Il ne fait aucun doute que la COVID-19 a entra?né des changements radicaux dans notre vie quotidienne ainsi que dans la fa?on dont nous fonctionnons en tant que société mondiale. Nous nous sommes efforcés, individuellement et collectivement, de comprendre quel était ce virus qui a bouleversé notre monde, de faire le tri dans la pléthore d’informations – et de désinformations – qui ont guidé notre réponse, d’évaluer le risque qu’il représente pour nos familles ainsi que pour nos communautés et d’élaborer des stratégies pour faire face aux nouvelles demandes, aux craintes et aux dilemmes.
Les plus optimistes d’entre nous espèrent que le pire de la pandémie est derrière nous. Aux ?tats-Unis, la plupart des enfants sont retournés à l’école, nombre d’entre nous sont retournés sur leur lieu de travail et la vie a retrouvé, au moins en partie, sa cadence d’avant 2020. Mais la COVID-19, qui a régi nos vies pendant plus d’un an et demi, a exacerbé une autre pandémie insidieuse?: celle des maladies mentales.
Les problèmes de santé mentale ne sont pas nouveaux, mais la pandémie de COVID-19 a rapidement accéléré la gravité de la crise à laquelle nous sommes confrontés ainsi que sa portée. En 2019, avant la pandémie, – le plus souvent une dépression ou un trouble anxieux – et la moitié des Américains devraient être confrontés à des problèmes de santé mentale au cours de leur vie1. Aujourd’hui, ces chiffres sont beaucoup plus élevés, certaines études montrant que .
Cela n’est pas surprenant, compte tenu de la manière dont la COVID-19 continue de bouleverser notre ??nouvelle normalité??, laissant partout dans son sillage dévastation et chagrin.? Il est probable que des millions de cas n’ont pas été documentés. Nous savons que ces chiffres continueront d’augmenter, mais, avec un peu de chance et de vigilance, à un rythme plus lent.
Les conséquences de cette crise de santé publique extrême, associées aux bouleversements économiques et sociaux qui y sont liés, se feront sentir pendant des décennies, voire une génération. En tant que parent et psychologue, je pense aux effets que cette pandémie a sur les enfants dans le monde entier. La plupart d’entre eux ont été contraints de troquer leurs expériences scolaires contre des cours à distance à domicile, privés ainsi de l’apprentissage socio-émotionnel qui est essentiel dans le développement normal d’un enfant et d’un adolescent. Nous continuerons tous de faire notre deuil de ce que nous avons perdu pendant cette période?: des emplois, des entreprises et des moyens de subsistance; des jours heureux avec ceux que nous aimons et, plus que tout, des membres de notre famille et de notre communauté qui nous ont été enlevés trop t?t.?
Mais la COVID-19 n’a pas seulement augmenté la prévalence des problèmes de santé mentale, elle a également créé dans nos communautés une dynamique positive à la sensibilisation à ces problèmes et facilité l’accès des personnes concernées à un soutien et à des services cruciaux.
Avant tout, ses incidences considérables ont permis plus que jamais auparavant un dialogue plus ouvert ainsi qu’une meilleure connaissance de la santé mentale. Nous sommes nombreux à conna?tre quelqu’un qui souffre de stress, d’anxiété ou d’autres problèmes psychologiques en raison de la pandémie, ce qui nous amène à rechercher le soutien de notre famille, de nos amis et de nos collègues ainsi qu’un traitement et des services auprès des prestataires de santé mentale.
La pandémie a accéléré les efforts déployés depuis longtemps par les professionnels de la santé mentale et physique pour cesser la stigmatisation associée aux maladies mentales et normaliser la recherche afin de permettre de faire face à ce type de problèmes. Il n’y a pas de santé sans santé mentale, et le bien-être physique et mental doit être pris en compte de la même manière. Dans diverses communautés et divers secteurs, des conversations plus ouvertes sont menées sur ce que ressentent les gens, les défis auxquels ils sont confrontés et le type de ressources qu’ils utilisent pour gérer ces préoccupations. La perception des maladies mentales évolue, et les conversations sur cette question sont plus fréquentes, plus ouvertes et plus inclusives, en particulier chez les plus jeunes.
