18 septembre 2013

Les pand¨¦mies sont principalement des flamb¨¦es de maladies infectieuses qui se transmettent d¡¯un ¨ºtre humain ¨¤ un autre et se propagent dans le monde1. Au-del¨¤ des cons¨¦quences d¨¦bilitantes, parfois fatales pour les personnes touch¨¦es, elles ont des cons¨¦quences n¨¦gatives sur les plans social, ¨¦conomique et politique. Celles-ci tendent ¨¤ ¨ºtre plus marqu¨¦es lorsque la pand¨¦mie est due ¨¤ un pathog¨¨ne nouveau, que le taux de mortalit¨¦ et d¡¯hospitalisation est ¨¦lev¨¦ et qu¡¯elle se propage rapidement. Selon Lee Jong-wook, ancien Directeur g¨¦n¨¦ral de l¡¯Organisation mondiale de la sant¨¦ (OMS), les pand¨¦mies ne respectent pas les fronti¨¨res2. Elles peuvent donc menacer simultan¨¦ment les soci¨¦t¨¦s, les syst¨¨mes politiques et les ¨¦conomies.

Dans les ann¨¦es 1990, une plus grande attention a ¨¦t¨¦ port¨¦e aux pand¨¦mies et ¨¤ la menace ¨¤ la s¨¦curit¨¦ nationale. En 1995, l¡¯Assembl¨¦e mondiale de la sant¨¦ (AMS) a convenu de r¨¦viser le R¨¨glement sanitaire international (RSI), le seul cadre juridique international r¨¦gissant la mani¨¨re dont l¡¯OMS et ses ?tats membres r¨¦pondent aux flamb¨¦es de maladies infectieuses, au motif qu¡¯une r¨¦vision ¨¦tait n¨¦cessaire pour prendre ? en compte la menace pos¨¦e par la propagation internationale des maladies nouvelles et r¨¦¨¦mergentes3 ?. En 2005, les r¨¦visions du RSI ont ¨¦t¨¦ adopt¨¦es en tant que r¨¦solution AMS 58.34. L¡¯article 2 stipule que l¡¯objet et la port¨¦e de l¡¯instrument consiste ¨¤ pr¨¦venir la propagation internationale des maladies, ¨¤ s¡¯en prot¨¦ger, ¨¤ la ma?triser et ¨¤ y r¨¦agir par une action de sant¨¦ publique proportionn¨¦e et limit¨¦e aux risques qu¡¯elle pr¨¦sente pour la sant¨¦ publique5? ?. Depuis son entr¨¦e en vigueur en 2007, les ?tats signataires ont travaill¨¦ individuellement et ensemble? afin de d¨¦velopper leurs capacit¨¦s de base en vertu du nouveau cadre.

L¡¯objectif du RSI consiste ¨¤ pr¨¦venir et ¨¤ ma?triser les urgences de sant¨¦ publique de port¨¦e internationale. Les ?tats membres se sont engag¨¦s ¨¤ renforcer les capacit¨¦s principales suivantes: la l¨¦gislation, les politiques et le financement, la coordination au niveau national et les communications par l¡¯interm¨¦diaire des points focaux nationaux (PFN), la surveillance, les interventions, la pr¨¦paration, la communication des risques, les ressources humaines et les services de laboratoire. Sachant que tous les ?tats Membres ne pourraient pas acqu¨¦rir les huit capacit¨¦s ¨¤ l¡¯¨¦ch¨¦ance du 1er juillet 2102, on a demand¨¦ aux ?tats concern¨¦s d¡¯identifier les domaines o¨´ ils avaient besoin d¡¯aide.

La logique politique qui sous-tend le lien entre la sant¨¦ et la s¨¦curit¨¦ dans le cadre du RSI souligne leur importance et aide ¨¤ maintenir la volont¨¦ politique n¨¦cessaire pour acqu¨¦rir les capacit¨¦s de base. La menace mondiale pos¨¦e par les pand¨¦mies a n¨¦cessit¨¦ une approche mondiale ¨¤ la s¨¦curit¨¦, car la transmission rapide des maladies dans un monde globalis¨¦ signifie que l¡¯¨¦chec de tout membre ¨¤ d¨¦velopper les capacit¨¦s pourrait mettre en danger les autres ?tats ou les autres soci¨¦t¨¦s. En 2013, 110 ?tats membres sur les 195 signataires ont demand¨¦ un d¨¦lai suppl¨¦mentaire de deux ans pour remplir l¡¯obligation qui leur incombe. Ce chiffre important peut ¨ºtre interpr¨¦t¨¦ de deux fa?ons : les ?tats membres ne prennent pas leur engagement au s¨¦rieux et la question de la s¨¦curit¨¦ dans le domaine de la sant¨¦ reste au stade de bonnes intentions ou bien la plupart des ?tats font face ¨¤ des d¨¦fis immenses pour remplir les exigences de capacit¨¦s de base, en particulier lorsque les syst¨¨mes de sant¨¦ nationaux sont fragment¨¦s, insuffisamment financ¨¦s et qu¡¯ils manquent de personnel.

