Alors que s’accumulent les preuves d’une crise de la biodiversité causée principalement par l’homme, il peut sembler que le développement durable ne puisse pas inclure la conservation de la vie sauvage. Mais le travail de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), ainsi que celui?d’autres conventions sur la biodiversité, montre que la mise en ?uvre d’un cadre mondial de la conservation peut contribuer au développement humain.
On a tendance à penser que la conservation de la vie sauvage, des habitats et des écosystèmes ainsi que la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies sont difficiles à concilier.
Après tout, certains ODD, comme les objectifs 14 (la vie aquatique) ou 15 (la vie terrestre), appellent à la conservation de ces écosystèmes et de leurs composantes. D’autres, comme l’objectif 1 (pas de pauvreté), appellent au progrès économique pour tous, ce qui nécessitera inévitablement l’utilisation des espèces sauvages, y compris des animaux sauvages, tels que les poissons et les reptiles, ainsi que des produits d’origine végétale, tels que le bois et les plantes médicinales.
Des recherches récentes ont dressé un tableau désastreux de l’état de la vie sauvage et de la biodiversité dans le monde résultant des activités humaines. Le , publié par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) est clair?: près d’un million d’espèces, soit un quart de toutes les formes de vie connues, pourraient être menacées d’extinction en quelques décennies en raison de la surexploitation humaine, des changements climatiques et de la dégradation des habitats. identifie également la perte de biodiversité et l’effondrement des écosystèmes comme l’une des cinq principales menaces à laquelle l’humanité sera confrontée au cours des prochaines années. ?
Depuis les temps anciens, les sociétés humaines et les économies dépendent de la biodiversité de manière fondamentale. Par exemple, d’innombrables espèces de faune et de flore sauvages sont utilisées dans le monde entier dans la vie quotidienne pour l’alimentation et la fabrication de produits sanitaires, de meubles, de souvenirs touristiques, de produits cosmétiques et de vêtements.
Les parties à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) sont conscientes de l’importance à veiller à ce que l’utilisation de ces espèces aux fins du commerce international soit durable, légale et tra?able pour protéger les populations ainsi que la planète et assurer la prospérité.?
Gr?ce à l’engagement des gouvernements, des organisations internationales, des groupes de la société civile aux niveaux local et international ainsi que des acteurs du secteur privé, un cadre a été mis en place afin de réglementer l’utilisation des espèces de faune et de flore sauvages et leur habitat pour assurer leur conservation ainsi que le bien-être humain, contribuant ainsi à la réalisation des ODD, en particulier des objectifs 1, 14, 15, ainsi que de l’objectif 12 (établir des modes de consommation et de production durables).?
Relier la conservation, les moyens de subsistance durables et les économies nationales
La CITES est l’accord multilatéral sur l’environnement le plus ancien entré en vigueur. Avec d’autres conventions relatives à la biodiversité, comme la Convention de Ramsar sur les zones humides, la Convention sur la diversité biologique (CBD) et la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS), pour n’en citer que quelques-unes, la CITES a rassemblé les gouvernements pour créer un cadre mondial de la biodiversité qui renforce les efforts de conservation, notamment des espèces, de leur habitat et des écosystèmes élargis. D’autres acteurs, comme des organisations intergouvernementales, des organisations non gouvernementales (ONG), l’industrie et le monde universitaire, participent également aux travaux de la Convention en tant qu’observateurs et partenaires.
La Convention a pour objectif de garantir que le commerce international des espèces animales et végétales sauvages ne nuit pas à leur survie. Les parties à la Convention s’efforcent de rendre ce commerce durable, légal et tra?able afin qu’il puisse contribuer à la santé de la planète, aux moyens de subsistance des communautés qui vivent aux c?tés des espèces sauvages et aux économies nationales aux fins du développement durable.
La CITES demeure l’un des outils les plus puissants au monde pour la conservation de la faune et de la flore sauvages gr?ce à la réglementation du commerce international. Les 183 parties à la Convention (182 ?tats et l’Union européenne) en ont fait un pilier central de la réglementation du commerce de près de 37 000 espèces sauvages.
La mise en ?uvre de la Convention par les parties, avec le soutien des autorités locales et la participation d’organisations internationales, d’ONG, de de communautés, de la société civile et de certaines entreprises, a conduit à la création de programmes visant à soutenir des moyens de subsistance durables dans le cadre des efforts visant à renforcer la conservation des espèces menacées. ?
