26 septembre 2020

La pandémie de COVID-19 a frappé le tourisme mondial plus durement que tout autre secteur économique majeur. Afin de contenir la propagation du virus et d’assurer la sécurité de leurs citoyens, les pays du monde entier ont introduit des restrictions pour les voyages internationaux, ce qui a pratiquement paralysé le tourisme du jour au lendemain. En effet, au plus fort du confinement, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a signalé que 100?% des destinations dans le monde avaient complètement fermé leurs frontières aux touristes ou introduit des mesures strictes, comme la mise en quarantaine des nouveaux arrivants.

La baisse soudaine et inattendue des arrivées de touristes a mis en suspens les nombreux avantages sociaux et économiques qu’apporte le secteur. Au niveau mondial, ce dernier représente un emploi sur dix et 80 % du secteur est constitué de petites entreprises, y compris d’exploitations familiales. Au début de la crise, l’OMT a présenté trois scénarios possibles pour le tourisme en 2020, en fonction de la date et de l’ampleur de la levée des restrictions aux voyages. S’il semble que le pire scénario sera évité, nous prévoyons cependant une baisse des arrivées de touristes dans le monde pouvant atteindre 70?% cette année par rapport à 2019.

Cela aura des effets néfastes considérables dans de nombreux secteurs. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUED) estime que les difficultés auxquelles est confronté le tourisme entra?neront une baisse du PIB de 1,5 à 2,8 %. En outre, la baisse du nombre de touristes se traduira probablement par la perte d’au moins 120 millions d’emplois. Et, comme toujours, les personnes les plus vulnérables souffriront le plus, notamment les femmes et les jeunes, pour qui le tourisme est une source importante d’opportunités, ainsi que les personnes travaillant dans l’économie informelle.?

Les pays en développement sont les plus exposés

Aucun pays n’a été épargné par la pandémie, y compris en ce qui concerne le tourisme. Les effets seront cependant plus profondément ressentis dans les destinations qui en dépendent le plus pour leurs moyens de subsistance et leur bien-être économique. Pour la majorité des petits ?tats insulaires en développement (PIED) ainsi que pour les pays les moins avancés, surtout en Afrique, cette activité est vitale. En moyenne, le tourisme représente 30 % des recettes d’exportation des PIED et, dans certains cas, beaucoup plus. En effet, aux Palaos, le dernier ?tat Membre en date ayant adhéré officiellement à l’OMT en 2019, il génère 90 % de toutes les exportations.

Comme l’indique clairement la note de synthèse du Secrétaire général des Nations Unies intitulée ??La COVID-19 et la transformation du tourisme??, le co?t réel de l’impact de la pandémie ne peut être uniquement mesuré en termes de PIB ni en termes d’emplois. En raison de sa nature transversale unique touchant pratiquement tous les aspects de la société moderne, le tourisme apporte une contribution essentielle à la mission générale des Nations Unies, notamment la réalisation des objectifs de développement durable. Une fois de plus, en tant que principale source d’emplois pour les femmes, le tourisme est un véritable fer de lance de l’égalité des sexes. En même temps, il contribue largement à la promotion et à la protection du patrimoine culturel et naturel qui est en péril, notamment les écosystèmes et la faune sauvage qui attirent les touristes vers les pays en développement.

Renforcer la coopération et l’action mondiale

Avant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne déclare officiellement la COVID-19 comme étant une pandémie, l’OMT a reconnu à la fois la vulnérabilité unique du tourisme et le potentiel unique du secteur à stimuler le relèvement des sociétés une fois la crise sanitaire résolue. La visite d’une délégation de l’OMT au siège de l’OMS, à Genève, a jeté les bases de la , qui a défini les mesures à prendre pour faire face à un défi sans précédent.

Cela s’inscrit dans le cadre d’un plaidoyer accru en faveur du tourisme au plus haut niveau politique, notamment auprès de la Commission européenne au début de l’année, pour s’assurer que le secteur est au centre du Pacte vert pour l’Europe, ainsi que lors des dernières réunions des pays du G20. Cela a permis à l’OMT d’acquérir une place de plus en plus prédominante au sein des Nations Unies. Lorsque la crise a frappé, nous avons fait en sorte que le tourisme soit un sujet abordé dans les conversations au sein des gouvernements et des Nations Unies.

Le Comité de la crise mondiale du tourisme, qui s’est réuni virtuellement en mars, puis à cinq reprises au fur et à mesure de l’évolution de la crise, a rassemblé des acteurs de premier plan issus?des ?tats Membres et du secteur privé. Seule l’OMT était en mesure d’unir un secteur aussi diversifié. Ce Comité a regroupé ces divers points de vue et préoccupations dans un plan d’action clair, les . Ces recommandations ont été adoptées par le public ainsi que par les secteurs privés et servent désormais de base aux plans de relance dans toutes les régions du monde.

La durabilité occupe une place centrale

Le principe selon lequel la durabilité et l’inclusion sont au c?ur du processus de relance et du secteur touristique qui sort de la crise est au centre des recommandations. La suspension du tourisme mondial offre à la communauté internationale l’occasion de réévaluer ses priorités. Elle nous permet aussi de placer les principes qui sous-tendent les travaux de l’OMT, à savoir que le tourisme est au service des populations et de la planète et qu’il devrait être ouvert et profiter à tous, qui sont au centre de ce que nous faisons.

La priorité absolue, toutefois, est d’instaurer la confiance. Ce n’est qu’en assurant la sécurité des populations et en les encourageant à voyager de nouveau que les avantages offerts par le tourisme commenceront à se manifester. L’OMT, en tant qu’institution spécialisée des Nations Unies pour le tourisme, doit montrer l’exemple. ? cette fin, dès que cela a été possible d’avoir lieu en toute sécurité, les visites en personne dans les ?tats Membres ont repris?: aux ?les Canaries et à Ibiza en Espagne, en Italie et en Arabie saoudite. Il a été décidé de tenir une réunion hybride du Conseil exécutif, la première réunion en personne du secteur du tourisme et des Nations Unies depuis le début de la pandémie. Elle a rassemblé 170 délégués de 24 pays, envoyant un message clair selon lequel il était désormais possible de voyager en toute sécurité dans de nombreuses régions du monde, ce qui a donné un élan de confiance vital au secteur. ?

Alors que le tourisme repart dans de nombreuses régions du monde et que les pays sont de plus en plus nombreux à assouplir les restrictions aux voyages, la position du secteur dans le cadre des travaux des Nations Unies n’a jamais été plus pertinente. L’OMT est à la tête du redémarrage, guidée par les principes de la signée par nos ?tats Membres en Géorgie lors de la cl?ture du Conseil exécutif de l’OMT (15-17 septembre 2020). La Déclaration reconna?t l’importance du tourisme pour les moyens de subsistance, pour la prospérité et les possibilités économiques ainsi que pour la préservation de notre culture commune et unique. Les signataires se sont également engagés à reconstruire en mieux en donnant la priorité à la durabilité et à l’égalité et en s’assurant qu’à mesure que le tourisme construit un avenir meilleur, personne n’est laissé pour compte.

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