缅北禁地

Au Kenya, des femmes Masa茂 se mobilisent contre leur marginalisation politique et la vente de leurs terres communautaires.

Photo: Panos / Sven Torfinn

Les San, peuple autochtone du d茅sert du Kalahari au Botswana, ont remport茅 une grande victoire en d茅cembre 2006, au terme de la plus longue et plus co没teuse proc茅dure judiciaire jamais engag茅e dans le pays. La Cour sup茅rieure a statu茅 que l鈥橢tat les avait expuls茅s injustement d鈥檜ne r茅serve quatre ans auparavant et qu鈥檌ls pouvaient d茅sormais retourner sur leurs terres. Des militants de la soci茅t茅 civile du monde entier ont salu茅 cette d茅cision, qui constitue selon eux un pr茅c茅dent historique pour les droits des peuples autochtones de la terre enti猫re - notamment de ceux de l鈥橝frique, o霉 de nombreux gouvernements ont jusqu鈥檌ci 茅t茅 peu enclins 脿 reconna卯tre la notion de droits autochtones.

Cette affaire a 茅t茅 port茅e devant les tribunaux apr猫s que les San ont 茅t茅 expuls茅s en 2002 de la r茅serve animali猫re du Kalahari central. A la suite d鈥檜ne action collective en justice intent茅e par les San cette ann茅e-l脿, la Cour a estim茅 que le Gouvernement avait agi 鈥渄e fa莽on inconstitutionnelle鈥� et 鈥渋ll茅gale鈥�. D鈥檃pr猫s M. Rupert Isaacson de l鈥橧ndigenous Land Rights Fund, association de d茅fense des San, 鈥渃es expulsions ont 茅t茅 accompagn茅es de brutalit茅s et de la destruction de points d鈥檈au鈥�.

Le Gouvernement colonial britannique a cr茅茅 cette r茅serve d鈥檜ne superficie de 52 800 kilom猫tres carr茅s 鈥� plus grande que la Suisse 鈥� peu de temps avant l鈥檃ccession 脿 l鈥檌nd茅pendance du Botswana en 1966. Des anthropologues estimaient que les San vivaient dans cette zone depuis au moins 40 000 ans, mais que leur nombre diminuait 脿 une vitesse alarmante. L鈥檃dministration coloniale a d茅clar茅 qu鈥檌ls 茅taient 鈥渕enac茅s d鈥檈xtinction鈥� et a 茅tabli la r茅serve pour qu鈥檈lle leur tienne lieu de refuge.

Mme Adophine Muley, qui repr茅sente les 鈥減ygm茅es鈥� twa de l鈥橢st de la R茅publique d茅mocratique du Congo, 脿 une conf茅rence de presse de l鈥橭NU sur les questions autochtones

Photo: 缅北禁地/ Stephenie Hollyman

Apr猫s l鈥檌nd茅pendance, le nouveau Gouvernement botswanais a encourag茅 les San 脿 aller vivre 脿 l鈥檈xt茅rieur, dans des zones d鈥檌mplantation b茅n茅ficiant de l鈥檃ide de l鈥橢tat, 脿 port茅e de services modernes comme des 茅coles et des dispensaires o霉 ils pourraient s鈥檃ssimiler 脿 la soci茅t茅 moderne. Mais beaucoup ont refus茅, pr茅f茅rant rester dans le milieu naturel o霉 ils pourraient continuer 脿 vivre de la chasse et de la cueillette comme ils le faisaient depuis des milliers d鈥檃nn茅es. Le Gouvernement a donc d茅cid茅 d鈥檈xpulser de la r茅serve 3000 San, ce qui d茅clencha l鈥檃ction en justice.

