Le Mexique est le berceau du ma?s et un pays qui pr¨¦sente une grande biodiversit¨¦. Aliment de base des Mexicains, le ma?s est leur principale culture depuis des mill¨¦naires1.
Au XXe si¨¨cle, la croissance ¨¦conomique du Mexique s'est ax¨¦e autour des villes. Dans la premi¨¨re moiti¨¦ du XXe si¨¨cle, le ma?s ¨¦tait au c?ur d'une politique alimentaire bas¨¦e sur l'autosuffisance. L'agriculture s'est d¨¦velopp¨¦e gr?ce ¨¤ la r¨¦volution verte, strat¨¦gie qui a permis de stimuler la croissance agricole et d'augmenter la productivit¨¦. Une alimentation bon march¨¦ ¨¦tait donc garantie ¨¤ une population en pleine expansion - avec un taux de croissance annuel record de 3,6 % dans les ann¨¦es 1960. Toutefois, au d¨¦but des ann¨¦es 1970, le Mexique a commenc¨¦ ¨¤ importer du ma?s, principalement des ?tats-Unis. Cette tendance a persist¨¦, de sorte qu'¨¤ partir de 2008, la balance commerciale alimentaire du Mexique a affich¨¦ des d¨¦ficits.
Cette d¨¦pendance croissante ¨¤ l'¨¦gard des march¨¦s ¨¦trangers pour r¨¦pondre ¨¤ la demande alimentaire mexicaine est le r¨¦sultat d'un processus historique complexe dans lequel l'?tat a jou¨¦ un r?le cl¨¦ : la politique alimentaire a soit stimul¨¦ soit frein¨¦ la production agricole et la consommation. L'objectif primordial de la politique alimentaire mexicaine ¨¦tait de fournir une nourriture suffisante, ce qui ¨¦tait davantage une approche ¨¤ la s¨¦curit¨¦ alimentaire quantitative qu'une approche qualitative prenant en compte les pr¨¦f¨¦rences alimentaires2.
Le mode d'acc¨¨s ¨¤ une nourriture suffisante et bon march¨¦ a chang¨¦ au Mexique au cours des ann¨¦es. Au d¨¦but des ann¨¦es 1990, le Mexique a ¨¦t¨¦ int¨¦gr¨¦ ¨¤ l'Accord de libre-¨¦change nord-am¨¦ricain (alena), et le Mexique a mis fin ¨¤ la politique de substitution des importations (remplacer ses importations par une production locale). Dans le cadre de l'alena, les agriculteurs commerciaux du Midwest des ?tats-Unis et du Mexique ont fourni le ma?s et assur¨¦ la s¨¦curit¨¦ alimentaire du Mexique. Les petites et moyennes exploitations mexicaines ont ¨¦t¨¦ jug¨¦es inefficaces et non comp¨¦titives sur le march¨¦ mondial. La hausse actuelle des prix des denr¨¦es alimentaires a compl¨¨tement chang¨¦ le contexte de cette strat¨¦gie.
Dans le pr¨¦sent article, j'explique que le Mexique a aujourd'hui l'occasion de revoir sa politique alimentaire et d'accorder une plus grande attention au secteur et ¨¤ la production agricoles. Afin d'¨¦tayer ce propos, je ferai un expos¨¦ rapide sur la politique alimentaire au cours de la deuxi¨¨me moiti¨¦ du XXe si¨¨cle puis analyserai la situation actuelle de la fili¨¨re ma?s-tortilla. Enfin, je pr¨¦senterai mes arguments pour une r¨¦vision de la politique alimentaire dans le cadre du d¨¦bat international actuel sur la ? crise alimentaire ?.
LA MODERNISATION DE L'AGRICULTURE MEXICAINE : LA CHRONOLOGIE DU XXe SI?CLE
Des ann¨¦es 1950 au milieu des ann¨¦es 1980, la production nationale a soutenu la politique alimentaire du Mexique. Durant les premi¨¨res ann¨¦es, avec l'expansion des terres agricoles et l'accroissement des cultures de base, la productivit¨¦ a connu une croissance rapide gr?ce ¨¤ l'application de la technologie de la r¨¦volution verte. Jusqu'en 1970, le Mexique ¨¦tait autosuffisant en mati¨¨re de cultures vivri¨¨res.
Toutefois, la modernisation s'est traduite par une r¨¦orientation des subventions pouvant allou¨¦es ¨¤ la r¨¦volution verte dans des domaines pouvant s'adapter rapidement aux mesures politiques, c'est-¨¤-dire le d¨¦veloppement des exploitations commerciales et des terres irrigu¨¦es. Des ann¨¦es 1940 ¨¤ la fin des ann¨¦es 1960, les exploitations agricoles priv¨¦es sont devenues le moteur du d¨¦veloppement agricole. Les petites et moyennes exploitations, compos¨¦es principalement de paysans ¨¤ qui des terres avaient ¨¦t¨¦ distribu¨¦es dans le cadre de la r¨¦forme agraire (ejidos), ont ¨¦t¨¦ marginalis¨¦es et n'ont pas b¨¦n¨¦fici¨¦ des politiques agraires. La majorit¨¦ des agriculteurs mexicains sont donc rest¨¦s dans les ¨¦conomies paysannes qui offraient une main-d'?uvre bon march¨¦ et produisaient un exc¨¦dent agricole marginal, cr¨¦ant un paysage agricole fortement polaris¨¦. En 1970, 13,4 % des fermes produisaient 58 % de la production agricole, alors que 55,7 % ne g¨¦n¨¦raient m¨ºme pas des revenus de subsistance et contribuaient seulement ¨¤ 11,7 % de la production.
? la fin des ann¨¦es 1960, la lutte constante entre les politiques d'incitation ¨¤ l'agriculture et le maintien des prix ¨¤ un niveau bas afin de contr?ler les salaires a atteint ses limites. Mais le maintien des prix ¨¤ un niveau bas a eu des effets n¨¦gatifs, en particulier sur la production de ma?s. Les exploitations commerciales se sont donc tourn¨¦es vers les cultures fourrag¨¨res pour le b¨¦tail afin de r¨¦pondre ¨¤ la demande en viande de la classe moyenne urbaine. L'agriculture paysanne - les cultures de base comme le ma?s et le haricot - a ¨¦t¨¦ dans l'incapacit¨¦ de cr¨¦er des stocks exc¨¦dentaires, p¨¦nalis¨¦e par la politique agricole dans l'acc¨¨s aux ressources de production, notamment ¨¤ la technologie. Toutefois, en 1971, quand le Mexique a commenc¨¦ ¨¤ importer du ma?s aux ?tats-Unis, la politique agricole a ¨¦t¨¦ r¨¦vis¨¦e en vue de retrouver une autosuffisance dans la production des aliments de base.
