La r¨¦duction de la pauvret¨¦ est le plus grand d¨¦fi auquel l'humanit¨¦ est confront¨¦e de nos jours. L'engagement id¨¦ologique ¨¤ r¨¦duire ou ¨¤ ¨¦radiquer ce fl¨¦au devrait faire partie de la responsabilit¨¦ morale et sociale et des valeurs humaines qui ont forg¨¦ nos soci¨¦t¨¦s et les g¨¦n¨¦rations. Tout ¨¦chec aura des r¨¦percussions sans pr¨¦c¨¦dent sur le d¨¦veloppement humain. Bien que les Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement (OMD) aient ¨¦t¨¦ accept¨¦s comme base d'action pour lib¨¦rer les hommes, les femmes et les enfants des conditions d¨¦shumanisantes de l'extr¨ºme pauvret¨¦, on estime que plus d'un milliard de personnes au monde vivent dans l'extr¨ºme pauvret¨¦, dont 40 % soit 400 millions de personnes, dans les pays membres de la Banque islamique de d¨¦veloppement (BID).
Consciente de la n¨¦cessit¨¦ d'acc¨¦l¨¦rer les progr¨¨s vers la r¨¦alisation des OMD et d'am¨¦liorer de mani¨¨re significative les conditions de vie des populations vivant dans ses pays membres, la BID a cr¨¦¨¦ en mai 2007 un fonds pour la r¨¦duction de la pauvret¨¦ - appel¨¦ officiellement le Fonds de solidarit¨¦ islamique pour le d¨¦veloppement (FSID) - tablant sur un capital de 10 milliards auquel contribuera tous les membres de la BID. Le principal objectif du Fonds est de contribuer ¨¤ la lutte contre la pauvret¨¦ en r¨¦duisant le ch?mage, en luttant contre les maladies et les ¨¦pid¨¦mies, en ¨¦liminant l'analphab¨¦tisme et en mettant en place des capacit¨¦s dans les pays membres.
Cela fait longtemps que la BID s'attaque ¨¤ la pauvret¨¦. Pour elle, la pauvret¨¦ est un mal moral qui devrait, en tant que devoir moral, ¨ºtre combattu par toutes les parties prenantes. C'est, en effet, aussi important que de prot¨¦ger la vie et la dignit¨¦ humaines. Depuis le d¨¦but de ses activit¨¦s en 1975, la Banque avait fourni, dans le cadre de son financement g¨¦n¨¦ral, plus de 5 milliards de dollars aux pays membres pour cr¨¦er des activit¨¦s am¨¦liorant la situation des pauvres, comme l'agriculture, l'¨¦ducation, la sant¨¦, l'eau et l'assainissement. Toutefois, contrairement aux autres banques multilat¨¦rales de d¨¦veloppement qui, traditionnellement, ont cr¨¦¨¦ un volet de financement ¨¤ des conditions favorables, la BID d¨¦pendait de ses ressources du capital ordinaire pour financer ces activit¨¦s. Par nature, cela ne pouvait pas fonctionner ¨¤ long terme. La cr¨¦ation du FSID fut donc une ¨¦tape importante pour assurer le d¨¦veloppement durable du secteur social et un financement favorable aux pauvres, en vue de r¨¦aliser les OMD.
Pour formuler et r¨¦viser ses politiques afin de mettre en ?uvre ce nouveau programme, la BID s'est appuy¨¦e sur l'id¨¦e que la dignit¨¦ humaine, la fraternit¨¦, l'¨¦galit¨¦ et la justice sociales sont des valeurs naturelles et inviolables de l'¨ºtre humain. Cette approche reconna¨ªt que les OMD sont au centre des programmes de d¨¦veloppement nationaux et des programmes de r¨¦duction de la pauvret¨¦, refl¨¦tant la prise en main des programmes par les pays et la construction d'un consensus. Les Objectifs sont aussi compatibles avec la Vision et la mission 2020 de la Banque visant ¨¤ r¨¦duire la pauvret¨¦. En plus de mesurer l'ampleur de ce fl¨¦au social, les OMD ¨¦tablissent un agenda de grande envergure pour que le partenariat mondial s'attaque ¨¤ la pauvret¨¦ en vue de cr¨¦er un monde meilleur d'ici ¨¤ 2015. Pour la BID, la r¨¦alisation de ces Objectifs est un point de r¨¦f¨¦rence important pour ¨¦valuer ses efforts en mati¨¨re de r¨¦duction de la pauvret¨¦.
