20 septembre 2019

Les vagues de chaleur li¨¦es aux changements climatiques qui ont frapp¨¦ une grande partie de l¡¯Europe en juin et en juillet 2009 rappellent opportun¨¦ment qu¡¯une action mondiale concert¨¦e est n¨¦cessaire pour lutter contre les changements climatiques qui affectent toutes les r¨¦gions du monde. Les ph¨¦nom¨¨nes m¨¦t¨¦orologiques extr¨ºmes, comme les p¨¦riodes de s¨¦cheresse de plus en plus fr¨¦quentes et intenses, les vagues de chaleur ainsi que d¡¯autres ph¨¦nom¨¨nes caus¨¦s par les changements climatiques, y compris l¡¯acc¨¦l¨¦ration de la d¨¦sertification, l¡¯¨¦rosion des c?tes, l¡¯extinction des esp¨¨ces et la perte de l¡¯habitat, ont des effets d¨¦vastateurs sur les ¨¦conomies africaines. Ces effets se font sentir sur l¡¯ensemble du continent, comme l¡¯ont montr¨¦ r¨¦cemment les cyclones tropicaux Idai et Kenneth, qui ont caus¨¦ des d¨¦g?ts importants au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe, faisant plus de 1 000 morts, des centaines de milliers de personnes n¨¦cessitant une aide humanitaire et engendrant une perte importante d¡¯infrastructures. Pourtant, l¡¯Afrique a le moins contribu¨¦ aux ¨¦missions cumul¨¦es de gaz ¨¤ effet de serre (moins de 4?% des?¨¦missions mondiales). ? 0,8 tonne ¨¦quivalent CO2?par an, par exemple, les ¨¦missions par habitant sont inf¨¦rieures ¨¤ la moyenne mondiale annuelle, qui est de 5 tonnes ¨¦quivalent CO2,?et tr¨¨s inf¨¦rieures ¨¤ celles dans d¡¯autres r¨¦gions comme?l'Europe et l'Asie.

Les mesures prises ¨¤ l¡¯¨¦chelle mondiale sont insuffisantes. Les contributions d¨¦termin¨¦es au niveau national (CDN) pour la protection du climat dans le cadre de l¡¯Accord de Paris sont loin d¡¯¨ºtre suffisantes pour limiter la hausse de la temp¨¦rature afin d¡¯assurer une croissance plus durable. ? moins que des mesures ambitieuses ne soient prises, la crise climatique actuelle constituera une menace existentielle imminente. Si aucune action n¡¯est men¨¦e, l¡¯Afrique ne sera pas en mesure de r¨¦aliser les objectifs de d¨¦veloppement durable (ODD) ni d¡¯obtenir les r¨¦sultats envisag¨¦s dans et inscrits dans les plans nationaux de d¨¦veloppement.

Le leadership visionnaire de l¡¯Afrique pour faire face aux changements climatiques

En 2006, La Commission ¨¦conomique pour l¡¯Afrique (CEA) a lanc¨¦ un processus visant ¨¤ cr¨¦er le Centre africain pour la politique en mati¨¨re de climat (CAPC). Cette initiative a ¨¦t¨¦ lanc¨¦e suite au mandat donn¨¦ en 1988 au Groupe d¡¯experts intergouvernemental sur l¡¯¨¦volution du climat (GIEC) par l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies ??afin qu¡¯il fournisse des ¨¦valuations scientifiques, coordonn¨¦es ¨¤ l¡¯¨¦chelle internationale, de l¡¯ampleur, de la chronologie et des effets potentiels de l¡¯¨¦volution du climat sur l¡¯environnement et les conditions socio-¨¦conomiques et [formule] des strat¨¦gies r¨¦alistes pour agir sur ces effets??, face aux craintes de la CEA qui consid¨¦rait que le changement climatique posait d¨¦j¨¤ des risques s¨¦rieux au programme de d¨¦veloppement de l¡¯Afrique, en particulier concernant la r¨¦alisation des objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement, et suite ¨¤ la reconnaissance que les pays africains pourraient tirer avantage des d¨¦fis li¨¦s au changement climatique et saisir les opportunit¨¦s pour atteindre un d¨¦veloppement durable et rendre les ¨¦conomies r¨¦silientes.

