01 avril 2008

L'Oxford Handbook on the United Nations est un ouvrage de r¨¦f¨¦rence indispensable qui offre un contenu vari¨¦ et des analyses approfondies. Mais ce n'est pas seulement un guide. Il contient des essais qui mettent en ¨¦vidence le talent et l'exp¨¦rience de 47 auteurs, universitaires, analystes et auteurs patent¨¦s. Leurs connaissances vari¨¦es et surtout accessibles auraient pu remplir plusieurs volumes. Comme les ¨¦diteurs l'ont mentionn¨¦ dans l'introduction, ce n'est pas tant un guide sur les Nations Unies qu'un hommage ¨¤ la vari¨¦t¨¦ et la substance du contenu. Il est donc difficile d'en faire un compte rendu. Pour faciliter cette t?che, j'ai pens¨¦ que le meilleur moyen ¨¦tait d'avoir une conversation critique avec des personnes bien inform¨¦es1.

Le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral. La parution de la publication a co?ncid¨¦ avec l'arriv¨¦e du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral Ban Ki-moon ¨¤ l'ONU. En pesant bien ces mots, il a dit dans la pr¨¦face - la premi¨¨re qu'il ait ¨¦crit apr¨¨s avoir pris ses fonctions en janvier 2007 - que ? ces essais sont vari¨¦s et bien argument¨¦s, et je ne partage pas toujours les points de vue exprim¨¦s ?. Il reconnaissait par l¨¤ le poids de son h¨¦ritage. Mais cela repr¨¦sente plus que l'h¨¦ritage de son pr¨¦d¨¦cesseur, Kofi Annan. Stephen Stredman a ¨¦crit : ? De 2003 ¨¤ 2006, le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral Kofi Annan a entrepris la r¨¦forme la plus ambitieuse de l'Organisation des Nations Unies depuis sa cr¨¦ation2.? Comme les auteurs du Handbook l'indiquent ¨¤ plusieurs reprises, ce fardeau de l'histoire multilat¨¦rale remonte avant la cr¨¦ation de la Soci¨¦t¨¦ des Nations.

D¨¦j¨¤, la situation a ¨¦volu¨¦. Font partie de l'h¨¦ritage qui a ¨¦t¨¦ l¨¦gu¨¦ ¨¤ Ban Ki-moon la nouvelle Commission de la consolidation de la paix et le nouveau Conseil des droits de l'homme, la proposition d'extension du Conseil de s¨¦curit¨¦, sans oublier les guerres civiles en Afrique. Au terme de sa premi¨¨re ann¨¦e ¨¤ la t¨ºte de l'ONU, M. Ban a ¨¦crit : ? Je ne suis pas rest¨¦ inactif cette ann¨¦e. D¨¨s ma premi¨¨re journ¨¦e, j'ai activement engag¨¦ les leaders mondiaux et les responsables des Nations Unies ¨¤ progresser sur quatre fronts essentiels ? (qui font partie de la r¨¦forme de l'ONU), ? au sein des trois piliers de l'action de l'ONU : la paix et la s¨¦curit¨¦, le d¨¦veloppement ¨¦conomique et social, les droits de l'homme ?, notamment le D¨¦partement des op¨¦rations de la paix, divis¨¦ en deux, d'un c?t¨¦ un d¨¦partement op¨¦rationnel et de l'autre un d¨¦partement de l'appui logistique; le changement climatique, consid¨¦r¨¦ par le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral comme la ? premi¨¨re priorit¨¦ ?, la conf¨¦rence de Bali ¨¦tant ? la principale r¨¦alisation de l'ann¨¦e ?; les Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement; et les droits de l'homme, notamment le soixanti¨¨me anniversaire de la D¨¦claration universelle des droits de l'homme.

Sur la g¨¦opolitique et la s¨¦curit¨¦, M. Ban a not¨¦ qu'il avait visit¨¦ plusieurs missions de maintien de la paix, allant de la Mission des Nations Unies en R¨¦publique du Congo (MONUC) ¨¤ la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Ha?ti (MINUSTAH). ? Le Tribunal sp¨¦cial au Liban est sur la bonne voie. [.] Au Moyen-Orient, [j'ai] travaill¨¦ dans les coulisses pour lancer le sommet pour la paix ¨¤ Annapolis et convaincre en particulier les dirigeants r¨¦gionaux ¨¤ y assister. Je poursuivrai ces efforts au sein du quartet. [..] Aucune question g¨¦opolitique n'a occup¨¦ plus de mon temps que le Darfour ?, a-t-il dit.

Le contenu. Le Handbook est divis¨¦ en huit parties. Dans la premi¨¨re, les auteurs abordent la question du changement et de la continuit¨¦ aux Nations Unies tout en soulignant que le syst¨¨me conna¨ªt des cycles de changement et d'adaptation modestes. La deuxi¨¨me, s'inscrivant dans un cadre th¨¦orique, comprend le r?le politique de l'ONU et les perspectives l¨¦gales. La troisi¨¨me partie consacr¨¦e aux organes principaux, ajoute le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral aux six organes de la Charte de l'ONU : l'Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale, le Conseil de s¨¦curit¨¦, le Conseil ¨¦conomique et social (ECOSOC), le Conseil de tutelle qui a pratiquement suspendu ses activit¨¦s, le Secr¨¦tariat et la Cour internationale de Justice. La quatri¨¨me partie comprend ? d'autres acteurs ?, comme les groupes r¨¦gionaux, les institutions de Bretton Woods, les secteurs civil et priv¨¦ ainsi que les m¨¦dias. Les cinqui¨¨me et sixi¨¨me parties consacr¨¦es ¨¤ la paix et ¨¤ la s¨¦curit¨¦ internationales et aux droits de l'homme, sont peut-¨ºtre les sections les plus substantielles englobant les conflits ¨¤ tous leurs stades, les populations sous-repr¨¦sent¨¦es et vuln¨¦rables - les femmes, les enfants et les minorit¨¦s. Dans la septi¨¨me partie sur le d¨¦veloppement, un th¨¨me majeur pour l'avenir, l'ECOSOC est une fois de plus pr¨¦sente.