? ce stade, la deuxi¨¨me hypoth¨¨se semble plus probable. Des d¨¦lais multiples ont ¨¦t¨¦ ¨¦tablis dans le cadre du RSI, le R¨¨glement r¨¦vis¨¦ ¨¦tant beaucoup plus exigeant pour les ?tats membres en termes de pr¨¦vention et de contr?le des pand¨¦mies. Dans ces 110 ?tats, les difficult¨¦s sont principalement dues ¨¤ des insuffisances g¨¦n¨¦rales des syst¨¨mes de sant¨¦ et ne refl¨¨tent pas les objections politiques au RSI ou au partage de la responsabilit¨¦ en mati¨¨re de pr¨¦vention des pand¨¦mies6.

En effet, le renforcement des capacit¨¦s les plus souvent li¨¦es ¨¤ la performance g¨¦n¨¦rale des syst¨¨mes de sant¨¦ est le domaine qui a rencontr¨¦ le plus de difficult¨¦s. Selon des chiffres r¨¦cents, pr¨¨s des deux tiers des ?tats parties qui ont fait ¨¦tat de leurs progr¨¨s dans la mise en ?uvre du RSI ont montr¨¦ les meilleures performances dans le domaine de la? surveillance? (avec un score global de 81 %), de l¡¯intervention (78 %) et des ¨¦v¨¦nements zoonotiques (78 %) et des performances moindres dans le domaine des ressources humaines (avec une moyenne globale de 53 %), des ¨¦v¨¦nements chimiques (51 %) et des ¨¦v¨¦nements radiologiques (53 %)7. Quelque 194 ?tats ont d¨¦sign¨¦ des points focaux nationaux. Les ¨¦valuations des fonctionnalit¨¦s de ces points focaux ont r¨¦v¨¦l¨¦ qu¡¯ils ? reconnaissent l¡¯importance de faire appel ¨¤ des secteurs gouvernementaux autres que le minist¨¨re de la sant¨¦, [mais] qu¡¯ils n¡¯ont pas le pouvoir rassembleur n¨¦cessaire pour ¨¦tablir des liens solides et fiables8? ?. En d¡¯autres termes, la reconnaissance par les PFN de la n¨¦cessit¨¦ de faire appel ¨¤ d¡¯autres secteurs pourrait aller au-del¨¤ du processus politique. Pour le moment, on peut dire que le retard dans la mise en ?uvre ne refl¨¨te pas un manque de responsabilit¨¦ envers le RSI, mais r¨¦side dans des questions plus profondes qui ont trait aux capacit¨¦s et aux processus politiques des ?tats. Dans ces circonstances, le fait de consid¨¦rer les pand¨¦mies comme une question de s¨¦curit¨¦ a renforc¨¦ l¡¯engagement en faveur de la coop¨¦ration internationale et de la pr¨¦paration aux pand¨¦mies, mais certains changements structurels associ¨¦s prendront plus de temps.

