缅北禁地

Une marche 脿 l'ouverture du Forum social mondial 脿 Dakar au S茅n茅gal.

Photo: Forum social mondial / Creative Commons

Pourquoi la CSI-Afrique est-elle pr茅sente au Forum social mondial ? Les syndicats, avec leurs nombreux adh茅rents, ne sont-ils pas diff茅rents des organisations non gouvernementales (ONG) et des groupes d'activistes majoritaires ici ?

La CSI-Afrique a toujours suivi le Forum social mondial. Cette manifestation propose d'autres solutions au monde dans lequel nous vivons. Nous sommes ici pour diffuser nos id茅es, mais aussi pour 茅changer avec la soci茅t茅 civile du reste du monde.

Nos syndicats tendent la main aux ONG, m锚me si celles-ci ne comptent pas d'adh茅rents. Les ONG th茅matiques ont acquis un savoir-faire consid茅rable et les syndicats ne demandent qu'脿 s'en inspirer. Syndicats et ONG peuvent toujours trouver un moyen de travailler ensemble, en d茅pit de leurs divergences. Malgr茅 l'impact consid茅rable de leurs activit茅s 茅conomiques sur la soci茅t茅, les syndicats ne parviennent pas 脿 se faire conna卯tre. Ils partent du principe qu'on les conna卯t. Les ONG, quant 脿 elles, ne m茅nagent aucun effort pour se faire entendre.

Quel r么le jouent les syndicats africains dans les mouvements de r茅formes d茅mocratiques et 茅conomiques qui agitent le continent?

Les syndicats ont activement particip茅 脿 la lutte contre le colonialisme dans les ann茅es 1950 et 60. Le Ghana, le Nig茅ria, le Kenya et la Guin茅e en sont de bons exemples. De m锚me en Afrique du Sud, en Namibie et au Zimbabwe 脿 la fin des ann茅es 70 et 80. Ils ont 茅galement 茅t茅 pr茅sents lors de la seconde vague de revendications d茅mocratiques [dans les ann茅es 90, ndlr].

Aujourd'hui l'Afrique s'ouvre aux investissements. 脌 la veille de la crise financi猫re mondiale, les taux de croissance y 茅taient encourageants, mais la plupart de nos syndicats ne se sont pas enthousiasm茅s. Pour la simple raison que cette croissance ne semble pas cr茅er des emplois. Qui plus est, cette croissance touche surtout les activit茅s d'extraction et de forage鈥� min茅raux et p茅trole. Elle ne fait que confirmer le statut actuel des 茅conomies africaines, qui fournissent des mati猫res premi猫res aux march茅s des pays d茅velopp茅s pour stimuler leur industrialisation. Il n'y a pas de v茅ritable valeur ajout茅e 脿 notre croissance. Les industries extractives ne stimulent pas le reste de l'茅conomie.

Quel a 茅t茅 l'impact de la crise financi猫re mondiale?

Dans les pays d茅velopp茅s, les gens semblent pr茅occup茅s par un taux de ch么mage de 20%. En Afrique, nous y sommes habitu茅s, le ch么mage est end茅mique. Parfois ce ph茅nom猫ne est occult茅 par ce qu'on appelle l'茅conomie informelle. Ce type d'茅conomie n'offre pas de protection sociale [allocation-ch么mage, assurance m茅dicale et autres, ndlr] aux Africains. C'est en r茅alit茅 du ch么mage qui ne dit pas son nom. Dans certains de nos pays, il atteint les 80%! Ce n'est qu'en Afrique du Sud et dans certaines r茅gions de l'Afrique du Nord que la part du secteur salarial d茅passe les 30 脿 40%.

Le mouvement syndical s'efforce en g茅n茅ral d'obtenir de meilleures conditions d'emploi pour nos adh茅rents, qui travaillent surtout dans le secteur 茅conomique formel. Mais depuis une d茅cennie notre attention s'est port茅e sur un probl猫me majeur, 脿 savoir la structure des 茅conomies en place. Nous sommes persuad茅s qu'il est possible d'offrir un filet de s茅curit茅 sociale pour tous, compte tenu des ressources dont dispose notre plan猫te.

