Les ministres africains des finances, de la planification et du développement économique ont appelé à une action décisive visant à réformer l’architecture mondiale de la dette afin de permettre les investissements nécessaires à la réalisation des Objectifs de développement durable et climatiques dans le monde entier.
L’appel a été lancé lors d’une réunion du Groupe de travail de haut niveau sur l’architecture financière mondiale en marge de laÌý.
Le Groupe de travail de haut niveau, coordonné par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), comprend les ministres africains des finances, de la planification et du développement économique, l’Union africaine, la Banque africaine de développement, Afreximbank et la Banque mondialeÌý; avec la participation du personnel et des directeurs exécutifs du FMI. Le Groupe sert de forum afin d’élaborer des propositions de réforme de l’architecture financière mondiale et pour renforcer la voix africaine sur la scène mondiale.
MmeÌýHanan Morsy, Secrétaire exécutive adjointe et Économiste en chef de la CEA, note que 2023 représente un moment critique pour faire avancer les efforts de réforme préconisés par le Groupe de travail de haut niveau. De nombreuses idées du Groupe s’alignent sur les propositions du Secrétaire général de l’ONU en ce qui concerne la réforme de l’architecture financière internationale, qui font partie de son appel à une relance des ODD d’au moins 500 milliards de dollars par an pour réaliser le Programme 2030.
Le Groupe souligne la nécessité de tirer parti des principales organisations et plateformes pour faire avancer le programme de réforme de l’architecture financière mondiale. Celles-ci comprennent : la table ronde mondiale sur la dette souveraine - une initiative conjointe de la présidence indienne du G20 ; le FMI et la Banque mondiale ; le Sommet pour un Nouveau pacte financier mondial (qui se tiendra en juin)Ìý; le Sommet sur l’action climatique ; le Sommet sur l’ambition climatique ; et le Sommet sur les ODD qui se tiendra en septembre.
Les ministres ont exprimé leur espoir de voir l’Afrique, représentée par l’Union africaine, obtenir enfin un siège permanent au G20 et renforcer ainsi davantage sa voix sur la scène mondiale.
Dette et cadre commun
Les ministres ont également exprimé leurs inquiétudes quant à la vulnérabilité croissante de la dette en Afrique, alors que huit pays africains sont confrontés à un surendettement et 13 risquent de se retrouvés surendettés selon l’Analyse de viabilité de la dette du FMI et de la Banque mondiale. Ils ont reconnu que le Cadre commun du G20, conçu pour répondre aux profils de créanciers plus diversifiés d’aujourd'hui, n’a pas soutenu efficacement les pays en situation de surendettement.
Ils ont en outre exhorté le G20 à réviser d’urgence le Cadre commun pour le rendre plus efficace, limité dans le temps et transparent et à accorder un moratoire au Service de la dette pour les candidats. Les principales propositions comprennent la formation de comités élargis de créanciers avec des créanciers du secteur privé pour atténuer les défis de coordination, l’établissement d’une formule de « comparabilité de traitement » pour minimiser les différends techniques et l’utilisation plus audacieuse des politiques de prêt à des pays en situation d’arriérés du FMI pour réduire l’effet de levier des créanciers récalcitrants.
À long terme, la création d’un club des créanciers multilatéraux, agissant en partenariat avec les débiteurs, pourrait soutenir la coordination des futures restructurations du cadre commun et superviser les problèmes de dette mondiale en suspens. À cet égard, les ministres ont appelé à l’examen et à la mise à jour de l’Analyse de viabilité de la dette du FMI et de la Banque mondiale afin de la rendre davantage axée sur les ODD et la solvabilité. Ils ont également souligné la nécessité de renforcer le cadre juridique international de la dette par le biais de clauses d’action collective et de force majeure renforcées, d’une législation anti-fonds vautours et d'instruments de dette dépendant de l'État.
Les ministres ont également exprimé leurs préoccupations concernant les notations de crédit biaisées de nombreux pays africains et ont souligné la nécessité de résoudre les problèmes de transparence et de réglementation.
Coalition de la dette durable
Les ministres ont salué et approuvé l’Initiative Coalition de la dette durable, qui a été présentée par M. Mohamed Maait, Ministre des finances de l’Égypte. La Coalition vise à accroître l’accès à des financements verts et en faveur des ODD abordables et à soutenir le refinancement ou l’émission de dettes alignés sur les objectifs de durabilité définis par les débiteurs. Elle favorise également les consultations à l’intersection de la dette, du climat et du développement. Ses domaines d’intervention comprennent : les échanges de dette contre des investissements climatiques ; les obligations vertes et bleues ; financement mixte ; l’approche de budgétisation durable ; la suspension automatique de la dette en cas d’évènement climatique (appelées «Ìýclauses ouraganÌý»)Ìý; accorder la priorité au financement par subventionsÌý; et des indicateurs de performance clés définis par le créancier.
La CEA a été priée de coordonner, dans l’intérim, le secrétariat de la Coalition et de collaborer avec ses partenaires pour faire avancer ses objectifs avant la COP28.
Le Groupe de travail de haut niveau poursuivra ses discussions en faveur d’une architecture financière mondiale réformée en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, en avril 2023.