Une des solutions ¨¤ ce probl¨¨me a ¨¦t¨¦ de promouvoir une approche plus cibl¨¦e. ? L¡¯objectif [des capacit¨¦s de base requises au titre du RIS] ne consiste pas seulement ¨¤ atteindre une couverture de la population la plus large possible, mais aussi ¨¤ ce qu¡¯il n¡¯y ait pas de failles importantes au niveau national, ce qui pourrait menacer la s¨¦curit¨¦ sanitaire de tous les pays du monde9? ?, a d¨¦clar¨¦ en 2013 Margaret Chan, Directrice g¨¦n¨¦rale de l¡¯OMS. Sa d¨¦claration comprend deux concepts li¨¦s entre eux : la responsabilit¨¦ des ?tats ¨¤ prot¨¦ger autant de citoyens que possible et leur responsabilit¨¦ en mati¨¨re de s¨¦curit¨¦ sanitaire entre les ?tats. La relation entre la s¨¦curit¨¦ individuelle, nationale et internationale est li¨¦e ¨¤ l¡¯introduction de concepts tels que la ? s¨¦curit¨¦ humaine ? et la ? souverainet¨¦ en tant que responsabilit¨¦ ? dans l¡¯apr¨¨s-guerre froide, qui associaient la capacit¨¦ de l¡¯?tat ¨¤ assurer sa population de sa l¨¦gitimit¨¦ nationale et internationale. La principale critique de cette approche fond¨¦e sur une vision r¨¦aliste du monde ¨¦tait que les ?tats, recherchant leur propre int¨¦r¨ºt personnel, n¡¯engagent des ressources ¨¤ la s¨¦curit¨¦ humaine que lorsqu¡¯ils en b¨¦n¨¦ficieraient directement. Cette critique sugg¨¨re que le cadre du RSI est principalement destin¨¦ ¨¤ prot¨¦ger les ?tats, en particulier les ?tats d¨¦velopp¨¦s, des maux ¨¦conomiques et autres maux caus¨¦s par les pand¨¦mies et non ¨¤ promouvoir la s¨¦curit¨¦ humaine. Penser que la priorit¨¦ sera donn¨¦e aux capacit¨¦s de base en mati¨¨re de pr¨¦vention des pand¨¦mies dans les ?tats o¨´, par exemple, la couverture des soins de sant¨¦ n¡¯est pas universelle a soulev¨¦ la question de savoir qui b¨¦n¨¦ficie r¨¦ellement de la gestion s¨¦curitaire de la sant¨¦.

La question est l¨¦gitime, mais ne prend pas en compte les d¨¦bats qui ont eu lieu sur la s¨¦curit¨¦ de la sant¨¦ depuis les ann¨¦es 1990. Aujourd¡¯hui, les d¨¦bats concernant l¡¯apr¨¨s-2015, la date butoir des Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement (OMD), portent principalement sur la promotion de la sant¨¦ universelle10. En 2007, la D¨¦claration minist¨¦rielle d¡¯Oslo par les Ministres des affaires ¨¦trang¨¨res de l¡¯Afrique du Sud, du Br¨¦sil, de la France, de l¡¯Indon¨¦sie, de la Norv¨¨ge, du S¨¦n¨¦gal et de la Tha?lande a d¨¦fini dix domaines prioritaires qui incluent la sant¨¦ et le d¨¦veloppement :? ? un partenariat mondial visant ¨¤ surmonter les obstacles ¨¤ la fois structurels et ¨¦conomiques au d¨¦veloppement et ¨¤ la sant¨¦ est essentiel pour atteindre les OMD et r¨¦duire les vuln¨¦rabilit¨¦s face aux maladies infectieuses nouvelles et ¨¦mergentes11) ? (mis en italique par l¡¯auteur).

Suite ¨¤ cette D¨¦claration, l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale a adopt¨¦ une r¨¦solution sur la sant¨¦ mondiale et la politique ¨¦trang¨¨re12. En d¨¦cembre 2012, elle a renforc¨¦ le lien entre s¨¦curit¨¦ et sant¨¦ universelle en appelant les ?tats ¨¤ ? reconna?tre les liens entre la promotion de la couverture de la sant¨¦ universelle et les autres questions de politique ¨¦trang¨¨re, comme la dimension sociale de la mondialisation, la coh¨¦sion et la stabilit¨¦, la croissance partag¨¦e et ¨¦quitable et le d¨¦veloppement durable, la viabilit¨¦ des m¨¦canismes de financement nationaux et l¡¯importance de la couverture universelle dans les syst¨¨mes de sant¨¦ nationaux13 ?.

Cette approche s¡¯oppose clairement au cynisme et montre un nouveau consensus, ¨¤ savoir que la s¨¦curit¨¦ en mati¨¨re de sant¨¦ repose sur des syst¨¨mes de sant¨¦ universels et ¨¦quitables dont d¨¦pend l¡¯application continue des capacit¨¦s de base du RSI. Il faut donc veiller ¨¤ ce que l¡¯acc¨¨s aux capacit¨¦s de base et leur partage soit ¨¦quitable au sein des soci¨¦t¨¦s et entre elles et ¨¤ ce que les progr¨¨s r¨¦alis¨¦s dans l¡¯application du RSI n¡¯affaiblissent pas involontairement les autres aspects du syst¨¨me de sant¨¦.