Malgr茅 la d茅cision des tribunaux, la bataille n鈥檈st pas finie. La Cour a statu茅 que les 189 demandeurs 脿 l鈥檕rigine de la proc茅dure judiciaire et leurs enfants pouvaient revenir dans la r茅serve. Certains militants, comme les membres des Premiers peuples du Kalahari, affirment que cette d茅cision devrait s鈥檃ppliquer aux 50 000 San du pays. Mais le Gouvernement botswanais soutient que les autres San qui souhaitent revenir ne peuvent le faire qu鈥櫭� condition d鈥檕btenir une autorisation de l鈥橢tat.

Qui est autochtone ?

L鈥檃ffaire des San au Botswana soul猫ve une question d茅licate en Afrique : qui est autochtone ? Certaines communaut茅s revendiquent aujourd鈥檋ui en Afrique le statut de population autochtone au motif que leurs anc锚tres ont r茅sist茅 脿 l鈥檌nfluence des vagues de migrations massives des agro-茅leveurs de langue bantoue qui ont immigr茅 de l鈥橭uest vers le Sud de l鈥橝frique 脿 partir de l鈥檃n 1000 av. J.-C. Si certains ont 茅t茅 assimil茅s par ces nouveaux arrivants, d鈥檃utres ont pr茅serv茅 leurs caract茅ristiques linguistiques, culturelles et sociales, continuant le plus souvent 脿 vivre en soci茅t茅s de chasseurs, de cueilleurs et de bergers.

Par la suite, la langue et la culture arabes se sont propag茅es dans le Nord et l鈥橢st de l鈥橝frique. Divers pays europ茅ens ont ensuite colonis茅 le continent et exerc茅 leur influence. Ces gouvernements coloniaux ont souvent privil茅gi茅 les populations dominantes, productrices de denr茅es alimentaires et marginalis茅 les peuples 鈥渁borig猫nes鈥�, selon l鈥檈xpression qu鈥檈mploient certains historiens pour d茅signer les peuples autochtones qui vivaient dans la r茅gion avant l鈥檃rriv茅e des Bantous.

Apr猫s l鈥檌nd茅pendance, la plupart des gouvernements ont rechign茅 脿 reconna卯tre les droits, notamment politiques, que revendiquaient certaines communaut茅s se consid茅rant autochtones. Apr猫s tout, ont estim茅 les dirigeants, tous les Africains noirs se consid猫rent autochtones.

D鈥檃pr猫s M. Nigel Crawhall, directeur du Comit茅 de coordination des peuples autochtones d鈥橝frique, la demande de reconnaissance des droits autochtones ne s鈥檃ppuie sur aucun pr茅c茅dent historique. Les communaut茅s issues des migrations bantoues, reconna卯t-il, sont aussi africaines que les autres. 鈥淟es revendications des peuples autochtones doivent 锚tre consid茅r茅es 脿 la lumi猫re de la discrimination et de la marginalisation syst茅matiques dont ils font l鈥檕bjet鈥�.

鈥淐鈥檈st le colonialisme qui a mis en place de nouvelles structures 茅conomiques et politiques qui ont renforc茅 le pouvoir des peuples agricoles par rapport aux bergers et aux cueilleurs et qui ont d茅termin茅 qui avait acc猫s aux structures de l鈥橢tat鈥�, explique M. Crawhall. Sous le r茅gime colonial, les peuples agricoles acc茅daient plus facilement 脿 l鈥櫭ヾucation, aux soins de sant茅 et 脿 d鈥檃utres services sociaux dont 茅taient presque compl猫tement priv茅es les soci茅t茅s autochtones. Lorsque le colonialisme a pris fin, ce sont ces 茅lites instruites qui ont pu reprendre les institutions du pouvoir politique et social.

Bas de la hi茅rarchie

Les chasseurs et cueilleurs nomades se trouvaient au bas de la hi茅rarchie des soci茅t茅s coloniales. Ils se retir猫rent souvent dans des milieux naturels moins accueillants, comme des for锚ts profondes et des d茅serts. Dans le pire des cas, comme sous le r茅gime colonial sud-africain, rappelle M. Crawhall, les colons europ茅ens essay猫rent d鈥檈xterminer les San. 鈥淚ls ont 茅t茅 chass茅s 脿 cheval, tu茅s par des maladies, leurs familles d茅truites et leurs enfants donn茅s comme serviteurs 脿 d鈥檃utres鈥�, explique-t-il 脿 Afrique Renouveau.