La derni¨¨re partie examine les perspectives de la r¨¦forme. Le dernier chapitre de Chadwick Alger sur l'¨¦largissement ¨¤ de nouveaux membres pr¨¦sente peut-¨ºtre le th¨¨me le plus vaste. C'est une id¨¦e fascinante en ce sens que si l'¨¦largissement est in¨¦vitable, c'est aussi le d¨¦veloppement le plus risqu¨¦ pour le syst¨¨me de l'ONU, s'il est effectu¨¦ de mani¨¨re dogmatique. Car il y a toujours le danger que cet ¨¦largissement conduise ¨¤ une surcharge de travail, ¨¤ la paralysie ou ¨¤ la n¨¦gligence au sein des organes principaux. Ce qui donne une perspective surprenante aux propos de Johan Galtung, l'un des fondateurs de l'Institut international de recherche sur l'a paix d'Oslo, qui concluait en 1980 que ? la r¨¦ponse est plut?t de d¨¦finir des t?ches pour chacun ?, dans le contexte des d¨¦fis que sont le multilat¨¦ralisme et la gouvernance mondiale. Du seul point de vue financier et ses vastes cons¨¦quences, le financement devra venir de bien au-del¨¤ des institutions des Nations Unies. Et avec l'argent viennent l'influence, les choix et les priorit¨¦s forc¨¦s et le risque de n¨¦gliger les moins nantis dans leur r?le de r¨¦cipiendaires de fonds et de programmes pour le d¨¦veloppement et, en fin de compte, leur influence politique.

Une r¨¦vision rapide et de qualit¨¦. Le Professeur Thomas G. Weiss du College University of New York, Directeur de l'Institut Ralph Bunche, et Sam Daws, Directeur ex¨¦cutif de l'Ãå±±½ûµØAssocation-United Kingdom, ont, ¨¤ partir de leurs dossiers et de leur exp¨¦rience, accompli un travail ¨¦ditorial remarquable de ce volume - qui fait partie d'un projet plus vaste appel¨¦ Projet d'histoire intellectuelle des Nations Unies (UNIHP), codirig¨¦ par Louis Emmerij, Richard Jolly et Tom Weiss4. Dans ces deux cas, leur travail ¨¦ditorial se r¨¦v¨¨le dans le choix des chapitres et la s¨¦lection de leurs contenus. L'id¨¦e de ce Handbook a ¨¦t¨¦ initialement lanc¨¦e il y a une dizaine d'ann¨¦es par Dominic Byatt, R¨¦dacteur en chef d'Oxford University Press (OUP) dans le cadre de l'OUP Handbook Series. Il avait en effet constat¨¦ qu'aucun projet similaire n'existait pour les Nations Unies en tant qu'institution. Alors que pour l'OUP, il s'agissait d'ajouter un volume ¨¤ la s¨¦rie, les ¨¦diteurs esp¨¦raient qu'il apporterait une contribution s¨¦par¨¦e et sp¨¦ciale. Une fois lanc¨¦, le travail a ¨¦t¨¦ r¨¦alis¨¦ en 34 mois seulement. En juillet 2004, les ¨¦diteurs ont organis¨¦ ¨¤ la National Gallery ¨¤ Londres un d¨¦jeuner important avec Byatt et l'ouvrage a ¨¦t¨¦ publi¨¦ en mai 2007. S. Daws avait ¨¦t¨¦ pr¨¦c¨¦demment li¨¦ ¨¤ l'OUP5. Ils n'avaient jamais travaill¨¦ ensemble avant, mais ont d¨¦cid¨¦ de se passer du comit¨¦ de lecture et de faire le travail eux-m¨ºmes en ayant recours ¨¤ des consultants ext¨¦rieurs. Comment ce travail se compare-t-il ¨¤ l'uniph et y est-il associ¨¦ ? Probablement en pr¨¦sentant un tableau complet dans un seul volume au lieu de plusieurs et en se concentrant davantage sur la politique et la s¨¦curit¨¦, les ¨¦diteurs ont laiss¨¦ les r¨¦dacteurs libres d'exprimer leurs opinions, bien que, dans certains domaines, ils aient d? faire un certain travail ¨¦ditorial - et ils ont manifestement tir¨¦ le meilleur de leurs collaborateurs.

Les contributeurs ont ¨¦t¨¦ encourag¨¦s ¨¤ ¨¦crire de fa?on ¨¤ ce que leurs chapitres soient toujours pertinents dans sept ou dix ans, conscients donc des changements qui survendraient et des informations qu'ils devraient fournir sur le processus de l'ONU, l'¨¦volution des concepts et le contexte historique. Alors que l'id¨¦e ma¨ªtresse reste valable, certains d¨¦tails, en particulier sur la Commission de consolidation de la paix et le Conseil des droits de l'homme, risquaient d'¨ºtre tr¨¨s rapidement obsol¨¨tes. Les contributeurs ont donc embrass¨¦ une p¨¦riode allant au-del¨¤ des douze derniers mois. Un exemple similaire est le Bailey/Daws sur le Conseil de s¨¦curit¨¦. Utilis¨¦ depuis dix ans, il a ¨¦t¨¦ agr¨¦ment¨¦ de nouveaux ajouts venant d'autres sources, en particulier l'Internet, afin de d'inclure les d¨¦veloppements les plus r¨¦cents. Les ¨¦diteurs visent un objectif similaire, avec peut-¨ºtre des mises ¨¤ jour plus fr¨¦quentes.