En Asie du Sud-Est, par exemple, des progr¨¨s ont ¨¦t¨¦ r¨¦alis¨¦s malgr¨¦ des priorit¨¦s et des int¨¦r¨ºts politiques concurrents. Situ¨¦e sur le parcours de grandes routes commerciales, la r¨¦gion, qui a d¨¦j¨¤ prouv¨¦ qu¡¯elle ¨¦tait ¨¤ l¡¯¨¦picentre des nouvelles maladies infectieuses (le syndrome respiratoire aigu s¨¦v¨¨re [SRAS], la dengue h¨¦morragique, les complications graves caus¨¦es par l¡¯ent¨¦rovirus et les souches de la grippe comme l¡¯H5NI et l¡¯H7N9), comprend des ?tats faisant face ¨¤ une transition politique, ¨¤ des troubles civils, ¨¤ des conflits arm¨¦s latents et r¨¦els et de nombreux autres sortant de conflits arm¨¦s. Les diff¨¦rences en termes de richesse, de couverture de sant¨¦ et de gouvernance sanitaire sont ¨¦galement marqu¨¦es.

Depuis 2004, suite au SRAS, les ?tats Membres de Bureau r¨¦gional de l¡¯OMS pour l¡¯Asie du Sud-Est (SEARO) et du Bureau r¨¦gional de l¡¯OMS pour le Pacifique oriental (WPRO) se r¨¦unissent pour ¨¦laborer une strat¨¦gie afin de faire face aux flamb¨¦es de maladies infectieuses. Le cadre de la Strat¨¦gie de lutte contre les maladies ¨¦mergentes pour l¡¯Asie et le Pacifique (SMEAP) a ¨¦t¨¦ adopt¨¦ en 2005. La SMEAP visait ¨¤ aider les pays ¨¤ mettre en ?uvre le RSI r¨¦vis¨¦ et ¨¤ ¨¦laborer des objectifs de mise en ?uvre et des exp¨¦riences communes qui refl¨¨tent les pr¨¦occupations et les r¨¦alit¨¦s r¨¦gionales en dehors des limites du RSI. Dans sa deuxi¨¨me phase de mise en ?uvre en 2010-2015, elle continue de travailler afin d¡¯adapter les exigences des capacit¨¦s de base du RSI aux priorit¨¦s et aux capacit¨¦s des ?tats Membres du SEARO et du WPRO14. Ces bureaux et l¡¯Association des nations de l¡¯Asie du Sud-Est (ASEAN) ont collabor¨¦ en vue de nouer un dialogue et de mettre en ¨¦vidence les progr¨¨s r¨¦alis¨¦s dans la mise en ?uvre des huit capacit¨¦s du RSI. Depuis sa cr¨¦ation, le cadre de la SMEAP a ¨¦t¨¦ formul¨¦ en des termes forts en mati¨¨re de s¨¦curit¨¦ que le secr¨¦tariat de l¡¯ASEAN a rapidement adopt¨¦s pour promouvoir la coop¨¦ration r¨¦gionale15,16.

Toutefois, cette adoption rapide de la s¨¦curit¨¦ nationale a pos¨¦ la question de savoir si l¡¯approche g¨¦n¨¦rale ne cachait pas des lacunes structurelles profondes limitant la capacit¨¦ d¡¯application du RSI dans la r¨¦gion. On reproche souvent le fait que le discours s¨¦curitaire permet ¨¤ la r¨¦gion de para?tre impliqu¨¦e alors qu¡¯elle fait tr¨¨s peu pour r¨¦former les syst¨¨mes politiques et sanitaires nationaux pour satisfaire? aux engagements pris en titre du RSI17,18,19. Ces programmes sont fond¨¦s sur le principe de notification par les int¨¦ress¨¦s et organisent des ateliers auxquels participent des intervenants sanitaires qui partagent la m¨ºme vision, alors qu¡¯aucun forum n¡¯existe pour examiner les probl¨¨mes rencontr¨¦s par les pays de cette r¨¦gion20.

