En d¨¦cembre 1961, l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies a proclam¨¦ la p¨¦riode 1960-1970 ? D¨¦cennie des Nations Unies pour le d¨¦veloppement1 ?. Elle a adopt¨¦, dans le m¨ºme temps, une r¨¦solution sur le ? Commerce international principal instrument du d¨¦veloppement ¨¦conomique ?2 qui demandait au Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral des Nations Unies de consulter les gouvernements sur la possibilit¨¦ de convoquer une conf¨¦rence internationale sur les probl¨¨mes li¨¦s au commerce international. Ces r¨¦solutions ont conduit ¨¤ la Conf¨¦rence des Nations Unies sur le commerce et le d¨¦veloppement (CNUCED). Le mod¨¨le de d¨¦veloppement propos¨¦ ¨C le commerce en tant que moteur du d¨¦veloppement ¨C a orient¨¦ les perspectives de la nouvelle institution et influ¨¦ sa d¨¦marche.
Apr¨¨s avoir obtenu des r¨¦actions favorables de la majorit¨¦ des gouvernements et un soutien solide d¡¯une Conf¨¦rence des pays en d¨¦veloppement consacr¨¦e aux probl¨¨mes du d¨¦veloppement ¨¦conomique, qui s¡¯est tenue au Caire en 19623, l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies a d¨¦cid¨¦ de convoquer la premi¨¨re session de la CNUCED4. Un Comit¨¦ pr¨¦paratoire a ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦ pour examiner l¡¯ordre du jour et pr¨¦parer les documents n¨¦cessaires. Pendant les d¨¦lib¨¦rations du Comit¨¦ ¨C d¨¦terminer les questions et les probl¨¨mes pertinents, dresser une liste des propositions d¡¯action et indiquer les orientations retenues pour apporter des solutions ¨C les divergences d¡¯int¨¦r¨ºt qui opposaient les pays en d¨¦veloppement et les pays d¨¦velopp¨¦s ont apparu clairement. Elles se sont particuli¨¨rement manifest¨¦es lors de la cl?ture de la deuxi¨¨me session du Comit¨¦ pr¨¦paratoire (du 21 mai au 29 juin 1963), lorsque les repr¨¦sentants des pays en d¨¦veloppement ont soumis au Comit¨¦ une ? D¨¦claration commune ? dans laquelle ils exposaient les vues, les besoins et les aspirations du Tiers-Monde pour la session de la CNUCED5. Plus tard, cette D¨¦claration commune a ¨¦t¨¦ soumise ¨¤ l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale au nom des pays en d¨¦veloppement qui ¨¦taient alors membres des Nations Unies6, ce qui a pr¨¦lud¨¦ ¨¤ la cr¨¦ation du Groupe des 77 (G77).
La CNUCED I s¡¯est r¨¦unie ¨¤ Gen¨¨ve du 23 mars au 16 juin 1964. C¡¯¨¦tait la premi¨¨re grande conf¨¦rence Nord-Sud consacr¨¦e aux questions du d¨¦veloppement. Durant les n¨¦gociations, les int¨¦r¨ºts ¨¦conomiques se sont cristallis¨¦s en fonction de l¡¯appartenance aux groupes g¨¦opolitiques, et les pays en d¨¦veloppement se sont pr¨¦sent¨¦s comme un groupe commen?ant ¨¤ parler d¡¯une seule voix. Dans leur ? D¨¦claration commune des soixante-dix sept pays ?, adopt¨¦e le 15 juin 1964, les pays en d¨¦veloppement ont qualifi¨¦ la CNUCED de ? tournant historique ?. Elle continuait en ces termes :
? Les pays en d¨¦veloppement consid¨¨rent que leur unit¨¦, l¡¯unit¨¦ des soixante-quinze, est le fait le plus marquant de cette Conf¨¦rence. Cette unit¨¦ est n¨¦e du constat de leur int¨¦r¨ºt commun ¨¤ mettre en place une nouvelle politique en mati¨¨re de commerce international et de d¨¦veloppement pour faire face aux probl¨¨mes de d¨¦veloppement. Ils consid¨¨rent que cette unit¨¦ a apport¨¦ de la clart¨¦ et de la coh¨¦rence aux discussions de cette Conf¨¦rence. Leur solidarit¨¦ y a ¨¦t¨¦ test¨¦e et leur unit¨¦ et leur force en ont ¨¦t¨¦ renforc¨¦es.
Les pays en d¨¦veloppement sont profond¨¦ment convaincus qu¡¯il est imp¨¦ratif de maintenir et de renforcer encore plus cette unit¨¦ dans les ann¨¦es ¨¤ venir. C¡¯est un instrument indispensable pour garantir l¡¯adoption de nouvelles attitudes et de nouvelles d¨¦marches sur la sc¨¨ne ¨¦conomique internationale. Cette unit¨¦ permet aussi d¡¯¨¦largir les efforts de coop¨¦ration sur la sc¨¨ne internationale et de garantir des relations mutuellement b¨¦n¨¦fiques avec le monde. Enfin, elle constitue un moyen n¨¦cessaire pour le renforcement de la coop¨¦ration entre les pays en d¨¦veloppement eux-m¨ºmes.
Par cette d¨¦claration, les soixante-quinze pays en d¨¦veloppement s¡¯engagent ¨¤ maintenir, ¨¤ promouvoir et ¨¤ renforcer cette unit¨¦. ? cette fin, ils adopteront tous les moyens possibles pour accro?tre les contacts et les consultations entre eux de mani¨¨re ¨¤ d¨¦terminer les objectifs communs et ¨¤ formuler des programmes d¡¯action communs en mati¨¨re de coop¨¦ration ¨¦conomique internationale. Ils consid¨¨rent que les mesures visant ¨¤ consolider l¡¯unit¨¦ atteinte par les soixante-quinze pays durant la Conf¨¦rence et les dispositions sp¨¦cifiques r¨¦gissant les contacts et les consultations devraient ¨ºtre examin¨¦s par les repr¨¦sentants des gouvernements durant la dix-neuvi¨¨me session de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies7. ?
