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Priorité aux droits de l'homme

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Priorité aux droits de l'homme

'Les droits de l'homme et les droits africains ne font qu'un', souligne le Secrétaire général
Afrique Renouveau: 
Focus on human rights: Mr. Annan with President Kabila (far left) and OAU Secretary-General Salim Salim
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L'accent sur les droits de l'homme : M. Annan avec le Président Kabila (à l'extrême gauche) et le Secrétaire général de l'OUA, Salim Salim

Dans une série de déclarations et de mesures démontrant ses convictions, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Kofi Annan, a, en juin, largement mis l'accent sur le fait que le respect des droits de l'homme était une priorité absolue pour tous les Etats, indissociable des objectifs universellement acceptés de démocratie et de développement durable. En faisant connaître sa position sur les droits de l'homme -- l'un des sujets les plus litigieux de la diplomatie internationale -- le Secrétaire général a notablement renforcé celle des champions de la cause, en particulier en Afrique, où le génocide rwandais et les graves troubles civils au Burundi, au Libéria et en Somalie ont fait de la protection des droits de l'homme et de l'instauration de régimes démocratiques des priorités absolues.

M. Annan a choisi le cadre du sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), tenu en juin à Harare (Zimbabwe), pour expliquer aussi clairement que possible comment, selon lui, les principes de la Charte des Nations Unies devraient inspirer l'élaboration des politiques nationales et internationales. "Nous ne réussirons", a-t-il dit le 2 juin, "pour autant que nous souscrivions à la démocratie, à l'inviolabilité des droits de l'homme et aux impératifs du développement durable".


L'accent sur les droits de l'homme : M. Annan avec le Président Kabila (à l'extrême gauche) et le Secrétaire général de l'OUA, Salim Salim; ci-dessus, le nouveau Haut Commissaire aux droits de l'homme, Mary Robinson.


Il a réaffirmé sa position à trois autres reprises dans les jours qui ont suivi : pendant sa première rencontre avec le Président Laurent-Désiré Kabila de la République démocratique du Congo; à l'occasion des remarques faites à Londres le 4 juin sur le coup d'Etat en Sierra Leone; et lors de la nomination le 12 juin au poste de Haut Commissaire aux droits de l'homme de Mme Mary Robinson, Président de l'Irlande et championne bien connue des droits de l'homme.

S'adressant à Harare aux chefs d'Etat africains, dont le soutien avait permis son élection au poste de Secrétaire général, M. Annan a instamment demandé que les droits de l'homme soient au coeur de tout programme visant à promouvoir la démocratie et le développement durable. Il a jugé "parfaitement déshonorantes" les assertions de ceux qui pensent que le respect des droits de l'homme est "un luxe des pays riches que l'Afrique ne peut pas encore s'offrir" ou "une sujétion -- sinon un complot -- imaginée par l'Occident industrialisé".

"Les mères africaines ne pleurent-elles pas leurs fils ou filles tués ou mutilés par les agents de régimes répressifs?", a-t-il demandé aux dirigeants africains, parmi lesquels se trouvaient le Président Pasteur Bizimungu du Rwanda, pays où une force rebelle avait mis fin au génocide perpétré par des extrémistes hutus, et le Président Kabila dont l'armée rebelle avait été accusée d'avoir commis, au cours de sa campagne militaire contre le régime de Mobutu, des atrocités sur la personne des réfugiés rwandais parmi lesquels se trouvaient des extrémistes hutus alliés au régime de Mobutu.


La nouvelle vision du Secrétaire général pour faire des principes de la Charte des Nations Unies une réalité.


Le Secrétaire général n'a laissé aucun doute quant à la réponse. "Aussi, vous dis-je, chers frères et soeurs, que droits de l'homme et droits africains ne font qu'un. Je vous engage à veiller à ce que tous les Africains en jouissent pleinement".

En établissant un lien entre le développement durable, la démocratie et les droits de l'homme, M. Annan a souligné que l'Afrique avait besoin de l'aide extérieure, mais il a également lancé un appel pressant aux Africains pour qu'ils prennent pleinement en main leur destinée en créant une société plus juste promouvant la paix. "En dernière analyse", a-t-il dit, c'est à l'Afrique "qu'il appartient de définir son avenir".