Alors que tous les ?tats n¡¯ont pas r¨¦alis¨¦ leurs objectifs en termes de capacit¨¦s de base, la r¨¦gion a, face ¨¤ ces pr¨¦occupations, montr¨¦ sa volont¨¦ de reconna?tre les d¨¦fis auxquels elle est confront¨¦e. Presque chaque ?tat Membre du SEARO et du WPRO a, notamment, fait ¨¦tat de progr¨¨s concernant la mise en ?uvre du RIS, un taux de rapports tr¨¨s sup¨¦rieur aux autres bureaux r¨¦gionaux de l¡¯OMS. Lorsque de nouvelles flamb¨¦es surviennent, l¡¯¨¦change d¡¯informations sur les capacit¨¦s et le manque de capacit¨¦s existants repr¨¦sente un avantage important, comme la r¨¦action rapide de la r¨¦gion au H7N9 l¡¯a d¨¦montr¨¦. En effet, le WPRO et le SEARO ont accompli le plus de progr¨¨s dans la r¨¦duction du d¨¦lai entre l¡¯alerte et la confirmation officielle. Tous les progr¨¨s sont importants, aussi modestes soient-ils.

Il existe trois concepts cl¨¦s li¨¦s ¨¤ la relation entre les pand¨¦mies et la s¨¦curit¨¦. Premi¨¨rement, le fait d¡¯associer les engagements en mati¨¨re de politique sanitaire et la s¨¦curit¨¦ peut augmenter le niveau de priorit¨¦ accord¨¦ ¨¤ un probl¨¨me et donner des r¨¦sultats. Alors que les 110 ?tats Membres n¡¯atteindront pas les principales capacit¨¦s requises au titre du RSI d¡¯ici ¨¤ 2014, la majorit¨¦ d¡¯entre eux travaillent avec la Directrice g¨¦n¨¦rale de l¡¯OMS pour mettre en ¨¦vidence les moyens de r¨¦aliser ces objectifs. Peu de domaines de la gouvernance mondiale peuvent se f¨¦liciter de niveaux d¡¯engagement et de responsabilisation similaires et encore moins lorsque les capacit¨¦s et les structures nationales sont concern¨¦es.

Deuxi¨¨mement, la s¨¦curit¨¦ sanitaire n¡¯a pas d¨¦tourn¨¦ l¡¯attention des crises sanitaires qui touchent la majorit¨¦ de la population mondiale. En effet, l¡¯int¨¦r¨ºt accru aux niveaux mondial et national pour la pr¨¦vention des pand¨¦mies et l¡¯intervention en cas d¡¯¨¦pid¨¦mies ont permis de progresser vers la couverture universelle des soins de sant¨¦. Il est aujourd¡¯hui reconnu que pour ¨ºtre efficaces, la pr¨¦vention et l¡¯intervention n¨¦cessitent des syst¨¨mes de sant¨¦ nationaux qui soient accessibles et ¨¦quitables. La couverture universelle des soins de sant¨¦ n¡¯est pas la seule r¨¦ponse pour renforcer les syst¨¨mes de sant¨¦, mais de nombreux ?tats, comme la Chine, consid¨¨rent qu¡¯elle fait partie int¨¦grante de leur action face aux flamb¨¦es de maladies.

Troisi¨¨mement, l¡¯application des dispositions du RSI doit ¨ºtre comprise dans une optique r¨¦gionale et soutenue par les institutions mondiales. Les m¨¦canismes r¨¦gionaux permettent une approche adapt¨¦e qui reconna?t les contextes dans lesquels les ?tats fonctionnent et ¨¦tablit des cadres conformes aux normes r¨¦gionales. Cela permet d¡¯instaurer la confiance n¨¦cessaire. Toutefois, les r¨¦gions et les ?tats ne peuvent y parvenir seuls et l¡¯OMS peut jouer un r?le important en aidant les bureaux r¨¦gionaux et en coop¨¦rant avec ses ?tats Membres. Le syst¨¨me des Nations Unies, en particulier les organes comme la Commission de la consolidation de la paix et les organismes comme le Programme des Nations Unies pour le d¨¦veloppement et le Fonds des Nations Unies pour l¡¯enfance, ont un r?le ¨¤ jouer en aidant les ?tats ¨¤ renforcer les capacit¨¦s techniques requises au titre du RSI.

Alors que la liaison entre la s¨¦curit¨¦ et la sant¨¦ a permis d¡¯instaurer la volont¨¦ politique mondiale n¨¦cessaire pour appliquer le RSI, il ne faut pas surestimer les obstacles institutionnels, techniques et politiques ¨¤ la r¨¦alisation de cet objectif.

Notes

1?? Doshi, P., ? The elusive definition of pandemic influenza ?, Bulletin of the World Health Organization, vol. 89 (2011), pp. 532-538.

