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Cinq ampoules de lampe de poche, une vieille batterie de voiture et un panneau solaire ont suffi à Richard Turere, 11 ans, pour mettre en place un système lumineux de protection des têtes de bétail de sa famille contre les attaques des lions. Son invention, d’une grande simplicité, coûte moins de 10 dollars. Elle permet aussi d’éviter que les éléphants ne viennent piétiner les cultures.
Les ampoules sont reliées à la batterie, qui est elle-même chargée grâce au panneau solaire. Les ampoules clignotent chacune à leur tour et effraient les lions affamés. Interrogé par la BBC, Charles Musyoki, un scientifique chevronné du Kenya Wildlife Service (Service de la faune kényane), juge ce système « ingénieux ». Les lions, explique-t-il, « n’ont pas peur d’une lumière fixe ; par contre des lumières clignotantes qui proviennent de sources multiples les gênent » et les éloignent.
La famille de Richard vit en bordure du Parc national de Nairobi et il n’est pas rare que les lions rôdent dans le village à la recherche de nourriture. Quand le taureau de sa famille a été tué, Richard s’est mis à réfléchir aux moyens de déjouer les attaques de fauves. L’idée lui est venue alors qu’il rentrait les vaches, en voyant un lion se retirer dans la pénombre au moment où il a dirigé vers lui le faisceau de sa lampe de poche.
Les conflits entre hommesÌýet bêtes sauvages au Kenya sont fréquents. On estime que le pays perd une centaine de lions par an et selon le magazine The Economist, ces pertes sont souvent dues à des actes de « justice populaire » de la part d’habitants en colère. Selon le Kenya Wildlife Service, ce type de conflits coûte au Gouvernement des sommes importantes.Ìý
Quelque 800 000 dollars de dédommagement ont ainsi été payés pour la seule année 2011. Mais l’Ėtat tire aussi d’immenses profits du tourisme lié à la faune, ce qui fait croire aux habitants que les animaux sauvages sont traités avec plus d’égards qu’ils ne le sont eux-mêmes.
L’invention de Richard lui vaut aujourd’hui le surnom de « dompteur de lion ». Richard a installé ses « lampes à lion » dans tout le voisinage et les attaques sont en diminution.Ìý
Son invention, à la fois simple et innovante, permet d’éviter les conflits entre l’homme et la faune. Cette invention, dit-il, l’a aussi aidé à « faire la paix avec les lions ».
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Des petits agriculteurs attirent de « grands » investissements
ParÌýGeoffrey Kamadi Ìý
Au Kenya, les petits exploitants agricoles peuvent désormais stocker et gérer les données sur la teneur en pesticides de leurs récoltes avant de les exporter, grâce à une plateforme mobile de type « cloud » qui assure le suivi des résidus de pesticides dans les fruits et légumes. Selon le quotidien kényan Business Daily, le logiciel Farmforce, que l’on doit à Syngenta, la Fondation suisse pour une agriculture durable, va progressivement remplacer la tenue manuelle de registres par une version en ligne qui pourra être consultée gratuitement par les agriculteurs via un téléphone mobile.
Appuyée par le Gouvernement suisse, la Fondation Syngenta a développé en 2011 une plateforme de 2 millions de dollars avec l’aide d’une équipe suisse et d’une équipe de soutien kényane.
En outre, cette technologie n’est pas limitée à l’horticulture et peut être utilisée pour tous types de cultures. Déjà , le Ghana, le Guatemala, l’Indonésie, le Nigéria et le Zimbabwe ont exprimé leur intérêt pour cette plateforme.
Selon le recueil de référence 2011 de la Banque mondiale sur les TIC dans l’agriculture, le Kenya, avec 5 millions d’agriculteurs, constitue un foyer d’innovation technologique pour la communauté agricole.
L’Ouganda utilise une plateforme mobile de type « cloud » pour regrouper les informations agricoles et les services financiers conçus pour les petits exploitants, rapporte le Christian Science Monitor. C’est ainsi queÌý les agriculteurs peuvent commander et payer des semences et des engrais à partir de leurs téléphones portables, et vendre leurs produits en ayant recours au même service.
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Des solutions pour prévenir et guérir le paludisme existent, mais sont hors de portée pour la majorité des populations en Afrique.ÌýPhoto: Check-in Films/Faso Soap
La technologie, au service de la santé, stimule la créativité
ParÌýPavithra Rao
Les jeunes entrepreneurs africains s’efforcent de résoudre certains des problèmes de santé les plus graves sur le continent. Arthur Zang, un ingénieur camerounais de 24 ans, a conçu une tablette médicale, appelée Cardiopad, équipée d’un écran tactile qui permet de réaliser des électrocardiogrammes (ECG) afin de mesurer l’activité cardiaque.
Le Cardiopad arrive à temps, l’Organisation mondiale de la santé faisant savoir que les maladies cardiaques progressent en Afrique. Le Cameroun, qui a plus de 20 millions d’habitants compte moins de 40 cardiologues, ce qui rend cet outil portatif d’autant plus utile, déclare
M. Zang.
Grâce au Cardiopad, il n’est plus nécessaire d’effectuer de longs trajets pour voir un cardiologue. L’appareil peut fonctionner sans électricité et utilise une batterie dont l’autonomie est d’environ sept heures, explique M. Zang, ce qui est très important puisque la plupart des campagnes camerounaises n’ont pas l’électricité.
