La soixante-septième session de la Commission de la condition de la femme (du 6 au 17 mars 2023) est pour nous une occasion mondiale de célébrer les réalisations des femmes et des filles dans le monde et de renforcer notre détermination à accélérer les progrès en matière d’égalité des sexes.
En traitant une question d’importance fondamentale au centre de la promotion des femmes et des filles, le thème de cette année, centré sur l’innovation et les technologies au service de l’égalité entre les femmes et les hommes, ne pouvait pas être plus opportun, ni plus important.
L’innovation et l’évolution technologique sont des changements majeurs qui transforment la vie au XXIe siècle. L’évolution technologique permet de faire des progrès sociaux, économiques et politiques sans précédent pouvant améliorer la vie de tous.
Or, ces avancées et ces résultats ne sont pas partagés équitablement. Trois milliards de personnes, dont la majorité sont des femmes et des filles, ne sont toujours pas connectées à Internet. Les femmes sont moins compétentes que les hommes dans l’utilisation des technologies, car cette capacité interagit avec d’autres aspects de la discrimination, tels que des lacunes en matière d’éducation et de compétences et le manque d’autonomie. Alors que le monde en ligne prend de plus en plus d’importance dans la vie de tous, l’évolution rapide des technologies augmente le risque de voir ces inégalités s’accentuer davantage encore.
Les femmes et les filles ont apporté des contributions importantes à l’innovation, mais elles restent sous-représentées dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM). Elles ne représentent que 35?% des étudiants inscrits dans les domaines liés aux STIM. Les femmes occupent moins d’un tiers des postes dans le secteur technologique et seulement 22?% des emplois dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Ces divergences se manifestent non seulement par?une misogynie occasionnelle qui règne parfois dans les entreprises de haute technologie, dans lesquelles le nombre de femmes continue de reculer à un rythme alarmant, mais aussi dans les produits et les services produits par ces entreprises où les préjugés inconscients et les inégalités sont littéralement inscrits dans le code des technologies les plus utilisées.
L’avenir des technologies ne doit pas être celui des inégalités
L’activisme numérique et des mouvements tels que #MeToo démontrent sans aucun doute le pouvoir de l’action numérique collective pour promouvoir le changement. Cependant, les médias sociaux favorisent également la désinformation genrée, la mésinformation, la violence en ligne et les discours de haine sexiste, ciblant les femmes ainsi que les personnes LGBTQ+, les défenseurs des droits de l’homme, les hommes politiques et les journalistes partout dans le monde, et l’on craint de plus en plus que la technologie émergente de l’IA soit déployée pour renforcer ces tendances inadmissibles.
Les attaques en ligne sans fondement sont des attaques contre la démocratie et l’inclusion. Elles visent à faire taire la voix des femmes, à les décourager de se présenter à des élections ou de défendre leurs droits.? Avec le développement rapide de l’intelligence artificielle, le risque de voir les préjugés s’ancrer de plus en plus profondément dans nos vies augmente de manière exponentielle.?
Si les défis semblent considérables, la soixante-septième session de la Commission de la condition de la femme, qui se tient actuellement, peut changer la donne. Nous devons tous montrer aux femmes et aux hommes que nous ne sommes pas découragés. Nous pouvons, et nous devons, veiller à ce que l’humanité prenne le dessus dans l’espace numérique, même lorsqu’elle fait défaut dans la vie réelle. Cette session est notre chance collective de renforcer le cadre normatif relatif au genre et à la technologie et intervient à un moment essentiel en amont du Pacte numérique mondial qui fera partie du Sommet de l’avenir lancé en 2024 par le Secrétaire général des Nations Unies.
Le rapport du Secrétaire général qui informe la Commission est clair dans ses recommandations. Nous devons donner à toutes les femmes ainsi qu’à toutes les filles un accès égal et significatif qui leur permette de vivre une expérience en ligne s?re, satisfaisante, productive et abordable. La technologie doit promouvoir l’égalité des droits des femmes et des filles et leur offrir des possibilités d’apprendre, de faire entendre leur voix, d’accéder à des services essentiels, de développer leur entreprise ou d’accéder à des produits financiers.?
Nous devons nous opposer à la violence fondée sur le genre et à l’immense impunité dont jouissent les agresseurs et les plates-formes numériques qui amplifient et canalisent des attaques ciblées contre les femmes et les filles. En bref, nous devons nous assurer que la technologie amplifie la voix des femmes pour qu’elles puissent jouer un r?le plus important dans le monde à venir.
La diversité est essentielle pour garantir que la technologie réponde aux besoins de tous
La promotion de l’égalité des sexes dans le domaine technologique est, en effet, une question de droits, mais elle va au-delà de la question de justice. Un leadership des femmes équitable dans les espaces technologiques garantira que la technologie de l’avenir favorisera la durabilité et l’inclusion, et non la rupture et la division. L’introduction de perspectives féminines dans les sciences et les technologies permettra au secteur de comprendre que l’innovation doit aller au-delà du purement technique. La diversité est essentielle dans ce domaine, car elle permet aux entreprises de créer des produits de meilleure qualité et plus s?rs qui s’adressent à tout le monde.
Cependant, nous ne réaliserons les progrès que nous cherchons ainsi que les produits que les femmes et les filles veulent que lorsque nous garantirons qu’elles sont représentées de manière égale dans toutes les sphères de la prise de décisions. Les femmes qui participent à l’élaboration des politiques apportent une perspective importante aux discussions sur la réglementation. Les femmes spécialisées en technologie rejettent les modèles dépassés et mettent l’inclusion et la sécurité au c?ur de leur travail. Dans tous les domaines, les droits des femmes et leurs contributions sont cruciaux pour un avenir où la technologie est au service de l’humanité, et non l’inverse. Ce qu’il faut, c’est que ces contributions soient davantage prises en compte et que l’on commence à favoriser le changement de manière urgente et à grande échelle.
Une action collective est nécessaire pour placer les femmes et les filles au centre de la technologie
Plus que jamais, le thème prioritaire de cette année nous invite tous à mener une action collective. Nous devons nous assurer que les plates-formes technologiques mondiales sont fondées sur les droits de l’homme, l’ouverture et la responsabilité. Nous devons nous attaquer aux inégalités dans les rapports de force entre les fournisseurs et les utilisateurs des services numériques ainsi qu’à la prolifération des entreprises technologiques, sans garde-fous appropriés ni exigences de responsabilité, qui dominent le paysage numérique. Nous devons favoriser la collaboration entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé et la communauté technique afin de répartir équitablement les avantages des technologies numériques.
Pour fa?onner l’avenir que nous voulons, les femmes et les filles doivent être au premier plan et au centre, montrer la voie, y compris dans le domaine de la technologie. Notre avenir, l’avenir de tous, en dépend – en ligne et hors ligne.
?
?
La?Chronique de l’ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privilège d’accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingués ne faisant pas partie du système des Nations Unies dont les points de vue ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Organisation. De même, les frontières et les noms indiqués ainsi que les désignations employées sur les cartes ou dans les articles n’impliquent pas nécessairement la reconnaissance ni l’acceptation officielle de l’Organisation des Nations Unies.?