LES PROGRAMMES GOUVERNEMENTAUX INCLUENT LES PETITES EXPLOITATIONS
Un nouveau ? programme de modernisation ? a ¨¦t¨¦ lanc¨¦, qui incluait les petites et moyennes exploitations. Des ressources ont ¨¦t¨¦ allou¨¦es aux zones rurales et des ejidos ont ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦s pour leur permettre de b¨¦n¨¦ficier de la r¨¦volution verte. Les petites et moyennes exploitations ont eu acc¨¨s aux cr¨¦dits ruraux, aux sites d'entreposage et ¨¤ la commercialisation ¨¤ des prix stabilis¨¦s par le gouvernement, au travers la soci¨¦t¨¦ d'?tat, Compa?¨ªa Nacional de Subsistencias Populares (Conasupo, Soci¨¦t¨¦ nationale des produits de subsistance). En une d¨¦cennie, la modernisation a connu des d¨¦veloppements rapides quand le surplus des revenus p¨¦troliers a ¨¦t¨¦ allou¨¦ au secteur alimentaire dans le cadre du programme Sistema Alimentario Mexicano (Syst¨¨me Alimentaire Mexicain), l'initiative la plus importante de ces derni¨¨res ann¨¦es pour mettre en ?uvre une politique de s¨¦curit¨¦ alimentaire efficace. La production de ma?s a augment¨¦ de 37 % de 1969/71 ¨¤ 1980/82 - pas suffisamment pour r¨¦aliser l'autosuffisance, mais suffisamment pour montrer que les petits cultivateurs pouvaient r¨¦pondre aux incitations politiques. Une autre exp¨¦rience positive fut l'organisation d'un syst¨¨me de distribution d'aliments ¨¤ la fois dans les zones rurales et urbaines qui a d¨¦fi¨¦ le pouvoir des commer?ants locaux, ce qui a profit¨¦ aux consommateurs ¨¤ revenus bas, y compris ¨¤ ceux vivant dans les zones recul¨¦es du pays.
Le dilemme du maintien des prix agricoles et des denr¨¦es alimentaires ¨¤ un niveau bas a ¨¦t¨¦ r¨¦solu dans les ann¨¦es 1970 et au d¨¦but des ann¨¦es 1980 par l'injection de nouvelles subventions dans la fili¨¨re de production du ma?s. Les prix ont ¨¦t¨¦ garantis ¨¤ un niveau sup¨¦rieur ¨¤ ceux des march¨¦s internationaux, pour les cultivateurs qui vendaient aux soci¨¦t¨¦s de commercialisation d'?tat qui fixaient aussi le prix du march¨¦ du ma?s. Les subventions ont permis d'acc¨¦der au cr¨¦dit pour l'achat d'intrants agricoles, de soutenir l'industrie de la tortilla pour l'achat de ma?s, et les consommateurs urbains ont achet¨¦ les tortillas aux prix subventionn¨¦s par le gouvernement. Pour maintenir les subventions et soutenir l'industrie de la farine de ma?s et de la tortilla, le gouvernement a compl¨¦t¨¦ la production nationale avec du ma?s import¨¦ aux prix mondiaux plus bas3.
Le maintien d'une politique de produits alimentaires subventionn¨¦s et ¨¤ bas prix a co?t¨¦ cher au gouvernement. Lors de la suspension momentan¨¦e du remboursement de la dette mexicaine due ¨¤ la crise financi¨¨re de 1982, cette politique a ¨¦t¨¦ impossible ¨¤ maintenir. Comme de nombreux autres pays, le Mexique a souscrit aux politiques d'ajustement structurel du Fonds mon¨¦taire international et a continu¨¦ de stabiliser son ¨¦conomie. Il a revu sa politique alimentaire, a ¨¦limin¨¦ progressivement ses subventions, ce qui a eu des r¨¦percussions en cha¨ªne sur l'agriculture.
Parall¨¨lement, un nouveau programme de modernisation de l'agriculture, Programa de Modernizaci¨®n del Campo, a ¨¦t¨¦ annonc¨¦ en 1990. Son but ¨¦tait de promouvoir la comp¨¦titivit¨¦ et la productivit¨¦ de l'agriculture mexicaine afin de faire face ¨¤ la concurrence sur le march¨¦ international. Les exploitations agricoles inefficaces, telles qu'elles sont d¨¦finies par le march¨¦, ne b¨¦n¨¦ficieraient plus d'un soutien, mais seraient ¨¦paul¨¦es par des programmes de r¨¦duction de la pauvret¨¦ urbaine et rurale ¨¦tablis au cours de la m¨ºme d¨¦cennie. L'accent a ¨¦t¨¦ mis sur les cultures rentables ¨¤ l'exportation, comme les fruits et les l¨¦gumes, qui pouvaient faire face ¨¤ la concurrence sur le march¨¦ international.
Au d¨¦but des ann¨¦es 1990, l'?tat a d¨¦mantel¨¦ le cadre institutionnel qui r¨¦gissait la politique agricole du pays, dont la banque de cr¨¦dit rural qui finan?ait principalement les paysans ou les terres de la r¨¦forme agraire; la soci¨¦t¨¦ d'?tat Conasupo, l'industrie nationale des engrais et des semences; et les services de vulgarisation fournis par le minist¨¨re de l'agriculture. La loi agraire a ¨¦galement ¨¦t¨¦ modifi¨¦e, afin de mettre un terme ¨¤ la distribution des terres et les restrictions sur les transactions fonci¨¨res dans le secteur de la r¨¦forme agraire (ejidos) ont ¨¦t¨¦ modifi¨¦es pour stimuler les investissements dans l'agriculture.
Pour compenser la perte de revenus des agriculteurs une fois que l'?tat ne subventionnerait plus les produits de base, Procampo, le Programme de soutien direct aux zones rurales a accord¨¦ aux agriculteurs des paiements selon le nombre d'hectares d¨¦tenus. Cr¨¦¨¦ en 1993 comme un programme de transition, Procampo a ¨¦t¨¦ renouvel¨¦ et est l'un des principaux programmes de subventions aux revenus des agriculteurs. Un autre programme, appel¨¦ Aserca (Apoyos y Servicios a la Comercializaci¨®n - Service de soutien ¨¤ la commercialisation agricole), mis en ?uvre en 1991, a accord¨¦ des paiements par tonne bas¨¦s sur la diff¨¦rence entre les prix mondiaux et r¨¦gionaux, garantissant ainsi des revenus aux agriculteurs. Le troisi¨¨me programme d'envergure, l'Alliance pour les campagnes (Alianza para el Campo), rebaptis¨¦ Alliance avec toi (Alianza Contigo), mis en ?uvre en 1995, visait ¨¤ promouvoir la technologie et ¨¤ modifier les techniques d'ensemencement des cultures pour accro¨ªtre la rentabilit¨¦ des cultures et des p?turages afin de stimuler la production de b¨¦tail. Toutefois, ces programmes ciblaient seulement les agriculteurs qui satisfaisaient aux directives du programme. Ces trois grands programmes de d¨¦veloppement agricole repr¨¦sentaient 57 % du budget du d¨¦veloppement rural en 2005/07 et profitaient principalement aux grandes exploitations commerciales.