Bien que les recommandations adopt¨¦es par la CNUCED I aient ¨¦t¨¦, dans une large mesure, inspir¨¦es par le travail de conception r¨¦alis¨¦ par la Commission ¨¦conomique pour l¡¯Am¨¦rique latine durant la derni¨¨re d¨¦cennie ¨C dont le Secr¨¦taire ex¨¦cutif, Ra¨²l Prebisch, devenu le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de la CNUCED I, l¡¯est rest¨¦ jusqu¡¯en 19698 ¨C la conf¨¦rence a n¨¦anmoins marqu¨¦ un nouveau d¨¦part : pour la premi¨¨re fois, les pays du Tiers-Monde participaient ¨¤ l¡¯¨¦laboration d¡¯un ensemble de mesures9. C¡¯est pourquoi le th¨¨me de la ? D¨¦claration commune des soixante-sept ? ¨¦tait ? nouveau ? : la CNUCED I ¨¦tait reconnue comme une ¨¦tape importante vers ? la cr¨¦ation d¡¯un nouvel ordre ¨¦conomique mondial ¨¦quitable ?; les principes de base du ? nouvel ordre ? semblaient impliquer ? une nouvelle division internationale du travail ? et ? un nouveau cadre du commerce international ?; l¡¯adoption d¡¯? une nouvelle politique dynamique internationale pour le commerce et le d¨¦veloppement ? devait faciliter la formulation de ? nouvelles politiques ¨¦labor¨¦es ¨¤ la fois par les gouvernements des pays d¨¦velopp¨¦s et ceux des pays en d¨¦veloppement ?. Enfin, ? un nouvel organe ? a ¨¦t¨¦ jug¨¦ n¨¦cessaire pour servir de centre de liaison afin de continuer le travail commenc¨¦ par la conf¨¦rence.
Cet organe a ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦ plus tard dans l¡¯ann¨¦e lorsque l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale a d¨¦cid¨¦ d¡¯institutionnaliser la CNUCED comme organe de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale10. La CNUCED est devenue la principale plate-forme de discussions sur le d¨¦veloppement mondial et, guid¨¦e par les attentes exprim¨¦es en 1974, est devenue le centre de liaison des activit¨¦s du G77 qui, en avril 2014, comptait 133 membres11 (l¡¯ONU en compte actuellement 193). Durant cette p¨¦riode, le G77 a fait partie int¨¦grante de la CNUCED et a ¨¦t¨¦ l¡¯un des agents les plus importants de la socialisation des pays en d¨¦veloppement en mati¨¨re d¡¯¨¦conomie politique internationale. Il s¡¯est affirm¨¦ dans toutes les composantes pertinentes du syst¨¨me des Nations Unies en tant qu¡¯organe principal des pays du Tiers-Monde con?u pour formuler leurs int¨¦r¨ºts ¨¦conomiques collectifs et les repr¨¦senter dans les n¨¦gociations avec les pays d¨¦velopp¨¦s12.
Personne n¡¯a formul¨¦ de fa?on plus concise le point de d¨¦part politique du Tiers-Monde que Julius K. Nyerere dans son allocution lors de la quatri¨¨me R¨¦union minist¨¦rielle du G77, ¨¤ Arusha, en f¨¦vrier 1979 :
? Ce que nous avons en commun, c¡¯est que nous sommes tous, du point de vue du monde d¨¦velopp¨¦, des pays d¨¦pendants, pas interd¨¦pendants. Nos ¨¦conomies se sont d¨¦velopp¨¦es en tant que sous-produit du d¨¦veloppement, ont ¨¦t¨¦ plac¨¦es dans une relation subordonn¨¦e par rapport aux pays industrialis¨¦s du Nord et sont orient¨¦es vers l¡¯ext¨¦rieur. Nous ne sommes pas les ¨¦l¨¦ments moteurs de notre destin¨¦e. Nous avons honte de l¡¯admettre, mais nous sommes ¨¦conomiquement d¨¦pendants, des semi- colonies au mieux, mais pas des ?tats souverains13. ?
L¡¯objectif est donc ? de parachever la lib¨¦ration des pays du Tiers-Monde de la domination ext¨¦rieure14 ?.
Jusqu¡¯au d¨¦but des ann¨¦es 1970, le G77 pensait atteindre cet objectif en am¨¦liorant le syst¨¨me, en particulier avec la CNUCED II (New Delhi, 1968) et la CNUCED III (Santiago, 1972), les premi¨¨re (Alger, 1967) et deuxi¨¨me (Lima, 1971) R¨¦unions minist¨¦rielles pr¨¦paratoire du G77, l¡¯ONUDI I (Vienne, 1971) ainsi que l¡¯adoption de la Strat¨¦gie internationale de d¨¦veloppement pour la deuxi¨¨me D¨¦cennie des Nations Unies pour le d¨¦veloppement (1970). Certains changements ont ¨¦t¨¦, en effet, apport¨¦s (par exemple, le Syst¨¨me g¨¦n¨¦ralis¨¦ des pr¨¦f¨¦rences), mais de nombreuses autres n¨¦gociations (par exemple, dans le secteur des produits de base) n¡¯ont pratiquement pas progress¨¦ et aucun mesure significative n¡¯a ¨¦t¨¦ prise. Au contraire, le foss¨¦ entre les Nord et le Sud s¡¯est creus¨¦, en particulier pour les pays les moins avanc¨¦s.