2?? Organisation mondiale de la sant¨¦, ? L¡¯Assembl¨¦e mondiale de la sant¨¦ adopte un nouveau R¨¨glement sanitaire international : de nouvelles r¨¨gles r¨¦gissent l¡¯action nationale et internationale en cas de flamb¨¦es ¨¦pid¨¦miques ? (2005).

3?? Organisation mondiale de la sant¨¦, r¨¦vision et mise ¨¤ jour du R¨¨glement sanitaire international, WHA48.7, quarante-huiti¨¨me Assembl¨¦e mondiale de la sant¨¦ (1995).

4?? Organisation mondiale de la sant¨¦, r¨¦vision du R¨¨glement sanitaire international, WHA58.3, cinquante-huiti¨¨me Assembl¨¦e mondiale de la sant¨¦ (2005).

5?? Ibid.

6?? Organisation mondiale de la sant¨¦, rapport du D¨¦partement Capacit¨¦s globales, alerte et r¨¦ponse, 2012 (Bureau de l¡¯OMS ¨¤ Lyon, 2013). Disponible ¨¤

7?? Organisation mondiale de la sant¨¦ (2013), Mise en ?uvre du R¨¨glement sanitaire international (2005). Rapport du Directeur g¨¦n¨¦ral (A/66/16), soixante-sixi¨¨me Assembl¨¦e mondiale de la sant¨¦.

8?? Hardiman, Maxwell C. et D¨¦partement Capacit¨¦s globales, alerte et r¨¦ponse de l¡¯Organisation mondiale de la sant¨¦, ? World Health Organization perspective on implementation of International Health Regulations ?, maladies infectieuses ¨¦mergentes (2012). Disponible ¨¤

9?? Voir Organisation mondiale de la sant¨¦ (2013), mise en ?uvre du R¨¨glement sanitaire international (2005).

10?Organisation mondiale de la sant¨¦, Consultation avec les ?tats Membres en mati¨¨re de sant¨¦ dans l¡¯agenda pour le d¨¦veloppement post-2015, compte rendu (2012). Disponible ¨¤ millennium_development_goals/post2015/summary_informal_consultation_memberstates_20121214.pdf ).

11????? Ministres des affaires ¨¦trang¨¨res de l¡¯Afrique du Sud, du Br¨¦sil, de la France, de l¡¯Indon¨¦sie, de la Norv¨¨ge, du S¨¦n¨¦gal et de la Tha?lande, ? Oslo Ministerial Declaration ¡ª global health : a pressing foreign policy issue of our time ?, The Lancet (2007).

12????? Sant¨¦ mondiale et politique ¨¦trang¨¨re (A/63/33), 27 janvier 2009.

13????? Sant¨¦? mondiale? et? politique? ¨¦trang¨¨re? y? (A /67/L. 36,? par.? 3), 12 d¨¦cembre 2012.

14???? Organisation mondiale de la sant¨¦, ? Securing Regional Health through APSED, Building Sustainable Capacity for Managing Emerging Diseases and Public Health Events ?, Rapport d¡¯avancement (Bureau r¨¦gional de l¡¯Organisation mondiale de la sant¨¦ pour le Pacifique occidental, 2012).

15???? Caballero-Anthony, M., ? Non-Traditional Security and Infectious Diseases in ASEAN: Going Beyond the Rhetoric of Securitization to Deeper Institutionalisation ?, The Pacific Review, vol. 12, n¡ã 4 (2008), pp. 509-527.

16????? Haacke, J. et Paul D. Williams, ? Regional Arrangements, Securitization, and Transnational Security Challenges: The African Union and the Association of Southeast Asian Nations Compared ?, ?tudes sur la s¨¦curit¨¦, vol. 17, n¡ã 4 (2008), pp. 775-809.

17????? Aldis, W., ? Health security as a public health concept: a critical analysis ?,

Planification du secteur de la sant¨¦, vol. 23, n¡ã 6, (2008), pp. 369-375.

18????? Stevenson, M. A. et A. F. Cooper, ? Overcoming Constraints of State Sovereignty: Global Health Governance in Asia ?, Third World Quarterly, vol. 30, n¡ã 7 (2009), pp. 1379-1394.

19????? Vu, T., ? Epidemics as Politics with Case Studies from Malaysia, Thailand, and Vietnam, Global Health Governance ?, (2011) (voir edu/ghg/2011/06/21/epidemics-as-politics-with-case-studies-from- malaysia-thailand-and-vietnam/).

20???? Voir Haacke, J. et Paul D. Williams (2008).

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