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Universit¨¦s entrepreneuriales : associer recherche et affaires

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Universit¨¦s entrepreneuriales : associer recherche et affaires

Une nouvelle tendance lib¨¨re la puissance de l¡¯entrepreneuriat
Zipporah Musau
Afrique Renouveau: 
Young entrepreneurs from Egypt, Rwanda and Peru discuss their experiences with US former President Barack Obama and Facebook CEO Mark Zuckerberg at an entrepreneurship summit at Stanford University last year. Photo: Stanford University/Aaron Kehoe
Photo: Stanford University/Aaron Kehoe
De jeunes entrepreneurs d¡¯?gypte, du Rwanda et du P¨¦rou partagent leurs exp¨¦riences avec l¡¯ancien pr¨¦sident am¨¦ricain Barack Obama et le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, lors d¡¯un sommet sur l¡¯entrepreneuriat qui s¡¯est tenu l¡¯an dernier ¨¤ l¡¯universit¨¦ de Stanford. Photo: Universit¨¦ de Stanford/Aaron Kehoe

Que penseriez-vous d¡¯une universit¨¦ qui vous offre un enseignement de calibre? mondial, prend en charge votre stage ¨¤ l¡¯¨¦tranger et, une fois votre dipl?me obtenu, vous donne 100 000 dollars pour cr¨¦er votre propre entreprise ??

Bienvenue dans le monde des universit¨¦s entrepreneuriales, une nouvelle tendance parmi les ¨¦tablissements d¡¯enseignement sup¨¦rieur qui consiste ¨¤ aller au-del¨¤ de leur r?le traditionnel de prestataires de services ¨¦ducatifs pour int¨¦grer la recherche, l¡¯innovation, la commercialisation du savoir et l¡¯entrepreneuriat.

Il n¡¯existe pas de d¨¦finition universelle de l¡¯universit¨¦ entrepreneuriale, mais une pluralit¨¦ d¡¯approches, inventives, cr¨¦atives et pratiques.

Lass¨¦es de dipl?mer ¨¤ la cha?ne chaque ann¨¦e des milliers de personnes qui ne trouvent pas d¡¯emploi, les universit¨¦s se tournent vers l¡¯innovation et l¡¯entrepreneuriat. Ces universit¨¦s portent diff¨¦rents noms : certains les appellent des universit¨¦s entrepreneuriales, d¡¯autres des universit¨¦s de l¡¯innovation,? d¡¯autres encore parlent d¡¯

? incubateurs ? d¡¯entreprises qui enseignent des ¨¦tudiants la gestion rigoureuse d¡¯une entreprise. Le d¨¦nominateur commun est l¡¯accent mis sur l¡¯innovation et l¡¯entrepreneuriat.?

Ronnie Washington, un dipl?m¨¦ am¨¦ricain de 28 ans, comprend bien les avantages d¡¯une universit¨¦ entrepreneuriale. En 2014, il a int¨¦gr¨¦ l¡¯¨¦cole de commerce de l¡¯Universit¨¦ Stanford pour une ma?trise en administration des affaires (MBA) de deux ans. En fin de cursus, il s¡¯est rendu au Ghana pour un stage de cinq semaines parrain¨¦ par l¡¯Institut Stanford pour l¡¯innovation dans les pays? en d¨¦veloppement, ¨¦galement appel¨¦ Seed. L'institut a pay¨¦ son billet et son h¨¦bergement.

Au Ghana, M. Washington a travaill¨¦ sous la tutelle de Michael Amankwa, fondateur et directeur g¨¦n¨¦ral de CoreNett, une entreprise de technologie qui cr¨¦e des programmes de traitement de paiements ¨¦lectroniques pour les ¨¦tablissements financiers, les d¨¦taillants et les administrations publiques. Il y a appris les ficelles du m¨¦tier de g¨¦rant d¡¯entreprise.?