De son c?t¨¦, la politique alimentaire a ¨¦t¨¦ ax¨¦e sur la s¨¦curit¨¦ des approvisionnements. La r¨¦forme des subventions destin¨¦es aux produits de base, en particulier pour l'industrie de la tortilla et les produits finis, a ¨¦t¨¦ plus longue. ? partir du milieu des ann¨¦es 1980, plusieurs tentatives ont ¨¦t¨¦ faites pour r¨¦viser ces subventions, principalement pour remplacer les subventions g¨¦n¨¦rales accord¨¦es aux populations les plus pauvres dans les zones urbaines. Les subventions accord¨¦es ¨¤ l'industrie de la tortilla ont ¨¦t¨¦ finalement supprim¨¦es en 19984.
LES IMPORTATIONS COMPL?TENT LA PRODUCTION NATIONALE
Quand le Mexique a sign¨¦ l'alena en janvier 1994, le gouvernement s'est attach¨¦ ¨¤ garantir l'achat des c¨¦r¨¦ales, principalement du ma?s, en provenance de son partenaire commercial am¨¦ricain. Jusqu'en 2006, quand les prix r¨¦els (la valeur d'un produit en d¨¦falquant l'inflation) ¨¦taient ¨¤ la baisse, cette approche a port¨¦ ses fruits. Toutefois, les petites et moyennes exploitations mexicaines, qui ne produisaient pas suffisamment de ma?s pour le march¨¦, n'en ont pas b¨¦n¨¦fici¨¦. Non seulement l'approvisionnement total en ma?s d¨¦pendait de plus en plus des importations, mais la production nationale a ¨¦galement ¨¦t¨¦ restructur¨¦e. Cela a eu des cons¨¦quences profondes sur l'¨¦conomie rurale et l'acc¨¨s des paysans aux aliments de base, ainsi que sur la consommation de ces produits.
Il existe un processus continu de changements ¨¦conomiques, sociaux et culturels qui va au-del¨¤ de l'objet cet article5. Ici, j'analyserai bri¨¨vement les effets de l'alena sur le ma?s. Le Mexique est devenu de plus en plus d¨¦pendant du march¨¦ mondial pour ses produits de base et a connu un taux de croissance des importations de denr¨¦es alimentaires nationales de 7,8 % par an (de 1990 ¨¤ 2004), le plus rapide apr¨¨s l'Indon¨¦sie et la Chine. Depuis l'alena, la balance commerciale agricole a ¨¦t¨¦ n¨¦gative, sauf en 1995, quand les importations ont ¨¦t¨¦ suspendues en raison de la crise ¨¦conomique et de la d¨¦valuation du peso.
Au cours des deux derni¨¨res d¨¦cennies, la production de certaines cultures, comme le riz et le bl¨¦, a consid¨¦rablement diminu¨¦, tandis que les importations de ces c¨¦r¨¦ales ont augment¨¦ en 2007 de plus de 800 000 tonnes pour le riz et pr¨¨s de 4 millions de tonnes pour le bl¨¦, compar¨¦es ¨¤ un peu plus de 300 000 tonnes et de 500 000 tonnes en 1985. En 2007, plus de 7 millions de tonnes de ma?s ont ¨¦t¨¦ import¨¦es. Dans le m¨ºme temps, les importations de haricots et de sorgo ont diminu¨¦ en 2007, atteignant respectivement pr¨¨s de 100 000 tonnes et plus de 2,5 millions de tonnes, des niveaux semblables aux niveaux d'importation entre 1985 et 2007. La consommation de tous les produits de base par habitant a ¨¦galement baiss¨¦, ¨¤ l'exception de la consommation de ma?s6.
? partir de 1994, l'ann¨¦e de la cr¨¦ation de l'alena, la production nationale de ma?s a augment¨¦ de 18,3 millions de tonnes, atteignant 23,8 millions en 2007, tandis que les importations ont augment¨¦ de 2,6 ¨¤ 7,5 millions de tonnes. Dans le volet agricole de l'alena, les importations de ma?s, de haricots et de canne ¨¤ sucre b¨¦n¨¦ficiaient d'une protection tarifaire de 15 ans en raison de l'¨¦lasticit¨¦ de leur prix. Il s'agissait d'une p¨¦riode pendant laquelle les tarifs douaniers ¨¦taient progressivement r¨¦duits puis compl¨¨tement ¨¦limin¨¦s ¨¤ partir de janvier 2008. Cette mesure n'a toutefois pas ¨¦t¨¦ appliqu¨¦e. Les tarifs douaniers n'ont pas ¨¦t¨¦ pr¨¦lev¨¦s sur les importations sup¨¦rieures aux quotas en raison de la ? s¨¦curit¨¦ alimentaire ?. Cela a de fait annul¨¦ la p¨¦riode d'ajustement des fermes mexicaines productrices de ma?s aux conditions du march¨¦ international.
Le ma?s est la culture la plus importante du Mexique. On estime que 3 millions d'agriculteurs cultivent le ma?s, 67 % dans de petites exploitations principalement pour leur propre consommation, 23 % dans les moyennes exploitations et seulement 10 % dans les exploitations commerciales7. Toutes les fermes cultivent le ma?s blanc principalement pour la consommation humaine, tandis que le ma?s jaune est cultiv¨¦ ¨¤ des fins industrielles et pour nourrir le b¨¦tail. M¨ºme si le ma?s blanc est pr¨¦f¨¦r¨¦ pour sa qualit¨¦ et parce qu'il sert ¨¤ la fabrication des tortillas - un aliment de base consomm¨¦ quotidiennement - les prix du march¨¦ sont fix¨¦s en fonction du prix international du ma?s jaune am¨¦ricain de cat¨¦gorie 2. La ? qualit¨¦ ? du ma?s n'entre donc pas en compte dans les prix du march¨¦, et le ma?s blanc comme le ma?s jaune sont utilis¨¦s dans les tortillas, la farine de ma?s et autres aliments, comme ceux destin¨¦s au b¨¦tail.