Il leur a fallu veiller ¨¤ ce que les auteurs s'acquittent de leur t?che dans les d¨¦lais impartis, tout en veillant ¨¤ la coh¨¦rence du style et du contenu des chapitres. Si un niveau ¨¦lev¨¦ de coh¨¦rence a ¨¦t¨¦ atteint, ils ont d¨¦cid¨¦ que certaines diff¨¦rences mineures n'¨¦taient pas importantes, par exemple dans la notation des notes en bas de page et les abr¨¦viations. Ils ont suppos¨¦, probablement ¨¤ juste titre, que les lecteurs consultent g¨¦n¨¦ralement un seul chapitre ¨¤ la fois et que m¨ºme s'ils lisaient le Handbook dans son int¨¦gralit¨¦, la vue d'ensemble serait claire. De m¨ºme, quand les contributeurs ont adopt¨¦ des points de vue diff¨¦rents sur une question, ils n'ont pas cherch¨¦ ¨¤ pr¨¦senter ? une ligne de parti ? sur tous les sujets. Les contributeurs ont donc g¨¦n¨¦ralement abord¨¦ chaque sujet de mani¨¨re judicieuse et ¨¦quilibr¨¦e.

Les ¨¦diteurs ont encourag¨¦ la diversit¨¦ des voix et l'expression de points de vue personnels pour montrer leur engagement en faveur de la libert¨¦ d'expression, mais aussi pour exprimer leur confiance dans la r¨¦putation de ces auteurs de haut calibre. On remarque aussi assez fortement la pr¨¦dominance anglo-am¨¦ricaine. En g¨¦n¨¦ral, la plupart des chapitres sont construits sur le m¨ºme mod¨¨le, avec la d¨¦finition des objectifs vis¨¦s dans l'introduction puis la pr¨¦sentation des conclusions. Je n'ai trouv¨¦ nulle part de la part des ¨¦diteurs un ton d'autosatisfaction ¨¤ propos de l'ONU, bien qu'ils soient tous les deux, en tant qu'universitaires et anciens employ¨¦s, des partisans exp¨¦riment¨¦s mais critiques des aspirations multilat¨¦rales de l'Organisation.

Les meilleurs r¨¦dacteurs. Les bons r¨¦dacteurs sont ceux qui poss¨¨dent un style lisible et fluide, ma¨ªtrisent leurs sujets et r¨¦ussissent ¨¤ fournir au public les outils d'information afin d'accro¨ªtre leur int¨¦r¨ºt dans les Nations Unies. Chaque chapitre doit ¨ºtre ¨¦tay¨¦ de notes en bas de page d¨¦taill¨¦es. Celles qui figurent dans le Handbook sont souvent informatives et m¨¦ritent d'¨ºtre lues. L'ouvrage remonte avant les ann¨¦es 1990 (en fait une r¨¦f¨¦rence remonte ¨¤ 19446) sans que ce soit au d¨¦triment des sources pertinentes plus r¨¦centes. ? ceci s'ajoute un index sur des lectures compl¨¦mentaires recommand¨¦es, le fruit d'un choix subjectif.

Il est difficile et presque d¨¦sobligeant de juger les contributeurs et les chapitres selon ces crit¨¨res, surtout que ces experts sont connus dans leurs domaines. Mais j'ai lu avec un plaisir sp¨¦cial et partial, parce le sujet ¨¦tait familier ou parce qu'il ouvrait de nouveaux horizons : Jos¨¦ Alvarez sur le droit, David Malone sur le Conseil de s¨¦curit¨¦, Gert Rosenthal sur l'ECOSOC, Ted Newman sur le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral, Ngaire Woods sur les institutions de Bretton Woods, Michael Pugh sur l'imposition de la paix, Craig Murphy sur le secteur priv¨¦, Ramesh Thakur sur l'intervention humanitaire, Yves Beigbeder sur les enfants, Richard Goldstone sur la Cour p¨¦nale internationale, Richard Jolly sur le d¨¦veloppement humain, Ed Luck sur les principaux organes. Jeff Laurenti sur le financement et les ¨¦diteurs eux-m¨ºmes.

Les chapitres seront rarement lus ensemble, mais seront utilis¨¦s individuellement en tant que ressources. Chacun contient des sommaires importants et utiles et la plupart pr¨¦sentent des conclusions. Les ¨¦diteurs indiquent que le succ¨¨s de l'ONU sera jug¨¦ par le dialogue qu'elle ¨¦tablira avec la premi¨¨re, la deuxi¨¨me et la troisi¨¨me ONU - les gouvernements, les individus et l'? ONU compl¨¦mentaire ? - les divers acteurs allant des organisations non gouvernementales (ONG) aux analystes et aux experts, dont le secteur priv¨¦. Ils d¨¦veloppent le th¨¨me d'une inclusion g¨¦n¨¦rale et avec des commentaires maintes fois cit¨¦s mettent en avant que la r¨¦forme et l'adaptation des Nations Unies aux changements n'est pas un ¨¦v¨¦nement mais un processus de continuit¨¦ et de changement.

? qui le Handbook est-il destin¨¦ ? Comme je l'ai d¨¦couvert, ce livre n'est pas con?u pour ¨ºtre lu de bout en bout - et d'ailleurs cela n'a jamais ¨¦t¨¦ l'objectif. Mais c'est un ouvrage de r¨¦f¨¦rence utile et de qualit¨¦. Il faut le lire d'une mani¨¨re aussi critique qu'il a ¨¦t¨¦ con?u, les auteurs ont ¨¦t¨¦ autoris¨¦s ¨¤ critiquer les d¨¦faillances et les ¨¦checs du syst¨¨me de l'ONU; ils en reconnaissent les limites. Cet ouvrage peut ¨ºtre un outil important pour les personnes amen¨¦es ¨¤ ¨¦crire, ¨¤ ¨¦tudier, ¨¤ faire un rapport sur l'ONU et une ressource pour les diplomates, les universitaires, les chercheurs les administrateurs publics, les ong et les ¨¦tudiants pendant peut-¨ºtre une d¨¦cennie. Il est aussi destin¨¦ aux biblioth¨¨ques et aux institutions qui ont des ressources financi¨¨res. Il a une place assur¨¦e au rayon des livres sur l'ONU. Certains ont vu cet ouvrage comme le volume unique mais pas encore ¨¦crit sur l'histoire de l'ONU qui succ¨¨dera ¨¤ l'ouvrage de Robert/Kingsbury7 publi¨¦ au d¨¦but des ann¨¦es 1990, excellent dans son genre, mais pas aussi ambitieux. Tous deux donnent une bonne id¨¦e des questions cruciales de notre temps et fournissent les informations de base pour une d¨¦cennie.