? son retour aux ?tats-Unis, M. Washington a cr¨¦¨¦ Onward, une application informatique qui aide les travailleurs ¨¤ faible revenu ¨¤ ¨¦conomiser et emprunter de l¡¯argent dans le cadre d¡¯une ligne de cr¨¦dit renouvelable destin¨¦e aux petites urgences familiales. Fin 2016, il a ¨¦t¨¦ nomm¨¦ ?tudiant Stanford de l¡¯ann¨¦e en mati¨¨re d¡¯innovation sociale et s¡¯est vu octroyer 110 000 dollars pour cr¨¦er sa propre entreprise. M. Washington est aujourd¡¯hui le directeur g¨¦n¨¦ral d¡¯Onward, bas¨¦e ¨¤ Washington.?

Des ressources intellectuelles et financi¨¨res pour affronter les d¨¦fis mondiaux tels que les changements climatiques, la pauvret¨¦ extr¨ºme, les maladies de l¡¯enfance et la p¨¦nurie mondiale imminente d¡¯eau potable.

Dans leur livre Engines of Innovation: The Entrepreneurial University in the 21st Century, les auteurs am¨¦ricains Holden Thorp et Buck Goldstein recommandent aux universit¨¦s d¡¯utiliser leurs vastes?? ressources intellectuelles et financi¨¨res pour affronter les d¨¦fis mondiaux tels que les changements climatiques, la pauvret¨¦ extr¨ºme, les maladies de l¡¯enfance et la p¨¦nurie mondiale imminente d¡¯eau potable ?.

L¡¯lUniversit¨¦ Stanford, le Massachusetts Institute of Technology (MIT), l¡¯Universit¨¦ Harvard, l¡¯Universit¨¦ de Californie et l¡¯Universit¨¦ du Wisconsin font partie des nombreuses universit¨¦s am¨¦ricaines ayant tr¨¨s vite adopt¨¦ le mod¨¨le d¡¯innovation et d¡¯entrepreneuriat. En 2015, l¡¯Universit¨¦ Stanford a ouvert deux centres en Afrique (au Ghana et au Kenya) afin d¡¯offrir des programmes de stage pour jeunes entrepreneurs.

Le Br¨¦sil, la Chine, l¡¯Europe et l¡¯Am¨¦rique du Nord ainsi que l'Am¨¦rique latine, de m¨ºme or que certains pays nouvellement industrialis¨¦s ou en voie d¡¯industrialisation, l¡¯ont aussi adopt¨¦.?

Selon Calestous Juma,? Sp¨¦cialiste du d¨¦veloppement international ¨¤? l¡¯?cole Kennedy d¡¯Harvard, les universit¨¦s africaines doivent embrasser les innovations pour pouvoir ? r¨¦pondre aux besoins locaux ?.?

En f¨¦vrier 2016, les dirigeants africains ont invit¨¦ le Professeur Juma au sommet de l¡¯Union africaine (UA) ¨¤ Addis-Abeba (?thiopie), afin de pr¨¦senter ses travaux sur la mani¨¨re d¡¯int¨¦grer l¡¯enseignement, la recherche et l¡¯innovation.

L¡¯un des objectifs de l¡¯Agenda 2063 de l¡¯UA, le plan de d¨¦veloppement du continent pour les 50 prochaines ann¨¦es, consiste ¨¤ repositionner le continent comme acteur strat¨¦gique de l¡¯¨¦conomie mondiale en am¨¦liorant l¡¯enseignement et en appliquant la science et la technologie au d¨¦veloppement. Pour atteindre ces objectifs, il conviendra d¡¯aligner l¡¯enseignement, la recherche et l¡¯innovation sur les objectifs socio-¨¦conomiques ¨¤ long terme.?

? ce jour, seules quelques universit¨¦s africaines ont adopt¨¦ l¡¯innovation et l¡¯entrepreneuriat. Le Professeur Juma prend comme exemple l¡¯Universit¨¦ de Stellenbosch en Afrique du Sud, qui a construit et lanc¨¦ un satellite dans le cadre de ses innovations.?