La production du ma?s au Mexique augmente depuis 1994 malgr¨¦ la baisse des prix r¨¦els. Ceci peut s'expliquer par plusieurs facteurs : les m¨¦nages agricoles continuent de cultiver le ma?s pour leur propre consommation, mais se sont retir¨¦s de la production commerciale; la culture du ma?s sur les terres irrigu¨¦es est en plein essor suite aux prix favorables au d¨¦but des ann¨¦es 1990; et Procampo et les d¨¦penses pour la protection sociale des populations rurales ont en partie soutenu le ma?s et d'autres cultures.
En ce qui concerne le maintien de la production de ma?s dans l'agriculture de subsistance, la baisse du prix du ma?s avant l'alena et jusqu'en 2006, associ¨¦e ¨¤ l'¨¦limination des subventions directes pour l'acc¨¨s au cr¨¦dit, aux engrais et ¨¤ l'aide technique, a eu un effet tr¨¨s n¨¦gatif sur les petites et moyennes exploitations. Les ¨¦tudes de cas montrent qu'un grand nombre d'agriculteurs ont adopt¨¦ une strat¨¦gie de ? pratique agricole minimale ?, r¨¦duisant les investissements dans la main-d'?uvre et les intrants qui avaient un impact direct sur la production de ma?s.
Toutefois, s'ils ont un lopin de terre, la main-d'?uvre et les ressources pour couvrir les co?ts des intrants comme les semences et les engrais, les petits exploitants continuent de cultiver le ma?s pour la consommation des m¨¦nages locale. Mais malgr¨¦ cela, l'agriculture est devenue une activit¨¦ secondaire au profit du travail non agricole, comme les envois de fonds des migrants, la principale source de revenus. Souvent ¨¤ la t¨ºte de la ferme, les femmes labourent elles-m¨ºmes ou supervisent les travailleurs recrut¨¦s. Les m¨¦nages de paysans cultivent ¨¦galement le ma?s pour leur alimentation parce qu'ils pr¨¦f¨¨rent le ma?s blanc et les vari¨¦t¨¦s locales consid¨¦r¨¦s de meilleure qualit¨¦ que les vari¨¦t¨¦s hybrides et le ma?s jaune import¨¦. En plus des travaux m¨¦nagers, les femmes s'occupent donc de la culture du ma?s pour leur propre consommation, cette culture n'¨¦tant plus int¨¦ressante commercialement. Dans de nombreuses communaut¨¦s rurales, les attitudes culturelles ¨¤ l'¨¦gard de la terre et du ma?s n'ont toutefois pas chang¨¦ : un paysan doit labourer la terre.
Ce qui a chang¨¦, ce sont les raisons qui poussent le paysan ¨¤ labourer la terre. Le revenu des m¨¦nages ne d¨¦pend plus des cultures, le revenu non agricole ¨¦tant devenu la source principale de revenus. Les hommes qui se trouvent ¨¤ la t¨ºte des m¨¦nages agricoles ruraux vieillissent - leur moyenne d'?ge est d'environ 55 ans. Les jeunes, qui ne sont plus int¨¦ress¨¦s par les travaux agricoles, ont massivement d¨¦sert¨¦ les campagnes, la production sur les terres non irrigu¨¦es a donc stagn¨¦ et diminu¨¦ dans des r¨¦gions comme Jalisco, l'?tat de Mexico et le Chiapas qui fournissaient auparavant le march¨¦ national.
Le choix de cultures alternatives sur des terres non irrigu¨¦es est tr¨¨s limit¨¦ pour un grand nombre de petits et moyens producteurs, tandis que les politiques d'aide aux agriculteurs pour reconvertir leurs modes de cultures ne sont pas viables pour les petits producteurs8. L'aide financi¨¨re et technique a ¨¦t¨¦ pratiquement inexistante pour ce groupe social, les politiques publiques ¨¦tant principalement destin¨¦es aux agriculteurs qui pouvaient r¨¦pondre rapidement aux demandes du march¨¦. Depuis les ann¨¦es 1990, l'agriculture commerciale soutient principalement la production de ma?s. Ceci est principalement d? aux investissements des grandes exploitations dans la technologie : un hectare de terres irrigu¨¦es produit une moyenne de 6,8 tonnes, alors qu'un hectare de terres non irrigu¨¦es en produit 2.
Le cas du Sinaloa situ¨¦ au nord-ouest du Mexique illustre comment la production de ma?s a ¨¦t¨¦ restructur¨¦e par la situation g¨¦ographique de la r¨¦gion et la t¨¦nacit¨¦ des agriculteurs. Le Sinaloa ne produisait pas de ma?s avant les ann¨¦es 1990. Aujourd'hui c'est le producteur de ma?s le plus important. Ce changement a ¨¦t¨¦ favoris¨¦ par un prix du ma?s relativement avantageux au d¨¦but des ann¨¦es 1990, quand le Sinaloa produisait principalement du bl¨¦, du sorgho et des cultures d'exportation rentables comme les tomates. Quand le gouvernement a supprim¨¦ en 1992 les subventions ¨¤ toutes les cultures de base, ¨¤ l'exception du ma?s et des haricots, les agriculteurs se sont lanc¨¦s dans la culture de ma?s et ont b¨¦n¨¦fici¨¦ de nouveaux de programmes de subventions comme Procampo. En 1993, les agriculteurs qui produisaient des cultures de base ont ¨¦t¨¦ qualifi¨¦s pour recevoir un paiement ¨¤ l'hectare et ceux du Sinaloa, qui s'¨¦taient lanc¨¦s dans la culture du ma?s, ont pu demander un paiement de transfert, une somme importante pour les grandes exploitations (l'aide s'¨¦levait ¨¤ 100 dollars par hectare)9. De 1989 ¨¤ 1993, la production de ma?s au Sinaloa a augment¨¦ de 931%10 ! En 2007, le Sinaloa produisait 5 millions de tonnes de ma?s, l'¨¦quivalent de 20 % de la production nationale et de la moiti¨¦ du ma?s destin¨¦e ¨¤ la consommation humaine - dont les deux tiers ¨¦taient destin¨¦s au march¨¦ et repr¨¦sentaient 70 % du ma?s pour la production de tortillas et autres aliments.
Les agriculteurs de Sinaloa ont investi dans la technologie et obtenu des rendements ¨¦lev¨¦s comparables ¨¤ ceux des agriculteurs am¨¦ricains. Contrairement aux cultivateurs pratiquant une agriculture de subsistance, ils ont ¨¦t¨¦ soutenus par le financement public dans le cadre des programmes Procampo, Alianza para el Campo et Aserca. Selon des donn¨¦es r¨¦centes, 10 % des agriculteurs poss¨¦dant de grandes exploitations re?oivent 50 ¨¤ 80 % de subventions par le biais de ces programmes. Environ 45 % du budget de Procampo a ¨¦t¨¦ allou¨¦ en 2007 aux exploitations de plus de 5 hectares, ce qui repr¨¦sente 15 % des fermes faisant partie du programme, tandis que 55 % du budget d'Alianza et 80 % de celui d'Aserca ont soutenu la commercialisation des cultures. Au total, 47% du programme tarifaire compensatoire Aserca a ¨¦t¨¦ allou¨¦ au ma?s, dont 70 % ¨¤ Sinaloa11.