Les limites de cette approche ne sont pas apparues tout de suite. De plus, jusqu¡¯¨¤ la fin des ann¨¦es 1960, ni les pays d¨¦velopp¨¦s ni les pays en d¨¦veloppement n¡¯avaient pleinement r¨¦alis¨¦ que le d¨¦veloppement ¨¦conomique ¨¦tait un compl¨¦ment n¨¦cessaire ¨¤ l¡¯ind¨¦pendance politique. La question du d¨¦veloppement ¨¦tait consid¨¦r¨¦e comme de la ? petite politique ? qui relevait des minist¨¨res de la planification, de l¡¯¨¦conomie, du commerce, des finances et du d¨¦veloppement. Les tentatives de politisation ont donc ¨¦chou¨¦. La plus importante est la ? Charte d¡¯Alger ?, adopt¨¦e par la premi¨¨re R¨¦union minist¨¦rielle du G77 en octobre 1967 en pr¨¦paration de la CNUCED II. Cette d¨¦claration et ce programme d¡¯action de grande port¨¦e visaient ¨¤ donner une nouvelle impulsion aux n¨¦gociations Nord-Sud. ? cette fin, la R¨¦union minist¨¦rielle a m¨ºme d¨¦cid¨¦ de d¨¦p¨ºcher des missions de bons offices dans un certain nombre de pays d¨¦velopp¨¦s (¨¤ la fois les pays ¨¤ ¨¦conomie planifi¨¦e et ceux ¨¤ ¨¦conomie de march¨¦) afin d¡¯informer les gouvernements cl¨¦s des conclusions de la r¨¦union et les convaincre de la n¨¦cessit¨¦ d¡¯un progr¨¨s rapide15.
Au d¨¦but des ann¨¦es 1970, toutefois, plusieurs facteurs ont contribu¨¦ ¨¤ un changement d¡¯attitudes : le processus de d¨¦colonisation politique avait suivi son cours et l¡¯ind¨¦pendance politique de la plupart des nouveaux ?tats avait ¨¦t¨¦ consolid¨¦e; les pressions politico-militaires de la Guerre froide s¡¯¨¦taient estomp¨¦es; les efforts de d¨¦veloppement aux niveaux r¨¦gional et international avaient montr¨¦ des r¨¦sultats d¨¦cevants; et des doutes commen?aient ¨¤ s¡¯exprimer concernant le mod¨¨le de d¨¦veloppement dominant16. Une plus grande attention pouvait donc ¨ºtre accord¨¦e ¨¤ d¡¯autres questions importantes. Les pays en d¨¦veloppement voulaient que les questions concernant le d¨¦veloppement ¨¦conomique fasse l¡¯objet d¡¯un examen plus approfondi et commen?aient ¨¤ se rendre compte que les pays d¨¦velopp¨¦s ¨¤ ¨¦conomies de march¨¦ avaient ¨¦tabli les institutions du syst¨¨me ¨¦conomique international pour servir principalement leurs propres int¨¦r¨ºts17. Le sentiment ¨¦tait que les int¨¦r¨ºts, les besoins et les conditions sp¨¦ciales des pays en d¨¦veloppement avaient ¨¦t¨¦ largement ignor¨¦s, ce qui les maintenait dans la pauvret¨¦ et la d¨¦pendance. Des changements profonds ¨¦taient donc n¨¦cessaires pour mettre en place un cadre favorable au d¨¦veloppement et cr¨¦er la base ¨¦conomique de l¡¯ind¨¦pendance. En effet, avec l¡¯abandon du syst¨¨me de Bretton Woods, les crises alimentaires et p¨¦troli¨¨res, les probl¨¨mes de balance des paiements, l¡¯¨¦volution g¨¦n¨¦rale de l¡¯inflation, les r¨¦cessions mondiales, le protectionnisme grandissant, les pr¨¦occupations de plus en plus importantes en mati¨¨re d¡¯environnement et le spectre de la p¨¦nurie des mati¨¨res premi¨¨res, le syst¨¨me lui-m¨ºme a ¨¦t¨¦ soumis ¨¤ de fortes pressions. Avec les turbulences des ann¨¦es 1970, les questions ¨¦conomiques internationales ne pouvaient plus ¨ºtre ignor¨¦es.
Le Mouvement des pays non align¨¦s (MNA) a offert le cadre appropri¨¦. En quelques ann¨¦es, le d¨¦veloppement a ¨¦t¨¦ accept¨¦ comme une question ? hautement politique ? : elle a ¨¦t¨¦ ¨¦rig¨¦e au niveau des chefs d¡¯?tat et est devenue une priorit¨¦ de leur ordre du jour. Entre 1970 et 1973, le MNA est devenu un groupe de pression militant pour la r¨¦organisation du syst¨¨me ¨¦conomique international18. Les Pays non align¨¦s (PNA) consid¨¦rant qu¡¯ils jouaient un r?le de catalyseur au sein du G7719, la politisation de la question du d¨¦veloppement a eu un effet important sur la mani¨¨re dont elle a ¨¦t¨¦ per?ue, pr¨¦sent¨¦e et trait¨¦e au sein des n¨¦gociations Nord-Sud. Le poids et la pression politiques du MNA, associ¨¦s ¨¤ l¡¯action ¨¦nerg¨¦tique de l¡¯Organisation des pays exportateurs de p¨¦trole (OPEC), ont conduit ¨¤ la sixi¨¨me Session extraordinaire de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies qui a adopt¨¦, le 1er mai 1974, la ? D¨¦claration et le Programme d¡¯action concernant l¡¯instauration d¡¯un nouvel ordre international20 ?.
Donc presque une d¨¦cennie apr¨¨s la premi¨¨re session de la CNUCED et apr¨¨s des ann¨¦es de d¨¦bats sur l¡¯am¨¦lioration du syst¨¨me ¨¦conomique international, l¡¯appel en faveur d¡¯un nouveau d¨¦part a ¨¦t¨¦ renouvel¨¦ ¨C mais, cette fois, pour r¨¦organiser l¡¯¨¦conomie mondiale. L¡¯instauration d¡¯un Nouvel ordre ¨¦conomique international (NOEI) est devenue le principal objectif du Tiers-Monde. Les changements concrets propos¨¦s par le G77 afin d¡¯atteindre cet objectif ont ¨¦t¨¦ ¨¦nonc¨¦s dans le ? Programme d¡¯Arusha pour l¡¯autonomie collective et cadre de n¨¦gociations ?, adopt¨¦ par la quatri¨¨me R¨¦union minist¨¦rielle du G77 ¨¤ Arusha, en f¨¦vrier 1979.