L¡¯Universit¨¦ Jomo Kenyatta d'agriculture et de technologie? au Kenya, indique le Professeur Juma, ? a ¨¦t¨¦ l¡¯une des premi¨¨res ¨¤ commercialiser des bananes obtenues par culture tissulaire, et donc ¨¤ r¨¦unir l¡¯enseignement, la recherche et la commercialisation de produits ?. La culture tissulaire consiste ¨¤ produire en grand nombre des plantes ¨¤ partir de racines, de feuilles ou de tiges dans un laboratoire,? afin d¡¯augmenter les rendements. L¡¯universit¨¦ a aussi r¨¦cemment cr¨¦¨¦ le Parc industriel et technologique de Nairobi dans le cadre d¡¯un partenariat public-priv¨¦ avec le Minist¨¨re k¨¦nyan de l¡¯industrialisation et du d¨¦veloppement des entreprises afin de faciliter l¡¯exploitation? par les acteurs de l'industrie des r¨¦sultats de la recherche universitaire. Le Parc offrira? ¨¦galement un espace commercial aux entreprises incub¨¦es cr¨¦¨¦es par les ¨¦tudiants.

En Afrique de l¡¯Ouest, l¡¯Universit¨¦ du Ghana met en ?uvre le m¨ºme mod¨¨le d¡¯innovation et d¡¯entrepreneuriat. Tout en reconnaissant qu¡¯il fallait ? [modifier] l¡¯orientation des universit¨¦s en Afrique afin de pouvoir mettre r¨¦ellement en pratique la recherche et les connaissances ?, James Dzisah, professeur de cette universit¨¦, a indiqu¨¦ ¨¤ Afrique Renouveau que certaines des difficult¨¦s de mise en ?uvre de ce mod¨¨le r¨¦sident notamment dans les co?ts ¨¦lev¨¦s de r¨¦orientation des ¨¦tudiants et dans l¡¯int¨¦gration de cette nouvelle vision dans les universit¨¦s traditionnelles.

? Quel que soit le co?t, il est temps pour l¡¯Afrique d¡¯investir dans ces universit¨¦s ?, d¨¦clare le Professeur Dzisah.

Ces universit¨¦s offrent des avantages? aux ¨¦tudiants, mais elles en tirent aussi. ? Cr¨¦er ces universit¨¦s aura deux importantes implications budg¨¦taires. Tout d¡¯abord, cela ¨¦largira la base de financement de l¡¯innovation en permettant aux acteurs sp¨¦cialis¨¦s et ¨¤ l¡¯industrie de concevoir et exploiter de nouvelles universit¨¦s ¨¤ l¡¯aide de leurs propres budgets ?, a expliqu¨¦ le Professeur Juma aux dirigeants de l¡¯UA. ? Ensuite, cela r¨¦duira la n¨¦cessit¨¦ de compter? sur le financement des minist¨¨res de l¡¯?ducation. ?

Thandwa Mthembu, vice-pr¨¦sident et directeur de l¡¯Institut technologique de Durban en Afrique du Sud, a fait part? ¨¤ la publication? University World News de ses plans d'int¨¦gration? de l¡¯entrepreunariat dans les programmes et les syst¨¨mes internes des universit¨¦s.

Apr¨¨s avoir visit¨¦ 10 ¨¦tablissements dans 7 pays dont les programmes d¡¯enseignement de l'entrepreneuriat ont fait leurs preuves , notamment la Finlande, l¡¯Allemagne, le Mexique et l¡¯Espagne, le Professeur Mthembu s'est dit favorable ¨¤ l¡¯int¨¦gration? de l¡¯enseignement de l'entrepreneuriat? dans les programmes scolaires d¨¨s la premi¨¨re ann¨¦e, ainsi qu'¨¤ la mise en relief des? comp¨¦tences pratiques, du? travail en groupe et des? d¨¦fis de la vie r¨¦elle. Il y voit l¨¤ la possibilit¨¦ de pr¨¦parer les ¨¦tudiants ¨¤ cr¨¦er des entreprises viables d¨¨s l¡¯obtention de leur?