Un ouvrage similaire, seulement de nom, est l'United Nations Handbook 8 de Nouvelle-Z¨¦lande aujourd'hui dans sa 45e ann¨¦e de publication avec le volume 2007/2008. Mais bien qu'indispensable, cet ouvrage est davantage une source de r¨¦f¨¦rences imm¨¦diates qu'historiques. Il s'agit principalement d'une lise annot¨¦e des r¨¦solutions approuv¨¦es et des membres des organismes de l'ONU - un travail sp¨¦cifique excellent mais restreint. Il est rare de trouver des ouvrages similaires, m¨ºme en fran?ais ou en allemand. ? A concise Encyclopedia of the United Nations ?, ¨¦dit¨¦ par Helmut Volger, est peut-¨ºtre celui qui s'en rapproche le plus.

Les ouvrages classiques sur la Charte de l'ONU ont un r?le important10. Il y aussi d'autres ¨¦tudes plus sp¨¦cialis¨¦es sur des domaines particuliers; mais aucun ne pr¨¦sente des informations aussi compl¨¨tes en un seul volume. Le Handbook ne cherche pas ¨¤ ¨ºtre une encyclop¨¦die, mais donne ¨¤ des experts la possibilit¨¦ de pr¨¦senter une analyse sur un sujet particulier dans un nombre de pages limit¨¦es. Les deux volumes ¨¦dit¨¦s de R¨¹diger Wolfrum, ? United Nations : Law, Policies and Practice 11 ?, est un projet diff¨¦rent qui comporte de nombreuses descriptions factuelles courtes des d¨¦veloppements dans chaque domaine, r¨¦dig¨¦es la plupart par des universitaires allemands, si bien que l'anglais manque parfois de fluidit¨¦ et de clart¨¦ en comparaison de l'analyse plus d¨¦taill¨¦e et plus vaste du Handbook.

Les points forts. Le livre engage le lecteur avec des id¨¦es originales, une vari¨¦t¨¦ de styles, allant des faits historiques aux id¨¦es normatives ou passionn¨¦es dans un langage parfois riche en humour que seule une s¨¦lection aussi diverse peut offrir. Par exemple, Alvarez ¨¦crit sur les trait¨¦s de l'ONU: ?Le manque de pr¨¦cision de certains trait¨¦s modernes n'est pas n¨¦cessairement un handicap. ? Sur l'Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale, M. J. Peterson dit en faisant r¨¦f¨¦rence aux ?tats-Unis que ? l'impact des r¨¦solutions de l'Assembl¨¦e a toujours d¨¦pendu de la relation entre la capacit¨¦ ¨¤ rassembler les votes au sein de l'Assembl¨¦e et le contr?le des ressources pour mener une action efficace ¨¤ l'ext¨¦rieur. ? De son c?t¨¦ D. Malone dit ¨¤ propos du Conseil de s¨¦curit¨¦ : ? L¨¤ o¨´ les int¨¦r¨ºts am¨¦ricains sont peu engag¨¦s, l'ONU est la mieux plac¨¦e du point de vue de Washington pour r¨¦pondre aux ? conflits orphelins ? comme ceux de la Sierra Leone, du Liberia et de la C?te d'Ivoire. Ngaire Woods ¨¦crit que ? .les institutions de Bretton Woods ont d? confronter une id¨¦e r¨¦pandue selon laquelle elles manquaient de l¨¦gitimit¨¦ et d'efficacit¨¦. ? Les principaux chapitres traitant du th¨¨me r¨¦current des relations avec l'ext¨¦rieur examinent les liens avec la soci¨¦t¨¦ civile, comme dans le chapitre de Wapner consacr¨¦ ¨¤ la soci¨¦t¨¦ civile : ? Ce qui est essentiel, c'est que les Nations Unies et les ong s'entraident pour compenser leurs propres d¨¦faillances et travaillent ensemble pour r¨¦pondre aux probl¨¨mes mondiaux par une action collective commune. ?

L'ECOSOC est un organe principal dont le r?le est difficile et trop ¨¦tendu. Il fournit des informations et assiste le Conseil de s¨¦curit¨¦ ¨¤ sa demande, s'acquittant aussi des fonctions assign¨¦es par l'Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale. G. Rosenthal (et d'autres auteurs) lui consacre une attention particuli¨¨re, faisant remarquer que ? [ses] d¨¦cisions et r¨¦solutions ne sont pas contraignantes pour les ?tats Membres ou m¨ºme pour les institutions sp¨¦cialis¨¦es. Toutes ses fonctions sont donc une indication de son impuissance. ? Pourtant, ses d¨¦lib¨¦rations ont permis de renforcer la prise de conscience sur certaines questions. E. Luck ¨¦crit : ? La Charte place une plus grande priorit¨¦ sur le r?le de l'ecosoc dans les domaines intellectuel et institutionnel que sur son r?le subsidiaire en tant que machine ¨¤ produire des r¨¦solutions. [.] La cl¨¦ de la r¨¦forme de l'ECOSOC r¨¦side peut-¨ºtre dans sa red¨¦couverte et non pas dans sa r¨¦invention. ? Au cours des d¨¦cennies, la r¨¦forme du Conseil s'est av¨¦r¨¦e aussi difficile que celle du Secr¨¦tariat de l'ONU.