Tandis que les PNA ont jou¨¦ un r?le essentiel pour faire figurer la question du d¨¦veloppement en t¨ºte de l¡¯ordre du jour international, le G77 est devenu le principal organisme du Tiers-Monde par lequel des mesures concr¨¨tes ont commenc¨¦ ¨¤ ¨ºtre n¨¦goci¨¦es dans le cadre du syst¨¨me des Nations Unies afin de changer les conditions internationales et de promouvoir le d¨¦veloppement. Cet objectif a domin¨¦ la CNUCED IV (Nairobi, 1976), la CNUCED V (Manille, 1979) et les troisi¨¨me (Manille, 1976) et quatri¨¨me (Arusha, 1979) R¨¦unions minist¨¦rielles pr¨¦paratoires du Groupe des 77; l¡¯ONUDI II (Lima, 1975), l¡¯ONUDI III (New Delhi, 1980) et les r¨¦unions pr¨¦paratoires du G77 ¨¤ Vienne (1974), ¨¤ Alger (1975) et ¨¤ La Havane (1979); les r¨¦unions r¨¦gionales pr¨¦paratoires convoqu¨¦es pour chacune des conf¨¦rences de la CNUCED et de l¡¯ONUDI par les membres du G77 africains, arabes (pour l¡¯ONUDI seulement), asiatiques et latino-am¨¦ricains; la Conf¨¦rence sur la coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement (Mexico); la Conf¨¦rence sur la coop¨¦ration ¨¦conomique inter- nationale (Paris, 1975-77) o¨´ le G7 a agi par l¡¯interm¨¦diaire du Groupe des 19; et une s¨¦rie de r¨¦unions du G77 au niveau minist¨¦riel (y compris les r¨¦unions de ministres des affaires ¨¦trang¨¨res) en pr¨¦paration aux sessions de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies. Cet objectif a ¨¦galement fait partie des d¨¦bats au Fonds mon¨¦taire international (FMI) et ¨¤ la Banque mondiale o¨´ le G77 agissait par l¡¯entremise du Groupe des 24 depuis 1972.
Il subsistait un foss¨¦ important entre la d¨¦claration d¡¯un nouvel ordre et les programmes d¡¯action formul¨¦s dans les principaux domaines d¡¯interactions entre le Nord et le Sud : les produits de base et l¡¯industrie, l¡¯argent et le financement, la recherche et d¨¦veloppement et la technologie, l¡¯industrialisation et les entreprises transnationales ainsi que l¡¯alimentation et l¡¯agriculture. De fait, une analyse des contenus du programme du NOEI a montr¨¦ que, bien que des probl¨¨mes suppl¨¦mentaires aient apparu, les propositions concr¨¨tes d¨¦battues ¨¦taient pratiquement les m¨ºmes depuis 1964 ¨C m¨ºme si l¡¯accent ¨¦tait mis davantage sur certaines d¡¯entre elles (comme les propositions concernant la technologie). Cela t¨¦moignait de la lenteur des progr¨¨s. Les nouvelles propositions visaient ¨¤ cr¨¦er de nouvelles structures ¨¦conomiques. Et il a ¨¦t¨¦ reconnu, plus que par le pass¨¦, que les divers crit¨¨res relatifs aux interactions entre le Nord et le Sud ¨¦taient li¨¦s entre eux et devaient donc ¨ºtre abord¨¦s d¡¯une mani¨¨re globale et int¨¦gr¨¦e. Au fil du temps, l¡¯¨¦cart entre les objectifs et les propositions concr¨¨tes aurait pu ¨ºtre combl¨¦ par la mise en place de nouvelles politiques, m¨ºme par la modification du mod¨¨le de d¨¦veloppement. Au d¨¦but du G77, toutefois, le mod¨¨le continuait d¡¯assumer qu¡¯une association ¨¦troite des pays en d¨¦veloppement et des pays d¨¦velopp¨¦s ¨¦tait la meilleure solution pour le d¨¦veloppement.
Mais le nouveau concept d¡¯autonomie individuelle et collective allait changer les choses. Contrairement ¨¤ la strat¨¦gie associative de d¨¦veloppement dominante, orient¨¦e vers le march¨¦ mondial et d¨¦pendante des pays d¨¦velopp¨¦s pour stimuler l¡¯industrialisation, le concept d¡¯autonomie visait ¨¤ faire preuve d¡¯une plus grande s¨¦lectivit¨¦ dans les liens traditionnels, accompagn¨¦e d¡¯une plus grande mobilisation des ressources nationales et des ressources du Tiers-Monde ainsi que d¡¯une plus grande d¨¦pendance vis-¨¤-vis des march¨¦s nationaux et des march¨¦s du Tiers-Monde. Ces march¨¦s, plut?t que ceux des pays d¨¦velopp¨¦s, devaient ¨ºtre le principal moteur du d¨¦veloppement ¨¦conomique.
La notion d¡¯autonomie a ¨¦t¨¦ introduite dans les discussions sur le d¨¦veloppement international en 1970 par les Pays non align¨¦s, qui ont ¨¦t¨¦ aussi responsables de la plupart des mesures concr¨¨tes prises au cours des ann¨¦es suivantes21. Si l¡¯autonomie peut ¨ºtre renforc¨¦e par des mesures internationales22, elle l¡¯est principalement par les liens entre les pays en d¨¦veloppement. C¡¯est pourquoi le G77 qui, comme je l¡¯ai mentionn¨¦ plus haut, concentre presque exclusivement les n¨¦gociations Nord-Sud au sein du syst¨¨me des Nations Unies, a ¨¦t¨¦ lent ¨¤ incorporer l¡¯autonomie dans son propre programme.
Un premier effort a ¨¦t¨¦ fait lors de la troisi¨¨me R¨¦union minist¨¦rielle de 1976 avec l¡¯adoption d¡¯une r¨¦solution sur la coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement23. Dans cette r¨¦solution, qui a ¨¦tabli un lien entre le travail du G77 et celui des PNA (et a reconnu le travail innovant dans ce domaine), il a ¨¦t¨¦ d¨¦cid¨¦ de convoquer une r¨¦union ¨¤ Mexico en septembre 1976 afin de pr¨¦parer un programme d¨¦taill¨¦ sur la coop¨¦ration ¨¦conomique. Initialement, cette r¨¦union devait avoir lieu au niveau d¡¯un groupe de travail intergouvernemental, mais il a ¨¦t¨¦ d¨¦cid¨¦, ¨¤ la session suivante de la CNUCED IV, qu¡¯elle aurait lieu au niveau le plus haut24. La Conf¨¦rence sur la coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement a donc eu lieu ¨¤ Mexico du 13 au 22 septembre 1976. Jusqu¡¯au d¨¦but des ann¨¦es 1980, ce fut la seule conf¨¦rence majeure du G77 qui n¡¯ait pas ¨¦t¨¦ pas ¨¦troitement et directement li¨¦e ¨¤ une activit¨¦ imminente importante au sein du syst¨¨me des Nations Unies.
