Introduction
La poésie est un moyen de traverser les océans et les expériences. Lorsque nous lisons des poèmes, nous sommes transportés dans une autre vie. Je trouve que l’idée est belle?: le fait de pouvoir ressentir ensemble des émotions et de rêver, alors même que nous sommes séparés physiquement, ne cesse jamais de m’inspirer. J’écris des poèmes afin de conceptualiser le tourbillon d’événements qui ont lieu simultanément. Qu’il s’agisse de concilier mon identité indo-américaine avec celle de femme, ou de démêler les complexités entre la tradition ancestrale et le monde moderne, mes poèmes imaginent l’existence sous de multiples formes. Pour célébrer la Journée mondiale de la poésie, j’ai écrit le poème ??Souvenirs?? comme une suite et une réponse au poème ???. Avec la montée de la violence à l’égard des Asiatiques aux ?tats-Unis, qui ont derrière eux un long passé marqué par l’oppression des Noirs, des populations autochtones et des personnes de couleur, je voulais écrire un poème prenant racine dans la révolution. Comme un écho aux souvenirs évoqués par Maya Angelou, ??Souvenirs?? fait directement appel au passé, mais est aussi une réflexion sur ce que signifie rena?tre de ses cendres à l’époque moderne?: comment s’élever est un acte fédérateur, né de la reconnaissance de ceux qui nous ont précédés.
Aujourd’hui, j’espère que vous trouverez le temps d’écrire un poème et d’en lire un. Que cela ne prenne que quelques minutes ou une heure, sachez que quel que soit le lieu où vous vous trouvez, d’autres font de même. Vous absorbez les émotions dans leur forme la plus brute et vous les libérez dans l’espace où vous vivez. Vous n’arrêterez peut-être pas quand vous aurez commencé, mais ce sera une chose positive. La poésie est un processus lent qui exige de la patience. Ce n’est pas un luxe, elle est destinée à tout le monde. Revendiquez la poésie pour vous-même et sachez que si vous choisissez de de lire ou d’écrire des poèmes, vous pouvez changer le monde.?
Souvenirs
?
D’après ??Pourtant je m’élève?? de Maya Angelou
?
le poète se souvient d’un sonnet qui est devenu une tempête.
le jour où la survie est devenue une mélodie aigu?
d’espoir s’élevant comme les cendres d’une urne
abandonnant ton éloge cruel à la porte.
?
Nous réécrivons les lignes.
?
je me souviens avoir peint des arcs-en-ciel sur ma peau
où tes cicatrices ont commencé à s’estomper.
ma s?ur jumelle torturée s’est envolée dans la fumée
et dans le ciel je demeure.
?
Nous réalisons nos mensonges.
?
le poète se souvient d’un océan fleurissant à l’aube.
comment des graines violemment jetées au vent
peuvent encore s’ouvrir
largement dans l’inconnu étincelant.
?
?
nous réparons ces éclats de lumière.
?
?
je me souviens des épines que tu as volées
et des os avec lesquels tu jouais
lorsque tu as essayé de plier
ma bouche libérée?sous ta lame.
?
?
comment le poète s’est aussi souvenu de mes
mots pointus?:
?
tu ne te révolteras pas.?
tu n’auras pas de cicatrices.
tu ne brilleras pas.
?
nous revendiquons nos vies.
?
tu te souviens de craindre le bruit
de ce qui est né dans l’obscurité.
tout ce qui est devenu ce moment vibrant.
la toile de l’histoire en devenir.
?
?
tu te souviens des feuilles qui tombent
comme les civilisations fleurissent des blessures des héros empourprés.
Le sang s’accrochant obstinément au sol.
Comment il se souvient de l’humidité de leurs pas.
Le son de l’écume résonnant sur le rivage.
Le murmure de l’arrivée.
?
Nous sommes ensanglantés.
Nous nous souvenons.
Nous nous élevons.
?
?
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