Les effets d’un cadre mondial au niveau local
L’un des exemples concerne la , une espèce animale endémique des hauts plateaux de la Cordillère des Andes. Appréciées pour l’excellente qualité de leur laine, les vigognes étaient en situation de quasi-extinction jusqu’à ce qu’elles aient été inscrites en 1975 à de la Convention CITES, ce qui a permis d’interdire leur commerce. Par la suite, les populations se sont reconstituées et, depuis, plusieurs sous-espèces ont été déclassées de l’annexe II de la CITES, ce qui a permis la reprise d’un commerce réglementé.?
Depuis 2007, alors que les réglementations sont toujours en vigueur, le Gouvernement bolivien a mis en ?uvre un programme de collecte de leur laine en collaboration étroite avec les communautés locales, ce qui a donné naissance à une industrie qui, en 2019, représentaient environ 20?% des exportations du pays, renfor?ant ainsi l’autonomie des communautés locales. Bien que le braconnage de la vigogne existe toujours, les chiffres témoignent d’une réussite en matière de conservation?: selon les estimations, les populations sont passées de 3 000 individus en 1969 à plus de 160?000 en 2018 et l’espèce est désormais classée dans la catégorie ??préoccupation mineure ? de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (IUCN).??
Les recherches menées par les parties à la CITES et leurs partenaires ont montré à maintes reprises que l’application d’un cadre mondial pour le commerce réglementé, associée aux efforts des gouvernements pour responsabiliser les communautés dans les aires de répartition et les pays de transit, a renforcé la conservation de toutes les espèces marines, terrestres et aériennes. Qu’il s’agisse de la chasse rentable, mais contr?lée des par les groupes aborigènes dans les territoires du Nord de l’Australie, de la culture durable de l’aloès dans la province du Cap-Oriental en Afrique du Sud ou d’un système de quotas préférentiels pour les Brésiliens autochtones dépendant de la pêche du , les efforts de coopération visant à mettre en ?uvre le cadre de la CITES pour la conservation de la faune et de la flores sauvages ont souvent été bénéfiques, à la fois pour les espèces animales et végétales et pour les populations qui en dépendent. ?
Promouvoir une coopération continue et un changement transformateur
Cette année, les ?tats Membres de la CITES, les organisations multilatérales, les ONG ainsi que les organismes engagés dans la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité sensibiliseront à l’importance de la biodiversité et de ses composantes pendant cette ??super année pour la biodiversité??. Des manifestations et des conférences importantes dans le monde placeront la biodiversité, ainsi que les défis auxquels elle est confrontée, au premier plan du programme de développement durable.
Face à la gravité de la crise actuelle causée par la perte de la biodiversité, ces efforts visent à l’adoption d’un cadre mondial de la biodiversité ambitieux et transformateur, conformément au programme de développement durable à l’horizon 2030. Lors de la Conférence des parties en 2019, la a été adoptée, positionnant la Convention comme chef de file contribuant à promouvoir un changement transformateur, la durabilité économique et sociale ainsi que la réalisation des ODD. Le secrétariat de la CITES présentera cette vision le 3 mars, à l’occasion de la Journée mondiale de la vie sauvage.
La Journée a été instituée en 2013 par l’Assemblée générale des Nations Unies pour célébrer la faune et la flore sauvages dans le monde, le secrétariat des Nations Unies en étant le principal intermédiaire. ? cette occasion, des manifestations de haut niveau axées sur un thème principal ont lieu tous les ans au siège des Nations Unies de New York et à celui de Genève. En 2020, le thème ? Maintenir toutes formes de vie sur Terre???englobe toutes les espèces animales et végétales sauvages comme étant des éléments essentiels de la diversité biologique mondiale. Avec l’aide de partenaires clés, notamment le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et la Convention sur la diversité biologique, le secrétariat de la CITES mettra l’accent sur le r?le qu’elles jouent dans la biodiversité et leur immense valeur pour l’humanité.
En mobilisant les acteurs publics et privés, nous réitérerons, lors de cette Journée mondiale de la vie sauvage, notre appel à tous les acteurs pour qu’ils travaillent ensemble à l’élimination des menaces pesant sur la biodiversité et au renforcement de la conservation de la vie sauvage tout en veillant à ce que les actions menées profitent à ceux qui dépendent de la faune et de la flores sauvages pour leurs moyens de subsistance et en soutenant le développement durable.
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