Il faudra, cependant, attendre la quatri¨¨me R¨¦union minist¨¦rielle d¡¯Arusha en 1979, en pr¨¦paration ¨¤ la CNUCED IV, pour que cette d¨¦marche soit enti¨¨rement incorpor¨¦e, un ¨¦v¨¦nement signal¨¦ par le titre m¨ºme de la d¨¦claration finale, le ? Programme d¡¯Arusha pour l¡¯autonomie collective et cadre de n¨¦gociations ?. Comme ce titre l¡¯indique, la d¨¦claration comprenait deux parties : un programme pour l¡¯autonomie collective (m¨ºme s¡¯il ¨¦tait seulement formul¨¦ en termes de coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement) et un programme de n¨¦gociations Nord-Sud. Un changement d¡¯orientation semblait donc avoir eu lieu ¨¤ l¡¯ONU et le G77 (avec les PNA ou en plus de ceux-ci) ¨¦tait pr¨ºt ¨¤ redoubler d¡¯efforts pour renforcer la coop¨¦ration entre les pays du Sud.
La R¨¦union Minist¨¦rielle, qui s¡¯est tenue ¨¤ Arusha, a donc fermement approuv¨¦ les recommandations de la Conf¨¦rence de Mexico relatives au suivi institutionnel de la coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement. En cons¨¦quence, une premi¨¨re r¨¦union d¡¯experts gouvernementaux des pays en d¨¦veloppement, consacr¨¦e ¨¤ la coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement, s¡¯est r¨¦unie en mars-avril 1980. Ce rassemblement interr¨¦gional, qui a re?u le soutien sans r¨¦serve d¡¯une R¨¦union minist¨¦rielle du G77 tenue en mars 1980 et dont l¡¯ordre du jour comprenait un point sp¨¦cial sur la coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement, a d¨¦cid¨¦ de cr¨¦er un groupe de travail sp¨¦cial ¨¤ composition non limit¨¦e ? afin d¡¯¨¦laborer des recommandations concr¨¨tes et orient¨¦es vers l¡¯action pour favoriser une mise en ?uvre rapide et efficace des objectifs de coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement25? ?. Cette t?che a ¨¦t¨¦ accomplie par le Groupe de travail sp¨¦cial intergouvernemental du Groupe des 77 sur la coop¨¦ration ¨¦conomique entre pays en d¨¦veloppement lors d¡¯une session ¨¤ Vienne en juin 1980 dans le prolongement de la R¨¦union minist¨¦rielle du G77 tenue ¨¤ New York en mars 1980. La R¨¦union des Ministres des affaires ¨¦trang¨¨res du G77 en 1980 a jug¨¦ que ses conclusions et ses recommandations constituaient une bonne base pour les discussions ult¨¦rieures. Apr¨¨s l¡¯¨¦chec de la onzi¨¨me Session extraordinaire de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale, les Ministres ont soulign¨¦ que la coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement ¨¦tait ? ¨¤ la fois un ¨¦l¨¦ment indispensable du d¨¦veloppement acc¨¦l¨¦r¨¦ des pays en d¨¦veloppement et du renforcement de leur pouvoir de n¨¦gociation dans leurs relations avec le reste du monde26 ?. Ils ont donc d¨¦cid¨¦ de convoquer une conf¨¦rence de haut niveau en 1981 afin d¡¯acc¨¦l¨¦rer la mise en ?uvre des programmes et des d¨¦cisions relatifs ¨¤ cette question.
Les efforts visant ¨¤ renforcer la coop¨¦ration Sud-Sud ont ¨¦t¨¦ encourag¨¦s par la lenteur des n¨¦gociations et les frustrations qui en ont d¨¦coul¨¦ ainsi que par la reconnaissance des limites du mod¨¨le de d¨¦veloppement dominant. La nature bidimensionnelle ¨C reconnue explicitement dans la d¨¦claration cit¨¦e pr¨¦c¨¦demment ¨C de la d¨¦marche d¡¯autonomie a ¨¦galement facilit¨¦ leurs efforts. Un aspect, comme d¨¦crit plus haut, comprend une modification des modalit¨¦s d¡¯¨¦change entre le Nord et le Sud qui permettrait un partage plus ¨¦quitable des b¨¦n¨¦fices tir¨¦s des activit¨¦s ¨¦conomiques internationales par les pays d¨¦velopp¨¦s et les pays en d¨¦veloppement ainsi qu¡¯un contr?le de ces b¨¦n¨¦fices.
L¡¯autonomie ¨¦tait non seulement consid¨¦r¨¦e comme un ¨¦l¨¦ment indispensable pour g¨¦rer le changement structurel, mais aussi un instrument pour y parvenir : l¡¯autonomie augmente le pouvoir de n¨¦gociation individuel et collectif des pays en d¨¦veloppement et, surtout, lorsqu¡¯elle permet de mener des actions conjointes et d¡¯exercer le contrepoids n¨¦cessaire pour n¨¦gocier les changements recherch¨¦s dans le syst¨¨me international. ? cet ¨¦gard, l¡¯autonomie signifiait le renforcement de la capacit¨¦ d¡¯action collective du Tiers-Monde.
Au bout du compte, les pays en d¨¦veloppement sont revenus au mod¨¨le de d¨¦veloppement associatif. Tandis que la coop¨¦ration ¨¦conomique entre les pays en d¨¦veloppement demeurait un objectif important, l¡¯objectif de l¡¯autonomie a ¨¦t¨¦ d¨¦laiss¨¦ les ann¨¦es suivantes au profit d¡¯une strat¨¦gie de d¨¦veloppement orient¨¦e vers l¡¯exportation, d?, en partie, ¨¤ la crise de la dette mexicaine de 1982 qui se propageait aux autres pays et ¨¤ l¡¯acc¨¦l¨¦ration du processus de mondialisation.
