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D¨¦velopper le leadership jeune

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D¨¦velopper le leadership jeune

Former de jeunes leaders peut aider aux transformations sociales
Franck Kuwonu
Afrique Renouveau: 
Students at the African Leadership University in Mauritius. Photo: ALU website
Photo: ALU website
?tudiants ¨¤ l¡¯African Leadership University ¨¤ Maurice. Photo: ALU website

Gr?ce ¨¤ une simple bourse de la Commission ¨¦conomique des Nations Unies pour l¡¯Afrique (CEA) en tant que boursi¨¨re du programme de leadership Ibrahim, Marian Yinusa a un impact sur la vie des ¨¦coli¨¨res de sa ville natale au nord du Nig¨¦ria.

Actuellement ¨¦conomiste financi¨¨re principale ¨¤ la Banque africaine de d¨¦veloppement (BAD), Mme Yinusa dirige la fondation GENN Initiative (Girls Education in Northern Nigeria), qui finance la scolarisation de jeunes filles.

Elle dirait probablement que ses nombreuses r¨¦alisations ont ¨¦t¨¦ une surprise, mais elle souhaitait aider les filles ¨¤ vaincre les obstacles pour qu¡¯elles puissent aller ¨¤ l¡¯¨¦cole. ? Je voulais faire quelque chose pour les aider ?, a-t-elle confi¨¦.

? la CEA ¨¤ Addis-Abeba, elle a suivi de pr¨¨s des hauts fonctionnaires, ce qui lui a permis d¡¯avoir davantage de responsabilit¨¦s et d¡¯obtenir une promotion.

Selon la Fondation Mo Ibrahim, sponsor du programme de bourses, le but est d¡¯encadrer les futurs leaders en leur offrant la possibilit¨¦ de travailler aux plus hauts niveaux de la BAD, de la CEA ou du Centre du commerce international (CCI).

Mme Yinusa fait partie des 18 boursiers ayant b¨¦n¨¦fici¨¦ jusqu¡¯¨¤ pr¨¦sent du programme. Elle d¨¦crit son exp¨¦rience comme un ? apprentissage par l¡¯observation ?.

Eddy Oketch, le septi¨¨me d¡¯une fratrie de huit enfants, qui a abandonn¨¦ l¡¯¨¦cole pour subvenir aux besoins de sa famille, a transform¨¦ sa capacit¨¦ intuitive d¡¯organisation en bourse Ibrahim en 2017.

Carl Manlan, boursier en 2014, se souvient : ? J¡¯ai suivi le travail des hauts fonctionnaires et assist¨¦ ¨¤ la plupart des r¨¦unions du secr¨¦taire ex¨¦cutif de la CEA. ?

M. Manlan dirige actuellement la Fondation Ecobank, la branche caritative de la banque de d¨¦tail et d¡¯investissement d¡¯Afrique de l¡¯Ouest, bas¨¦e ¨¤ Lom¨¦, au Togo. Apr¨¨s sa bourse, M. Manlan a ¨¦t¨¦ secr¨¦taire ex¨¦cutif du fonds de solidarit¨¦ africain de lutte contre Ebola (Africa against Ebola Solidarity Trust), une organisation qui s¡¯est associ¨¦e ¨¤ l¡¯Union Africaine entre 2014 et 2015 pour mobiliser des fonds afin de former des agents de sant¨¦ africains afin de lutter contre Ebola en Guin¨¦e, au ³¢¾±²ú¨¦°ù¾±²¹ et en Sierra Leone.

Outre la bourse Ibrahim, les initiatives de formation au leadership comprennent l¡¯African Leadership Initiative, l¡¯African Leadership Institute, la Young African Leaders Initiative, l¡¯African Leadership Development Program, l¡¯Africa Science Leadership Programme et l¡¯African Leadership Academy (ALA).

L¡¯ALA est une ¨¦cole secondaire panafricaine bas¨¦e ¨¤ Johannesburg o¨´ plus de 700 ¨¦tudiants de 45 pays ont re?u une formation ces 10 derni¨¨res ann¨¦es.

Les leaders de demain

? L¡¯Afrique n¡¯a pas besoin de leaders de 75 ou 65 ans. Nous avons besoin de leaders jeunes, dynamiques, innovateurs, auxquels la jeunesse peut s¡¯identifier ?, a d¨¦clar¨¦ Gra?a Machel, veuve de Nelson Mandela, lors de la c¨¦l¨¦bration du 10e anniversaire de l¡¯ALA ¨¤ Johannesburg en f¨¦vrier.

Le milliardaire soudanais Mo Ibrahim, entrepreneur et philanthrope, a d¨¦nonc¨¦ l¡¯enracinement des leaders africains vieillissant, pr¨ºts ¨¤ tout pour rester au pouvoir et qui ¨¦cartent les jeunes g¨¦n¨¦rations.

Fred Swaniker, expert en leadership et cofondateur de l¡¯ALA, a cr¨¦¨¦ l¡¯acad¨¦mie car en grandissant dans des pays comme le Ghana, la Gambie, le Botswana, l¡¯Afrique du Sud et le Zimbabwe, il a compris la diff¨¦rence que pouvait faire une formation en leadership dans un pays.

Il reproche aux leaders post-ind¨¦pendance de ? n¡¯avoir rien fait, sinon ravag¨¦ l¡¯Afrique ?, mais fait l¡¯¨¦loge de leaders tels que Paul Kagame au Rwanda et Nelson Mandela en Afrique du Sud.