Le Cardiopad se vend actuellement entre 2 000 et 3 000 dollars, moins cher que la plupart des électrocardiographes classiques. Avec un taux de fiabilité de 97,5 %, selon son inventeur, l’appareil pourrait permettre de sauver la vie des patients cardiaques au Cameroun.
Parallèlement, deux étudiants africains habitant aux Etats-Unis, Moctar Dembélé, du Burkina Faso, et Gérard Niyondiko, du Burundi, ont remporté un prix de 25 000 dollars attribué par l’Université de Berkeley, en Californie, pour avoir inventé un savon qui éloigne les moustiques vecteurs du paludisme. Ce sont les premiers Africains à remporter le concours Global Social Venture organisé par cette université. Tous deux espèrent utiliser l’argent pour produire le savon, qu’ils ont nommé Faso.
Le savon Faso est fabriqué entièrement à partir d’ingrédients naturels et d’un « ingrédient secret » qui, selon ses inventeurs, contribue à éliminer les larves de moustiques.Ìý Selon l’Organisation mondiale de la santé, plus deÌý600 000 personnes sont mortes du paludisme en 2010, dont 90 % en Afrique. M. Dembélé, qui est aussi le directeur général de Faso Soap, déclare : « Nous voulions une solution simple, parce que tout le monde utilise du savon, même dans les communautés très pauvres. » Son associé , M. Niyondiko, prévoit de vendre chaque savonnette pourÌý0,59 dollar.
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Erica Kochi et Christopher Fabian, créateurs de RapidSMS, au siège de l’UNICEF à New York. UNICEF/ Susan Markisz
Le dispositifÌý « RapidSMSÌý » transforme des vies
Quand en 2009, Christopher Fabian et Erica Kochi, deux employés du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), ont développé RapidSMS, une plateforme de collecte des données et de communication de groupe qui utilise le service de messagerie SMS sur téléphone portable, leur ambition était de s’attaquer à la lenteur des transmissions au sein du système de surveillance de la sécurité alimentaire du Malawi. Aujourd’hui, RapidSMS transforme les vies de millions de personnes dans de nombreux pays africains en facilitant l’enregistrement des naissances ou la comptabilisation des distributions de moustiquaires au Nigéria, le suivi de la santé néonatale en Zambie ou encore la distribution de nourriture dans la Corne de l’Afrique.Ìý
Christopher Fabian et Erica Kochi sont devenus des célébrités et figurent dans la liste 2013 des 100 personnalités les plus influentes de la planète établie par le magazine Time.Ìý« Je suis fier d’être leur collègue », affirme Anthony Lake, le Directeur général de l’UNICEF.
RapidSMS est un outil très simple qui permet aux intervenants de première ligne de transférer des données par SMS par l’intermédiaire d’un site sécurisé. Les décideurs ou les membres du public peuvent consulter ces données en temps réel et suivre l’avancement des projets. Si nécessaire, une intervention rapide peut être envisagée.
Au Nigéria, RapidSMS, mis en place en janvier 2011, a permis d’enregistrer quelque 7 millions de naissances avant la fin de l’année 2012. Une plateforme Internet y accueille les données transmises via SMS par l’état civil des naissances de 686 régions dans 33 des 36 Ä–tats du pays. L’UNICEF explique qu’avant 2011, le NigériaÌý ne pouvait procéder qu’à l’enregistrement de la moitié de ses 6 millions de naissances annuelles. « Sans acte de naissance, peut-on lire sur le site de l’UNICEF, un enfant a beaucoup moins de chances de recevoir une éducation, d’être vacciné ou de recevoir des soins. »
La boucle de rétroaction intégrée à RapidSMS en fait un outil important. Elle permet ainsi aux professionnels de santé d’obtenir des réponses rapides dans le cadre de « diagnostics nutritionnels basés sur les données reçues pour chaque enfant ».
Il y a peu encore, les professionnels de santé du Nigéria enregistraient manuellement les informations relatives aux naissances qui étaient ensuite envoyées au siège de leur organisation où elles étaient une nouvelle fois intégrées manuellement à une base de données avant d’être analysées. Pour l’UNICEF, RapidSMS a permis de changer la donne en permettant « l’accès à des informations précises et actualisées ».
Les chefs de projets s’appuieront sans doute de plus en plus sur les SMS des téléphones portables car, selon la Banque mondiale, le nombre d’utilisateurs de téléphones portables en Afrique dépasse actuellement les 650 millions, alors qu’il n’était que de 2 millions en 1998. L’UNICEF estime que la plupart des employés du secteur public possèdent aujourd’hui un téléphone portable. Pourtant, comme l’explique Merick Schaefer, spécialiste de l’innovation à la Banque mondiale, même si le dispositif RapidSMS permet d’obtenir des informations utiles en temps réel, « la technologie n’est qu’un facteur d’innovation parmi d’autres ». Pour Merick Schaefer, les méthodes de travail de chacun doivent être adaptées à l’utilisation des données en temps réel. Si elle est combinée avec de meilleures pratiques technologiques, l’impact d’une innovation comme RapidSMS sur la vie des gens peut être énorme.