Mais la prise de conscience de la faiblesse de chaque pays en d¨¦veloppement pris isol¨¦ment a ¨¦t¨¦ ¨¤ l¡¯origine du G77 et est toujours sa raison d¡¯¨ºtre. ? cet ¨¦gard, le G77 ? est en quelque sorte un syndicat des pauvres ? qui a su forger son ? unit¨¦ dans la diversit¨¦ ? et son ? unit¨¦ dans l¡¯opposition ? ¨C pas en promouvant ? les id¨¦aux de la fraternit¨¦ humaine, de l¡¯¨¦galit¨¦ ou de l¡¯amour du prochain, ni d¡¯ailleurs une id¨¦ologie commune27. L¡¯unit¨¦ du G77 est fond¨¦e sur une exp¨¦rience historique commune, l¡¯exp¨¦rience commune de la d¨¦pendance ¨¦conomique et un ensemble commun de besoins et d¡¯aspirations.
Mais sa coh¨¦rence ¨¦tait difficile ¨¤ maintenir. Les int¨¦r¨ºts imm¨¦diats et les priorit¨¦s sp¨¦cifiques d¡¯un grand nombre de ses membres ¨¦taient diff¨¦rents et, vu le grand nombre de membres, un consensus ¨¦tait difficile ¨¤ atteindre. Les syst¨¨mes culturels, id¨¦ologiques, politiques et ¨¦conomiques ¨¦taient diff¨¦rents dans chaque pays. Aucune force institutionnelle puissante et unificatrice n¡¯existait. Le G77 n¡¯occupait plus une position de chef de file sur le long terme, n¡¯avait plus ni personnel, ni si¨¨ge, ni secr¨¦tariat ni, d¡¯ailleurs, aucune autre institution permanente. En effet, chaque ann¨¦e, le bureau du coordinateur ¨¦tait ¨¤ tour de r?le ¨¤ New York et ¨¤ Vienne et tous les trois mois ¨¤ Gen¨¨ve. Et bien que des pays comme l¡¯Alg¨¦rie, l¡¯Argentine, le Br¨¦sil, l¡¯?gypte, l¡¯Inde, l¡¯Indon¨¦sie, la Jama?que, le Mexique, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines, le Sri Lanka, le Venezuela et la Yougoslavie aient souvent jou¨¦ un r?le important dans de nombreuses questions, aucun n¡¯a domin¨¦ le Groupe. Il y avait aussi des diff¨¦rences importantes dans le niveau de d¨¦veloppement ¨¦conomique, en particulier entre le Groupe des pays d¡¯Am¨¦rique latine et celui des pays africains. Ce clivage ¨¦tait encore accentu¨¦ par l¡¯exclusion de la plupart des pays d¡¯Am¨¦rique latine des r¨¦gimes pr¨¦f¨¦rentiels de la Convention de Lom¨¦. Le poids que certains pays exer?aient individuellement pouvait aussi compliquer les choses, en particulier lorsqu¡¯ils entretenaient des relations privil¨¦gi¨¦es avec les pays d¨¦velopp¨¦s et lorsque l¡¯occasion de conclure des accords bilat¨¦raux se pr¨¦sentait. Les liens traditionnels entre certains pays en d¨¦veloppement et des pays d¨¦velopp¨¦s, comme les pays d¡¯Am¨¦rique centrale avec les ?tats-Unis, et certains pays africains avec la France, pouvaient aussi cr¨¦er des complications. Des sous-groupes informels se sont aussi form¨¦s comme, par exemple, les pays les plus gravement touch¨¦s, les pays moins avanc¨¦s ou les pays nouvellement industrialis¨¦s et, bien s?r, les pays producteurs de p¨¦trole28. Tandis que le succ¨¨s de l¡¯OPEC ¨¦tait appr¨¦ci¨¦ par la plupart des pays en d¨¦veloppement, en particulier parce qu¡¯il renfor?ait le pouvoir de n¨¦gociation du Tiers-Monde dans son ensemble, les d¨¦s¨¦quilibres au niveau de la balance des paiements dus ¨¤ la hausse des prix du p¨¦trole ont engendr¨¦ des tensions au sein du G77 (et, d¡¯ailleurs, au sein du MNA). Mais comme les pays en d¨¦veloppement importateurs de p¨¦trole n¡¯avaient pas d¡¯autre alternative, cette exp¨¦rience, bien que douloureuse, n¡¯a pas mis fin ¨¤ l¡¯unit¨¦ du G7729.
Face ¨¤ ces facteurs, il ¨¦tait difficile de maintenir une coh¨¦sion. Mais la solidit¨¦ des int¨¦r¨ºts communs, la capacit¨¦ ¨¤ maintenir un consensus en d¨¦finissant des compromis acceptables entre les pays en d¨¦veloppement, la reconnaissance que des accords conclus s¨¦par¨¦ment amenaient seulement ¨¤ des concessions marginales et provisoires et la r¨¦sistance des pays d¨¦velopp¨¦s ¨¤ conclure un vaste ¨¦ventail de n¨¦gociations point par point ont r¨¦ussi ¨¤ ¨¦viter la d¨¦sunion. La maintien et le renforcement de l¡¯unit¨¦ du G77 ¨¦taient, et donc demeurent, une condition pr¨¦alable ¨¤ la r¨¦alisation des changements souhait¨¦s dans le syst¨¨me ¨¦conomique international. En 1973, Julius Nyerere ¨¦value l¡¯? action historique ? de l¡¯OPEC en ces termes :
? Mais depuis, l¡¯OPEC a compris, et nous avons compris une fois de plus, que m¨ºme puissante, elle est un syndicat unique qui couvre seulement une partie d¡¯une entreprise totale et qui ne peut changer la relation fondamentale entre employeurs et employ¨¦s [¡] Car, en r¨¦alit¨¦, m¨ºme l¡¯unit¨¦ des sous-groupes les plus puissants dans le Tiers-Monde ne suffit pas ¨¤ ses membres pour jouer un r?le ¨¤ part enti¨¨re, mais plut?t un r?le de r¨¦action, dans le syst¨¨me ¨¦conomique mondial. L¡¯unit¨¦ de tous les pays du Tiers-Monde est n¨¦cessaire ¨¤ une modification fondamentale des accords ¨¦conomiques mondiaux actuels30. ?