Au cours des derni¨¨res d¨¦cennies, Le Mexique a suivi une politique de s¨¦curit¨¦ alimentaire fond¨¦e sur le march¨¦ libre et soutenant les producteurs les plus comp¨¦titifs. C'est pourquoi la production de ma?s est devenue de plus en plus d¨¦pendante des grands producteurs commerciaux des ?tats-Unis et du Mexique. La modernisation de l'agriculture a, comme souvent dans le pass¨¦, exclu les petites et moyennes exploitations et, en revanche, permis aux grandes exploitations commerciales d'enregistrer une forte croissance des exportations et de la culture du ma?s. Selon la Commission ¨¦conomique des Nations Unies pour l'Am¨¦rique latine et les Cara?bes, 15 % des fermes poss¨¦dant 20 % des surfaces cultiv¨¦es en 1994 produisaient 47% de la production agricole, tandis que 50 % des fermes pratiquant une agriculture de subsistance, avec 38 % de surfaces cultiv¨¦es, contribuaient ¨¤ 19 % de la production.
Depuis 2000, le niveau de vie des paysans s'est, dans une certaine mesure, effondr¨¦ ou a pour le moins stagn¨¦. La d¨¦pendance des m¨¦nages ruraux ¨¤ l'¨¦gard des sources non agricoles et des aides sociales gouvernementales s'est accrue. Les ¨¦conomies locales ne sont plus li¨¦es ¨¤ l'agriculture mais ¨¤ une ¨¦conomie parall¨¨le qui offre des emplois peu r¨¦mun¨¦r¨¦s dans les secteurs du commerce et des services. Pour les jeunes, l'agriculture n'est pas une option. Ils sont attir¨¦s par la vie urbaine ou vont s'installer dans le Nord. Dans ce contexte, l'avenir du ma?s est tr¨¨s incertain.
2007 et la ? CRISE DE LA TORTILLA ?
La vuln¨¦rabilit¨¦ de la fili¨¨re du ma?s s'est manifest¨¦e en janvier 2007. De 2006 ¨¤ janvier 2007, les prix des tortillas ont augment¨¦ de 42 ¨¤ 67 % et le prix international du ma?s de 75,5 %. Il ne s'agissait pas d'une p¨¦riode de p¨¦nurie puisque la r¨¦colte de printemps-¨¦t¨¦ sur les terres non irrigu¨¦es se poursuivait. Le prix du ma?s ¨¦tait en fait directement affect¨¦ par le march¨¦ international et les prix grimpaient depuis le troisi¨¨me trimestre de 200612. Quand les consommateurs ont commenc¨¦ ¨¤ subir les cons¨¦quences de l'augmentation des prix, le d¨¦bat sur la politique alimentaire a connu un nouveau un regain d'int¨¦r¨ºt. Simultan¨¦ment, durant l'ann¨¦e 2007, le d¨¦bat sur l'impact de la lib¨¦ralisation totale des importations de ma?s dans le cadre de l'alena, qui est entr¨¦ en vigueur en janvier 2008, a connu un vif regain d'int¨¦r¨ºt. Les organisations paysannes se sont mobilis¨¦es et des forums de la soci¨¦t¨¦ civile ont ¨¦t¨¦ organis¨¦s pour d¨¦battre des risques et de la vuln¨¦rabilit¨¦ du libre-¨¦change pour les agriculteurs mexicains. La politique alimentaire des ann¨¦es 1990 d¨¦pendant des importations et des subventions ¨¤ l'agriculture avait touch¨¦ ¨¤ sa fin.
J'ai comment¨¦ ci-dessus quelques-unes des cons¨¦quences de cette politique sur l'agriculture et les agriculteurs. J'examinerai ¨¤ pr¨¦sent certaines donn¨¦es concernant les consommateurs. Le prix r¨¦el des tortillas a augment¨¦ de mani¨¨re constante de la mi-1990 ¨¤ 2007. Alors que l'indice des prix du ma?s a affich¨¦ une augmentation annuelle de 6,3 points de 1996 ¨¤ 2006, le prix des tortillas a augment¨¦ de 16,1 par an et celui de la farine de ma?s et de masa (p?te de ma?s) de 11,4. Bien que la vente des r¨¦coltes aient g¨¦n¨¦r¨¦ des profits moins importants, le prix des tortillas ¨¦tait sup¨¦rieur au taux d'inflation (voir graphique).
L'une des raisons est que les subventions ¨¤ l'industrie de la tortilla ont ¨¦t¨¦ supprim¨¦es ¨¤ la fin des ann¨¦es 1990 dans le cadre des politiques d'ajustement structurel. La fili¨¨re ma?s-tortilla a ¨¦galement ¨¦t¨¦ d¨¦r¨¦glement¨¦e, entra¨ªnant en 1994 la suppression du contr?le des prix qui avait ¨¦t¨¦ un facteur cl¨¦ dans la politique alimentaire pendant des d¨¦cennies13. Enfin, les subventions alimentaires cibl¨¦es, mises en ?uvre depuis 1984, qui comprenaient l'¨¦tablissement d'un prix de vente bas et la distribution gratuite aux familles pauvres urbaines d'un kilogramme de tortillas par jour, ont ¨¦t¨¦ ¨¦galement supprim¨¦es. Cette aide alimentaire a ¨¦t¨¦ remplac¨¦e et int¨¦gr¨¦e en 2001 dans une aide aux revenus dans le cadre d'un grand programme de r¨¦duction de la pauvret¨¦ appel¨¦ Progresa, plus tard rebaptis¨¦ Oportunidades. Les pauvres ¨¦taient d¨¦sormais libres de choisir la nourriture qu'il voulait consommer, aux prix du march¨¦.
Lors de la d¨¦r¨¦glementation du march¨¦ de la tortilla, la fili¨¨re ma?s-tortilla a ¨¦t¨¦ restructur¨¦e. Quand la soci¨¦t¨¦ nationale de commercialisation, Conasupo a finalement ferm¨¦, les entreprises de commercialisation des c¨¦r¨¦ales ont fait leur entr¨¦e sur le march¨¦ mexicain dans les ann¨¦es 199014. Le secteur de la farine de ma?s ¨¦tait principalement concentr¨¦ dans une entreprise - aujourd'hui une grande coop¨¦ration transnationale mexicaine - qui produisait environ 80 % de la farine de ma?s et approvisionnait le secteur traditionnel de la production de tortillas15. La d¨¦r¨¦glementation a r¨¦duit l'intervention du gouvernement et permis l'essor d'une industrie c¨¦r¨¦ali¨¨re et de production de farine de ma?s hautement commercialis¨¦e. La vente directe de tortillas ¨¤ la fois emball¨¦es et fra¨ªches a donn¨¦ lieu ¨¤ un ¨¦l¨¦ment nouveau : la mise en place de cha¨ªnes de supermarch¨¦ qui jouent un r?le important dans l'¨¦tablissement des prix urbains.