Parmi les nombreux peuples autochtones d鈥橝frique se trouvent les peuples de chasseurs-cueilleurs (les 鈥減ygm茅es鈥�) de l鈥橝frique centrale, les 茅leveurs nomades comme les Masa茂 et les Samburu de l鈥橝frique de l鈥橢st, les San d鈥橝frique australe et les Amazigh (Berb猫res) d鈥橝frique du Nord et du Sahel.

鈥淟es revendications des peuples autochtones doivent 锚tre consid茅r茅es 脿 la lumi猫re de la discrimination et de la marginalisation syst茅matiques dont ils font l鈥檕bjet."

鈥擭igel Crawhall, Comit茅 de coordination des peuples autochtones d鈥橝frique

鈥淣ous ne sommes peut-锚tre pas tous toujours d鈥檃ccord sur la d茅finition des peuples autochtones ou la qualification comme telle de certaines communaut茅s鈥�, remarque Mme Angela Khaminwa, experte des politiques d鈥檌nclusion sociale 脿 Nairobi. 鈥淨uel que soit le nom que nous donnons aux communaut茅s ethniques qui pr茅servent leur mode de vie et leurs moyens de subsistance traditionnels, il n鈥檡 a aucun doute que bon nombre d鈥檈ntre elles risquent d鈥櫭猼re exploit茅es dans le travail ou 脿 des fins sexuelles."

Beaucoup voient leur r茅gion envahie par la culture des terres. D鈥檃utres sont menac茅es par des politiques de pr茅servation de l鈥檈nvironnement qui visent 脿 prot茅ger certaines esp猫ces animales et v茅g茅tales mais interdisent aux communaut茅s locales de pratiquer la chasse et la cueillette. Leur langue et leur mode de vie perdent du terrain. 鈥淪i les gouvernements h茅sitent 脿 aborder directement la question des diff茅rences internes, c鈥檈st peut-锚tre par souci de promouvoir la coh茅sion nationale鈥�, explique Mme Khaminwa. L鈥檕ctroi d鈥檜n statut sp茅cial 脿 une communaut茅 pourrait 锚tre per莽u comme du favoritisme politique.

Les craintes des gouvernements africains ne sont pas sans fondement. Les groupes rebelles et les politiciens ont trop souvent insist茅 sur les diff茅rences ethniques pour mobiliser la population contre leurs adversaires. Les revendications de diff茅rentes communaut茅s ethniques portant sur des terres et des minerais, qui s鈥檃ppuyaient souvent sur des pr茅c茅dents historiques, ont fr茅quemment contribu茅 aux conflits arm茅s.

鈥楿n appel l茅gitime鈥�

L鈥橭NU estime qu鈥檌l y a environ 370 millions d鈥檃utochtones dans plus de 70 pays du monde. Ils sont parmi les plus d茅favoris茅s sur le plan 茅conomique, social et culturel. Malgr茅 ces difficult茅s, les peuples autochtones du monde ont r茅alis茅 de grands progr猫s dans la revendication de leurs droits au cours de la derni猫re d茅cennie, que les Nations Unies ont d茅clar茅e D茅cennie internationale des populations autochtones (1995-2004). De nombreux changements se sont produits pendant cette p茅riode en Afrique, dont l鈥檜n des plus importants a 茅t茅 la mont茅e en puissance d鈥檜ne soci茅t茅 civile organis茅e repr茅sentant divers peuples autochtones d鈥檜n bout 脿 l鈥檃utre du continent.

