Partenariats en Å“uvre
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Partenariats en Å“uvre
La construction, au Ghana, d’un parc de stockage de gaz naturel liquéfié pour contribuer à la production d’électricité dans la centrale électrique de Kpone dans la ville portuaire de Tema, près d’Accra, laisse espérer la fin de la crise énergétique qui sévit dans le pays depuis quelques années.Ìý Un programme de rationnement qui impose de ne pas utiliser de courant pendant vingt-quatre heures un jour sur deux a été mis en place à cause des coupures d’électricité. Les entreprises ont été contraintes de s’équiper de sources d’électricité alternatives, tels les générateurs, qui occasionnent des frais supplémentaires. Certaines ont dû même licencier.ÌýÌýÌýÌý
Le projet de parc de stockage, construit grace à un partenariat public-privé (PPP) entre Quantum Power Ghana Gas et la Ghana National Petroleum Corporation, pour un budget de 600 millions de dollars, devrait permettre au pays de disposer d’électricité de façon plus fiableÌý et efficace.ÌýÌýÌý
L’usine apportera 220 mégawatts d’électricité supplémentaire au réseau public ghanéen. La capacité de production actuelle du pays de 2 900 mégawatts ne suffit pas à répondre à la demande croissante qui devait, selon la Politique énergétique nationale de 2010, atteindre 5 000 mégawatts en 2016.ÌýÌýÌýÌý
Ìý«Nous espérons que le projet réglera le problème du dumsor une fois pour toutes», indique Nancy Osabutey, habitante d’Accra. Dumsor est un terme ghanéen qui désigne les fluctuations de la distribution d’électricité.Ìý
L’Institut de recherchesÌý statistiques,Ìý sociales et économiques (Institute of Statistical, Social and Economic Research), un groupe de réflexion basé au Ghana, estime, dans un récent rapport, que l’économie ghanéenne a perdu 24 milliards de dollars depuis 2010 en raison de la crise énergétique.ÌýÌýÌýÌýÌý
Comme beaucoup de pays africains, le Ghana manque de moyens pour financer ses infrastructures, mais les responsablesÌý gouvernementaux commencent à comprendre que les PPP peuvent aider à résoudre le problème.ÌýÌý
Ìý« Au cours des dernières années, l’Afrique a évolué. Mais si l’on souhaite renforcer laÌý croissance, il faut s’occuper des immenses retards de financement et de développement des infrastructures, notamment dans la production et la distribution d’énergie, la construction de routes et de ports », indique Tilahum Temesgen, économiste en chef régional pour le Centre de ressources pour l’Afrique de l’Est de la Banque africaine de développement (BAD).
La BAD estime que le continent doit investir près de 100 milliards de dollars par an dans les infrastructures, maisÌý les dépenses totales des pays africains dans ce domaine ne représentent que la moitié de ce montant, soit un manque à gagner de 50 milliards de dollars.ÌýÌýÌý
Ìý« La différence doit venir de quelque part. Avoir recours aux investissements du secteur privé par le biais des PPP est une façon innovante d’atttirer des financements pour les infrastructures en Afrique, ce qui a un fort impact sur le développement et la réduction de la pauvreté, déclare M. Temesgen.
ÌýLes gouvernements et les partenaires de développement ne peuvent à eux seuls combler le manque de financements pour les infrastructures. Il est donc vital de mobiliser des financements privés », ajoute-t-il.
L’apport de fonds privés porte ses fruitsÌý dans différentes régions du continent, comme ce sera peut-être le cas pour le Ghana avec l’usine électrique de Kpone.Ìý
En Côte d’Ivoire, le pont Henri Konan Bédié dans la capitale Abidjan est considéré comme l’un des projets les plus réussis mis en place dans le pays après la guerre grâce aux PPP.
Le pont, construit pour 265 millions de dollars et inauguré en 2014, relie deux secteurs importants d’Abidjan – la Riviera au nord et Marcory au sud – et a permis de supprimer plus de 10 km de bouchons. Près de cent mille véhicules utilisent le pont chaque jour.
