La relance des activités économiques, difficile équilibrage entre protéger les populations contre la contamination et garantir qu’elles continuent à gagner leurs vies.
Quatre mois après que le premier cas de la COVID-19 en Afrique a été signalé en ?gypte, les pays africains commencent à assouplir les mesures sanitaires et sociales, telles que les confinement à domicile et les couvre-feux, imposées pour freiner la propagation de la pandémie.?
En C?te d'Ivoire, les activités commerciales ont repris et les élèves sont de retour en classe, tandis qu'en Afrique du Sud, où l'armée a été appelé à faire respecter le confinement, le gouvernement a autorisé les services essentiels à reprendre leurs activités. Lundi 8 juin, certaines écoles ont rouvert leurs portes.
Le Bureau Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’à la date du 29 juin, plus de 380 000 cas de la COVID-19 ont été confirmés sur le continent - avec plus de 181 000 guérisons?; Environ, 9 500 personnes ont perdu la vie.
Dans de nombreux pays, les gens sont encore encouragés à pratiquer la distanciation sociale, à porter des masques et à se laver fréquemment les mains. Les frontières internationales restent fermées au trafic voyageur. Toutefois, la plupart des pays assouplissent graduellement les mesures restrictives de confinement à domicile en raison de leurs effets les plus dramatiques sur les moyens de subsistance des populations.?
En mai, la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) a??que le continent pourrait perdre jusqu'à 65,7 milliards de dollars (2,5 % du PIB annuel) pour chaque mois de fermeture.?
Le Nigeria, la première économie africaine, pourrait avoir??environ 18 milliards de dollars, ce qui représente une baisse de 38 % du PIB en seulement cinq semaines de confinement de mars à avril, a constaté l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI).?
Cependant, les cas COVID-19 restent à la hausse, y compris dans les pays qui ont relancé leurs activités économique, et les gouvernements doivent trouver un équilibre entre endiguer la propagation et préserver les moyens de subsistance de la population. ?
En conséquence, certains pays ont interrompu leurs projets de relance, tandis que d'autres ont prolongé indéfiniment leur période de confinement. D'autres encore maintiennent leurs plans de relance tout en multipliant les tests et l'isolement des cas.?
Le Rwanda, l'un des premiers pays à imposer un confinement total, a permis aux personnes travaillant dans les services essentiels publics et privés, y compris les vendeurs du marché, de retourner sur leur lieu de travail au début du mois de mai. Un mois plus tard, les autorités ont suspendu la mise en ?uvre d’étapes supplémentaires de leur plans de réouverture, car les cas de COVID-19 ont augmenté et le pays a enregistré son premier décès lié au coronavirus.
Le Zimbabwe est toujours sous confinement pour une durée indéterminée, avec un examen bimensuel pour déterminer la date de réouverture.
Au début de la pandémie, le président du Ghana, Nana Akuffo-Addo, avait décrété un confinement dans la capitale Accra et ses environs, ainsi que dans d'autres centres urbains tels que Kumasi, dans le sud du pays.
"Nous savons comment relancer l'économie. Ce que nous ne savons pas, c'est comment ramener les gens à la vie", a-t-il déclaré à l'époque.
Le Ghana fait partie des pays africains à avoir administré le plus grand pourcentage de tests de dépistages par nombre habitants, et à avoir enregistré un nombre élevé de cas, même si le confinement a été levé.?
Depuis le mois d'avril, les Ghanéens peuvent se déplacer entre les centres urbains qui étaient auparavant bouclés. Les vols intérieurs ont repris. Ils sont autorisés à se rendre sur leurs lieux de prière mais les rassemblements publics restent très limités et les écoles restent fermées. ?
Certains pays ont décidé de ne pas imposer de confinement total, en raison des conséquences socio-économiques.?
Le président du Bénin, Patrice Talon, n'a pas appliqué de mesures très restrictives qui, selon lui, "affameront tout le monde" et "finiront par être défiées et violées", ajoutant que le gouvernement n'avait pas "les moyens des pays riches".
" [Une] approche unique de la COVID-19 pourrait avoir des conséquences mortelles " pour l'Afrique, ont averti deux universitaires de l'Université de Johannesburg en mars, dans le magazine?The Conversation, alors que plus de la moitié du continent s’empressait à mettre en place des mesures très strictes de réduction des transmissions.?
L'assouplissement des mesures de confinement semble être la reconnaissance de ces préoccupations. Cependant, l'augmentation accélérée du nombre de cas de COVID-19 observés aujourd'hui suggère que les premières mesures de restriction de mouvement et de confinement ont été efficaces pour freiner la propagation du virus.
Selon l'OMS, le nombre de jours pour que le nombre de cas double dans un pays donné - a augmenté pendant la période de confinement dans la plupart des pays de la région (de 5 jours à 41 en C?te d'Ivoire, de 3 jours à 14 en Afrique du Sud).
Dans une enquête récente menée dans 28 villes de 20 pays africains, une majorité de personnes se sont dit favorables à ces mesures de santé publique et sociales, même les plus restrictives, visant à ralentir la pandémie. Dans le même temps, certains ont admis avoir enfreint les ordres de rester à la maison pour aller chercher de la nourriture.
L'enquête a été menée entre le 29 mars et le 17 avril par le PERC (Partnership for Evidence- Based Response to COVID-19), un partenariat mondial privé-public sur la santé, comprenant l'OMS, les Centres africains de contr?le des maladies (Africa CDC) et le Forum économique mondial.
Au début de la pandémie, les gouvernements ont pris des mesures dès le début pour protéger les populations de l'impact socio-économique de la pandémie. La Namibie a offert des allocations de revenu d'urgence aux travailleurs qui ont perdu leur emploi, le Cap-Vert a fourni des transferts en espèces et une aide alimentaire, tandis que le Togo a subventionné l'accès à l'eau et à l'électricité, pour n'en citer que quelques-uns.?
Cependant, le PERC avertit que ces mesures ciblées et la réouverture progressive des espaces publics pourraient ne pas suffire à répondre aux besoins de la population à long terme, car les cha?nes d'approvisionnement nationales et internationales restent perturbées. Des préoccupations partagées par les gouvernements africains. Ils se demandent quand et comment relancer leurs économies tout en continuant à gérer les aspects sanitaires de la crise actuelle.
*Cet article a été mis à jour pour refléter le nombre de cas confirmés, de récupérations et de décès au 29 juin.