Le Directeur de la Division de l'Afrique et des pays les moins avanc茅s de la Conf茅rence des Nations Unies sur le commerce et le d茅veloppement (CNUCED), Paul Akiwumi, est g茅n茅ralement passionn茅 lorsqu'il parle du d茅veloppement 茅conomique de l'Afrique. Et il en a 茅t茅 ainsi lors d'une conversation sur le dernier rapport de la CNUCED intitul茅 Repenser les fondements de la diversification des exportations en Afrique : le r么le catalyseur des services commerciaux et financiers. (TDLR)
Le rapport lance un appel pressant aux pays africains pour qu'ils se diversifient et abandonnent les mati猫res premi猫res au profit de services 脿 forte intensit茅 de savoir. M. Akiwumi se fait l'茅cho de l'un de ces arguments fondamentaux, 脿 savoir que des externalit茅s telles que la crise ukrainienne et la pand茅mie de la COVID-19 continueront 脿 fragiliser les 茅conomies d茅pendantes des mati猫res premi猫res.
Certes, 83 pour cent des pays africains sont d茅pendants des produits de base, ce qui est 茅norme. Ces pays constituent aussi 45 pour cent des pays d茅pendants des mati猫res premi猫res dans le monde, note le rapport. Selon la CNUCED, un pays est d茅pendant des mati猫res premi猫res lorsque la part de ses exportations de mati猫res premi猫res est sup茅rieure 脿 60 pour cent de ses exportations totales de marchandises.
La d茅pendance de l'Afrique vis-脿-vis des mati猫res premi猫res est une r茅alit茅 brutale qui inqui猫te M. Akiwumi. "Quand on regarde les pays les moins avanc茅s (PMA), en 40 ans, seuls cinq (pays) sont sortis des PMA. Cela signifie que notre mod猫le de d茅veloppement, le mod猫le de d茅veloppement des mati猫res premi猫res, n'a pas fonctionn茅", affirme-t-il, pr茅venant que des 茅v茅nements susceptibles de bouleverser l'茅conomie mondiale vont continuer 脿 se produire.
L'Afrique ressent l'impact de la guerre "脿 10 000 km de l脿", d茅plore-t-il. "Lorsque les prix mondiaux de l'茅nergie augmentent, tout augmente. Seulement 15 % environ de la valeur du commerce se fait 脿 l'int茅rieur de l'Afrique alors que 85 % sortent du continent," ajoute-t-il, soulignant l'interconnexion de l'茅conomie mondiale.
M. Akiwumi explique en outre que les petites et moyennes entreprises (PME) des secteurs de la fintech, de l'agri-tech, de la health-tech et d'autres PME ax茅es sur les connaissances et la technologie peuvent aider le continent 脿 parvenir 脿 l'inclusion financi猫re et sociale.
Par cons茅quent, l'Afrique doit se diversifier dans les services 脿 forte intensit茅 de savoir pour atteindre le double objectif de fournir "un soutien aux activit茅s 茅conomiques traditionnelles existantes" et de cr茅er "des approches innovantes qui stimuleront la productivit茅", insiste-t-il.
M. Akiwumi explique en outre que les petites et moyennes entreprises (PME) des secteurs de la fintech, de l'agri-tech, de la health-tech et d'autres PME ax茅es sur les connaissances et la technologie peuvent aider le continent 脿 parvenir 脿 l'inclusion financi猫re et sociale.
La fintech a le vent en poupe
La bonne nouvelle est que les investissements dans les fintech en Afrique sont en plein essor. La CNUCED rapporte une augmentation des investissements dans le secteur, qui passeront de 400 millions de dollars 脿 plus de 2 milliards de dollars entre 2017 et 2021. Et M. Akiwumi pr茅voit que ce chiffre pourrait atteindre 4 milliards de dollars d'ici la fin 2022.
Pourtant, il pr茅f茅rerait une croissance plus rapide et r茅guli猫re entre les pays. "Le Nigeria se porte extr锚mement bien. Tu vas au Nig茅ria et ils ont tous ces m茅canismes financiers pour soutenir la fintech. Mais il faut que ce soit le cas dans toute l'Afrique", conseille-t-il.
Le rapport de la CNUCED vante les m茅rites d'Opay, une entreprise nig茅riane de plateforme de points de vente et de services de paiement mobile, qui a lev茅 400 millions de dollars en 2021 et compte actuellement 160 millions d'utilisateurs, dont des millions dans l'茅norme population non bancaris茅e.