Comme partout ailleurs sur le continent, les travailleurs en Afrique du Sud sont 脿 la recherche d'emplois d茅cents.

Photo: Reuters / Mike Hutchings

Comment cr茅er des emplois en Afrique, compte tenu de l'impact conjugu茅 du sous-d茅veloppement et de la mondialisation?

D'une part, nous essayons d'aider nos adh茅rents 脿 renforcer leurs capacit茅s de recherche et d'action, 脿 茅tablir le dialogue avec leurs autorit茅s nationales. D'autre part, nous nous inspirons de l'exp茅rience de certains de nos syndicats, qui ont mis au point des alternatives au n茅o-lib茅ralisme en Afrique australe (ANSA)*. Ils 茅tudient actuellement dans diff茅rents pays les moyens permettant aux syndicats de mettre au point des alternatives, en coop茅ration avec d'autres acteurs de la soci茅t茅 civile.

Le n茅o-lib茅ralisme est un terme utilis茅 pour d茅crire ce que certains consid猫rent comme des politiques de march茅 pouss茅es 脿 l'extr锚me 鈥� march茅s financiers d茅r茅glement茅s, 茅changes illimit茅s et 茅limination des filets de s茅curit茅 sociale publique. Quelles solutions de rechange proposent les syndicats africains?

C'est l'ANSA, justement. Le d茅veloppement devrait d'abord viser les peuples, pas les march茅s. L'affirmation de ce principe devrait se traduire par la mise en place de politiques de participation et de contr么le populaire des ressources, permettant aux gens de d茅cider pour eux-m锚mes. Toute la question de l'int茅gration de l'Afrique y est reli茅e. Il nous faut nous red茅finir par nos traits communs et mettre en place des syst猫mes de gouvernance facilitant l'harmonisation entre diff茅rentes r茅gions du continent, avant de pouvoir nous mesurer au reste du monde.

Ces types de changements 茅conomiques ne sont-ils pas subordonn茅s 脿 des bouleversements politiques?

Certainement. 脌 l'aube de l'ind茅pendance les puissances coloniales ont d茅coup茅 nos r茅gions en petits pays. Lors de la premi猫re vague d'ind茅pendances nos dirigeants ont sembl茅 s'en contenter, trop occup茅s 脿 prot茅ger leur nouvelle souverainet茅. Cette situation continue 脿 nous faire du tort. L'Afrique compte 54 petits pays, chacun disposant d'une certaine souverainet茅. Il n'est pas possible de traiter avec le reste du monde dans ces conditions. Dans le m锚me temps, le reste du monde nous voit comme une entit茅 unique.

Il nous faut d茅f茅rer de v茅ritables pouvoirs 脿 un m茅canisme central, tout en pr茅servant l'autonomie locale garante de notre diversit茅. Il est temps d'en finir avec les barri猫res artificielles qui nous s茅parent. Il faut r茅am茅nager nos existences pour pouvoir nous r茅affirmer en tant qu'Africains. Cette 茅tape franchie, personne ne pourra plus nous dicter ses conditions.

Mais pour en arriver l脿, la structure de l'脡tat africain devra changer. La d茅mocratie devra y 锚tre bien plus pr茅sente. Il faudra d茅l茅guer davantage de pouvoirs 脿 la population pour qu'elle puisse d茅cider pour elle-m锚me. Tel est, 脿 mon avis, le programme politique pour l'Afrique auquel nous pouvons apporter notre soutien, en tant que syndicats.

Les travaux du Forum social mondial ont pour th猫me "Un autre monde est possible". 脌 votre avis, une autre Afrique est-elle possible?

Il n'y a qu'脿 voir la Tunisie et l'脡gypte aujourd'hui. Ce sont des pays africains. Je dirais qu'une autre Afrique est en train de na卯tre.鈥傗�傗�傗�傗��