Ces groupes de la soci茅t茅 civile ont fait pression sur la Commission africaine des droits de l鈥檋omme et des peuples, organisme continental, pour qu鈥檈lle reconnaisse que la notion de peuples autochtones s鈥檃pplique 茅galement en Afrique. En 2003, la Commission a adopt茅 un rapport du Groupe de travail sur les populations/communaut茅s autochtones, qui reconnaissait que 鈥渃ertains groupes marginalis茅s sont victimes d鈥檜ne discrimination particuli猫re du fait de leur culture, de leur mode de production et de leur marginalisation au sein de l鈥橢tat. L鈥檃ppel que lancent ces groupes marginalis茅s en faveur de leurs droits est un appel l茅gitime visant 脿 att茅nuer cette forme particuli猫re de discrimination".

En th茅orie, en adoptant le rapport, les 53 Gouvernements membres de la Commission s鈥檈ngagent 脿 promouvoir les droits des autochtones. Mais en r茅alit茅, la majorit茅 des pays peinent encore 脿 mettre en pratique de tels concepts, explique Mme Lucy Mulenkei, directrice de l鈥橧ndigenous Information Network au Kenya. Bien qu鈥檜n certain nombre de gouvernements africains estiment que la reconnaissance des droits autochtones risque d鈥檈xacerber les tensions ethniques, 鈥渘ous continuons de vouloir que les peuples autochtones soient reconnus afin de rem茅dier aux probl猫mes de marginalisation et autres鈥�, a-t-elle d茅clar茅 脿 Afrique Renouveau.

Sous la pression d鈥檕rganisations repr茅sentant les peuples autochtones, certains pays ont r茅alis茅 de grands progr猫s, ajoute-t-elle. R茅cemment le Burundi a amend茅 sa constitution afin de garantir la repr茅sentation 脿 l鈥檃ssembl茅e nationale des Twa, peuple autochtone, qui vit dans plusieurs pays de la r茅gion des Grands Lacs. Au Rwanda voisin, le Gouvernement coop猫re avec la principale organisation twa en vue d鈥檈nqu锚ter sur les crimes de guerre commis contre eux lors du g茅nocide de 1994, au cours duquel un tiers des Twa vivant au Rwanda ont 茅t茅 tu茅s, selon les estimations.

Ailleurs en Afrique, le Cameroun consid猫re comme peuples autochtones les 鈥淧ygm茅es鈥� et les 茅leveurs nomades. Le Gouvernement a accept茅 de se conformer aux politiques de compensation et de r茅implantation des peuples autochtones touch茅s par la construction du gazoduc Tchad-Cameroun, b茅n茅ficiant du soutien d鈥檌nvestisseurs priv茅s et de la Banque mondiale. Le Maroc a mis fin 脿 l鈥檌nterdiction de l鈥檈nseignement de la langue amazigh (berb猫re) dans les 茅coles et a 茅tabli une commission nationale charg茅e d鈥櫭﹍aborer des politiques sur la langue et la culture autochtone.

D鈥櫭�pres n茅gociations

La D茅cennie internationale des populations autochtones a 茅galement permis aux militants de mettre l鈥檃ccent sur la cr茅ation d鈥檜ne Instance permanente sur les questions autochtones et d鈥櫭﹍aborer un projet de d茅claration sur les droits des peuples autochtones. L鈥橧nstance permanente, qui a tenu s茅ance pour la premi猫re fois en 2002, se r茅unit tous les ans au Si猫ge de l鈥橭NU pour donner aux peuples autochtones l鈥檕ccasion de s鈥檈xprimer 脿 l鈥櫭ヽhelon intergouvernemental.