En accord avec ces id¨¦es et reconnaissant que la pauvret¨¦ est essentiellement, mais pas exclusivement, un ph¨¦nom¨¨ne rural, le FSID cible des activit¨¦s dans des domaines comme l'agriculture et la s¨¦curit¨¦ alimentaire; l'eau et l'assainissement; l'¨¦ducation, en mettant l'accent sur l'enseignement primaire et l'¨¦ducation des filles; les projets d'infrastructure, en particulier dans les zones rurales; la sant¨¦, en particulier la lutte contre la tuberculose et le paludisme; l'acc¨¨s aux services de sant¨¦; les secours d'urgence et la reconstruction apr¨¨s un conflit; et la mise en place de capacit¨¦s institutionnelles. La BID ¨¦vite aussi d'adopter un mod¨¨le unique et cherche ¨¤ jouer un r?le de catalyseur en se servant des ressources du Fonds comme capital de lancement afin d'attirer des fonds suppl¨¦mentaires du secteur priv¨¦ et d' autres banques multilat¨¦rales de d¨¦veloppement ainsi que des partenaires du d¨¦veloppement pour financer ses programmes de r¨¦duction de la pauvret¨¦. Elle encourage aussi les accords de jumelage entre les pays membres et les institutions et s'attache ¨¤ tirer les le?ons des exp¨¦riences r¨¦ussies et des bonnes pratiques des pays et des institutions qui sont engag¨¦s dans la lutte contre la pauvret¨¦.
Alors que le FSID b¨¦n¨¦ficie aux couches les plus pauvres et aux groupes vuln¨¦rables dans tous les 56 pays membres de la BID, la priorit¨¦ est accord¨¦e aux pays membres les moins avanc¨¦s, en particulier en Afrique subsaharienne, ainsi qu'aux pays en conflit ou en situations postconflictuelles. Le Fonds souligne la n¨¦cessit¨¦ urgente de r¨¦aliser la justice sociale en ciblant les individus et les groupes qui sont exclus socialement, marginalis¨¦s, vuln¨¦rables et d¨¦savantag¨¦s. Certaines le?ons importantes tir¨¦es de l'exp¨¦rience compar¨¦e des pays en d¨¦veloppement dans la lutte contre la pauvret¨¦ doivent ¨ºtre prises en compte dans la mise en ?uvre des programmes du Fonds pour que les interventions aient un impact significatif et efficace. L'un des messages les plus importants est que les OMD peuvent ¨ºtre r¨¦alis¨¦s si la volont¨¦ politique des pays partenaires et l'engagement de la communaut¨¦ de d¨¦veloppement internationale existent. D'autres politiques visant ¨¤ favoriser le d¨¦veloppement doivent ¨¦galement ¨ºtre mises en place, entre autres par les pays membres eux-m¨ºmes, pour autonomiser les femmes, cr¨¦er un environnement macro¨¦conomique stable, r¨¦aliser une croissance favorable aux pauvres et encourager le soutien du secteur priv¨¦.
Avec la mise en ?uvre du Fonds, nous esp¨¦rons que la BID aura un plus grand impact sur la r¨¦alisation des OMD dans ses pays membres. Il faut, cependant, consid¨¦rer cette contribution de mani¨¨re r¨¦aliste, prenant en compte les immenses besoins de ces pays et les limites du financement par la Banque. IL faut reconna¨ªtre que des ¨¦carts importants existent actuellement dans la communaut¨¦ du d¨¦veloppement ¨¦largie, ¨¤ la fois en mati¨¨re de financement et de capacit¨¦, qui emp¨ºchent les progr¨¨s vers la r¨¦alisation des OMD. Une ¨¦troite collaboration est donc n¨¦cessaire entre les banques multilat¨¦rales du d¨¦veloppement et les autres donateurs afin qu'ils tiennent leur engagement vis-¨¤-vis des OMD.
Le FSID, qui a commenc¨¦ ses activit¨¦s au d¨¦but de 2008, n'est pas le seul instrument que la BID emploiera pour lutter contre la pauvret¨¦. Ses ressources venant du capital ordinaire et celles de ses filiales, comme la Soci¨¦t¨¦ islamique de d¨¦veloppement du secteur priv¨¦ et la Soci¨¦t¨¦ internationale islamique de financement du commerce, seront ¨¦galement utilis¨¦es pour soutenir des activit¨¦s dans les secteurs public et priv¨¦ qui g¨¦n¨¨rent des emplois, stimulent la croissance et aident les pauvres ¨¤ sortir du cercle vicieux de la pauvret¨¦.
?
La?Chronique de l¡¯ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privil¨¨ge d¡¯accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingu¨¦s ne faisant pas partie du syst¨¨me des Nations Unies dont les points de vue ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement ceux de l¡¯Organisation. De m¨ºme, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l¡¯acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.?