Les investissements dans les fintech en Afrique sont en plein essor. La CNUCED rapporte une augmentation des investissements dans le secteur, qui passeront de 400 millions de dollars 脿 plus de 2 milliards de dollars entre 2017 et 2021. Et M. Akiwumi pr茅voit que ce chiffre pourrait atteindre 4 milliards de dollars d'ici la fin 2022..
M. Akiwumi affirme que d'autres exemples abondent en Afrique o霉 la technologie "fournit des capacit茅s de stockage de nourriture et des donn茅es satellites aux agriculteurs pour savoir quand ils doivent planter parce qu'ils savent quand les pluies arrivent et qu'ils soutiennent les services de vulgarisation en prenant simplement la photo d'une feuille d'une plante et en sachant ce qu'il faut faire.听
"Nous avons des technologies de la sant茅 qui fournissent des syst猫mes de dialyse abordables 脿 la population. Nous avons des fintechs qui favorisent l'inclusion financi猫re des gens. Vous n'avez plus besoin d'une banque physique. Les gens n'ont plus besoin d'avoir une adresse. Ils peuvent g茅rer leurs comptes dans leurs applications. Il y a la fintech de gestion de patrimoine qui aide les pauvres et la classe moyenne inf茅rieure."
Le rapport de la CNUCED vante les m茅rites d'Opay, une entreprise nig茅riane de plateforme de points de vente et de services de paiement mobile, qui a lev茅 400 millions de dollars en 2021 et compte actuellement 160 millions d'utilisateurs, dont des millions dans l'茅norme population non bancaris茅e.
Des obstacles sur le trajet
Malgr茅 ces progr猫s, il reste des obstacles 脿 franchir. Le rapport 茅num猫re "un acc猫s restreint 脿 la finance, une mauvaise int茅gration dans les march茅s r茅gionaux et mondiaux et une base de comp茅tences limit茅e".
De plus, le secteur fintech n'est pas assez d茅velopp茅 pour soutenir la production. "Par exemple, l'argent mobile, la technologie financi猫re la plus utilis茅e en Afrique, n'est utilis茅e que pour accorder des microcr茅dits 脿 court terme aux utilisateurs", indique le rapport.
La mondialisation ou l'interd茅pendance croissante des 茅conomies mondiales obligent-elles les fintech africaines 脿 proposer des services r茅pondant aux normes internationales ?听
M. Akiwumi ne s'inqui猫te pas de ces questions. Il pense plut么t qu'un environnement r茅glementaire appropri茅 et l'infrastructure n茅cessaire attireront de toute fa莽on les investisseurs 茅trangers.
Insistant sur le fait que la qualit茅 de la fintech africaine est bonne, il explique : " Vous avez des soci茅t茅s de capital-risque d'Inde, des 脡tats-Unis ou d'Europe qui viennent en Afrique de l'Est et du Sud en passant par l'卯le Maurice parce que l'卯le Maurice est maintenant un centre financier. Les entreprises arrivent parce que de bonnes normes existent l脿-bas.听
"Donc, si l'argent vient d'Am茅rique, elle ( Maurice) maintient les normes que les entreprises am茅ricaines exigent. "Il s'agit de mener les bonnes politiques. L'卯le Maurice a d茅cid茅 qu'elle allait se diversifier en s'茅loignant du textile, de la canne 脿 sucre et du th茅. Et ils ont dit que leur secteur financier serait la porte d'entr茅e de l'Afrique orientale et australe. Maintenant, si vous allez 脿 l'卯le Maurice, il y a des soci茅t茅s financi猫res locales qui connaissent tout des r猫gles et r猫glements mondiaux.
Ce qui l'inqui猫te - encore une fois - c'est que "Ce ne devrait pas 锚tre un seul pays, mais plusieurs pays qui attirent ces entreprises."
Quelque 50 millions de microentreprises et de PME en Afrique ont besoin d'environ 416 milliards de dollars par an, indique le rapport. D'o霉 viendra cet argent ?
Selon M. Akiwumi, il incombe d'abord aux gouvernements de fournir le bon environnement, notamment la cybers茅curit茅, car la plupart des transactions sont 茅lectroniques ; une alimentation 茅lectrique ad茅quate, car il ne peut y avoir de d茅veloppement sans 茅lectricit茅 ; une infrastructure Internet et d'autres cadres r茅glementaires.
