En tant que Directrice générale du plus grand mouvement bénévole au monde dédié à l’autonomisation des filles et des jeunes femmes, je crois fermement au pouvoir de l’éducation pour créer un monde meilleur. Je ne parle pas simplement de l’éducation comme nous la concevons souvent, à savoir l’école, l’université, les examens ainsi que les objectifs, mais aussi du pouvoir de l’éducation non formelle fondée sur des valeurs, qui permet aux filles de s’épanouir et de devenir des personnes à part entière. Pour créer un avenir durable pour tous, il faudra non seulement des têtes, mais aussi des c?urs et des mains. Et nous devrons tous contribuer, alors que nous continuons de vivre dans un monde où la véritable égalité des sexes n’est toujours pas atteinte, quel que soit le pays.?
? l’, nous croyons au pouvoir des filles, non pas en en tant que futurs leaders, mais en tant que leaders aujourd’hui. Depuis plus de 100 ans, nous offrons aux filles des possibilités d’éducation non formelle afin qu’elles développent leurs valeurs et leur aptitude à diriger dans un but social.
Lorsqu’une fille devient guide ou éclaireuse, elle entre dans une communauté comptant 10 millions de personnes réparties dans 152 pays. Elle acquiert les compétences et les connaissances dont elle a besoin pour faire entendre sa voix, défendre ses idées et contribuer à fa?onner un monde meilleur. Plus important encore, elle apprend que l’union fait la force et que se sentir en sécurité pour prendre des risques et faire des erreurs permet de développer la résilience et ce, non seulement pour naviguer dans un monde en évolution rapide et parfois effrayant, mais aussi pour prospérer. L’éducation non formelle fournit les outils et les valeurs nécessaires à cet effet.
L’autonomisation est un processus collectif et individuel. Les communautés des guides et des éclaireuses se rassemblent autour des valeurs du bénévolat – solidarité, compassion et générosité – afin d’effectuer des changements. Ensemble, elles peuvent tirer parti d’un pouvoir collectif d’une ampleur impossible à atteindre en tant que personnes en raison des obstacles auxquels les filles et les femmes sont souvent confrontées dans nos sociétés.
Les filles qui ont développé des compétences de leadership lorsqu’elles sont jeunes, sont plus susceptibles de se sentir aptes à diriger lorsqu’elles atteignent l’?ge adulte. La manière dont le leadership est présenté, expérimenté, modelé et discuté détermine la mesure dans laquelle elles se considèrent comme des leaders ou reconnaissent les préjugés sexistes et les combattent.
Pour réaliser l’objectif de développement 5 (Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles) et, plus particulièrement, garantir la participation entière et effective des femmes ainsi que leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décisions dans la vie politique, économique et publique (cible 5.5), les filles doivent avoir l’occasion de développer des compétences de leadership au fur à mesure qu’elles grandissent. Nous nous en rendons compte lorsque les filles et les jeunes femmes prennent l’initiative de concevoir des projets dans leur communauté et de les réaliser par le biais du guidisme et du scoutisme féminin.
Chaque année, des milliers de filles et de jeunes femmes dans le monde participent à des programmes proposés par l’Association mondiale des guides et des éclaireuses. Ces programmes comprennent le programme , notre programme faite aux femmes et aux filles, le et des séminaires sur l’égalité des genres ainsi que le programme , qui valorise les jeunes en améliorant la confiance en leur corps et l’estime de soi. Notre approche éducative vise à donner aux filles la possibilité d’identifier les changements qu’elles souhaitent apporter et de fa?onner l’action sociale qu’elles entreprendront après avoir terminé ces programmes. Pour notre mouvement, un changement significatif est un changement mené par les filles.
Il ne suffit pas de placer les filles au centre de tous nos programmes. Notre vision du guidisme et du scoutisme féminin est un mouvement qui est véritablement dirigé par les filles au niveau local et international, et nous les écoutons à chaque occasion.
Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est que les filles grandissent rapidement dans un monde incertain. Elles sont inquiètes pour leur avenir, car elles sont confrontées à des problèmes mondiaux, comme les changements climatiques, les inégalités sociales, la montée du populisme et une pandémie mondiale, qui modifient leur société à un rythme effrayant. Et appartenant à une génération qui a grandi avec le numérique, elles ont rarement l’occasion d’ignorer ces problèmes.
Lorsque nous avons consulté des filles du monde entier dans le cadre du développement de?, notre vision pour la période 2020–2032, elles ont identifié les défis mondiaux qui font qu’il est plus difficile d’être une fille aujourd’hui :
inégalités liées au genre
pression d’être quelqu’un que vous n’êtes pas
sentiment d’insécurité
manque de confiance en soi ou d’estime de soi.
Elles sont généralement animées par un fort sentiment de justice, renforcé par les technologies qui connectent le monde et leur permettent de transcender les frontières nationales. Chaque jour, de plus en plus de jeunes défendent leurs idées, remettent en cause le statu quo et agissent pour apporter des changements positifs au niveau de leur société, qu’elle soit locale ou mondiale. ? la question quel genre d’avenir elles voulaient pour les filles, la réponse la plus fréquente a été ??un futur égalitaire??, ce qui, dans ce contexte, se définit peut-être mieux comme un monde dans lequel chacun a les mêmes chances et bénéficie du même traitement et du même soutien.
Quatre-vingt pour cent des filles que nous avons consultées considèrent que, dans 30 ans, le monde sera meilleur pour les filles. Mais, lorsqu’il leur a été demandé à quoi ressemblera le monde pour les filles et les jeunes femmes de leur pays en 2032, beaucoup ont répondu qu’elles s’attendaient à plus d’extrémisme et de corruption en politique (20?%), à des crises humanitaires plus importantes et à des taux de pauvreté plus élevés (20 %), à des questions environnementales plus graves (38?%) et à ce que les inégalités liées au genre restent les mêmes ou régressent (50?%). Les principales questions qu’elles souhaitaient voir abordées étaient la durabilité environnementale, l’égalité et le renforcement de la paix et de la sécurité.?? ?Soixante-deux pour cent des filles interrogées pensent qu’elles ont le pouvoir de poursuivre ces objectifs complexes, les guides et les éclaireuses citant leur capacité d’influence et le fait d’être un leader comme étant les facteurs qui leur donnent confiance pour aborder les questions qui leur tiennent à c?ur.??
Un avenir durable doit être égalitaire. Le monde entier est confronté à l’instabilité, en particulier en raison des changements climatiques et des inégalités croissantes. La résolution de ces crises nécessitera de?l’ingéniosité, de?la résilience et une action de l’ensemble de la société, y compris des filles et des femmes en tant que participantes sur un pied d’égalité, habilitées au niveau local à apporter des changements et à s’engager en tant que citoyennes du monde actives.
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