Ãå±±½ûµØACCORD POUR G?RER LES PRIX DES TORTILLAS
Les restrictions concernant les prix de la production de farine de ma?s et du secteur traditionnel de la production de tortillas ont ¨¦t¨¦ lev¨¦es. Mais les prix des tortillas ¨¦taient une question d¨¦licate pour le gouvernement. Il s'inqui¨¦tait beaucoup plus du m¨¦contentement possible de la population urbaine que du sort des petits agriculteurs affect¨¦s par le libre-¨¦change et la diminution des subventions. Comme dans le pass¨¦, un accord entre les parties prenantes (industriels, gouvernement et syndicats) a ¨¦t¨¦ conclu pour ¨¦tablir des prix fixes sur les produits de base. En janvier 2007, le gouvernement, plusieurs organisations d'agriculteurs, des entreprises de commercialisation des c¨¦r¨¦ales et l'industrie de la farine et de la tortilla ont sign¨¦ un accord par lequel ils s'engageaient ¨¤ maintenir un prix fixe de 8,50 pesos par kilo de tortillas16. M¨ºme les grands centres de distribution, comme Wal-Mart, ont sign¨¦ l'accord avec d'autres cha¨ªnes de supermarch¨¦s ¨¦tablissant le prix ¨¤ 6 pesos le kilo. Le gouvernement distribuerait le ma?s et la farine de ma?s ¨¤ des prix fixes ¨¤ travers le syst¨¨me public de distribution dans les zones rurales au profit des communaut¨¦s marginales. Enfin, le gouvernement s'est ¨¦galement engag¨¦ ¨¤ renforcer les droits des consommateurs dans le pays17 afin de surveiller l'application de l'accord et de sanctionner la sp¨¦culation et autres abus qui pourraient entra¨ªner une flamb¨¦e des prix des intrants et donc des tortillas.
Cet accord ¨¤ court terme a ¨¦t¨¦ renouvel¨¦ jusqu'en ao?t 2007. Le secteur traditionnel de la fabrication de la p?te de ma?s et des tortillas qui ne pouvait pas ¨ºtre comp¨¦titif ¨¤ cause des prix fixes a protest¨¦ contre les nombreux agents de la cha¨ªne de production et de distribution qui n'appliquaient pas l'accord ¨¦quitablement. Selon La Jornada, les tortillas ¨¦taient vendues entre 9 et 12 pesos le kilo dans de nombreuses villes r¨¦gionales. L'accord a finalement ¨¦t¨¦ remplac¨¦ par un programme financ¨¦ par le gouvernement destin¨¦ ¨¤ moderniser le secteur traditionnel de la production de tortillas et ¨¤ augmenter la productivit¨¦ afin de contr?ler la hausse des prix18.
Depuis 2007, le gouvernement mexicain reconna¨ªt la n¨¦cessit¨¦ de soutenir les petites et moyennes exploitations afin de r¨¦duire le risque de p¨¦nurie en mati¨¨re d'approvisionnements de ma?s. Il a lanc¨¦ plusieurs programmes pour faciliter l'acc¨¨s au cr¨¦dit, accro¨ªtre la productivit¨¦, acc¨¦der ¨¤ la technologie de type r¨¦volution verte et ¨¦tablir un fonds destin¨¦ ¨¤ subventionner le gazole et le p¨¦trole (voir encadr¨¦). Il a d'autre part augment¨¦ le financement des agriculteurs ¨¤ travers les banques de d¨¦veloppement et les banques priv¨¦es et encourag¨¦ la mise en place d'autres programmes, comme le Programme sp¨¦cial pour la s¨¦curit¨¦ alimentaire, parrain¨¦ par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).


Les nouveaux programmes de soutien ¨¤ la production des produits de base, 2007/08

PROMAF (Programa de Apoyo a Ma¨ªz y Frijol) -- Programme pour le ma?s et les haricots qui fournit aux fermes ou aux terres non irrigu¨¦es de moins de 5 hectares la technologie, les services de vulgarisation, l'outillage et le mat¨¦riel.

FONAMU (Fondo Mutualista de Productores de Ma¨ªz y Frijol) -- Caisse de mutualit¨¦ agricole pour le ma?s et les haricots assurant une garantie au cr¨¦dit. Lanc¨¦e en juillet 2007, elle vise principalement les r¨¦coltes d'automne/hiver sur les terres irrigu¨¦es.

Fondo de Compensaci¨®n a costos a energ¨¦ticos agr¨ªcolas -- Fonds de compensation du co?t des intrants et de l'¨¦nergie qui subventionne l'achat du diesel.



LE GOUVERNEMENT PREND DES MESURES POUR R?PONDRE ? LA CRISE
Au cours des six premiers mois de 2008, le gouvernement mexicain a pris des mesures suppl¨¦mentaires pour r¨¦pondre ¨¤ la crise alimentaire mondiale. Un programme et 18 m¨¦canismes ont ¨¦t¨¦ mis en place en mai, notamment l'¨¦limination des tarifs douaniers sur les importations de produits de base, le versement d'un paiement suppl¨¦mentaire (120 pesos ou 12 dollars par mois) aux m¨¦nages pauvres dans le cadre du programme de r¨¦duction de la pauvret¨¦, Oportunidades, l'augmentation et la facilitation des conditions de cr¨¦dit pour les agriculteurs et la poursuite de nouveaux programmes de soutien ¨¤ la production des produits de base. Au cours des six premiers mois de 2008, l'intervention du gouvernement dans la fili¨¨re ma?s-tortilla s'est ¨¦galement ¨¦tendue aux marchands de c¨¦r¨¦ales. Les grandes entreprises ont b¨¦n¨¦fici¨¦ d'une aide au transport et ¨¤ l'entreposage, qui s'¨¦levait ¨¤ 14 % du prix final du ma?s ¨¤ la tonne. Une autre aide de 200 pesos par tonne a ¨¦t¨¦ allou¨¦e aux producteurs de b¨¦tail.