Lors de sa rencontre avec le Président Kabila le 3 juin, la première question soulevée par le Secrétaire général a été la situation humanitaire des réfugiés rwandais. M. Annan a obtenu à cet égard l'accord du Président de laisser des représentants du Haut Commissariat aux droits de l'homme se rendre dans la partie orientale du pays afin de vérifier les informations faisant état de violations flagrantes des droits de l'homme. Lorsque les autorités congolaises ont par la suite fait objection à la composition initiale de l'équipe chargée de l'enquête, M. Annan a promis de nommer rapidement une nouvelle équipe et de l'envoyer sur le terrain. "Ce qui importe ici est de connaître les faits", a-t-il dit.

M. Annan a fait escale à Londres en revenant du sommet de l'OUA et lors d'une conférence de presse commune avec M. Robin Cook, ministre britannique des Affaires étrangères, a condamné en termes très forts le coup d'Etat en Sierra Leone. Soulignant que l'OUA avait également condamné le coup d'Etat et notant la position adoptée par les voisins de la Sierra Leone,

M. Annan a laissé entendre qu'il pourrait ne pas s'opposer à ce que ces voisins aient recours à la force pour restaurer le gouvernement démocratiquement élu dans ses fonctions : "On pourrait en arriver là", a-t-il dit, bien que naturellement, "je préfère les négociations".

Une semaine plus tard, M. Annan a annoncé "l'une des nominations les plus importantes que je ferai au cours de mon mandat", une nomination d'une grande importance "pour toute la communauté internationale". Il s'agissait de celle du Président de l'Irlande, Mme Mary Robinson, au poste de Haut Commissaire aux droits de l'homme. C'est "un dirigeant remarquable" qui apportera dynamisme, crédibilité et initiative au domaine des droits de l'homme, a-t-il indiqué.


La position de M. Annan reflète l'importance croissante de ceux qui demandent que soient respectés les droits de l'homme.


La nomination était audacieuse : la franchise et le militantisme de Mme Robinson lui ont valu de nombreux supporters. Avocate de formation, elle a été membre de la Commission internationale de juristes et possède des compétences particulières dans le domaine des droits de l'homme. En sa qualité de Président de l'Irlande, elle a souligné les besoins des pays en développement et est devenue le premier et pratiquement le seul chef d'Etat à se rendre en Somalie après la crise de 1992 et au Rwanda après le génocide de 1994. Certains Etats Membres estiment toutefois que sa franchise risque de ne pas être appropriée pour un haut fonctionnaire de l'ONU, compte tenu de l'absence de consensus universel sur ce qui constitue les éléments de base des droits de l'homme.

La position très claire adoptée par M. Annan concernant les droits de l'homme dans sa déclaration devant l'OUA a d'autant plus de poids -- et est d'autant plus crédible -- qu'il est lui-même africain. Un Secrétaire général non africain n'aurait pas pu parler ainsi sans blesser les sensibilités. L'audace de sa position sur la démocratie et les droits de l'homme -- que l'on considère de plus en plus comme des éléments essentiels des critères permettant de définir la légitimité des gouvernements -- permettra aux démocrates africains de se faire plus facilement les champions d'une démocratie fondée sur la compassion lors des réunions nationales et mondiales.

La position courageuse du Secrétaire général en ce qui concerne les droits de l'homme reflète aussi toutefois l'importance croissante de ceux, notamment dans les pays en développement, qui voient le respect des droits de l'homme comme la pierre angulaire d'une bonne gouvernance.

L'ensemble de réformes de l'ONU, annoncées le 16 juillet par le Secrétaire général, fait également la part belle aux questions relatives aux droits de l'homme au sein de l'Organisation. Les droits de l'homme sont désormais l'un des cinq domaines autour desquels les activités de l'ONU s'articuleront. Les deux bureaux des droits de l'homme seront regroupés et un seul secrétariat établi pour fournir au nouveau Haut Commissaire la base institutionnelle lui permettant de placer les droits de l'homme au coeur du processus d'élaboration des politiques.

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