Le soutien ¨¤ la cr¨¦ation du Centre a trouv¨¦ un ¨¦cho dans plusieurs forums de haut niveau, comme la huiti¨¨me Session du Sommet de l¡¯Union africaine (UA) en janvier 2007,?et a abouti ¨¤ sa cr¨¦ation l¡¯ann¨¦e suivante, lors de la Premi¨¨re r¨¦union annuelle conjointe de la Conf¨¦rence des Ministres africains de l¡¯¨¦conomie et des finances de l¡¯UA et de la Conf¨¦rence des Ministres africains des finances, de la planification et du d¨¦veloppement ¨¦conomique de la CEA. Le Centre a re?u pour double mandat de fournir des directives aux pays membres et de servir de secr¨¦tariat au programme ClimDev-Afrique. Les directives visaient ¨¤ r¨¦duire la pauvret¨¦ par l¡¯adaptation aux effets du changement climatique et leur att¨¦nuation en Afrique et ¨¤ am¨¦liorer les capacit¨¦s des pays africains ¨¤ participer efficacement aux n¨¦gociations multilat¨¦rales sur le climat. Cette r¨¦union a ¨¦galement approuv¨¦ le programme ClimDev-Africa comme initiative conjointe de la CEA, de la Commission de l¡¯Union africaine (CUA) et de la Banque africaine de d¨¦veloppement (BAD), aidant ainsi ces trois institutions africaines ¨¤ centrer leurs efforts collectifs pour encourager une approche commune et coordonn¨¦e au changement climatique sur l¡¯ensemble du continent.??

Soutenir les ?tats membres dans une situation d¡¯¨¦volution du changement climatique

Depuis qu¡¯il est devenu op¨¦rationnel en 2011, avec l¡¯appui financier du Minist¨¨re britannique du d¨¦veloppement international (DFID), de l¡¯Union europ¨¦enne, de la France, du Fonds nordique de d¨¦veloppement (NDF), de la Norv¨¨ge, de la Su¨¨de et de l¡¯USAID, le Centre a apport¨¦ son soutien aux initiatives panafricaines et travaill¨¦ avec les institutions panafricaines, les ?tats membres, les universit¨¦s et les institutions de recherche et de politique ainsi qu¡¯avec les partenaires du d¨¦veloppement et d¡¯autres partenaires de mise en ?uvre et au sein de la CEA en vue de l¡¯ex¨¦cution de ses principaux programmes prescrits.??? ce jour, les principales r¨¦alisations du Centre sont les suivantes?:

  • Soutien ¨¤ la participation effective de l¡¯Afrique aux n¨¦gociations multilat¨¦rales sur le climat. Par le biais de ses activit¨¦s dans le cadre du programme ClimDev-Africa, le CAPC a am¨¦lior¨¦ la visibilit¨¦ des pays africains dans les n¨¦gociations mondiales sur le changement climatique en soutenant le Comit¨¦ des chefs d¡¯?tats et de gouvernement africains sur les changements climatiques et la Conf¨¦rence minist¨¦rielle africaine sur l¡¯environnement ainsi qu¡¯en apportant un appui technique et en consolidant les capacit¨¦s afin de renforcer le Groupe africain de n¨¦gociateurs (AGN) sur le climat pour mieux tenir compte des int¨¦r¨ºts africains et mieux les d¨¦fendre dans le processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Par exemple, en collaboration avec l¡¯AGN, le CAPC a publi¨¦ un rapport historique sur les pertes et les d¨¦g?ts en Afrique dus aux incidences du changement climatique. ? son tour, lors de la dix-neuvi¨¨me session de la Conf¨¦rence des parties ¨¤ la CCNUCC, l¡¯AGN a contribu¨¦ activement ¨¤ la d¨¦cision?concernant le M¨¦canisme international de Varsovie relatif aux pertes et aux pr¨¦judices li¨¦s aux incidences des changements climatiques.?
  • Journ¨¦e de l¡¯Afrique et Pavillon Afrique lors de la Conf¨¦rence des parties ¨¤ la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.?Au nom de la CEA et en collaboration avec la CUA, la BAD et le Nouveau Partenariat pour le d¨¦veloppement de l¡¯Afrique, le CAPC offre un espace, une repr¨¦sentation et une voix pour promouvoir la participation effective de l¡¯Afrique aux n¨¦gociations sur le climat, un processus qui a d¨¦but¨¦ lors de la dix-septi¨¨me session de la Conf¨¦rence des parties ¨¤ la CCNUCC en 2011.
  • Plaider en faveur des services d¡¯informations climatologiques (CIC).?Les CIC sont essentiels pour att¨¦nuer les effets du changement climatique et, par cons¨¦quent, pour soutenir les efforts men¨¦s pour r¨¦duire la pauvret¨¦. Priv¨¦e d¡¯informations plus pr¨¦cises sur la variabilit¨¦ et le changement climatiques, l¡¯Afrique ne sera pas en mesure de mener une action ¨¦nergique. Cependant, par le biais du programme ClimDev-Africa, le?CAPC a consid¨¦rablement investi dans le renforcement et la modernisation des r¨¦seaux d¡¯observations m¨¦t¨¦orologiques et hydrologiques.
  • Conf¨¦rence sur les changements climatiques et le d¨¦veloppement en Afrique (CCDA).?Aujourd¡¯hui dans sa huiti¨¨me ann¨¦e cons¨¦cutive, la CCDA est une plate-forme de dialogue ¨¦tablie et reconnue qui r¨¦unit chaque ann¨¦e de nombreuses parties prenantes et institutions africaines, y compris des sp¨¦cialistes, des universitaires et des repr¨¦sentants de la soci¨¦t¨¦ civile, pour discuter de questions contemporaines sur le changement climatique et le d¨¦veloppement en Afrique, partager les connaissances scientifiques, trouver des solutions innovantes aux d¨¦fis et parvenir ¨¤ un consensus avec la Conf¨¦rence annuelle des parties ¨¤ la CCNUCC.
  • Services d¡¯informations m¨¦t¨¦orologiques et climatologiques pour l¡¯Afrique (WISER).?Des informations m¨¦t¨¦orologiques et climatologiques de qualit¨¦ fournies en temps opportun contribuent ¨¤ am¨¦liorer les pr¨¦visions saisonni¨¨res qui peuvent aider les utilisateurs de ces services comme les agriculteurs, les responsables de la planification et les fournisseurs d¡¯¨¦nergie et, par cons¨¦quent, augmenter la productivit¨¦ et contribuer au d¨¦veloppement ¨¦conomique. Ces informations permettent d¡¯obtenir des pr¨¦visions m¨¦t¨¦orologiques ¨¤ long terme de meilleure qualit¨¦, ce qui est essentiel pour am¨¦liorer la r¨¦sistance des infrastructures, accro?tre la r¨¦silience ¨¦conomique et assurer un d¨¦veloppement ¨¦conomique durable. En collaboration avec le Met Office (le service national britannique de m¨¦t¨¦orologie), le CAPC met en ?uvre le programme WISER fond¨¦ par le DFID en vue de soutenir la gestion des risques m¨¦t¨¦orologiques et climatologiques et d¡¯am¨¦liorer la r¨¦sistance ¨¦conomique des Africains et des ¨¦conomies africaines aux chocs li¨¦s aux conditions climatiques.
  • M¨¦canisme d¡¯investissement dans les projets de r¨¦silience aux changements climatiques en Afrique (AFRI-RES).?Pour promouvoir l¡¯acc¨¨s aux services dans les secteurs cl¨¦s et favoriser la transformation ¨¦conomique, des centaines de milliards de dollars devront ¨ºtre investis chaque ann¨¦e dans les secteurs sensibles au climat (y compris les infrastructures, l¡¯agriculture et l¡¯eau). Il est important de veiller ¨¤ ce que les risques financiers li¨¦s ¨¤ ces investissements soient limit¨¦s.?? cette fin, le CAPC a rendu le M¨¦canisme en collaboration op¨¦rationnel avec la CUA, la Banque mondiale et la BAD ainsi qu'avec l¡¯appui financier initial du NDF afin de d¨¦velopper les capacit¨¦s des institutions africaines et du secteur priv¨¦ ¨¤ concevoir, ¨¤ planifier et ¨¤ mettre en ?uvre les investissements dans le but de renforcer la r¨¦silience aux variations et aux changements climatiques.?
  • Recherche sur le climat pour le d¨¦veloppement en Afrique (CR4D).?La contribution de l¡¯Afrique aux recherches en climatologie, y compris ¨¤ l¡¯¨¦valuation des rapports du GIEC, est, jusqu'¨¤ pr¨¦sent, tr¨¨s limit¨¦e. Pour am¨¦liorer cette situation, le CAPC, en collaboration avec l¡¯Organisation m¨¦t¨¦orologique mondiale et avec l¡¯appui financier initial du DFID, a mis en place le programme CR4D qui soutient les recherches en climatologie et contribue ¨¤ catalyser l¡¯adoption et l¡¯utilisation des services d¡¯informations sur le climat pour planifier le d¨¦veloppement sur le continent.