Le gouvernement a ¨¦galement annonc¨¦ un programme dans le cadre duquel le syst¨¨me public de distribution Diconsa, qui fournissait des c¨¦r¨¦ales aux m¨¦nages pauvres dans l'ensemble du pays, entreposerait un volume de ma?s ¨¦quivalent ¨¤ neuf mois de la consommation nationale. En somme, la premi¨¨re r¨¦action du gouvernement ¨¤ la crise de la tortilla fut de prendre des mesures ¨¤ court terme ax¨¦es sur le consommateur. Du c?t¨¦ des r¨¦serves alimentaires, le maintien de stocks de c¨¦r¨¦ales suffisants pour satisfaire les besoins de la population ¨¦tait fortement appuy¨¦ par le fait que le reste des tarifs douaniers sur le ma?s n'ont pas ¨¦t¨¦ appliqu¨¦s en 2007. ? partir de 2008, les tarifs sur tous les produits agricoles appliqu¨¦s dans le cadre de l'alena ont ¨¦t¨¦ supprim¨¦s. L'importation de ma?s jaune et de ma?s blanc est mont¨¦e en fl¨¨che en janvier 2008 et a presque tripl¨¦ compar¨¦e ¨¤ janvier 2007.
Mais les prix des c¨¦r¨¦ales import¨¦es a augment¨¦. En 2007, le prix du ma?s a augment¨¦ de 24 %19. En 2007/08, un certain nombre de mesures, soutenues par les d¨¦penses publiques, ont ¨¦t¨¦ mises en ?uvre pour r¨¦duire les effets de la crise qui avait ¨¦branl¨¦ la fili¨¨re ma?s-tortilla. Certains des programmes ciblaient les petits agriculteurs. Toutefois, ces programmes sont ¨¤ court terme, ils ne re?oivent qu'un financement limit¨¦, d¨¦pendent du budget rural annuel et ne s'inscrivent pas dans une politique de s¨¦curit¨¦ alimentaire ¨¤ moyen et long terme.
LE MEXIQUE ET LA CRISE ALIMENTAIRE MONDIALE : LES QUESTIONS EN JEU

Au cours des derni¨¨res d¨¦cennies, le Mexique a adopt¨¦ une politique motiv¨¦e par le march¨¦ afin d'assurer un approvisionnement alimentaire suffisant ¨¤ un prix raisonnable aux d¨¦pens de la majorit¨¦ des petites et des moyennes exploitations. Ces derni¨¨res ann¨¦es, la modernisation de l'agriculture au profit des grandes fermes commerciales a permis de r¨¦soudre le probl¨¨me de la production agricole, mais les disparit¨¦s et les in¨¦galit¨¦s sociales demeurent un d¨¦fi dans le d¨¦veloppement rural du Mexique, qui n'a pas encore ¨¦t¨¦ relev¨¦.
La crise alimentaire mondiale a soulign¨¦ les contradictions d'une telle politique. Il y a de nombreuses raisons de prendre parti pour une politique de s¨¦curit¨¦ alimentaire fond¨¦e sur une productivit¨¦ agricole soutenue. Avant l'apparition de cette crise, les arguments en faveur d'une telle politique soulignaient les contradictions de la d¨¦pendance ¨¤ l'¨¦gard des march¨¦s ext¨¦rieurs de l'alimentation, tandis que les populations rurales ¨¦taient marginalis¨¦es, occupant des emplois non agricoles mal r¨¦mun¨¦r¨¦s dans le secteur informel, contraintes ¨¤ immigrer et se livrant m¨ºme ¨¤ des activit¨¦s ill¨¦gales qui ont provoqu¨¦ une fragmentation sociale et culturelle. ? pr¨¦sent, la crise alimentaire semble justifier une politique li¨¦e aux risques de d¨¦pendance ¨¤ l'¨¦gard des march¨¦s mondiaux afin d'assurer l'approvisionnement alimentaire national.
C'est en 2008 seulement que pour r¨¦pondre ¨¤ l'instabilit¨¦ des march¨¦s internationaux des produits de base, les organismes d'aide internationale et les gouvernements ont soulign¨¦ la n¨¦cessit¨¦ de r¨¦viser la politique de s¨¦curit¨¦ alimentaire, malgr¨¦ le fait qu'¨¤ partir de la fin de 2006, l'augmentation de la demande alimentaire mondiale de la part des grands pays en d¨¦veloppement, la politique des ?tats-Unis concernant les biocarburants, les changements climatiques et l'effondrement des march¨¦s financiers internationaux avaient indiqu¨¦ des march¨¦s mondiaux volatiles.
Le Mexique a aujourd'hui la possibilit¨¦ de r¨¦viser sa politique de s¨¦curit¨¦ alimentaire par un engagement ¨¤ long terme envers le d¨¦veloppement rural. Il faut que cette politique soit ax¨¦e sur le besoin imm¨¦diat de garantir l'approvisionnement alimentaire, prot¨¨ge les populations ¨¤ bas revenus contre le choc de la hausse des prix et encourage une croissance sociale, environnementale et agricole. Cela fait des d¨¦cennies que le d¨¦bat est ouvert au Mexique et, bien qu'adopt¨¦ officiellement dans les documents de politique rurale, il est pass¨¦ inaper?u20.
Pour finir mon argumentation, je mentionnerai quelques questions en jeu dans une politique de s¨¦curit¨¦ alimentaire qui tend ¨¤ d¨¦pendre des march¨¦s ¨¦trangers et ¨¤ n¨¦gliger les petites et moyennes exploitations :
?? La vuln¨¦rabilit¨¦ ¨¤ la faim aux niveaux national, rural et communautaire caus¨¦e par les prix mondiaux qui sont cens¨¦s se stabiliser aux niveaux ¨¦lev¨¦s actuels et qui sont aggrav¨¦s par les co?ts de transport.
?? La qualit¨¦ du ma?s blanc, pr¨¦f¨¦r¨¦ par les Mexicains, a baiss¨¦. La farine pr¨¦par¨¦e ¨¤ partir de diff¨¦rentes vari¨¦t¨¦s de ma?s a transform¨¦ la tortilla en un produit industrialis¨¦ de qualit¨¦ inf¨¦rieure.
?? Les changements climatiques qui ont aggrav¨¦ les inondations ou les s¨¦cheresses ont eu des r¨¦percussions sur la production de ma?s.
?? La perturbation des moyens d'existence ruraux. Quand les revenus non agricoles deviennent la principale source des moyens d'existence ou quand les paysans abandonnent l'agriculture, les ¨¦conomies locales marginalis¨¦es manquent d'investissements pour stimuler la croissance locale et d¨¦pendent des aides sociales gouvernementales. Bien que dans de nombreuses r¨¦gions, les revenus en esp¨¨ces constituent une partie importante des revenus des m¨¦nages, les emplois sont souvent pr¨¦caires et mal r¨¦mun¨¦r¨¦s, qu'il s'agisse de salaires ou d'emplois ind¨¦pendants.
