Nous espérons tous que la CdP de l'Afrique pourra être un moment charnière pour apporter des certitudes sur l'action climatique. Mais l'urgence climatique peut-elle vraiment recevoir l'attention qu'elle mérite à Sharm-el-Sheikh ? ÌýPlus que jamais, nous sommes dans une ère de turbulence.
Les pays africains sont confrontés à une crise de la dette imminente car ils doivent rembourser 64 milliards de dollars de dettes en 2022, une somme qui représente le double du montant disponible au titre de l'aide bilatérale, selon The One Campaign- Data Dive : Un plan urgent pour éviter la crise de la dette.Ìý
L'Afrique a besoin que la CdP27 s'engage sur un "financement de référence" - des ressources qui sont spécifiquement adaptées pour répondre aux besoins urgents des plus vulnérables.
Les exceptions notables ont été le geste symbolique du gouvernement écossais à Glasgow à l'occasion de la COP26, et plus récemment l'annonce par le Danemark d'un montant de 13 millions de dollars pour les pertes et dommages.
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a demandé instamment que l'on envisage une taxe exceptionnelle sur les bénéfices des combustibles fossiles en ces temps exceptionnels afin de lever des ressources supplémentaires qui pourront être utilisées pour indemniser les pays les plus vulnérables pour les impacts immédiats du changement climatique. Ìý
Un mouvement dans cette direction créerait un précédent positif en appliquant les principes du "pollueur-payeur" pour compenser les plus vulnérables.
D'autres actions pratiques pour faire face aux pertes et aux dommages sont possibles en aidant les pays les plus vulnérables à accéder à des mécanismes d'assurance régionaux efficaces tels que Africa Risk Capacity. ÌýLes ARC ont soutenu avec succès la réduction des risques associés aux catastrophes liées au climat, mais un soutien financier supplémentaire est nécessaire pour assurer une couverture complète des pays les plus vulnérables. Ìý
L'avantage de fournir une telle "subvention" dépasse de loin le coût de l'intervention au lendemain d'une catastrophe et permet également un soutien plus rapide. ÌýDe telles initiatives ne doivent pas être considérées comme un substitut au financement supplémentaire des pertes et dommages, mais comme faisant partie de la gamme d'options permettant de faire face à l'impact des dommages climatiques. Ìý
Les marchés du carbone et la Zlecaf
Le développement des marchés de crédits carbone représente une opportunité importante pour les pays africains de tirer parti de leur important capital naturel comme moyen de mobiliser des ressources supplémentaires. La CEA a travaillé avec des partenaires pour illustrer le fait qu'en utilisant uniquement la séquestration basée sur la nature, les pays africains peuvent fournir jusqu'à 30 % des besoins mondiaux en matière de séquestration, selon la Plateforme d'action climatique pour l'Afrique.
En fonction des prix, jusqu'à 82 milliards de dollars par an pourraient être mobilisés à partir des crédits de carbone basés sur la nature en Afrique. Ìý
Mais les pays africains ont souvent des capacités limitées pour accéder efficacement aux marchés volontaires de crédits carbone. ÌýIl est également essentiel que l'engagement de l'Afrique sur les marchés de crédits carbone s'articule autour de la haute intégrité de ses crédits carbone.
Pour soutenir cet objectif, la CEA a aidé la Commission Climatique du Bassin du Congo à développer un protocole régional et harmonisé et l'établissement d'un registre régional. ÌýLe registre régional est sous-tendu par le développement d'un pipeline d'investissements potentiels dans des secteurs qui ont des impacts significatifs sur les communautés qui dépendent des forêts du Bassin du Congo, en créant des moyens de subsistance et des revenus durables, et en réhabilitant les terres dégradées. Ìý
Le développement de cette approche régionale vise à créer une compréhension régionale commune de la véritable valeur du potentiel de séquestration du carbone en Afrique, et à offrir des opportunités à grande échelle aux investisseurs potentiels.Ìý
Une telle approche régionale nous permet également d'envisager la mise en Å“uvre potentielle de marchés régionaux du carbone au sein du continent africain afin d'encourager l'action climatique et de fournir un flux de ressources prévisibles. Ìý
L'approche régionale pourrait également être intégrée dans la Zlecaf comme un moyen de stimuler l'investissement intra-régional dans la résilience climatique. Ìý
L'action climatique n'a pas été efficace parce que les institutions du développement restent mal équipées pour la mettre en Å“uvre. Une CdP réussie permettra, nous l'espérons, à tous les partenaires d'être véritablement "unis dans l'action" en faveur du climat.Ìý
- La disponibilité à grande échelle d'un financement de type "agenda setting" pour investir dans l'action climatique par le biais des institutions de financement du développement et des banques multilatérales de développement, aligné sur les besoins exprimés dans les CDN.
- Le financement rapide de plans crédibles de transition énergétique juste élaborés par les pays africains.
- Le soutien à la dé-risque des investissements liés au climat par le secteur privé par le biais de la fourniture de financements mixtes.
Jean-Paul Adam est le directeur de la division Technologie, changement climatique et ressources naturelles de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique.