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La COP26 dont l'Afrique a besoin

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Ãå±±½ûµØClimate Change
Participants ¨¤ l'occasion de la conf¨¦rence des Nations Unies sur le changement climatique ¨¤ Glasgow.

Alors que les dirigeants mondiaux se rendent ¨¤ Glasgow pour la?Conf¨¦rence des Nations Unies sur les changements climatiques(COP26), l'Afrique a besoin d'une action collective d¨¦cisive plut?t que de mots plus encourageants.

ABIDJAN ¨C Pr¨¨s de deux ans apr¨¨s le d¨¦but de la pand¨¦mie de COVID-19, la nature in¨¦gale de la r¨¦ponse mondiale ¨¤ la crise est flagrante. Alors que tr¨¨s peu de pays africains ont r¨¦ussi ¨¤ d¨¦penser l'¨¦quivalent de 1 % de leur PIB pour lutter contre cette urgence sanitaire pratiquement sans pr¨¦c¨¦dent, les ¨¦conomies occidentales??plus de 10 000 milliards de dollars, soit 30 % de leur PIB combin¨¦, pour y faire face. L'Europe et les ?tats-Unis ont enti¨¨rement vaccin¨¦??et??de leurs populations adultes contre la COVID-19, respectivement. Pendant ce temps, en Afrique, moins de 6 % des adultes ont ¨¦t¨¦?. De plus, tandis que certains pays occidentaux administrent d¨¦j¨¤ des rappels, l'Afrique ne parvient pas ¨¤ obtenir les premi¨¨res doses.

Cette iniquit¨¦ syst¨¦mique est ¨¦galement ¨¦vidente dans les efforts d¨¦ploy¨¦s pour faire face ¨¤ la crise climatique. Les catastrophes climatiques, comme les virus, ne connaissent pas de fronti¨¨res. Pourtant, alors que les gouvernements des pays du Nord r¨¦agissent ¨¤ de tels ¨¦v¨¦nements en empruntant sur les march¨¦s des capitaux ¨¤ un co?t n¨¦gligeable afin de financer des plans de relance et d'investissement, les pays africains doivent compter soit sur des retomb¨¦es de liquidit¨¦s li¨¦es ¨¤ des initiatives de suspension de dette, soit sur des promesses d'aide, soit sur un financement sur le march¨¦ des capitaux ¨¤ un co?t exorbitant. Aucune de ces options ne fournit actuellement ¨¤ ces ¨¦conomies l'investissement initial en capital dont elles ont besoin pour am¨¦liorer leurs perspectives ¨¤ long terme.

Notre plan repose sur quatre piliers. Premi¨¨rement, les ¨¦conomies d¨¦velopp¨¦es doivent tenir la promesse qu'elles ont faite dans l'accord de Paris sur le climat de 2015 de fournir 100 milliards de dollars par an pour aider ¨¤ couvrir les co?ts d'adaptation et de transition des pays en d¨¦veloppement. Apr¨¨s tout, les engagements que les pays en d¨¦veloppement ont pris ¨¤ Paris ¨¦taient conditionn¨¦s ¨¤ cet engagement. Le non-respect de cet engagement tardif maintenant, avec la moiti¨¦ des 100 milliards de dollars r¨¦serv¨¦s aux co?ts d'adaptation, sapera le principe m¨ºme de l'action multilat¨¦rale. C'est une disposition d'un accord international et elle doit ¨ºtre respect¨¦e.

Le fait que le monde d¨¦velopp¨¦ ait mobilis¨¦ 10 000 milliards de dollars pour lutter contre la pand¨¦mie rien qu'en 2020 montre ¨¤ quel point un montant de 100 milliards de dollars par an est vraiment minime. Pourtant, au cours de la m¨ºme p¨¦riode, l'aide publique au d¨¦veloppement?en termes r¨¦els.

Le deuxi¨¨me pilier consiste ¨¤ aligner les march¨¦s financiers sur les objectifs de l'accord de Paris. Il est essentiel d'int¨¦grer l'impact du changement climatique dans les d¨¦cisions d'investissement, et le d¨¦ploiement judicieux de capitaux priv¨¦s dans les secteurs verts transformera les pays africains et les ¨¦conomies en d¨¦veloppement en g¨¦n¨¦ral. ? cette fin, la Glasgow Financial Alliance for Net Zero, pr¨¦sid¨¦e par l'ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a r¨¦uni des entreprises totalisant??d'actifs.

Il doit maintenant y avoir un effort urgent et d¨¦termin¨¦ pour canaliser ce financement priv¨¦ vers des secteurs en croissance respectueux du climat en Afrique et dans d'autres pays en d¨¦veloppement. Dans cet esprit, la Commission ¨¦conomique des Nations Unies pour l'Afrique a??plus t?t cette ann¨¦e une??qui vise ¨¤ r¨¦duire les co?ts d'emprunt li¨¦s aux investissements verts en d¨¦veloppant un march¨¦ de rachat (? repo ?) pour le continent. L'initiative, qui sera id¨¦alement financ¨¦e par un financement d'amor?age de 3 milliards de dollars en droits de tirage sp¨¦ciaux (l'actif de r¨¦serve du Fonds mon¨¦taire international), vise ¨¤ r¨¦duire le risque des investissements priv¨¦s en Afrique et ¨¤ aider la r¨¦gion ¨¤ augmenter sa part ¨C actuellement??¨C du march¨¦ mondial des obligations vertes.

