Alors que l'on se pr茅pare aux n茅gociations des Nations Unies sur le climat qui auront lieu en 脡gypte du 7 au 18 novembre 2022, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a r茅cemment nomm茅 l'ancienne ministre du Botswana, Bogolo Kenewendo, Conseill猫re sp茅ciale du Champion de haut niveau des Nations Unies pour le changement climatique, Directrice pour l'Afrique. Dans cette interview, Madame Kenewedo parle 脿 Baboki Kayawe de sa mission :听
Afrique Renouveau : Le changement climatique est une menace croissante pour l'Afrique, et votre nomination intervient 脿 un moment o霉 l'Afrique accueillera les n茅gociations mondiales sur le climat ( CdP27) en novembre ?听
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Mme Kenewendo : 脡tant donn茅 que l'Afrique a peu contribu茅 aux 茅missions mondiales jusqu'脿 pr茅sent, mais qu'elle est d茅j脿 touch茅e de fa莽on disproportionn茅e par les impacts du changement climatique, ma mission est de pousser les pays africains et les acteurs non 茅tatiques 脿 锚tre des acteurs majeurs dans la conduite et la direction de l'action vers une transition g茅r茅e, juste et financ茅e.
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Une voie orient茅e vers l'action climatique offre 脿 l'Afrique la possibilit茅 d'茅viter les erreurs d'une industrialisation 脿 forte teneur en carbone et de saisir l'occasion de faire le saut vers une nouvelle 茅conomie et une meilleure forme de croissance qui peut d茅livrer 脿 la fois ses objectifs de d茅veloppement et de climat. Nous nous concentrons sur la mise en 茅vidence des opportunit茅s qui existent dans cet espace ; nouvelles industries, emplois et d茅veloppement.
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En quoi consiste exactement ce r么le et qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
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Mon r么le consiste 脿 mobiliser les acteurs non 茅tatiques dans l'action climatique et 脿 activer la "boucle de l'ambition" avec les gouvernements nationaux.
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Il est clair que l'action climatique n茅cessite la participation de tous les niveaux de leadership et cette ann茅e, il est important que nous ayons une forte pr茅sence africaine dans les discussions sur l'action climatique. 听Mon objectif est de faire en sorte que leur voix soit entendue.
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En outre, les entreprises et la finance jouent un r么le dans l'entra卯nement de la boucle de l'ambition, et il est important de veiller 脿 ce que les 茅conomies et les acteurs africains profitent des innombrables possibilit茅s offertes par la nouvelle r茅volution industrielle.听
听Il est difficile de conduire une approche de z茅ro net sans mentionner une transition g茅r茅e, juste et financ茅e pour que l'Afrique s'industrialise.
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脌 quoi ressemblera le succ猫s pour vous ?
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L'espace de l'action climatique et du changement climatique est g茅n茅ralement domin茅 par l'Occident et ax茅 sur la r茅duction des 茅missions de carbone sans aborder les questions de d茅veloppement. Notre espoir est de d'insister sur le lien entre la r茅alisation des Objectifs de d茅veloppement durable (ODD) et l'action climatique dans les pays en d茅veloppement, en mettant l'accent sur l'Afrique.
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Il faut aussi mobiliser des fonds pour les projets d'action climatique, en particulier dans les domaines de l'茅nergie et de l'eau. La pauvret茅 茅nerg茅tique est l'un des probl猫mes qui affligent l'Afrique et le continent a besoin d'茅nergie pour se d茅velopper et am茅liorer la vie de ses habitants. Il est difficile de conduire une approche de net z茅ro sans mentionner une transition g茅r茅e, juste et financ茅e pour que l'Afrique s'industrialise.
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L'Afrique ne peut pas utiliser la m锚me approche que l'Occident.