Un chapitre est consacr¨¦ aux groupes r¨¦gionaux, plus particuli¨¨rement leur r?le largement irr¨¦alis¨¦ dans le cadre de la Charte de l'ONU dans le r¨¨glement des diff¨¦rends et le maintien de la paix et de la s¨¦curit¨¦. M. J. Peterson fait r¨¦f¨¦rence ¨¤ un aspect diff¨¦rent de la politique ? au travers des groupes r¨¦gionaux et des groupes d'?tats partageant les m¨ºmes vues qui remplissent certains r?les dans l'organisation et le regroupement des votes jou¨¦s par les partis politiques dans la l¨¦gislation nationale. ? Ces deux groupes se chevauchent, mais, en tant que groupe unique, ils sont ¨¦tablis r¨¦gionalement et soumis au principe d'une r¨¦partition g¨¦ographique ¨¦quitable, tandis que les groupements politiques sont g¨¦n¨¦ralement ¨¦tablis par les membres des groupes pour renforcer leur influence politique. Il est clair qu'au cours des ann¨¦es, les sept groupes r¨¦gionaux ont jou¨¦ un r?le important en mati¨¨re de repr¨¦sentation des activit¨¦s r¨¦gionales ¨¤ la fois au si¨¨ge des Nations Unies ¨¤ New York et ¨¤ Gen¨¨ve, ainsi que dans la composition et l'¨¦lection des membres des institutions sp¨¦cialis¨¦es, de programmes et des fonds. Ils mentionnent l'importance de la politisation des questions et indiquent que l'exemple ¨¦tabli par l'Organisation de la Conf¨¦rence islamique pourrait ¨ºtre plus d¨¦velopp¨¦ car il gagne du terrain et de l'influence dans les r¨¦gions du monde.

Dans son chapitre sur le r¨¨glement pacifique des diff¨¦rends et de la pr¨¦vention des conflits, Mani observe ? l'ultime pouvoir ¨¤ trouver une solution pacifique aux diff¨¦rends et ¨¤ emp¨ºcher qu'ils deviennent violents rel¨¨ve de la responsabilit¨¦ des ?tats ?. Dans la section sur la paix et la guerre, M. Pugh d¨¦veloppe l'id¨¦e que ? toute base ¨¦thique ¨¤ la justice redistributive qui att¨¦nue, voire rejette, les effets socio-¨¦conomiques n¨¦gatifs de l'¨¦conomie mondiale doit ¨ºtre, par respect pour la s¨¦curit¨¦ humaine, rendue en retour par le public et les autorit¨¦s de tous les ?tats ?. Peut-¨ºtre montre-t-il que le chapitre sur la consolidation de la paix, bien qu'approfondi et couvrant toutes les questions, comporte des tableaux de science politique qui sont une source de distraction.

R. Thakur note dans un style plein de verve l'¨¦rosion du principe de souverainet¨¦ nationale face ¨¤ l'interd¨¦pendance mondiale et voit la responsabilit¨¦ de prot¨¦ger davantage comme ? un concept qui comble le foss¨¦ entre intervention et souverainet¨¦ et [.] ¨¦tablit des passerelles conceptuelles, normatives et op¨¦rationnelles entre l'aide d'intervention et la reconstruction ?. Ramcharan souligne avec passion l'importance des droits de l'homme dans toute analyse des risques pour un pays, une position reprise de mani¨¨re plus normative par Goldstone dans son chapitre sur la Cour p¨¦nale de Justice.

Sur le d¨¦veloppement humain, R. Jolly examine l'indice de pauvret¨¦ humaine : ? Il mesure le pourcentage de la population d'un pays en termes de privation de choix fondamentaux et d'opportunit¨¦s - de m¨ºme qu'en mati¨¨re de revenus, la pauvret¨¦ est mesur¨¦e par le pourcentage de la population vivant au-dessous d'un seuil ¨¦tabli. ? Sur la r¨¦forme, E. Luck fait remarquer qu'il s'agit d'un processus et pas d'un ¨¦v¨¦nement : ? Chaque cycle de r¨¦forme r¨¦ussit ¨¤ laisser sa marque sur l'Organisation. Les questions non r¨¦solues forment de plus le noyau du chapitre suivant d¨¦crivant la longue et lente r¨¦forme de l'ONU. Jamais d¨¦finitive, jamais parfaite, l'organisation mondiale est toujours en changement. ? J. Laurenti examine le financement du point de vue am¨¦ricain - en effet, les ?tats-Unis sont ¨¤ la fois le plus grand contributeur au budget de l'ONU et le pays ayant le plus d'arri¨¦r¨¦s - et souligne le point crucial que les ressources refl¨¨tent l'engagement. Il montre comment cela a jou¨¦ dans la s¨¦rie de crises financi¨¨res qui ont secou¨¦ les Nations Unies de mani¨¨re cyclique.
Enfin, le dernier chapitre de C. Alger fait ¨¦cho ¨¤ l'introduction de T. Weiss et S. Daws. Reprenant les th¨¨mes d'une plus grande et plus vaste inclusion, il en reporte la responsabilit¨¦ sur les individus: ?La nature de la gouvernance mondiale ¨¦mergente d¨¦fie les individus d'examiner la pertinence des organisations auxquelles ils participent ou auxquelles ils pourraient participer. Ceux qui r¨¦pondent deviendront des participants conscients de l'effort constamment men¨¦ pour renforcer la capacit¨¦ du syst¨¨me de l'ONU ¨¤ r¨¦pondre ¨¤ un agenda mondial plus que jamais difficile. ? La solution r¨¦side dans l'¨¦volution du processus multilat¨¦ral.

