrique devrait atteindre l'objectif mondial de 70 % de personnes ayant terminé leur série de primovaccination en avril 2025.
«ÌýLa fin de la pandémie de COVID-19 est à portée de main, mais tant que l'Afrique sera loin derrière le reste du monde pour atteindre une protection globale, il y aura une faille que le virus pourra exploiter dangereusement pour revenir en forceÌý», a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique. «ÌýLa plus grande priorité est de protéger nos populations les plus vulnérables des effets les plus désastreux de la COVID-19. Sur ce plan, nous constatons quelques progrès. Les pays redoublent d'efforts pour renforcer la couverture chez les travailleurs de la santé, les personnes âgées et celles dont le système immunitaire est affaibli.Ìý»
D'après les données de 31 pays, au 16 octobre 2022, 40 % du personnel de santé africain avait terminé leur série de primovaccination. Ces dernières données se basent sur les estimations en termes de taille de la population par pays au lieu des chiffres précédents qui utilisaient les estimations du personnel de santé de l'Organisation internationale du travail. Dans 15 de ces pays, plus de 70 % des travailleurs de la santé ont été entièrement vaccinés, contre 27 % au début de l'année. 31 % des adultes âgés (de 50 à 65 ans et plus selon les limites d'âge fixées par les pays) ont été entièrement vaccinés selon les données de 27 pays, soit une augmentation de 21 % par rapport à janvier 2022.
Même si les difficultés d'accès aux doses ont freiné les efforts de vaccination en 2021, ces problèmes ont été largement résolus. Les pays ont reçu en moyenne 67 doses pour 100 personnes, contre 34 doses pour 100 personnes fin 2021 et 13 doses pour 100 personnes fin septembre 2021. Le continent a reçu 936 millions de doses de vaccin, dont 62 % du mécanisme COVAX.
«ÌýAprès des débuts difficiles, le partenariat COVAX a donné de bons résultats, assurant un approvisionnement régulier de l'Afrique en vaccins contre la COVID-19Ìý», a indiqué la Dre Moeti. «ÌýAujourd'hui, nous sommes victimes de notre propre succès. Comme les vaccins ont contribué à faire baisser le nombre d'infections, les gens ne craignent plus la COVID-19 et sont donc moins disposés à se faire vacciner.Ìý»
Les campagnes de vaccination de masse ont permis de renforcer la couverture vaccinale contre la COVID-19, contribuant à 85 % des doses totales administrées dans la Région africaine. Cependant, au cours des derniers mois, le nombre de personnes vaccinées a considérablement diminué, tandis que les coûts opérationnels par personne ne cessent d'augmenter. Ce recul en matière d'efficacité est dû à une planification et à des préparatifs insuffisants, notamment au niveau local.
«ÌýLes campagnes de vaccination contre la COVID-19 sont comme de brèves opérations qui ne sont efficaces qu'avec une bonne planificationÌý», a souligné la Dre Moeti. «ÌýJ'exhorte les pays à faire de notre objectif d'atteindre chaque district une réalité en améliorant la préparation des campagnes de vaccination.Ìý»
La réticence à se faire vacciner et la perception d'un faible risque de la pandémie, considérant notamment la récente baisse des cas, freinent également l'adoption du vaccin. Au cours des 12 dernières semaines, l'Afrique a enregistré le nombre de cas de COVID-19 le plus bas depuis le début de la pandémie. Au cours de la semaine se terminant le 16 octobre, 4 281 nouveaux cas ont été signalés, ce qui représente 1,3 % du pic alimenté par le variant Omicron atteint en décembre 2021. Aucun pays n'est actuellement en résurgence ou en alerte élevée et les décès restent faibles dans la Région, avec un taux de létalité de 2,1 %.
La réponse à de multiples urgences de santé publique affecte également le déploiement du vaccin contre la COVID-19. Les épidémies de polio, de rougeole, de fièvre jaune et maintenant d'Ebola ont modifié les priorités dans les pays touchés.
Pour aider les pays à intensifier leurs efforts de vaccination, l’OMS Afrique a pris une série de mesures, notamment en aidant les pays à évaluer l'état de préparation des campagnes de vaccination au niveau des provinces et des districts, en assurant le suivi de la vaccination parmi les groupes prioritaires, en menant des actions de sensibilisation de haut niveau pour favoriser l'adoption du vaccin, en aidant les pays à intégrer les vaccins contre la COVID-19 dans d'autres campagnes de vaccination de masse planifiées et en déployant des missions de soutien dans les pays en vue d’améliorer la qualité des campagnes de vaccination.
La Dre Moeti s’est exprimée aujourd’hui lors d’une conférence de presse en ligne. Elle était accompagnée de la Dre Wilhelmina Jallah, Ministre de la santé du Libéria, et de Mme Aurelia Nguyen, Conseillère spéciale de Gavi, l'Alliance du Vaccin.
Étaient également présents pour répondre aux questions, les experts du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique : le Dr Modjirom Ndoutabe, Coordonnateur du programme de lutte contre la polio, la Dre Phionah Atuhebwe, Chargée de l’introduction des vaccins, et le Dr Patrick Otim, Responsable des urgences sanitaires à l’unité de gestion des événements graves.