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Cela dit, il est n茅cessaire de compiler les projets d'action climatique pr锚ts 脿 锚tre investis sur tout le continent, de renforcer la pr茅sence africaine lors de la COP27, d'organiser davantage d'茅v茅nements ax茅s sur l'Afrique, de faire entendre la voix des Africains dans le processus et de mobiliser des ressources pour les projets africains.听
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Il est n茅cessaire de compiler les projets d'action climatique pr锚ts 脿 锚tre investis sur tout le continent, de renforcer la pr茅sence africaine lors de la COP27, d'organiser davantage d'茅v茅nements ax茅s sur l'Afrique et de faire entendre la voix des Africains dans le processus et la mobilisation des ressources pour les projets africains.听
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Pour pr茅parer la r茅union en 脡gypte, nous avons accueilli le Forum r茅gional africain sur les initiatives climatiques pour financer l'action climatique et les ODD (d茅but ao没t 2022 脿 Addis Abeba, 脡thiopie). 听
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De plus, pendant la Semaine africaine du climat (29 ao没t-2 septembre 2022 脿 Libreville, Gabon), l'accent sera mis sur la mobilisation de fonds pour l'action climatique en Afrique, le financement de projets innovants, le financement d'une nouvelle 茅conomie dans le contexte de la Zone de libre-茅change continentale africaine (ZLECAf) et le d茅veloppement d'un march茅 africain du carbone efficace.
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De nombreux pays africains tentent de s'adapter au changement climatique, de se remettre de l'impact du COVID-19 et doivent maintenant faire face aux retomb茅es de la guerre en Ukraine. De quelle mani猫re l'Afrique peut-elle 锚tre un agent de l'action climatique en ces temps ?
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De nombreux pays sont entr茅s dans la crise de la COVID-19 avec des vuln茅rabilit茅s de la dette bien plus importantes que celles qu'ils avaient au d茅but de la crise financi猫re mondiale. 听Cela a eu pour cons茅quence de limiter l'espace fiscal dont dispose l'Afrique pour simultan茅ment renforcer sa r茅silience au changement climatique et r茅pondre suffisamment 脿 la pand茅mie.
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Tout d'abord, nous devons d茅bloquer les contraintes de liquidit茅 ; les promesses de recycler au moins 25 pour cent des droits de tirage sp茅ciaux allou茅s par l'Europe doivent 锚tre concr茅tis茅es conform茅ment 脿 l'Accord de Paris et 脿 l'appel du Pr茅sident Macron, dont 100 milliards de dollars doivent 锚tre allou茅s aux pays africains.
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Lorsque les promesses sont honor茅es, le financement climatique peut faire partie de la solution pour all茅ger les pressions gr芒ce 脿 des 茅changes de dettes contre le climat et de dettes contre la nature.听
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Il doit y avoir plus d'efforts internationaux pour financer les ambitions de l'Afrique en mati猫re de d茅veloppement et d'action climatique. Un point de d茅part doit 锚tre de s'attaquer aux contraintes budg茅taires de l'Afrique. L'Afrique aura 茅galement besoin d'une augmentation importante du financement international public et priv茅. 脌 ce jour, seuls 80 milliards de dollars sur les 100 milliards de dollars par an que les pays d茅velopp茅s se sont engag茅s 脿 verser aux pays en d茅veloppement d'ici 2020 ont 茅t茅 respect茅s. Sur ce montant, seuls environ 20 milliards de dollars ont 茅t茅 fournis 脿 l'Afrique entre 2016 et 2019.
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Lorsque les promesses sont honor茅es, le financement climatique peut faire partie de la solution pour all茅ger les pressions gr芒ce 脿 des 茅changes de dettes contre le climat et de dettes contre la nature.
Vous 锚tes une ancienne ministre charg茅e de l'investissement, du commerce et de l'industrie au Botswana, et une ardente d茅fenseuse de la ZLECAf. Comment l'Afrique peut-elle r茅pondre 脿 ses aspirations d'industrialisation tout en restant sur une trajectoire de durabilit茅 ?
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La ZLECAf repr茅sente l'茅tat des ambitions 茅conomiques de l'Afrique. Le changement climatique repr茅sente un risque s茅rieux qui peut saper les avantages 茅conomiques que la ZLECAf est cens茅e apporter. Nous savons que le PIB du continent est vuln茅rable aux sch茅mas climatiques extr锚mes, la plupart de nos 茅conomies 茅tant d茅pendantes des ressources naturelles, c'est-脿-dire des min茅raux, de l'agriculture et de la faune. Il est imp茅ratif que la mise en 艙uvre de la ZLECAf et l'engagement des parties prenantes refl猫tent 茅galement le commerce comme un levier de croissance durable, align茅 sur l'Agenda 2063.