C鈥檈st en 1985 que des repr茅sentants des peuples autochtones et de la communaut茅 internationale ont commenc茅 脿 茅laborer la d茅claration sur les droits des peuples autochtones. Le projet de d茅claration a 茅t茅 achev茅 en 1993 (voir encadr茅) mais fait depuis l鈥檕bjet de n茅gociations. Lors de la Journ茅e internationale des peuples autochtones en ao没t 2006, le Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU de l鈥櫭﹑oque, Kofi Annan, l鈥檃 qualifi茅e de fruit de 鈥渘ombreuses ann茅es de n茅gociations complexes et parfois 芒pres鈥�. La d茅claration, a-t-il dit, a 茅t茅 鈥渦n instrument d鈥檜ne importance historique pour la promotion des droits et la dignit茅 des peuples autochtones du monde鈥�.

Cette d茅claration devait 锚tre adopt茅e en novembre 2006 par l鈥橝ssembl茅e g茅n茅rale des Nations Unies, ce qui aurait constitu茅 un progr猫s remarquable. Toutefois, cela n鈥檃 pas 茅t茅 le cas. La Namibie et d鈥檃utres pays africains, auxquels se sont joints l鈥橝ustralie, la Nouvelle-Z茅lande, le Canada et les Etats-Unis, s鈥檡 sont oppos茅s.

Le repr茅sentant de la Namibie a expliqu茅 que certaines des dispositions de la d茅claration 茅taient contraires aux constitutions nationales de divers pays africains. Cependant, a-t-il ajout茅, la d茅claration 茅tait d鈥檜ne importance telle qu鈥檌l n鈥櫭﹖ait que 鈥渏uste et raisonnable鈥� d鈥檈n reporter l鈥檃doption afin que de nouvelles consultations puissent avoir lieu.

Le repr茅sentant du Kenya a d茅clar茅 que la d茅claration comportait un certain nombre de contradictions. Il 茅tait par exemple question 鈥渄鈥檃utod茅termination鈥� comme si la population en question vivait sous un r茅gime colonial. Dans son pays, a-t-il dit, tous les citoyens b茅n茅ficiaient du droit 脿 l鈥檃utod茅termination. Un autre d茅l茅gu茅 africain a not茅 que le concept de l鈥檃utod茅termination 茅tait tout 脿 fait contraire aux efforts d鈥檌nt茅gration des peuples autochtones au sein de la soci茅t茅. La d茅claration 茅tait source de divisions, a-t-il estim茅, isolant certains groupes et les incitant 脿 茅tablir leurs propres institutions aux c么t茅s des institutions centrales.

L鈥橝ssembl茅e g茅n茅rale a report茅 l鈥檃doption de la d茅claration 脿 sa prochaine session, en septembre 2007. Le rejet du projet de d茅claration a surpris de nombreux observateurs car en juin 2006, les pays africains et d鈥檃utres Etats l鈥檃vaient adopt茅 au Conseil des droits de l鈥檋omme de l鈥橭NU. 鈥淣ous regrettons que la d茅claration n鈥檃it pas 茅t茅 adopt茅e鈥�, d茅clare Mme Mulenkei, membre de la communaut茅 autochtone k茅nyane des Masa茂.

Mme Mulenkei fait remarquer que plusieurs des pr茅occupations que les pays africains expriment maintenant ont 茅t茅 d茅battues au cours de deux d茅cennies de n茅gociations. A son avis, le rejet de la r茅solution s鈥檈xplique en r茅alit茅 par des raisons politiques et 茅conomiques. Plusieurs des pays oppos茅s 脿 la d茅claration craignent qu鈥檈lle ne donne aux peuples autochtones le pouvoir de revendiquer des terres et d鈥檕btenir des r茅parations pour des si猫cles de discrimination.

鈥淧endant toutes ces ann茅es de d茅bat du projet de d茅claration, les gouvernements africains y ont 脿 peine particip茅, ajoute-t-elle. Et 脿 la derni猫re minute, ils viennent s鈥檡 opposer. Nous allons ainsi reculer de nombreuses ann茅es. Mais, ajoute-t- elle , il est maintenant trop tard pour que les gouvernements brisent l鈥櫭﹍an acquis鈥�. Les droits des peuples autochtones devraient, estime-t-elle, progresser tr猫s prochainement.