Le Dr Mamadu Baldeh est un m茅decin de 31 ans rattach茅 脿 l'unit茅 des maladies infectieuses et d'isolement de l'h么pital Connaught, dans le Complexe hospitalo-universitaire de l'Universit茅 de Sierra Leone, 脿 Freetown.
Parlez-nous un peu de vous.
Je suis Mamadu Baldeh, un m茅decin de 31 ans rattach茅 脿 l'unit茅 des maladies infectieuses et d'isolement de l'h么pital Connaught, dans le Complexe hospitalo-universitaire de l'universit茅 de Sierra Leone, 脿 Freetown, en Sierra Leone.
Je suis 茅galement assistant de recherche clinique et d茅monstrateur d'anatomie au 鈥楥ollege of Medicine and Allied Health Sciences鈥�, de l鈥橴niversit茅 de Sierra Leone. Je suis le pr茅sident de l'Association des jeunes m茅decins de Sierra Leone.
Depuis combien de temps travaillez-vous dans le secteur de la sant茅 ? Qu'est-ce qui vous a pouss茅 脿 choisir une carri猫re dans ce domaine ? Avez-vous des craintes ou des regrets ?
Je suis m茅decin depuis pr猫s de quatre ans, je fournis des soins cliniques et j'enseigne la m茅decine 脿 l'Universit茅 de Sierra Leone. Ma premi猫re exp茅rience clinique apr猫s avoir quitt茅 la facult茅 de m茅decine a 茅t茅 de servir comme m茅decin volontaire pendant les Jeux olympiques de 2016 脿 R铆o de Janeiro, au Br茅sil.
J'ai grandi en tant que scout, donc le service aux autres m'apporte de la satisfaction. Enfant, j'envisageais une carri猫re de service : m'occuper des personnes qui souffrent et qui sont mal 脿 l'aise. J'ai donc d茅cid茅 de devenir m茅decin.
Ma plus grande crainte est de voir les patients mourir faute d鈥檌nfrastructures m茅dicales. Nous avons des m茅decins extraordinaires en Sierra Leone, mais nous devrions pouvoir agir.
Comment contribuez-vous 脿 la lutte contre la COVID-19 dans votre pays ? En quoi votre travail a-t-il chang茅 depuis l'apparition de la COVID-19 ?
En tant qu'officier responsable de la plus grande unit茅 d'isolement de la COVID-19 en Sierra Leone, je vois des patients qui sont parfois dans un 茅tat critique. Nous fournissons 脿 chaque cas suspect un ensemble d'茅quipements vitaux de chevet, un test de diagnostic rapide et des m茅dicaments d'urgence. Ces derniers permettront de r茅duire le risque 茅ventuel d'infection par transmission crois茅e.
La plupart des cas 脿 l'茅chelle nationale passent par notre 茅tablissement. En tant que seul m茅decin rattach茅 脿 l'unit茅, je dors parfois dans l'茅tablissement o霉 je m'occupe des patients.
Qu'est-ce qui vous affecte le plus dans cette situation li茅e 脿 la COVID-19 ? Qu'est-ce qui vous permet de continuer ? Comment affrontez-vous cette situation ?
Ce qui m'affecte, c'est d'expliquer aux patients pr茅sentant des sympt么mes l茅gers qu'ils sont positifs 脿 la COVID-19. Parfois, un patient peut remettre en question un r茅sultat de laboratoire ou m锚me notre jugement m茅dical. Mais nous continuons 脿 nous motiver au sein de l'unit茅 pour faire de notre mieux pour tous nos patients.
De plus, la plupart des cas qui arrivent dans notre unit茅 sont fortement suspect茅s d'锚tre atteints de la COVID-19, mais peuvent pr茅senter des comorbidit茅s de longue date. Par cons茅quent, suite au test, qu'il s'agisse ou non de la COVID-19, il y a des nouvelles d茅favorables pour un patient pr茅sentant des conditions de sant茅 ant茅c茅dentes.
Enfin, en l'absence de programme de d茅pistage g茅n茅ral actif pour identifier les patients asymptomatiques ou l茅g猫rement symptomatiques, ceux qui finissent par se faire tester risquent de pr茅senter d茅j脿 des sympt么mes graves de la COVID-19, ce qui complique la prise en charge de la maladie.
Quelle strat茅gie, selon vous, a bien fonctionn茅 dans cette lutte et qu'est-ce qui n'a pas fonctionn茅 ? Que faut-il faire pour remporter la bataille contre la COVID-19 ?
Dans les premiers jours de la lutte contre la COVID-19, il semblait que nous 茅tions en avance sur le virus. Nous 茅tions parmi les derniers pays au monde 脿 enregistrer des cas. Des mesures telles que la sensibilisation communautaire, les messages d'hygi猫ne, la distanciation sociale et la fermeture de l'a茅roport international ont toutes donn茅 de bons r茅sultats.
脡tant donn茅 qu'un pourcentage 茅norme de la population vit de ses revenus quotidiens, les ressources disponibles devraient 锚tre affect茅es au soutien des familles pendant une p茅riode de confinement prolong茅, de deux 脿 trois semaines ou plus. Le confinement perturbe la p茅riode d'incubation du virus et r茅duit consid茅rablement la transmission au sein de la communaut茅. Cela nous donne 茅galement suffisamment de temps pour effectuer un d茅pistage, 茅valuer les communaut茅s suspectes et isoler les patients asymptomatiques.
Deuxi猫mement, nous devons nous procurer davantage de kits de tests et effectuer davantage de tests. Le personnel de sant茅 a besoin d'EPI (茅quipement de protection individuelle) pour continuer 脿 combattre le virus.
Les masques devraient 锚tre obligatoires pour tous ceux qui se trouvent en dehors de leur domicile.
Enfin, la strat茅gie d鈥檌nformation du public doit 锚tre coh茅rente. Pour contrer les fausses nouvelles, nous ne devrions pas avoir de divergences dans les informations que nous communiquons 脿 la population en g茅n茅ral.
Quel est votre message aux habitants de votre pays et aux Africains en g茅n茅ral, en cette p茅riode de la COVID-19 ?
Mon message est que la COVID-19 est r茅elle, et que la meilleure chance que nous avons de gagner la bataille est de suivre les mesures mises en place par les autorit茅s, notamment l'utilisation de masques faciaux, l'observation de la distance sociale, le lavage r茅gulier des mains et d'autres r猫gles d'hygi猫ne. Ces mesures contribueront 脿 aplatir la courbe.
Mon message aux autorit茅s est le suivant : veuillez renforcer notre capacit茅 de test.
Nous avons la responsabilit茅 d'investir dans notre syst猫me de sant茅 en permanence, et pas seulement en cas de crise sanitaire.