Syst¨¨me de r¨¦f¨¦rence. Les ¨¦diteurs ont mis au point un syst¨¨me de r¨¦f¨¦rence avec des notes en base de page, des listes de lectures compl¨¦mentaires et des annexes. Ils ont d¨¦lib¨¦r¨¦ment et efficacement choisi de ne pas ajouter un volume de ressources bibliographiques et de recherche comme cela a ¨¦t¨¦ le cas pour le rapport de la Commission internationale sur l'intervention et la souverainet¨¦ de l'¨¦tat12. Fid¨¨les au style du Handbook - fournir une analyse d'expert accessible ¨¤ tous - les auteurs ont choisi de pr¨¦senter une liste d'une douzaine d'ouvrages ¨¤ l'intention de ceux qui d¨¦sirent approfondir un sujet. S'ils avaient choisi de pr¨¦senter une liste exhaustive et avaient compil¨¦ 2 000 donn¨¦es bibliographiques suppl¨¦mentaires, il aurait fallu r¨¦duire la taille de chaque chapitre. Tous les chapitres contiennent en moyenne 20 pages, ce qui facilite les lectures br¨¨ves et guid¨¦es, un aspect important en particulier pour les chercheurs.

Recommandations pour une future ¨¦dition. Vu la qualit¨¦ du travail ¨¦ditorial, les d¨¦tails impressionnants et qu'il n'y aura pas de mises ¨¤ jour au moins avant dix ans, il pourrait donc sembler un peu mesquin de relever les omissions ou de sugg¨¦rer des ajouts pour le prochain volume. Comme nous l'avons vu, les ¨¦diteurs n'avaient pas d'autre choix que d'¨ºtre s¨¦lectifs pour inclure autant de sujets en un peu plus de 800 pages.
♦ Droits sociaux et ¨¦conomiques. Le domaine qui n¨¦cessitait la s¨¦lection la plus importante ¨¦tait le domaine ¨¦conomique et social, car 40 chapitres au moins pouvaient ¨ºtre consacr¨¦s aux institutions sp¨¦cialis¨¦es, aux fonds et aux programmes qui traitaient chacun un domaine particulier, comme la nourriture, les t¨¦l¨¦communications, l'¨¦ducation, la culture ou la propri¨¦t¨¦ intellectuelle et autres sujets similaires. Mes interlocuteurs critiques ont fait remarquer que c'¨¦tait dans ce domaine qu'il fallait faire une plus grande s¨¦lection et que certains sujets ou secteurs ¨¦taient trait¨¦s mais sous-repr¨¦sent¨¦s. C'est en partie peut-¨ºtre d? ¨¤ l'ecosoc. Il aurait donc ¨¦t¨¦ peut-¨ºtre plus judicieux de consacrer un chapitre aux droits ¨¦conomiques et sociaux, bien qu'il n'e?t pas ¨¦t¨¦ complet. Cela refl¨¨te probablement les efforts de la communaut¨¦ des droits de l'homme ¨¤ d¨¦fendre les libert¨¦s civiles et politiques apr¨¨s l'adoption des mesures antiterroristes suite aux attentats du 11 septembre. Le syst¨¨me commercial et ¨¦conomique est trait¨¦ dans le chapitre consacr¨¦ aux institutions de Bretton Woods.

±Ê±ð°ù²õ´Ç²Ô²Ô²¹±ô¾±³Ù¨¦²õ. Les personnalit¨¦s ¨¦minentes et leur contribution pourraient ¨ºtre un autre sujet dans le prochain volume. Je pense ici non ¨¤ des personnalit¨¦s comme les Secr¨¦taires g¨¦n¨¦raux Hammarsjk?ld ou Kofi Annan, mais plut?t ¨¤ l'expert, au fonctionnaire international, malheureusement condamn¨¦ ¨¤ l'anonymat, dont le d¨¦vouement d¨¦sint¨¦ress¨¦ a contribu¨¦ aux activit¨¦s du Secr¨¦tariat de l'ONU, ce qui n'est pas toujours le cas des personnalit¨¦s plus internationales. Ce sont ceux qui par leur d¨¦vouement, leur sens de l'initiative, leur expertise et leur r¨¦flexion ont exerc¨¦ une influence profonde et durable souvent dans des secteurs importants du syst¨¨me de l'ONU - et parfois des personnalit¨¦s qui ont illustr¨¦ les questions et les conflits. Mes interlocuteurs venant de diff¨¦rents domaines ont sugg¨¦r¨¦ quelques noms qui, loin d'¨ºtre une liste exhaustive, montrent que bien que les ?tats soient membres et signataires de trait¨¦s et de conventions, les contributions individuelles ont ¨¦t¨¦ importantes13. La diversit¨¦ de ces personnalit¨¦s et de leurs r?les refl¨¨te l'int¨¦r¨ºt qui ¨¦tait port¨¦ aux Nations Unies, en particulier au Secr¨¦tariat, aux organisations r¨¦gionales et aux organismes. Cet aspect est en partie abord¨¦ dans la s¨¦rie de l'UNIHP.

Nombreux sont ceux qui ont ¨¦t¨¦ de remarquables th¨¦oriciens et leaders et qui ont apport¨¦ une contribution d¨¦terminante, mais un grand nombre d'id¨¦es et d'actions ont en fait ¨¦merg¨¦ d'¨¦quipes ou de consultations avec les gouvernements. La ? liste des honneurs ? pourrait inclure : dans les domaines ¨¦conomique, financier et du d¨¦veloppement, Gunnar Myrdal, Alfred Maisels, Ra¨²l Prebisch, Arthur Lewis, Hans Sibger, David Owen, Bruce Stedman, Sidney Dell et Robert Jackson; dans le domaine du maintien de la paix, les g¨¦n¨¦raux Prem Chand et Satish Nambiar, George Lansky, Jean-Marie Gu¨¦henno, Ralph Bunche et Brian Urquhart; et dans d'autres domaines, John Boyd Orr et Julian Huxley. ? ces noms on peut ajouter pour la p¨¦riode plus r¨¦cente Francesco Vendrell, Lakhdar Brahimi, Alvaro de Soto et Martti Ahtisaari. Sergio Vieira de Mello et d'autres ont jou¨¦ un r?le controvers¨¦, comme Sadruddin Aga Khan, Maurice Strong, Razali Ismail et m¨ºme Romeo Dallaire. La liste ne peut qu'¨ºtre incompl¨¨te et controvers¨¦e mais dans l'ensemble il s'agit de personnes qui ont accompli des r¨¦alisations impressionnantes en aidant ¨¤ mettre fin aux guerres et ¨¤ am¨¦liorer le syst¨¨me de l'ONU ainsi qu'en contribuant au d¨¦veloppement.

