01 ao?t 2009

Romuald Sciora collabore avec les Nations Unies sur des projets audiovisuels, litt¨¦raires et ¨¦ducatifs. Il a r¨¦cemment r¨¦alis¨¦ une s¨¦rie t¨¦l¨¦vis¨¦e sur l'histoire de l'ONU racont¨¦e par les Secr¨¦taires g¨¦n¨¦raux, qui a ¨¦t¨¦ diffus¨¦ dans plus de 20 pays. Cette s¨¦rie a donn¨¦ lieu ¨¤ un documentaire appel¨¦ ? Plan¨¨te ONU ? et un ouvrage du m¨ºme nom. On trouvera ci-dessous un extrait de l'introduction de M. Sciora au livre.

Nous ¨¦tions quatre, dont Staffan de Mistura, pr¨¨s de la ligne bleue qui s¨¦pare le Liban Sud d'Isra?l et qui est supervis¨¦e par les Nations Unies. Le ronflement des moteurs des v¨¦hicules des casques bleus recouvrait partiellement le l¨¦ger fr¨¦missement du drapeau bleu de l'ONU qui flottait dans le vent. C'¨¦tait le cr¨¦puscule. Silencieux, nous scrutions l'horizon form¨¦ par cette fronti¨¨re sous surveillance, dans l'harmonie rassurante des teintes roses et bleues pastel qui illuminaient nos visages. D'un geste spontan¨¦, Staffan nous a rapproch¨¦s encore plus les uns des autres dans une ¨¦treinte chaleureuse. Un peu plus t?t, Jean Lacouture s'¨¦tait adress¨¦ ¨¤ lui : ? Il faut que je vous pose une question. Pensez-vous vraiment accomplir quelque chose ici ? ? Staffan de Mistura, qui a h¨¦rit¨¦ du caract¨¨re passionn¨¦ et volcanique de son p¨¨re italien et de celui pragmatique et pos¨¦ de sa m¨¨re su¨¦doise, avait brillamment ¨¦lucid¨¦ avec son accent chantant l'importance de la pr¨¦sence de l'ONU : le retrait des mines terrestres, la plantation d'arbres, la construction d'h?pitaux., de nombreuses initiatives essentielles pour apporter le paix dans la r¨¦gion, avait-il expliqu¨¦, ? pour que nous n'attendions pas la paix ¨¤ ne rien faire, mais que nous y ?uvrions, car la paix, comme l'amiti¨¦, est faite de petits gestes ?. Jean avait tout ¨¤ fait compris. L'objectif des Nations Unies ¨¦tait d'¨ºtre une sorte de ?plantation de la paix?, avait-il conclu.

Les Nations Unies, une plantation de la paix., l'image me semblait ¨¦vidente. Ce fut ¨¤ ce moment-l¨¤ que je compris qu'il fallait continuer; le travail que j'¨¦tais sur le point de terminer n'¨¦tait, en soi, qu'un commencement.

J'avais d¨¦j¨¤ commenc¨¦ ¨¤ ¨¦liminer de mes pens¨¦es l'humeur sombre que nous ressentons tous le soir qui marque la fin d'un tournage, cette ¨¦motion qui devient si forte lorsque vous apportez les derni¨¨res touches ¨¤ un film qui, pensez-vous, jettera un jour nouveau sur une situation peu comprise: cette m¨¦lancolie qui ponctue la fin d'une aventure qui ne se r¨¦p¨¦tera jamais plus.

? Coupez ! ? On a ¨¦teint le moteur des cam¨¦ras, d¨¦branch¨¦ les microphones, les techniciens ont commenc¨¦ ¨¤ remballer leur mat¨¦riel et ceux qui participaient au film ont rejoint leur voiture. Mais mon esprit ¨¦tait ailleurs, centr¨¦ sur l'id¨¦e qui venait d'y germer. J'en fis part ¨¤ Jean Lacouture. Il y a souscrit imm¨¦diatement: l'id¨¦e de r¨¦aliser un long-m¨¦trage sur les Nations Unis. Il s'agirait d'un travail global sur l'histoire, l'¨¦volution, les d¨¦fis et les multiples facettes de cette Organisation qui ¨¦tait aussi si peu comprise et tellement critiqu¨¦e, mais qui ¨¦tait n¨¦anmoins capable d'accomplir le miracle de r¨¦aliser des millions de petits gestes dans le monde entier pour pr¨¦parer le sol ¨¤ la ?plantation de la paix?.

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