M. Swaniker envisage une g¨¦n¨¦ration de jeunes leaders qui seront capables de cr¨¦er la prosp¨¦rit¨¦.

La bourse Ibrahim de six ans n¡¯implique pas de formation acad¨¦mique ou de s¨¦minaires.

L¡¯ALA met quant ¨¤ elle en place un r¨¦seau d¡¯¨¦coles de leadership, et esp¨¨re former trois millions de leaders africains dans les 50 prochaines ann¨¦es, indique M. Swaniker. Le premier campus ouvert ¨¤ Maurice en 2015 et le deuxi¨¨me au Rwanda en 2017.

Les d¨¦bats sur l¡¯Afrique ¨¦voquent le manque d¡¯¨¦lectricit¨¦, la pauvret¨¦, le ch?mage, les emplois sous pay¨¦s,? la lenteur de l¡¯industrialisation ¡ª et les moyens de mobiliser des ressources pour relever ces d¨¦fis. Il faut un bon leadership, a d¨¦clar¨¦ Sam Adeyemi, consultant, lors d¡¯un d¨¦bat en ligne du Forum ¨¦conomique mondial sur l¡¯Afrique 2017.

M. Swaniker a fait remarquer que ? on ne na?t pas grand leader¡ª on le devient ?, et d¡¯ajouter que la formation de ? leaders qui ¨¦l¨¨vent les soci¨¦t¨¦s au sommet ? fait le succ¨¨s des nations.

R¨¦trospectivement, les deux b¨¦n¨¦ficiaires de la formation en leadership, Mme Yinusa et M. Manlan, croient que l¡¯exp¨¦rience pratique au sein d¡¯organisations multinationales leur a ¨¦t¨¦ b¨¦n¨¦fique. M. Manlan estime que la bourse lui a permis d¡¯acqu¨¦rir les connaissances et l¡¯exp¨¦rience n¨¦cessaires pour assumer des fonctions de gestion de plus en plus nombreuses au niveau international. Il souhaiterait donc que d¡¯autres institutions proposent davantage de programmes de ce type.

Jacqueline Musiitwa, qui a re?u une bourse au CCI en 2012, dirige maintenant la branche ougandaise de Financial Sector Deepening, un programme financier soutenu par le gouvernement britannique pour r¨¦duire la pauvret¨¦ en Afrique. Ayant d¨¦j¨¤ particip¨¦ ¨¤ de nombreux programmes et s¨¦minaires de leadership de courte dur¨¦e, elle a

? imm¨¦diatement saut¨¦ ? sur l¡¯occasion d¡¯aller au CCI. ? De toutes les formations que j¡¯ai suivies, c¡¯¨¦tait la seule qui offrait une exp¨¦rience professionnelle, et c¡¯est la meilleure ¨¤ ce jour ?, dit-elle.

Mme Musiitwa a suivi une formation d¡¯avocate et fond¨¦ en 2007 le Hoja Law Group, une soci¨¦t¨¦ de conseil juridique sur les questions de gouvernance d¡¯entreprise, de droit commercial et de droit public qui op¨¨re ¨¤ Kigali et ¨¤ New York. Elle a particip¨¦ au Forum ¨¦conomique mondial de 2011 en tant que Jeune leader mondial, et jongle maintenant entre la pratique du droit et d¡¯autres emplois. Elle pense que l¡¯Afrique n¡¯offre pas suffisamment d¡¯opportunit¨¦s de d¨¦veloppement du leadership pour les jeunes professionnels.

Les a?n¨¦s

En plus des programmes officiels de formation au leadership, les leaders actuels doivent ¨¦galement contribuer au d¨¦veloppement des jeunes, affirment les analystes.

En f¨¦vrier, l¡¯ancienne pr¨¦sidente lib¨¦rienne Ellen Johnson Sirleaf a remport¨¦ le Prix Mo Ibrahim pour son leadership accompli, apr¨¨s avoir dirig¨¦ le redressement de son pays par la r¨¦conciliation et l¡¯¨¦dification de la nation, apr¨¨s des ann¨¦es de conflits sanglants.

Lanc¨¦ en 2006, le prix vise ¨¤ promouvoir la bonne gouvernance et les transitions politiques pacifiques en mettant ¨¤ l¡¯honneur les pr¨¦sidents africains qui, selon la Fondation Mo Ibrahim, ? ont d¨¦velopp¨¦ leur pays et renforc¨¦ la d¨¦mocratie et les droits de l¡¯homme ? et sont des ? mod¨¨les exceptionnels pour le continent ?.

En janvier, Mme Sirleaf a c¨¦d¨¦ le pouvoir ¨¤ George Weah, 51 ans.

Il semble toutefois y avoir un d¨¦ficit de leaders politiques hors du commun; sur une d¨¦cennie, ¨¤ l¡¯exception de M. Mandela, seulement cinq dirigeants ont satisfait aux crit¨¨res du prix : Mme Sirleaf (2018), Joaquim Chissano du Mozambique (2007), Festus Mogae du Botswana (2008), Pedro Pires du Cap Vert (2011) et Hifikepunye Pohamba de Namibie (2014).

Entre la formation acad¨¦mique d¨¦fendue par l¡¯ALA et l¡¯exp¨¦rience de vie encourag¨¦e par la bourse Ibrahim, il semble y avoir ? de la place pour beaucoup plus ? d¡¯efforts dans la formation de jeunes leaders, dit Mme Musiitwa. ? ?