?? La migration, qui est devenue la principale source de revenus pour les familles rurales, perturbe la vie familiale et communautaire.
?? Une tendance ¨¤ monopoliser la fili¨¨re industrialis¨¦e de la production ma?s-tortilla. Quelques soci¨¦t¨¦s transnationales, les grandes centres de distribution et les grands agriculteurs commerciaux sont devenus des groupes de pression puissants qui influencent les politiques.
Cynthia Hewitt, experte sur ce sujet, a not¨¦ : ? Quand il y a une crise du syst¨¨me alimentaire, la vuln¨¦rabilit¨¦ augmente en relation directe avec la gravit¨¦ des probl¨¨mes non r¨¦solus dans le d¨¦veloppement rural. ?
Les le?ons du pass¨¦ ont montr¨¦ comment la ? modernisation ? de l'agriculture qui exclut les petites et moyennes exploitations a exacerb¨¦ les disparit¨¦s sociales et pes¨¦ sur la croissance et le d¨¦veloppement. En ce temps de crise alimentaire, le Mexique, comme d'autres pays en d¨¦veloppement, a la possibilit¨¦ de r¨¦former sa politique de s¨¦curit¨¦ alimentaire. Il peut s'orienter vers une agriculture durable qui prot¨¨ge l'environnement, garantir les moyens d'existence sociaux et culturels des populations rurales ainsi que leur droit ¨¤ l'alimentation et, en accord avec la majorit¨¦ de la soci¨¦t¨¦ mexicaine, satisfaire ? leurs pr¨¦f¨¦rences alimentaires pour mener une vie active et saine ?.
Je remercie vivement Cynthia Hewitt pour sa pr¨¦cieuse contribution ¨¤ la pr¨¦paration de cet article.
Notes1 Soixante souches de ma?s diff¨¦rentes ont ¨¦t¨¦ identifi¨¦es au Mexique, ainsi que des milliers de sols et de vari¨¦t¨¦s locales (Alavarez-Buya, 2004 :181, cit¨¦ par Gonz¨¢lez et Macias, 2007).
2 Rappel du concept de la ? s¨¦curit¨¦ alimentaire ? approuv¨¦e par la FAO lors du Sommet mondial de l'alimentation de 1996 : ? La s¨¦curit¨¦ alimentaire existe lorsque tous les ¨ºtres humains ont, ¨¤ tout moment, un acc¨¨s physique et ¨¦conomique ¨¤ une nourriture suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins ¨¦nerg¨¦tiques et leurs pr¨¦f¨¦rences alimentaires pour mener une vie saine et active ? (). Sur l'aspect ? quantitatif ? de la s¨¦curit¨¦ alimentaire au Mexique, voir Appendini, Garc¨ªa et De la Tejera, 2003; Aooendini, Cort¨¦s et D¨ªaz, 2008.
3 Dans une ¨¦conomie ferm¨¦e, seul le gouvernement ¨¦tait habilit¨¦ ¨¤ importer le ma?s. Les agents priv¨¦s ont progressivement ¨¦t¨¦ autoris¨¦s ¨¤ le faire. Bien que la lib¨¦ralisation des importations ait eu lieu de facto ¨¤ partir de 1995, le syst¨¨me de quotas n'a ¨¦t¨¦ officiellement supprim¨¦ qu'en janvier 2008.
4 Pour l'histoire actuelle de la politique alimentaire du Mexique, voir Appendini, 2001.
5 Voir, Appendini et De Luca, 2006.
6 Pour une analyse de la d¨¦pendance alimentaire, voir Gonz¨¢lez et Mac¨ªas, 2007.
7 Le nombre total d'agriculteurs poss¨¦dant des terres s'¨¦levait ¨¤ 4,2 millions en 2005 (Registro Agrario Bacional, 2006).
8 Alianza para el Campo requiert que 30 % des investissements allou¨¦s ¨¤ un projet soient fournis par les producteurs, le reste ¨¦tant financ¨¦ par l'?tat et le gouvernement f¨¦d¨¦ral.
9 En 2005, toutes les cultures faisaient partie du programme.
10 Au cours de la m¨ºme p¨¦riode, la production de riz a chut¨¦ de 89 %, celle de sorgho de 79 % et celle de bl¨¦ de 63 % (Ita, 2003).
11 Le programme Aserca a ¨¦t¨¦ maintenu dans la r¨¦gion du Sinaola; en 1998, 70 % des subventions ont ¨¦t¨¦ allou¨¦es ¨¤ l'?tat afin de soutenir la commercialisation (Ita, 2003).
12 Au Mexique, le prix pay¨¦ par les agriculteurs a augment¨¦ de 42 % de la fin de 2006 ¨¤ janvier 2007. Mais dans les sites d'entreposage r¨¦gionaux, le prix a augment¨¦ de 48 ¨¤ 85 % (SAGARPA, 2007a :43-44).
13 Le contr?le des prix des aliments de base, notamment de la tortilla, a fait partie d'une politique de contr?le des salaires tout au long du XXe si¨¨cle. Un syst¨¨me complexe de subventions a ¨¦t¨¦ mis en ?uvre dans l'industrie de la tortilla, qui a progressivement p¨¦riclit¨¦ apr¨¨s 1994 (Appendini, 2001).
14 En 2001, neuf soci¨¦t¨¦s contr?laient 49 % des importations de ma?s au Mexique. Archer Daniela, Midland, Gargill, Pilgrims Pride, Arancia-Comercializadora, Bachoco, Maseca, Minsa, Diconsa (Ita, 2003).
15 La tortilla traditionnelle est pr¨¦par¨¦e ¨¤ partir de grains moulus qui sont pr¨¦c¨¦demment m¨¦lang¨¦s ¨¤ du calcium (masa nixtamaizadal). Les industriels m¨¦langent la farine et les grains dans diverses proportions, ce qui donne des tortillas de diff¨¦rente qualit¨¦. Le secteur traditionnel vend des tortillas fra¨ªches dans de petits points de vente r¨¦partis dans les villes et les villages du Mexique.
16 Acuerdo para Estabilizar el Precio de la Tortilla.
17 Procuradur¨ªa Federal de Protecci¨®n al Consumidor.
18 Programa Nacional de Modernizaci¨®n de la Industria, Mi Tortilla.
19 Le ma?s blanc ¨¦tait un produit peu cultiv¨¦ aux ?tats-Unis, mais l'ALENA a ouvert au Mexique un march¨¦ pour cette vari¨¦t¨¦. Le Mexique est l'un des quelques pays au monde ¨¤ fournir du ma?s blanc pour la consommation humaine.
20 Ley de Desarrollo Rural, Acuerdo Nacional para el Campo (Loi sur le d¨¦veloppement rural, accord national pour le monde rural).


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