Ces propos, tenus en 1979, illustrent les d¨¦fis auxquels le Groupe a ¨¦t¨¦ confront¨¦ tout au long de son existence, et continue de l¡¯¨ºtre. ??
Notes
1 R¨¦solution 1710 (XVI) de l¡¯assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale du 19 d¨¦cembre 1961.
2 R¨¦solution 1707 (XVI) de l¡¯assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale du 19 d¨¦cembre 1961.
3 Pour consulter le texte de la ? D¨¦claration du Caire des pays en d¨¦veloppement ?, voir Odette Jankowitsch et Karl P. Sauvant, eds., The Third World without Superpowers: the Collected Documents of the non-aligned Countries (Dobbs Ferry, N.Y.: Oceana (now: Oxford University Press), 1978), vol. I, pp. 72-75, d¨¦sign¨¦s ci-apr¨¨s Jankowitsch et Sauvant. Cette r¨¦union a ¨¦t¨¦ la premi¨¨re tentative des pays en d¨¦veloppement pour coordonner leurs politiques internationales de d¨¦veloppement aux nations unies.
4 Voir la R¨¦solution 917 (XXXIV) du Conseil ¨¦conomique et social du 3 ao?t 1962 et la r¨¦solution 1785 (XVII) de l¡¯assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale du 8 d¨¦cembre 1962.
5 Sur les 32 membres du Comit¨¦ pr¨¦paratoire, 19 ¨¦taient des pays en d¨¦veloppement (dont la Yougoslavie qui, ¨¤ l¡¯¨¦poque, a jou¨¦ un r?le essentiel dans le Groupe des 77). Dix-sept des dix-neuf pays ont apport¨¦ leur soutien ¨¤ la ? D¨¦claration commune ?. Les deux autres, El Salvador et l¡¯uruguay, l¡¯ont soutenue plus tard.
6 Dans Karl P. Sauvant, ed., The Third World without Superpowers, 2nd Ser., The Collected Documents of the Group of 77 (Dobbs Ferry, N.Y.: Oceana (now: Oxford University Press), 1981), 20 vols., d¨¦sign¨¦ ci-apr¨¨s Sauvant. (les documents du Groupe des 77 mentionn¨¦s ci-dessous, ainsi que ceux des r¨¦unions des nations unies qui ont fait l¡¯objet d¡¯un commentaire figurent dans ces volumes; aucune r¨¦f¨¦rence sp¨¦cifique n¡¯est donc faite ¨¤ chaque fois qu¡¯ils sont mentionn¨¦s.) In 1963, 76 pays en d¨¦veloppement ¨¦taient membres des nations unies.
? l¡¯exception de Cuba et de la C?te d¡¯Ivoire, tous les pays en d¨¦veloppement, ainsi que la nouvelle-Z¨¦lande, ont coparrain¨¦ la D¨¦claration commune. Cuba, mis ¨¤ l¡¯¨¦cart par le Groupe des pays d¡¯am¨¦rique latine, n¡¯a pas ¨¦t¨¦ accept¨¦ pour coparrainer la r¨¦solution. (le principe de coparrainage exige que chaque pays qui parraine une r¨¦solution donn¨¦e accepte le coparrainage d¡¯un autre pays.)
7 Ibid., document I.C.I.a. lors de la CNUCED I, 77 pays en d¨¦veloppement ¨¦taient membres des nations unies. Parmi eux, la C?te d¡¯Ivoire n¡¯¨¦tait pas membre du Groupe et Cuba en a ¨¦t¨¦ exclu jusqu¡¯¨¤ la deuxi¨¨me r¨¦union? minist¨¦rielle en 1971. Deux autres pays, la r¨¦publique? de Cor¨¦e et la r¨¦publique du Viet Nam (qui n¡¯¨¦taient pas membres des nations unies mais qui ¨¦taient les seuls autres pays en d¨¦veloppement ¨¤ la CNUCED I), sont entr¨¦s dans le Groupe apr¨¨s avoir ¨¦t¨¦ accept¨¦s par le Groupe asiatique, de sorte que 77 pays ont soutenu la ? D¨¦claration commune des Soixante-dix sept¡±. Mais le groupe comptant initialement 75 membres¡ªvoir la ? D¨¦claration commune ? de 1963 ¡ª la r¨¦solution a continu¨¦ de mentionner 75 pays. Ce n¡¯est qu¡¯avec la CNUCED I que le Groupe a acquis son nom actuel.
8 Prebisch a activement encourag¨¦ les pays en d¨¦veloppement durant les pr¨¦parations ¨¤ la CNUCED I, la session elle-m¨ºme et les ann¨¦es suivantes ¨¤ coop¨¦rer et ¨¤ renforcer leur unit¨¦ dans le cadre du Groupe des 77. Son successeur, Manuel P¨¦rez-Guerrero, a poursuivi cette politique.
9 Aucune strat¨¦gie n¡¯a ¨¦t¨¦ formul¨¦e dans la r¨¦solution sur la Premi¨¨re d¨¦cennie des nations unies pour le d¨¦veloppement.
10 Par la r¨¦solution 1995 (XIX), contenue dans Sauvant. Voir cette r¨¦solution en ce qui concerne les membres, les principales fonctions, l¡¯organisation, etc. de la CNUCED.
11 Dont l¡¯Organisation de lib¨¦ration de la Palestine, le seul membre non ¨¦tatique du Groupe des 77.
12 La documentation sur le Groupe des 77 est limit¨¦e. L¡¯une des meilleures analyses faites ¨¤ l¡¯¨¦poque est celle de Branislav Gosovic, CNUCED: Conflict and Compromise. The Third World¡¯s Quest for an Equitable World Economic Order through the United Nations (Leiden: Sijthoff, 1972). On peut aussi consulter l¡¯analyse du Groupe des 77 et du mouvement des non align¨¦s et son r?le dans les principales conf¨¦rences ¨¦conomiques internationales consacr¨¦es au nouvel ordre ¨¦conomique internationale par robert a. Mortimer, The Third World Coalition in International Politics (new York: Praeger, 1980).