La R¨¦publique d'Afrique du Sud a r¨¦cemment ¨¦mis des obligations vertes pour 3 milliards de rands (196 millions de dollars) pour refinancer son secteur ¨¦nerg¨¦tique. De telles ¨¦missions sont un??du type d'investissement qui est possible en d¨¦bloquant les march¨¦s obligataires pour l'Afrique. Nous devons faire de ces investissements la r¨¨gle plut?t que l'exception.

En outre, le Groupe de la Banque africaine de d¨¦veloppement (BAD) a ±è°ù´Ç±è´Ç²õ¨¦ la cr¨¦ation d'un m¨¦canisme africain de stabilit¨¦ financi¨¨re. Un tel programme permettra d'¨¦viter que de futurs chocs financiers en Afrique ¨C le seul continent sans Accord de financement r¨¦gional ¨C n'aient des effets d'entra?nement transfrontaliers.

Le troisi¨¨me pilier est de fournir les ressources importantes dont l'Afrique a besoin pour permettre ¨¤ ses ¨¦conomies de s'adapter au r¨¦chauffement climatique. Le changement climatique??au continent 7 ¨¤ 15 milliards de dollars par an et menace ¨¤ la fois la s¨¦curit¨¦ alimentaire et l'utilisation de l'hydro¨¦lectricit¨¦. Mais l'Afrique subsaharienne, qui??moins de 4 % des ¨¦missions mondiales de GES, ne??que 5 % du financement climatique total en dehors de l'OCDE.

Au lieu d'attendre simplement qu'un tel financement se mat¨¦rialise, l'Afrique s'attaque de front ¨¤ l'adaptation au climat avec des solutions locales. La BAD consacre actuellement??¨¤ l'adaptation, la part la plus ¨¦lev¨¦e de toutes les institutions financi¨¨res multilat¨¦rales, et s'est engag¨¦e ¨¤ doubler ce financement ¨¤ 25 milliards de dollars d'ici 2025. La BAD et le Centre mondial pour l¡¯adaptation ont ¨¦galement cr¨¦¨¦??(AAAP) pour aider ¨¤ augmenter les investissements d'adaptation rentables dans la r¨¦gion. La mobilisation de 25 milliards de dollars via l'AAAP sera un premier pas vers l'investissement dans une relance verte pour l'Afrique.

Enfin, toute solution au changement climatique doit aborder le commerce, ¨¦l¨¦ment vital de l'¨¦conomie mondiale. La cl¨¦ pour mettre fin ¨¤ notre malaise ¨¦conomique actuel est de garantir une ouverture et une pr¨¦visibilit¨¦ constantes, notamment en s'engageant ¨¤ respecter des r¨¨gles commerciales mondiales align¨¦es sur les objectifs de l'accord de Paris.

Des blocs r¨¦gionaux tels que la nouvelle Zone de libre-¨¦change continentale africaine peuvent donner une impulsion pour ancrer notre engagement en faveur d'un d¨¦veloppement sobre en carbone. Nous devons reconna?tre les besoins sp¨¦cifiques de l'Afrique, reconna?tre la vuln¨¦rabilit¨¦ du continent au changement climatique et identifier les r¨¦gions et les communaut¨¦s o¨´ ses cons¨¦quences ont caus¨¦ le plus de dommages.

Le sommet des Nations Unies sur le climat de l'ann¨¦e prochaine, la COP27, aura lieu en Afrique, et nous sommes impatients d'accueillir le monde. Mais les pays d¨¦velopp¨¦s doivent tenir leurs promesses climatiques de longue date envers la r¨¦gion bien avant cela ¨C en commen?ant ¨¤ Glasgow.


Akinwumi A. Adesina est pr¨¦sident de la Banque africaine de d¨¦veloppement.

Ngozi Okonjo-Iweala, directrice g¨¦n¨¦rale de l'Organisation mondiale du commerce, a ¨¦t¨¦ directrice g¨¦n¨¦rale de la Banque mondiale, ministre des finances du Nigeria, pr¨¦sidente du conseil d'administration de Gavi, l'Alliance du vaccin, et envoy¨¦e sp¨¦ciale de l'Union africaine pour le COVID-19. Elle est membre distingu¨¦ de la Brookings Institution et leader public mondial ¨¤ la John F. Kennedy School of Government de l'universit¨¦ Harvard.

Vera Songwe est Secr¨¦taire g¨¦n¨¦rale adjointe des Nations Unies et Secr¨¦taire ex¨¦cutive de la Commission ¨¦conomique des Nations Unies pour l'Afrique.

Ibrahim Assane Mayaki, ancien Premier ministre du Niger, est directeur g¨¦n¨¦ral de l'Agence de d¨¦veloppement de l'Union africaine.

* Cet article a ¨¦t¨¦ publi¨¦ pour la premi¨¨re fois dans Project Syndicate

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