New York, le 18 juin 2021 — Les dix-huit derniers mois ont été uniques dans l’histoire des Nations Unies. Nous avons traversé la pandémie de COVID-19, qui continue de semer de grandes souffrances.
Des millions de familles ont perdu des êtres chers. Le monde a fait face à l’une des plus grandes menaces depuis la création des Nations Unies. Nous avons pu constater à quel point la pandémie a révélé les fragilités et les fissures de nos sociétés.
Pour ne donner que quelques exemples frappants: il est estimé que cent-quatorze millions d’emplois ont été perdus, plus de cinquante-cinq pour cent de la population mondiale se retrouve sans aucune forme de protection sociale, et pour la première fois depuis vingt ans, la pauvreté va probablement augmenter, avec entre cent dix-neuf et cent vingt-quatre millions de personnes tombées dans la pauvreté extrême en 2020.
Nous savons combien les femmes en particulier ont été affectées et combien les pays fragiles et à faible revenu souffrent en raison des énormes inégalités de notre système international.
Le fait que nous commençons seulement maintenant à nous unir pour faire des vaccins la priorité mondiale absolue en dit long. Il est crucial de s’assurer que la sortie de crise et la reprise socio-économique soient bien plus équitables.  Â
Ensuite, nous avons bien sûr tous les autres défis mondiaux, que vous ne connaissez que trop bien, comme le dérèglement climatique, la perte de la biodiversité, la pollution environnementale, les inégalités croissantes, y compris de genre, le recul des droits humains, l’absence de régulation dans le cyberespace, une fracture numérique grandissante, l’évolution de la nature des conflits, la probabilité de futures pandémies et d’autres risques mondiaux existentiels.
Et dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable – notre feuille de route commune pour un monde meilleur - nous avons constaté un recul des avancées, de la réduction de la pauvreté à l’éradication de la faim, en passant par l’accès à une éducation de qualité et l’égalité de genre.
Notre plus grand défi – qui est en même temps notre plus grande opportunité – est d’utiliser cette crise pour renverser la situation, pivoter vers un monde qui tire des leçons, qui promeut une reprise juste, verte et durable et qui montre le chemin via une coopération internationale accrue et efficace pour répondre aux problèmes mondiaux.
Force est de reconnaître que nous avons déjà commencé à faire certaines choses différemment depuis le début de la pandémie.
Aux Nations Unies, nous avons transféré nos opérations et notre travail en ligne sans perdre de temps, tout en continuant à soutenir les populations à travers le monde. Beaucoup d’autres ont fait de même. Nous n’aurions pas pu faire cela si la pandémie était arrivée il y a dix ans.
Donc en dépit de tous les aspects négatifs, il est aussi important de reconnaître et de bâtir sur les aspects positifs que nous avons connus.
Franchir cette étape demandera un effort réel pour renforcer ce qui fonctionne et du courage pour tirer les leçons de ce qui ne fonctionne pas. Cela nécessite que nous fassions de la prévention et de la préparation – au sens large du terme – une priorité de premier plan du système international. La vision stratégique que j’ai présenté montre en détail ce sur quoi je compte pour me concentrer pendant mon second mandat.