La liste des femmes est plus probl¨¦matique. De nombreuses femmes qui ont longtemps travaill¨¦ aux Nations Unies ont acquis une certaine notori¨¦t¨¦ r¨¦sultant de la politique en mati¨¨re d'¨¦galit¨¦ des sexes ou de repr¨¦sentation g¨¦ographique. Mais, par exemple, Ester Boserup a fait partie de la premi¨¨re ¨¦quipe du secr¨¦tariat de la Commission ¨¦conomique pour l'Europe mise en place par Gunnar Myrdal ¨¤ la fin des ann¨¦es 1940. Elle est probablement plus connue pour avoir ¨¦crit l'un des premiers ouvrages sur l'importance des femmes dans le processus du d¨¦veloppement ¨¦conomique, en donnant des statistiques. D'autres femmes se sont fait un nom dans d'autres domaines : Roaslyn Higins (droit), Gro Harlem Brundtland (sant¨¦), Louise Arbour et Mary Robinson (droits de l'homme) et Sadako Ogata (r¨¦fugi¨¦s). Margaret Anstee a ¨¦t¨¦ la premi¨¨re femme et peut-¨ºtre l'un des rares membres du personnel ¨¤ gravir les ¨¦chelons ¨¤ l'ONU, en occupant des postes de d¨¦butants avant d'acc¨¦der au poste de sous-secr¨¦taire g¨¦n¨¦rale. Les personnalit¨¦s qui ont travaill¨¦ d¨¨s les premi¨¨res ann¨¦es de l'ONU ont sp¨¦cialement contribu¨¦ ¨¤ en faire une organisation plus coh¨¦rente et mieux ¨¤ m¨ºme de prendre en compte la vaste diversit¨¦ des int¨¦r¨ºts de ses membres.

Et aux annexes pourrait ¨ºtre ajout¨¦ le Pacte de la Soci¨¦t¨¦ des Nations.
N'y aura-t-il plus aucun gros ouvrage sur les Nations Unies ? C'est peu probable, mais il y aura toujours de la place pour des volumes de plus petite taille. De par leur complexit¨¦, leur vari¨¦t¨¦ et les comit¨¦s et activit¨¦s cach¨¦s, les Nations Unies feront toujours l'objet d'examens et d'analyses. Il y a deux ouvrages qui sont, ¨¤ mon avis, une bonne base pour une d¨¦cennie, mais qui ont ¨¦t¨¦ publi¨¦s au d¨¦but de 2008 : ? Law & Practice of the United Nations. Documents and Commentary ?, par Thomas Franck, Simon Chesterman et David Malone14 qui place l'analyse l¨¦gale dans le contexte de la politique et de la pratique ¨¤ des fins d'enseignement et ? The Ãå±±½ûµØSecurity Council and War. The Evolution of Thought and Practice since 1945 15 ? par Lowe, Roberts, Welsh and Zaum, un ouvrage rival dans la taille, le co?t et le choix des auteurs. Mais la norme ¨¦tablie par le Handbook est difficile ¨¤ ¨¦galer.

Et qu'en est-il de l'ONU ? L'exercice attire l'attention sur des d¨¦tails et les parties du syst¨¨me moins connues. Il refl¨¨te de fa?on saisissante les p¨¦riodes de flux et de reflux qu'ont connu les Nations Unies - montrant comment un grand nombre de d¨¦bats actuels font ¨¦cho ¨¤ ceux du pass¨¦, une r¨¦alit¨¦ qui est mise en ¨¦vidence par de nombreux auteurs, et comment l'Organisation a r¨¦ussi ¨¤ ¨¦viter l'¨¦rosion de son r?le. Sa complexit¨¦ se r¨¦v¨¨le par le nombre impressionnant de probl¨¨mes auxquels elle est confront¨¦e et les solutions qu'elle doit trouver. Il est donc impossible de pr¨¦senter des conclusions compl¨¨tes sur la r¨¦forme et les prochains d¨¦fis ¨¤ relever, les chapitres ¨¦tant con?us comme des unit¨¦s li¨¦es par cet organe multilat¨¦ral supr¨ºme et imparfait dont la long¨¦vit¨¦ est un hommage ¨¤ son caract¨¨re ¨¦volutif, m¨ºme si son identit¨¦ l¨¦gale et celles de ses composantes ne sont pas encore d¨¦finitivement ¨¦tablies.

En plus des larges th¨¨mes vastes de la continuit¨¦ et du changement explor¨¦s dans l'introduction, le Handbook montre aussi comment l'ONU a r¨¦ussi depuis six d¨¦cennies ¨¤ identifier les probl¨¨mes qui n¨¦cessitent des solutions multilat¨¦rales et ¨¤ renforcer (de plus en plus) l'efficacit¨¦ des efforts pour r¨¦soudre ces probl¨¨mes. L'ONU a des d¨¦fauts ¨¦vidents, mais elle fonctionne. Paradoxalement, elle tire sa force en partie de sa r¨¦sistance ¨¤ une r¨¦forme compl¨¨te, comme si c'¨¦tait possible, mais principalement de sa capacit¨¦ ¨¤ s'adapter aux cycles de r¨¦forme et ¨¤ se r¨¦adapter progressivement.