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Les opportunit茅s offertes par une transition g茅r茅e, juste et financ茅e sont nombreuses - opportunit茅s de nouvelles industries et d茅veloppement de cha卯nes de valeur vertes.
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Il est int茅ressant de noter que cela a conduit 脿 la reconnaissance des connaissances indig猫nes africaines et des semences et aliments produits localement, une 茅volution bienvenue pour l'agriculture et ceux qui ont 茅t茅 historiquement laiss茅s 脿 l'茅cart des 茅conomies modernes dominantes.听
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La ZLECAf repr茅sente l'茅tat des ambitions 茅conomiques de l'Afrique. Le changement climatique repr茅sente un risque s茅rieux qui peut compromettre les avantages 茅conomiques que la ZLECAf est cens茅e apporter. Nous savons que le PIB du continent est vuln茅rable aux mod猫les climatiques extr锚mes, la plupart de nos 茅conomies d茅pendant des ressources naturelles, c'est-脿-dire des min茅raux, de l'agriculture et de la faune.
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Il est imp茅ratif que la mise en 艙uvre de la ZLECAf et l'engagement des parties prenantes refl猫tent 茅galement le commerce comme un levier de croissance durable, align茅 sur l'Agenda 2063. "L'Afrique que nous voulons" qui aspire 脿 construire une Afrique prosp猫re sur la base d'une croissance inclusive et d'un d茅veloppement durable, en mettant l'accent sur l'importance de construire des "茅conomies et des communaut茅s durables sur le plan environnemental et r茅sistantes au climat".听
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Il doit y avoir une r茅serve claire de projets bancables et pr锚ts 脿 锚tre investis dans trois domaines essentiels : les transitions 茅nerg茅tiques et les investissements connexes dans les infrastructures durables ; les investissements dans l'adaptation et la r茅silience au changement climatique ; et la restauration du capital naturel (par le biais de l'agriculture, de l'alimentation et des pratiques d'utilisation des terres) et de la biodiversit茅.
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L'adaptation sera au c艙ur des discussions de la COP27, et une priorit茅 absolue pour l'Afrique. Cependant, le financement n'est pas arriv茅. Que doit-il se passer pour progresser sur ces engagements ?
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Il doit y avoir une r茅serve claire de projets bancables et pr锚ts 脿 锚tre investis dans trois domaines critiques : les transitions 茅nerg茅tiques et les investissements connexes dans les infrastructures durables ; les investissements dans l'adaptation et la r茅silience au changement climatique ; et la restauration du capital naturel (par le biais de l'agriculture, de l'alimentation et des pratiques d'utilisation des terres) et de la biodiversit茅. Il s'agit de faire face aux suggestions selon lesquelles les pays africains ne disposent pas d'une r茅serve de projets bancables et pr锚ts 脿 锚tre investis.
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En plus des engagements des 脡tats membres, les pays d茅velopp茅s doivent travailler avec les pays en d茅veloppement pour attirer les investissements du secteur priv茅 gr芒ce 脿 des outils de r茅duction des risques et des options de financement innovantes. Le Groupe de n茅gociateurs africains a demand茅 que 1 300 milliards de dollars par an de financement climatique soient mis 脿 disposition 脿 partir de 2025.
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Lors de la COP15 en 2009, les parties ont convenu d'un financement du climat de 100 milliards de dollars par an d'ici 2020, cependant, comme mentionn茅 pr茅c茅demment, seulement environ 20 milliards de dollars ont 茅t茅 fournis 脿 l'Afrique sur la p茅riode 2016-2019. Le manque 脿 gagner ne fera qu'augmenter s'il n'y a pas de mouvements s茅rieux pour honorer ces engagements.
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Qu'est-ce qui te permet de rester optimiste quant au travail sur le changement climatique ?
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Il y a tellement d'opportunit茅s dans l'茅conomie verte. Ces opportunit茅s peuvent donner un tout nouvel 茅lan 脿 la croissance et au d茅veloppement de nombreux pays africains si elles sont financ茅es et si elles sont pleinement mises en 艙uvre. Je suis optimiste quant 脿 la "nouvelle 茅conomie", nous avons besoin des industries et des emplois.