Vers une Afrique prosp¨¨re et r¨¦siliente aux changements climatiques

Regardant vers l¡¯avenir, et tenant compte de la complexit¨¦ croissante des d¨¦fis pos¨¦s par les changements climatiques, il est important pour le CAPC de continuer ¨¤ fournir une analyse des politiques pour aider les responsables africains ¨¤ ¨¦laborer des strat¨¦gies d¡¯adaptation qui favorisent le d¨¦veloppement durable. Le CAPC s¡¯acquittera de cette t?che en fournissant un espace de dialogue sur les questions climatiques et de d¨¦veloppement en Afrique et en aidant ¨¤ renforcer les capacit¨¦s des ?tats Membres ¨¤ explorer, ¨¤ analyser et ¨¤ mettre en ?uvre de meilleurs moyens et des investissements pour exploiter efficacement les ressources naturelles dans le but de construire des ¨¦conomies r¨¦silientes et inclusives. ? cet ¨¦gard, il consid¨¨re que les CDN sont des mesures concr¨¨tes ¨¤ prendre pour r¨¦aliser les ODD et obtenir les r¨¦sultats transformateurs envisag¨¦s dans.?

La nouvelle strat¨¦gie du Centre vise ¨¤ servir de plate-forme pour g¨¦n¨¦rer des id¨¦es et prendre des mesures qui favorisent la transition vers une Afrique r¨¦siliente aux changements climatiques et prosp¨¨re par la mise en place de politiques, de plans et de programmes appropri¨¦s. ? cette fin, il s¡¯attachera ¨¤?:

  • Continuer de mener des recherches et des analyses en soutien au d¨¦veloppement social et ¨¦conomique en Afrique;
  • Fournir des services consultatifs et une assistance technique pour mettre en ?uvre l¡¯Accord de Paris;
  • Renforcer et d¨¦velopper les capacit¨¦s humaines et institutionnelles des ?tats Membres ¨¤ ¨¦laborer des plans, des politiques et des pratiques de d¨¦veloppement r¨¦silients aux changements climatiques;
  • Cr¨¦er des espaces et engager un dialogue afin de favoriser des alliances et des partenariats strat¨¦giques et de prendre des mesures efficaces pour lutter contre les changements climatiques et stimuler le d¨¦veloppement ainsi que de d¨¦velopper les positions communes africaines;
  • Produire, g¨¦rer et adapter des supports de connaissances multilingues afin de communiquer efficacement les solutions climatiques aux parties prenantes cl¨¦s; et
  • Assurer la rentabilit¨¦ de la gestion des programmes ainsi que de leur mise en ?uvre, de leur suivi, de leur ¨¦valuation et tirer les enseignements.?

La CEA continue de forger des partenariats et de mobiliser des ressources afin de mettre en ?uvre la nouvelle strat¨¦gie du Centre. Associ¨¦s ¨¤ cette formidable initiative, par exemple, le DFID et l¡¯Ambassade de Su¨¨de en ?thiopie apportent leur appui au Centre en ex¨¦cutant des programmes aidant les gouvernements africains, les entit¨¦s r¨¦gionales, le secteur priv¨¦ et les communaut¨¦s ¨¤ s¡¯adapter aux effets du changement climatique et ¨¤ am¨¦liorer la mise en ?uvre int¨¦gr¨¦e des CDN, des ODD et de l¡¯Agenda 2063.

La Chronique de l¡¯ONU ne constitue pas un document officiel. Les points de vue exprim¨¦s par les auteurs, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles, n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l'acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.

?

La?Chronique de l¡¯ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privil¨¨ge d¡¯accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingu¨¦s ne faisant pas partie du syst¨¨me des Nations Unies dont les points de vue ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement ceux de l¡¯Organisation. De m¨ºme, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l¡¯acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.?