Afrique en Bref
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Afrique en Bref
La mortalité due à la rougeole a spectaculairement chuté de 91 % entre 2000 et 2006, ont annoncé en novembre les partenaires de l’Initiative contre la rougeole, une campagne commune de différents organismes de l’ONU, gouvernements et organisations non gouvernementales. La baisse enregistrée en Afrique a largement contribué au recul général de la mortalité due à la rougeole à l’échelle mondiale durant la même période. La mortalité restante, chiffrée à environ 178 000 décès, concerne aujourd’hui principalement l’Asie du Sud.
Pour la Directrice générale de l’UNICEF, Mme Ann Veneman, “l’effondrement du nombre de décès dus à la rougeole en Afrique et les importants progrès réalisés dans le monde entier montrent bien l’utilité que peuvent avoir des partenariats étroits et leur effet sur la survie de l’enfant."
L’Initiative contre la rougeole, menée de concert par l’Organisation mondiale de la santé, l’UNICEF, la Croix-Rouge américaine, la Fondation des Nations Unies et les Centres for Disease Control (CDC) américains, a orchestré des campagnes de vaccination de masse dans les 46 pays les plus touchés par la maladie. Trente et un de ces pays se trouvaient en Afrique subsaharienne.
On estime ainsi que 478 millions d’enfants âgés de neuf mois à 14 ans ont reçu le vaccin antirougeoleux. “Nous [avons littéralement fait] du porte-à-porte pour informer les mères quant à l’importance critique de la vaccination des enfants”, explique Mme Bonnie McElveen-Hunter, Présidente du Conseil de la Croix-Rouge américaine.
Le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS, a qualifié le progrès réalisé en Afrique de “succès majeur pour la santé publique qui récompense l’engagement des pays de la région africaine”.
Impasse des négociations commerciales au sommet Europe-Afrique
La rencontre au sommet entre dirigeants d’Europe et d’Afrique avait promis l’établissement d’un nouveau “partenariat stratégique” entre les deux régions. Elle s’est soldée par de vagues déclarations mais peu d’accords concrets. La question des droits de l’homme aura suscité une certaine friction, concernant notamment la participation du Président du Zimbabwe. Plus notablement, pourtant, l’Union européenne (UE) n’a pas réussi à convaincre les pays d’Afrique d’entériner ces nouveaux accords de “libre-échange”.
Résumant la position africaine, M. Alpha Oumar Konaré, Président de la Commission de l’Union africaine, l’organisation politique du continent, a affirmé que l’Afrique veut bel et bien participer à la mondialisation de l’économie, y compris par la voie d’un commerce moins restreint, mais qu’il faut repenser les règles du jeu.
L’UE avait dans un premier temps cherché à négocier les nouveaux accords de partenariat économique (APE) avant le 31 décembre 2007, conformément à l’échéance fixée par l’Organisation mondiale du commerce pour mettre fin aux régimes d’assistance et d’échanges préférentiels dont bénéficient depuis une trentaine d’années les anciennes colonies européennes d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). La majorité des 78 pays ACP étant africains, Lisbonne aurait pu marquer une étape importante vers un accord plus large.
Or, à l’approche du délai de fin d’année, l’opposition aux APE des gouvernements africains, groupes économiques régionaux et organisations de la société civile n’a fait que s’amplifier. Tels que proposés par l’UE, les APE auraient exigé des pays ACP qu’ils libéralisent la plupart de leurs échanges régionaux pour bénéficier d’un accès en franchise aux marchés européens. De ce fait, les pays ACP n’auraient dorénavant pu recourir à l’imposition de droits de douane que pour protéger une petite partie de leurs propres marchés.
Soulignant que l’industrie africaine n’est pas prête à concurrencer la production de l’UE, l’économiste sénégalais Moustapha Kassé a lancé cette mise en garde à la veille du sommet de Lisbonne: l’entrée en vigueur des APE pourrait entraîner le “démantèlement systématique des systèmes de production locaux”.
Quelques semaines avant le sommet, le Président sénégalais Abdoulaye Wade déclarait que s’il fallait choisir entre une plus grande assistance financière et la protection de son économie contre une “concurrence destructrice”, il préférait les mesures de protection. Cela d’autant plus qu’une libéralisation abrupte du commerce africain pourrait selon lui donner lieu, à court terme, à une réduction de 35 à 70 % des recettes budgétaires africaines, dans la mesure où elles dépendent largement de la collecte de droits de douane. Au sommet, il a accusé l’Europe de chercher à “passer [à l’Afrique] une camisole de force”, ajoutant que “ça ne marche pas” !
Les dirigeants africains ont déploré les méthodes de l’UE qui s’est adressée séparément à six blocs distincts (Caraïbes, Pacifique et quatre sous-régions d’Afrique) puis, s’est mise à faire pression pour la ratification individuelle d’accords “intérimaires”, sous peine de voir de fortes hausses des droits de douane sur leurs produits dès le 1er janvier 2008. A l’ouverture du sommet, 13 pays d’Afrique avaient signé ces accords intérimaires. A Lisbonne, M. Konaré a dénoncé les efforts faits pour diviser l’Afrique et pour forcer des accords individuels par pays.
L’Europe a fini par s’incliner, reconnaissant que l’échéance originale de fin d’année ne serait pas respectée. Convenant que les choses “prendront du temps”, José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, a dit espérer reprendre en février la discussion des APE. Certains observateurs estiment que cette disposition des dirigeants européens à parler des inquiétudes de l’Afrique s’inscrirait dans l’esprit de la Déclaration de Lisbonne.