La COVID-19 a également mis en évidence les disparités raciales dans la manière dont les personnes de couleur vivent les problèmes de santé mentale ainsi que dans leur capacité à utiliser les services. La crise a clairement montré que dans les sociétés occidentales, les personnes de couleur ont un accès plus limité aux soins médicaux et psychologiques et sont moins susceptibles d’en bénéficier. En tant que société, nous devons réexaminer la manière dont les options de soins sont structurées afin de promouvoir un accès inclusif et égal à toutes les communautés. Nous avons généralement besoin non seulement d’un plus grand nombre de thérapeutes et de prestataires de soins en santé mentale, mais aussi d’un plus grand nombre de professionnels d’origines diverses capables de faire preuve d’empathie envers les personnes ayant vécu des expériences similaires et de les aider.
Nous avons tous un r?le à jouer pour faciliter ce changement dans notre système de soins de santé. En tant que Présidente d’une grande université axée sur la psychologie, les sciences comportementales et les soins infirmiers, je m’attache à recruter et à former?des étudiants qui reflètent les différentes identités de leur communauté, créant ainsi un vivier de professionnels hétérogènes qui peuvent améliorer fondamentalement la santé et le bien-être des générations à venir.
Pendant la pandémie de COVID-19, le nombre d’options de téléthérapie a également augmenté de manière spectaculaire, contribuant à étendre l’accès aux services. Avec une rapidité impressionnante, l’ensemble de notre secteur est passé, au début de 2020, des soins en présentiel aux soins en ligne. Ce test de pression immédiat a accéléré les innovations et fait exploser la popularité des services de thérapie en réalité virtuelle?: cela s’est traduit par des interactions réussies entre les patients et les prestataires, l’amélioration de la qualité des plates-formes et des services disponibles ainsi que par l’augmentation des investissements dans les nouvelles technologies. Alors que beaucoup reviennent aux interactions et aux options de soins en présentiel, la téléthérapie continuera d’être un moyen important d’étendre l’accès de nouveaux groupes de personnes qui recherchent une aide.
Enfin, alors que le pire de la pandémie semble être derrière nous et que nous retournons au travail, nous constatons un changement significatif dans la manière dont les conversations sur la santé mentale sont intégrées dans notre culture du lieu de travail. La crise liée à la COVID-19 a contraint de nombreux employeurs à assumer un r?le plus actif dans la promotion de la santé mentale de leurs employés. Personnellement, je suis stimulée par le nombre de dirigeants d’entreprise?à?qui j’ai parlé et qui sont intéressés par le développement de l’expertise et le renforcement des capacités au sein de leur entreprise pour aborder la santé mentale des employés sur leur lieu de travail. Par exemple, beaucoup ont investi dans la formation pour aider les supérieurs à reconna?tre les indicateurs de détresse mentale et à soutenir au mieux les employés dans la gestion de ces questions dans l’environnement de travail.
Alors que nous continuons à être aux prises avec les ambigüités et les conséquences?de la pandémie de COVID-19, nous devons continuer de mener des actions de sensibilisation à la santé mentale et encourager les innovations afin de répondre aux problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant qu’individus et membres d’un société mondiale. Nous devons continuer à élargir les services essentiels qui permettent aux gens de gérer la crise actuelle et de faire face aux défis à venir, quels qu’ils soient. Il appartient à chacun d’entre nous de poursuivre la conversation et de continuer à progresser.
Note:
1Ronald C Kessler et al., ??Lifetime prevalence and age-of-onset distributions of DSM-IV disorders in the national comorbidity survey replication??,?Archive of General Psychiatry, vol. 62, n° 6 (juin 2005), p. 600.
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