Bien que les universit¨¦s traditionnelles aient grimp¨¦ dans le train de la cr¨¦ation d'entreprise, ces programmes mettent souvent l¡¯accent sur des MBA de troisi¨¨me cycle qui produisent des ? intrapreneurs ? ¡ª des personnes qui conduisent des innovations au sein de leur entreprise? ¡ª plut?t que des ? entrepreneurs ? qui viennent de l¡¯ext¨¦rieur? pour cr¨¦er quelque chose de nouveau, dit-il.

llllli? Nous devons cesser de nous contenter? de d¨¦signer? quelques ¨¦l¨¨ves qui ont? de bonnes id¨¦es pour? travailler avec eux, et faire en sorte que chaque ¨¦tudiant b¨¦n¨¦ficie d¡¯une m¨¦thodologie bien con?ue dans le cadre d¡¯un programme ¨¤ part enti¨¨re. ?

? l¡¯Universit¨¦ Harvard, l' entrepreneuriat ¨¦conomique et social en Afrique est l¡¯un des domaines d¡¯int¨¦r¨ºt les plus solides et dynamiques. Durant l¡¯ann¨¦e scolaire 2014-2015, le Center?for African Studies a regroup¨¦ plusieurs initiatives avec quelques nouvelles initiatives au sein de? son programme d¡¯entrepreneuriat africain.

Ce programme cr¨¦e et facilite un ¨¦ventail d¡¯activit¨¦s ¨¤ Harvard et en Afrique, en incubant des id¨¦es novatrices, en introduisant l¡¯entrepreneuriat dans les salles de cours et les programmes d¡¯¨¦tudes ¨¤ l¡¯¨¦tranger, en offrant des possibilit¨¦s de mentorat et de stage aux ¨¦tudiants de premier cycle et aux ¨¦l¨¨ves d¡¯¨¦coles professionnelles, et en cultivant les opportunit¨¦s de collaboration en vue de? la production et la mise en ?uvre d¡¯id¨¦es qui changent la donne.

Le Professeur Henry Etzkowitz de l¡¯Universit¨¦ d¡¯?tat de New York ¨¤ Purchase, ¨¤ qui l¡¯on a attribu¨¦ la paternit¨¦ du terme universit¨¦s entrepreneuriales dans les ann¨¦es 1980, a d¨¦clar¨¦ ¨¤ Afrique Renouveau qu¡¯il a d¡¯abord remarqu¨¦ ¨¤ l¡¯¨¦poque que certaines universit¨¦s des? ?tats-Unis, comme le MIT, s'orientaient? vers le mod¨¨le entrepreneurial. Il a donc d¨¦cid¨¦ de mener des? recherches plus pouss¨¦es sur ce mod¨¨le alors qu¡¯il ¨¦tait au MIT.?

? Ces universit¨¦s visent ¨¤ mettre leurs connaissances au service des ¨¦tudiants, en menant des recherches et en assumant? un r?le plus actif dans la soci¨¦t¨¦ avec les diff¨¦rents acteurs et diff¨¦rentes entreprises ?, a expliqu¨¦ le Professeur Etzkowitz.

Qualifiant cela de deuxi¨¨me r¨¦volution universitaire, le Professeur Etzkowitz note que les universit¨¦s entrepreneuriales sont en train de transformer l¡¯universit¨¦ d¡¯enseignement et de recherche traditionnelle en encourageant l¡¯interaction entre les universit¨¦s, les industries et les administrations publiques, ce qui est essentiel pour am¨¦liorer les conditions r¨¦gissant l¡¯innovation dans la soci¨¦t¨¦ de la connaissance.?

?voquant? les changements majeurs intervenus? dans le monde scientifique, un membre de la Royal Society de Londres? a not¨¦? : ? De nombreux universitaires de haut niveau sont d¨¦sormais aussi des entrepreneurs de haut niveau, qui cr¨¦ent leur propre soci¨¦t¨¦,? collaborent avec de grandes entreprises,? exploitent leurs inventions et? contribuent ¨¤ la richesse de la nation. ?? ?

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