Ìý« Nous profitons des avantages d’une meilleure circulation. Nous perdons moins de temps, ce qui veut dire que notre productivité augmente. Auparavant, nous passions trois heures dans les embouteillages », raconte Abraham Kone, un habitant d’Abidjan.Ìý
Le pont a aussi permis de désenclaver l’arrière-pays, simplifiant ainsi le transport de marchandisesÌý jusqu’au port d’Abidjan, le plus grand port sur la côte ouest-africaine.
Les partenariats public-privé permettent aussi une diversification du secteur de l’énergie. L’agrandissement de la centrale thermique d’Azito grâce à Ìýla construction de deux usines électriques de 144 mégawatts permettra d'économiserÌý 4 millions de dollars par an. Ainsi la Côte d’Ivoire au lieu d'importerÌý de l’électricité en exportera.ÌýÌý
La centrale thermique agrandie, située à six kilomètres à l’ouest du port d’Abidjan, produit plus de 30% de l’électricité nationale, dont une partie estÌý redistribuée aux pays voisins dont le Ghana.ÌýÌýÌý
Le gouvernement est très attentif aux partenariats avec le secteur privé pour la promotion du développement durable.
Selon Albert Toikeusse Mabri Abdallah,Ìý ministre ivoirien deÌý la Planification et du Développement, «les PPP entrent parfaitement dans le cadre du Plan de développement national de la Côte d’Ivoire, qui privilégie la construction et la rénovation des infrastructures pour accélérer le développement. Et le ministre de préciser : Une telle collaboration garantira la création d’emplois et la réduction de la pauvreté.»
Selon les Objectifs deÌý développement durable (ODD), les PPP peuvent contribuer au développement durable en Afrique. L’une des priorités du Fonds pour la réalisation desÌý ODD financé par l’ONU est d’inciter au rapprochement des secteurs public et privé pour relever les défis du développement.Ìý
Toutefois, selon un rapport de la BAD, de nombreux pays africains n’en sont qu’aux premiers stades de la mise en oeuvre des PPP, car «celle-ci est encore inhabituelle et complexe».
Le rapport indique que le recours aux PPP a toujours été plus rare en Afrique subsaharienne que dans le reste du monde. Sur le continent, la majeure partie des PPP concernent le domaine des télécommunications, même siÌý le secteur de l’énergie voit apparaître de plus en plus de PPP.Ìý
Ìý«Les PPP ne sont pas faciles. Il faut un certain nombre d’ingrédients pour qu’ils réussissent. Un environnement macroéconomique stable notamment», explique M. Temesgen.
Toutefois, dans un environnement où la réglementation est inadéquate, où les règles et procédures ne sont pas claires et où l’engagement politique est insuffisantÌý la mise en place de PPP est entravée.ÌýÌý
Les partenariats public-privé en Ouganda
L’Ouganda est l’un des pays à disposer d’un programme PPP fiable. Selon le rapport de la BAD, de nombreux facteurs en sont responsables, dont le soutien de la présidence et du ministère des Finances, le succès d’un précédent programme de privatisation et la qualité du cadre légal utilisé.ÌýÌý Ìý
Lors d’une réunion en Corée du Sud en novembre dernier, Ajedra Gabriel Gadison Aridru, le ministre ougandais des Finances, du Plan et du Développement économique, a qualifiéÌý la Loi sur les PPP promulguée en 2015 deÌý facteur incitatif. La loi définit les engagements particuliers des partenaires privés dans le cadre d’un PPP. Elle délimite aussi les rôles et responsabilités des organes gouvernementaux au cours de la conception et de la mise en oeuvre des PPP.ÌýÌýÌýÌý
Certains s’inquiètent toutefois des graves menaces pour l’environnement que constituent certains PPP. La compagnie de gaz ghanéenne (Ghana Gas Company) a étéÌý accusée notamment de ne pas réagir alors que des régions comme Atuabo, dans l’ouest du Ghana, souffrent des effets de la prospection pétrolière et gazière qui a engendré une pollution massive deÌý l’air et de l’eau.ÌýÌýÌýÌýÌý
Du fait de ces inquiétudes, il est demandé aux gouvernements de rendre publiques les évaluations des risques, notamment en termes d’impact environnemental et social, pour les grands projets. Des institutions comme le Bretton Woods Project appellent à davantage de discussions entre experts, à une plus large participation de la société civile et à un suivi plus assidu des PPP par tous les intéressés.ÌýÌý