30 mai 2017

Les océans ont besoin d’être secourus. Si le cycle du déclin, dans lequel ils sont pris, continue, les effets néfastes sur les habitats abritant des formes de vie dans les océans, au-dessus d’eux et près d’eux pourraient être irréversibles.

Toute la vie sur la planète dépendant finalement des océans en bonne santé, l’un des défis les plus importants de notre époque? consiste à mettre un terme à leur détérioration. Si vous voulons préserver la richesse des ressources de notre planète pour nous-mêmes et pour?les générations futures, le moment est venu d’agir.

Toute personne vivant sur une ?le est définie par l’océan. Né et élevé dans les ?les Fidji, dès mon plus jeune ?ge, j’ai per?u l’océan comme étant un pourvoyeur de ressources vitales. ? cette époque, nous nous baignions dans un environnement où les formes de vie étaient abondantes. Venant de l’océan, les cumulus bourgeonnants, mus par les alizés, nous apportaient l’après-midi une pluie rafra?chissante qui remplissait nos réservoirs d’eau. Les pêcheurs approvisionnaient le marché avec leurs prises et les femmes vendaient des fruits de mer et des algues comestibles enveloppés dans des sacs fabriqués avec des feuilles de cocotiers. L’océan était au c?ur de notre vie.

Dans un article précédent soumis à ce magazine (Chronique de l’ONU, vol. L, n° 1, avril 2013), j’ai décrit la situation actuelle des ?les Fidji, un petit ?tat insulaire en développement (PIED), en soulignant les défis environnementaux et climatiques auxquels elles sont confrontées pour assurer la gestion durable des ressources océaniques. En exposant ces défis, j’ai mis l’accent sur le fait que ces problèmes n’étaient pas uniques à mon pays, mais qu’ils étaient fréquents pour les PIED.

Cet article élargit cette perspective et dresse un tableau universel de l’état des océans, démontrant que les problèmes auxquels ils sont confrontés nous touchent tous, des pays insulaires aux pays sans littoral en passant par les ?tats continentaux. Cette perspective m’amène à la Conférence sur les océans, qui aura lieu aux Nations Unies, à New York, du 5 au 9 juin 2017. Il est possible qu’elle offre véritablement au monde l’occasion de s’unir pour prendre un ensemble complet de mesures nécessaires pour inverser le déclin des océans.

L’OC?AN, 缅北禁地?L?MENT VITAL DE NOTRE PLAN?TE

Nous sommes liés les uns aux autres par les océans. La richesse de leurs ressources, leur énergie inépuisable et les voies?commerciales en font un élément vital de notre planète. Leur santé est cruciale pour le bien-être de l’humanité; le moment est donc venu de reconna?tre les dangers causés par l’explosion des activités humaines.

Recouvrant trois quarts de la surface de la Terre et représentant 97 % de l’eau de la planète, les océans ont des répercussions sur le climat mondial, absorbent environ 30 % du dioxyde de carbone produit par les activités humaines et constituent le principal tampon contre les effets du réchauffement de la planète qui ne cessent de s’aggraver. Plus de 50 % de l’oxygène que nous respirons vient des océans. Abritant près de 200 000 espèces recensées, et on estime à plusieurs millions leur nombre actuel, les océans sont un immense réservoir de la biodiversité. Des milliards de personnes en dépendent pour assurer leurs moyens de subsistance, leur sécurité alimentaire et leur identité culturelle. Sommes-nous prêts à sacrifier tout cela??

L’intégrité de l’écosystème marin étant essentielle à la survie de l’humanité, la logique voudrait que nous assurions son bien-être avec toute la diligence voulue. Malheureusement, c’est l’inverse qui se produit. Pour accepter le bien-fondé de cette déclaration, il faut considérer le fait que nous jetons dans les océans l’équivalent d’un grand sac de déchets plastiques toutes les minutes. Si les tendances actuelles persistent, il y aura, d’ici à 2050, plus de plastiques que de poissons. C’est l’une des activités humaines scandaleuses qui ont provoqué le déclin des océans. Les défis existentiels pour inverser ce cycle sont aujourd’hui devenus l’un des plus grands impératifs de l’humanité.