Kofi Annan a fait avancer le d¨¦bat sur la souverainet¨¦ et l'intervention et a renforc¨¦ la participation du secteur priv¨¦. Les experts nous disent : ? L'histoire a montr¨¦ qu'il y avait plus de chances que des changements importants aient lieu au sein de l'Organisation quand un nouveau Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral prenait ses fonctions et il est peu probable que le prochain mandat de Ban Ki-moon soit une exception16. ? Il a d¨¦j¨¤ fort ¨¤ faire. Les derniers chapitres ¨¦voquent les changements futurs, en particulier la question controvers¨¦e de la r¨¦forme du Conseil de s¨¦curit¨¦, la plus grande participation des acteurs non ¨¦tatiques au d¨¦bat et enfin la question essentielle de l'argent, ¨¤ la recherche d'un ¨¦quilibre entre les contributions des ?tats Membres et les contributions volontaires. L'augmentation sans pr¨¦c¨¦dent du budget ordinaire et de celui des op¨¦rations de maintien de la paix, qui est sur le point d'entra¨ªner la perte du contr?le des d¨¦penses et du processus budg¨¦taire, n¨¦cessite de trouver des fonds ¨¤ partir d'autres sources. Les notions de responsabilit¨¦ et de contr?le sont ¨¦galement ¨¦voqu¨¦es. Une plus grande participation des acteurs politiques de la grande r¨¦gion Nord/Sud sera peut-¨ºtre le nouveau contexte dans lequel les Nations Unies devront changer.

Cela faisait longtemps qu'on attendait un volume comme celui-ci. Il est enfin l¨¤.

Notes

1 Je remercie mes interlocuteurs pour le temps qu'ils m'ont consacr¨¦ ainsi que pour leur expertise et leur id¨¦es. Ils comprenaient Simon Chesterman, Sam Daws, Klaus H¨¹fner, David Malone, Sally Morphet, Craig Murphy, Ted Newman, Jim Paul, Mike Pugh, Paul Rayment, Adam Roberts, Eli Stamnes, Ramesh Thakur, Brian Urquhart, Helmut Volger et Tom Weiss.
2 Stephen John Stedman, "Ãå±±½ûµØtransformation in an era of soft balancing", p. 933, International Affairs, 83:5 (2007), pp. 933-944.
3 The Korea Times, 27 d¨¦cembre 2007.
4 Pour l'UNIHP, voir ; et mon compte rendu sur les quatre volumes de l'UNIHP, ? L'h¨¦ritage intellectuel des Nations Unies - ?tats ou individus ? ? (Chronique de l'ONU, volume XLIII, num¨¦ro 3, septembre-novembre 2006, pp. 20-21). Voir ¨¦galement l'essai de Robert J Berg's sur le projet de l'UNIHP project, "The Ãå±±½ûµØIntellectual History Project: Review of a Literature", gouvernance mondiale 12 (2006), pp. 325-341.
5 Notamment, The Procedure of the Ãå±±½ûµØSecurity Council (Sydney D. Bailey and Sam Daws, 3rd Edition, 1998).
6 David Mitrany, A Working Peace System: An Argument for the Functional Development of International Organization (London: Royal Institute of International Affairs, 1944).
7 United Nations, Divided World. The UN's Roles in International Relations (ed. Adam Roberts and Benedict Kingsbury, Clarendon Press, Oxford 2nd Ed. 1993).
8 Avec le sous-titre suivant : An Annual Guide for those working with and within the United Nations. Publi¨¦ par le Minist¨¨re des Affaires ¨¦trang¨¨res et du commerce de Nouvelle-Z¨¦lande.
9 Voir, Ed. Helmut Volger, Kluwer Law International, La Haye, 2002.
10 Comme La Charte des Nations Unies : commentaire article par article. Par Jean-Pierre Cot and Alain Pellet. (3rd ed, Paris: Economica, 2005. 2 volumes; The Charter of the United Nations: A Commentary. 2e ¨¦d. Ed. Bruno Simma. Oxford; New York: Oxford University Press, 2002. 2 volumes; et Charter of the United Nations. Commentary and Documents (Leland M Goodrich, Edvard Hambro and Anne Patricia Simons, 3rd ed Columbia University press 1969).
11 United Nations: Law, Policies and Practice, (ed. R¨¹diger Wolfrum, Martinus Nijhoff, nouvelle version anglaise r¨¦vis¨¦e, 2 volumes, 1995). Initialement en un volume, "Haandbuch Vereinte Nationen" (1991).
12 ICISS, The Responsibility to Protect, International Development Research Centre, d¨¦cembre 2001.
13 Je mentionne ces personnalit¨¦s en notant que la structure de la s¨¦rie de l'UNIHP convient mieux ¨¤ l'exploration et ¨¤ l'identification des contributions individuelles. Voir en particulier UNIHP's Ãå±±½ûµØVoices. The Struggle for Development and Social Justice (Thomas Weiss, Tatiana Carayannis, Louis Emmerij, et Richard Jolly, Indiana University press, 2005) bas¨¦ sur les entretiens men¨¦s dans le cadre de l'histoire orale de l'ONU. 14 Law and Practice of the United Nations. Documents and Commentary, by Simon Chesterman, Thomas M. Franck, et David M. Malone (OUP, 2008).
15 The United Nations Security Council and War. The Evolution of Thought and Practice since 1945, by Vaughan Lowe, Adam Roberts, Jennifer Welsh, et Dominik Zaum.
16 "A Priority Agenda for the Next Ãå±±½ûµØSecretary-General", Thomas G. Weiss et Peter J. Hoffman. Dialogue on Globalization, Friedrich Ebert Stiftung et Ralph Bunche Institute for International Studies, ?tudes th¨¦matiques, New York, n° 28/d¨¦cembre 2006, p. 6.

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