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Préserver les enfants des conflits armés

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Préserver les enfants des conflits armés

Des progrès dans certains pays, mais les pratiques abusives demeurent répandues
Afrique Renouveau: 
Reuters / Stephanie Hancock
A boy soldier in the Chadian army Enfant soldat dans l’armée tchadienne ; les deux parties au conflit ont recruté des enfants combattants, au mépris des normes internationales.
Photo: Reuters / Stephanie Hancock

Le recrutement d’enfants pour les combats pratiqué par toutes les parties s’est poursuivi plusieurs années après le début du conflit en Côte d’Ivoire. Mais la signature d’un accord de paix global l’année dernière a permis de quasiment faire cesser cette pratique, a affirmé à la fin janvier le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, devant le Conseil de sécurité. De ce fait, les noms des groupes ivoiriens précédemment cités pour de telles pratiques dans les annexes des rapports annuels du Secrétaire général sur les enfants dans les conflits armés en ont été retirés.

La Sierra Leone et le Libéria avaient coutume de recruter de nombreux enfants. La paix s’y étant désormais installée, ces deux pays ne figurent plus non plus dans ces documents. La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, qualifie ces annexes de « liste de la honte » destinée à contraindre les groupes cités à renoncer à ces pratiques.

Certains pays africains ont enregistré de modestes gains dans ce domaine. Un accord de paix conclu en janvier entre le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et des factions rebelles des provinces du Nord et Sud Kivu a appelé à la démobilisation des enfants combattants. « Nous accueillons tous les mois environ 200 enfants soldats qui quittent les groupes armés », affirme Ntumba Luaba, le coordinateur national du programme de désarmement, de démobilisation et de réintegration (DDR) de la RDC.

Le Secrétaire général a toutefois fait remarquer que les groupes congolais cités dans les rapport précédents de l’ONU pour le recrutement, l’exploitation et l’enlèvement d’enfants poursuivaient leurs pratiques abusives et que, de ce fait, leurs noms continuaient de figurer dans les documents annexes de l’Organisation. Ces groupes comprennent les forces du général rebelle Laurent Nkunda, qui ont recruté un nombre croissant d’enfants pendant la période nommée, ainsi que les forces gouvernementales congolaises. En outre, malgré la réduction du nombre d’incidents ayant entraîné la mort et la mutilation d’enfants en RDC, bon nombre d’entre eux continuaient d’être victimes de sévices sexuels. Au Sud Kivu seul, l’ONU et ses partenaires sont venus en aide à quelque 1 400 enfants victimes de viol et d’autres violences sexuelles au cours de la période annuelle qui s’est terminée à la fin juin 2007.

Surveillance étroite

Reconnue depuis un moment comme un problème humanitaire grave, l’incidence des conflits armés sur les enfants est également considérée depuis les années 1990 comme une question de paix et de sécurité. A partir de 1999, le Conseil de sécurité de l’ONU a inscrit régulièrement ce point à son ordre du jour. La démobilisation des enfants soldats est désormais une activité courante dans le cadre des opérations de DDR organisées sous les auspices de l’Organisation, et des organismes de l’ONU et des associations de la société civile surveillent en permanence la situation des enfants dans les zones de combats.

Par ailleurs, des recruteurs d’enfants OK ont été traduits en justice. Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone a inculpé plusieurs anciens chefs de guerre et a ouvert une procédure pénale pour recrutement d’enfants contre son prévenu le plus célèbre, l’ancien président libérien Charles Taylor. Pour sa part, le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye a inculpé plusieurs chefs rebelles en RDC et Ouganda et lancé des mandats d’arrêt contre certains autres, alors que des tribunaux congolais ont engagé des poursuites judiciaires semblables contre un certain nombre de personnes.

« La lutte contre l’impunité sous la forme de la mise en cause de la responsabilité des auteurs d’atteintes graves aux droits des enfants est essentielle pour faire cesser ces actes inadmissibles », affirme Mme Coomaraswamy.

Sévices répandus

Pourtant, en dépit d’une action plus vigoureuse, les pratiques abusives demeurent largement répandues. Le nombre d’enfants combattants dans le monde se situe entre 250 000 et 300 000. Le rapport du Secrétaire général souligne la facilité avec laquelle les enfants sont recrutés dans les camps de personnes déplacées, citant l’exemple du Tchad, de la RDC, du Soudan et de l’Ouganda.

Le rapport énumère différentes formes d’abus dans plusieurs pays :

  • Plusieurs groupes rebelles en République centrafricaine ont recruté des enfants combattants, provoquant de nombreuses victimes parmi eux. Toutefois, un accord conclu par l’un de ces groupes, le gouvernement et le Fonds des Nations Unies pour l‘enfance (UNICEF) a abouti à la libération de 450 enfants.
  • Les forces gouvernementales et rebelles du Tchad ont recruté des centaines d’enfants soldats. Des groupes armés du Darfour, au Soudan voisin, soutenus par le Gouvernement tchadien, ont également recruté des enfants des camps de réfugiés au Tchad.
  • Au Soudan même, toutes les parties au conflit du Darfour ont recruté et exploité des enfants. Le recrutement d’enfants par les anciennes forces rebelles du sud se poursuit malgré la conclusion d’un accord de paix. Suite à la signature d’un accord de paix en octobre 2006 par les représentants du gouvernement et un groupe rebelle de l’est du pays, quelque 250 enfants ont été démobilisés.
  • En Somalie, le Gouvernement fédéral de transition et l’Union des tribunaux isla-miques ont recruté des enfants pendant les affrontements violents de Mogadiscio à la fin de 2006. Depuis juin 2007, toutefois, le Gouvernement fédéral de transition, qui administre désormais la ville, procède à la démobilisation des enfants.
  • Les insurgés de l’Armée de résistance du Seigneur en Ouganda sont tristement célèbres pour leurs enlèvements d’enfants qui sont ensuite envoyés au front ou réduits en esclaves sexuels. Le champ d’opération de cette armée se situe surtout de l’autre côté de la frontière, au Sud Soudan, d’où de nombreux enfants ont réussi à s’échapper ou ont été recueillis par des forces ougandaises ou leurs alliés du Sud Soudan.

Pour faire cesser ces pratiques, le Secrétaire général a invité le Conseil de sécurité à examiner la possibilité d’adopter des « mesures ciblées », notamment des sanctions, contre les groupes qui exploitent systématiquement les enfants. Il recommande également que toutes les missions futures de maintien de la paix de l’ONU comportent des conseillers à la protection de l’enfance et exhorte tous les pays à faire traduire en justice les responsables du recrutement militaire des enfants et d’autres pratiques abusives à leur encontre.

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