Apr猫s cela, dit-il, avec fermet茅 : "Le gouvernement doit laisser le secteur priv茅 se d茅brouiller.
La technologie financi猫re et le financement alternatif sont principalement le fait du secteur priv茅, et le rapport affirme qu'ils pourraient stimuler la diversification des exportations si des cadres juridiques et institutionnels appropri茅s sont en place. C'est d'autant plus important en raison des "inefficacit茅s d茅croissantes dans l'allocation des ressources au sein du secteur bancaire traditionnel".听
La ZLECAf est un catalyseur
Ce n'est pas la premi猫re fois que M. Akiwumi parle en termes 茅logieux de la Zone de libre-茅change continentale africaine (ZLECAf), qui pourrait potentiellement consolider un march茅 d'environ 1,2 milliard de personnes. "Ce 听march茅 repr茅sente un 茅norme potentiel pour la diversification des exportations", souligne-t-il. "La ZLECAf facilitera les transactions commerciales car les entreprises fonctionneront selon des r猫gles, des r茅glementations et des proc茅dures continentales plut么t que selon celles de chaque pays".
Le rapport indique que la ZLECAf aidera les efforts nationaux 脿 "donner la priorit茅 aux secteurs de services qui sont pertinents pour une cha卯ne de valeur strat茅giquement importante pour un pays donn茅."
"Je vous le dis, dans 10 ans, vous verrez une Afrique diff茅rente. Il y aura peut-锚tre encore de la pauvret茅, mais vous verrez la croissance 茅conomique, le d茅veloppement et la prosp茅rit茅 dans de nombreux endroits. Il y aura plus de pays comme le Nig茅ria, beaucoup plus comme l'Afrique du Sud, le Kenya, l'卯le Maurice, bien s没r, l'脡gypte et le Maroc. Cela arrivera. Je vous le garantis. Et Afrique Renouveau de demander : " Vous 锚tes un optimiste incorrigible. N'est-ce pas ?"
"Nous devons 锚tre optimistes, mon ami. Nous n'avons pas le choix", r茅pond M. Akiwumi, avec le sourire.
La recommandation du rapport aux pays de supprimer les politiques protectionnistes est discutable 茅tant donn茅 que les meilleurs 茅conomistes et experts en d茅veloppement d'Afrique sont divis茅s sur la question. Par exemple, Carlos Lopes, ancien Secr茅taire ex茅cutif de la Commission 茅conomique des Nations Unies pour l'Afrique, a un jour plaid茅 en faveur de ce qu'il appelle le "protectionnisme intelligent", c'est-脿-dire l'intervention strat茅gique d'un gouvernement avec des politiques qui ciblent des secteurs sp茅cifiques pour profiter 脿 l'茅conomie nationale.
M. Akiwumi r茅torque que "Le protectionnisme ne fait que vous rendre moins pr茅par茅s 脿 la concurrence. Il doit y avoir de la concurrence, et la concurrence m猫ne 脿 l'efficacit茅 et 脿 la rentabilit茅."
Il n'est pas contre les politiques qui prot猫gent certains domaines relevant de la s茅curit茅 nationale mais, 脿 part cela, insiste-t-il, "le protectionnisme 茅touffe l'esprit d'innovation et la capacit茅 脿 absorber les nouvelles technologies."
Sur la base des r茅alit茅s actuelles, 脿 quoi pourrait ressembler l'Afrique dans, disons, 10 ans ?
"Je vous le dis, dans 10 ans, vous verrez une Afrique diff茅rente. Il y aura peut-锚tre encore de la pauvret茅, mais vous verrez la croissance 茅conomique, le d茅veloppement et la prosp茅rit茅 dans de nombreux endroits. Il y aura plus de pays comme le Nig茅ria, beaucoup plus comme l'Afrique du Sud, le Kenya, l'卯le Maurice, bien s没r, l'脡gypte et le Maroc. Cela arrivera. Je vous le garantis.
Et Afrique Renouveau de demander : " Vous devez 锚tre un optimiste incorrigible. N'est-ce pas ?"
"Nous devons 锚tre optimistes, mon ami. Nous n'avons pas le choix", r茅pond M. Akiwumi, avec le sourire.