13 Infra, p. 133.
14 Ibid., p. 134.
15 Voir, Co-ordinating Committee, ? Ministerial Mission ? and First Ministerial Meeting of the Group of 77, ? Charter of Algiers ?, Part III, dans Sauvant, documents II.B.3 and II.D.7, respectivement.
16 Pour une ¨¦laboration, voir Karl P. Sauvant, ? The Origins of the NIEO Discussions ?, dans Karl P. Sauvant, ed., Changing Priorities on the International Agenda: the New International Economic Order (Elmsford, N.Y.: Pergamon, 1981).
17 ? l¡¯exception des ?tats d¡¯am¨¦rique latine, seuls les pays en d¨¦veloppement suivants ont particip¨¦ ¨¤ la Conf¨¦rence de Bretton Woods: ?gypte, ?thiopie, Inde, Iran, Iraq, Liberia et Philippines.
18 Voir Odette Jankowitsch et Karl P. Sauvant, ? The Initiating role of the Non-aligned Countries ?, in ibid. Cette observation n¡¯a pas pour but de minimiser les fins et les fonctions politiques du mouvement des non align¨¦s, mais vise seulement ¨¤ indiquer que le mouvement avait aussi acquis une fonction ¨¦conomique importante et que ce changement s¡¯est r¨¦v¨¦l¨¦ ¨ºtre d¡¯une importance cruciale pour que la question du d¨¦veloppement devienne un point prioritaire de l¡¯ordre du jour international.
19 Voir, par exemple, le ? Communiqu¨¦ final ? adopt¨¦ ¨¤ la r¨¦union du Bureau de coordination des pays non align¨¦s au niveau minist¨¦riel tenue ¨¤ la Havane en 1978, r¨¦imprim¨¦ dans Jankowitsch et Sauvant, vol. v.
20 R¨¦solutions de l¡¯assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale 3201 (S-VI) et 3202 (S-VI). avec la ? Charte des droits et des devoirs ¨¦conomiques des ?tats ?, adopt¨¦e le 12 d¨¦cembre 1974 par la vingt-neuvi¨¨me Session extraordinaire de l¡¯assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale en tant que r¨¦solution 3281, (XXIX) et la r¨¦solution 3362 (S-VII), intitul¨¦e ? D¨¦veloppement et coop¨¦ration ¨¦conomique internationale ?, adopt¨¦e le 16 septembre 1975 par la septi¨¨me session extraordinaire de l¡¯assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale, ces r¨¦solutions (qui sont contenues dans Sauvant) jettent les bases du programme pour un nouvel ordre ¨¦conomique international.
21 En particulier dans le cadre du ? Programme d¡¯action pour la coop¨¦ration ¨¦conomique ?, adopt¨¦ par la troisi¨¨me Conf¨¦rence des ministres des affaires ¨¦trang¨¨res des pays non align¨¦s, tenue en 1972 ¨¤ Georgetown, en cons¨¦quence de quoi les pays coordinateurs ont ¨¦t¨¦ d¨¦sign¨¦s pour 18 domaines d¡¯activit¨¦. Nombre d¡¯activit¨¦s de suivi ¨¤ la Conf¨¦rence des pays en d¨¦veloppement sur les mati¨¨res premi¨¨res, qui s¡¯est tenue ¨¤ Dakar du 4 au 8 f¨¦vrier 1975, ont ¨¦t¨¦ ¨¦galement importantes; bien que la Conf¨¦rence de Dakar ait ¨¦t¨¦ convoqu¨¦e par les Pays non align¨¦s, elle ¨¦tait explicitement con?ue pour inclure tous les pays en d¨¦veloppement. Pour lire les documents pertinents, voir Jankowitsch et Sauvant.
22 La cr¨¦ation, au sein de la CNUCED et conform¨¦ment ¨¤ une r¨¦solution adopt¨¦e ¨¤ la CNUCED IV, d¡¯un Comit¨¦ sur la coop¨¦ration ¨¦conomique des pays en d¨¦veloppement en 1976 et l¡¯accent mis, depuis la CNUCED V, sur cette approche, ont ¨¦t¨¦ des efforts faits dans ce sens.
23 Voir Sauvant, document IV.D.7.
24 Voir,? Principaux documents du Groupe des 77 ¨¤ la CNUCED IV,?? D¨¦claration concernant la future Conf¨¦rence sur la coop¨¦ration?¨¦conomique des pays en d¨¦veloppement ?, ibid., document IV.E.l.
25 Voir, r¨¦union minist¨¦rielle du Groupe des 77, ? Communiqu¨¦ ?, ibid., document X.C.l.A.
26 Ministres des affaires ¨¦trang¨¨res du Groupe des 77, quatri¨¨me r¨¦union, ? D¨¦claration ?, ibid., document X.B.4.a.
27 Nyerere, infra, pp. 123, 122.
28 Les associations de producteurs de p¨¦trole autres que l¡¯OPEC n¡¯avaient pas acquis leur propre importance politique.
29 En d¡¯autres termes, les pays en d¨¦veloppement importateurs de p¨¦trole n¡¯avaient aucun int¨¦r¨ºt ¨¤ se retourner contre l¡¯OPEC, car cela n¡¯aurait pas eu de cons¨¦quence sur le prix du p¨¦trole. Le maintien de la solidarit¨¦, en revanche, associ¨¦ ¨¤ une certaine pression, aurait pu donner lieu ¨¤ des concessions par les pays de l¡¯OPEC (sous forme d¡¯aide ou d¡¯accords sp¨¦ciaux sur les prix, ou les deux), et aurait renforc¨¦ le pouvoir des pays en d¨¦veloppement importateurs de p¨¦trole dans leurs n¨¦gociations avec le nord.
30 Nyerere, infra, p. 133.
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