Les preuves scientifiques sont là. Qu’il s’agisse de la destruction des habitats, de la perte de la biodiversité, de la surpêche et de l’effondrement des stocks de poissons, de la pollution marine ou de l’acidification et du réchauffement des océans causés par le changement climatique, les défis auxquels nous sommes confrontés sont à la fois complexes et immenses.

Considérons les niveaux intolérables de la pollution marine et l’accumulation des déchets dans les océans et sur nos plages. De gigantesques tourbillons de déchets circulent en haute mer. Tragiquement, le plastique est entré dans la cha?ne alimentaire océanique et a des effets toxiques sur la vie marine et donc sur nous. Des zones hypoxiques s’étendent le long des c?tes, tandis que les innombrables récifs coralliens qui sont indispensables à la vie blanchissent et deviennent des cimetières marins.

En même temps, les activités humaines continuent d’engendrer une augmentation des taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce qui accro?t l’acidification des océans. Si cette tendance persiste, la vie marine qui dépend du calcium est gravement menacée.?Les gaz à effet de serre réchauffent aussi les océans, un processus qui intensifiera l’élévation du niveau des mers et contraindra les poissons à quitter les zones équatoriales chaudes. Il reste à voir quels effets cela aura sur l’écosystème de la planète, mais les conséquences pour l’humanité ne manqueront pas d’être graves.

Alors que les océans sont confrontés à ces problèmes, les comportements humains irresponsables continuent d’exercer d’énormes pressions sur la survie de nombreuses espèces marines dues à des pratiques de pêche destructrices, à des subventions préjudiciables en matière de pêche, à la pêche illégale et non réglementée et à des pratiques de surpêche discutables. D’après des sources officielles, un tiers des stocks de poissons se situent aujourd’hui en dessous des niveaux durables.

Tous ces problèmes sont causés par les activités humaines. Il faut donc que l’humanité recherche des solutions à ces facteurs. Le moment est venu d’engager une action concertée.

LE PROGRAMME 2030 ET L’OBJECTIF 14 DU D?VELOPPEMENT DURABLE

En septembre 2015, avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 – le schéma directeur pour un avenir durable sur cette planète, les dirigeants mondiaux ont reconnu l’importance fondamentale des océans pour l’humanité et la planète.

Le Programme 2030 est articulé autour de 17 objectifs de développement durable (ODD), dont l’objectif 14 qui définit des cibles spécifiques pour conserver et utiliser de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable. Les cibles de cet objectif concernent la pollution marine; les écosystèmes marins et c?tiers; la restauration des stocks de poissons; les subventions préjudiciables en matière de pêche; la conservation marine; l’acidification des océans; la mise en ?uvre du droit international applicable; l’amélioration des connaissances scientifiques et de la coopération; l’augmentation des avantages pour les PIED et les pays moins avancés; et l’accès des pêcheurs artisanaux aux ressources et au marché.

L’objectif 14 est la seule feuille de route universellement reconnue en matière de conservation et de gestion durables des ressources marines. Sa mise en ?uvre est donc notre seul espoir de remédier aux problèmes existants.

LA CONF?RENCE SUR LES OC?ANS

Avec l’inclusion d’un objectif ambitieux relatif aux océans dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, tout était prêt pour entreprendre la phase suivante des mesures correctives. Il fallait mettre un place un système pour veiller au respect de la mise en ?uvre de l’objectif 14. En 2016, après de longues négociations, les ?tats Membres ont convenu à l’unanimité d’organiser en 2017 une conférence sur l’ODD 14 afin de galvaniser une action concertée et coopérative en créant des partenariats avec toutes les parties intéressées afin de soutenir les cibles de l’ODD 14.

C’est ainsi que l’idée de la Conférence sur les océans est née. La Conférence, qui sera co-organisée par les Gouvernements de Suède et des ?les Fidji est officiellement connue comme la Conférence des Nations Unies visant à appuyer la réalisation de l’objectif de développement durable n° 14. C’est exactement ce à quoi elle s’emploiera.

Elle mobilisera une action collective urgente de toutes les parties concernées par la santé des océans, y compris les gouvernements, le système des Nations Unies, la société civile, les institutions philanthropiques, les organisations non gouvernementales, la communauté scientifique, les universités et les experts techniques, le secteur privé ainsi que les communautés locales. Ensemble, nous tracerons la voie pour permettre aux océans de se régénérer.

La Conférence débouchera sur une déclaration et un ? appel à l’action ?, actuellement mis au point par les ?tats Membres, qui apporteront l’engagement politique consensuel nécessaire pour stimuler l’effort visant à la mise en ?uvre effective de l’ODD 14. Elle permettra d’accro?tre la prise de conscience mondiale sur l’état des océans et la nécessité pour l’humanité de prendre des mesures correctives.

Des solutions émanant des sept dialogues de partenaires, qui auront lieu pendant la Conférence, seront aussi proposées. Ces dialogues seront axés sur des aspects spécifiques de l’ODD 14, comme la pollution marine, l’acidification des océans et?la gestion des stocks de poissons. Cherchant à engager une action concertée, nous réunirons tous les engagements pris volontairement en vue d’atteindre les cibles de l’objectif 14.

ENREGISTREMENT DES ENGAGEMENTS PRIS VOLONTAIREMENT

Pour que tous ceux qui le souhaitent puissent contribuer à la mise en ?uvre de l’ODD 14, un enregistrement d’engagements pris volontairement a été créé par les organisateurs de la Conférence. Ces engagements pris volontairement dans le cadre du Programme 2030 qui cible l’objectif 14 peuvent être enregistrés sur le site .

Les partenariats et?les engagements à l’action étant actuellement enregistrés sur le site Web, les gouvernements, les institutions, le secteur privé et la société civile – en fait, toute personne qui est préoccupée par l’état des océans – ont une occasion concrète d’apporter une contribution importante à cette cause. Les engagements figureront dans le document final de la Conférence et serviront de référence dans le cadre de notre travail au cours des prochaines années. J’invite donc tous ceux qui sont prêts à s’engager pour sauver la vie dans les océans d’enregistrer leurs engagements pris volontairement dès maintenant.

CONCLUSION

Pour la première fois, l’humanité prendra la responsabilité de rechercher des solutions aux dommages qu’elle a causés aux océans. Nous quitterons la Conférence disposant d’un vaste éventail de partenariats, d’engagements et de mesures à appliquer.

Nous commencerons immédiatement notre travail, mais, bien s?r, le processus de mise en ?uvre de l’ODD 14 ne s’arrêtera pas là. Nous sommes chargés par les 193 ?tats Membres des Nations Unies d’atteindre, d’ici à 2030, les cibles de l’ODD 14. Nous devons donc évaluer régulièrement les progrès et les engagements au cours des années à venir.?

Pour ceux parmi nous qui ont contribué à formuler l’objectif 14 et à concevoir la Conférence sur les océans, le devoir moral de veiller à leur succès ne prendra fin que lorsque ses cibles seront atteintes. Tous ceux qui partagent cette vision et sont disposés à travailler pour résoudre les problèmes des océans sont invités à se joindre à nous.

Les principaux messages de cet article sont les suivants?: enregistrez vos engagements pris volontairement, joignez-vous à nous, participez à?la Conférence des océans et apportez une contribution positive à cet événement historique. C’est l’occasion d’agir pour laisser aux générations suivantes des océans riches en ressources marines, dont elles pourront à l’avenir assurer la durabilité.

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La?Chronique de l’ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privilège d’accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingués ne faisant pas partie du système des Nations Unies dont les points de vue ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Organisation. De même, les frontières et les noms indiqués ainsi que les désignations employées sur les cartes ou dans les articles n’impliquent pas nécessairement la reconnaissance ni l’acceptation officielle de l’Organisation des Nations Unies.?