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Faire taire les armes, ça démarre en 2020

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Faire taire les armes, ça démarre en 2020

— Mme Aïssatou Hayatou, chargée du programme « Faire taire les armes »
Zipporah Musau
Afrique Renouveau: 
23 Décembre 2019
Ms. Aïssatou Hayatou
Mme Aïssatou Hayatou, chargée du programme « Faire taire les armes »

Mme Aïssatou Hayatou est la chargée du programme « Faire taire les armes » de la Commission de l’Union africaine. La campagne vise à aboutir à une Afrique sans conflits, prévenir les génocides, instaurer la paix et mettre fin aux guerres, aux violences, aux violations des droits de l’homme et aux catastrophes humanitaires. Mme Hayatou s’en explique à Zipporah Musau.

Afrique Renouveau : Quel est le but de cette campagne ?

Mme Aïssatou Hayatou : Elle vise à promouvoir la prévention, la gestion et le règlement des conflits en Afrique. « Faire taire les armes » vise à faire taire toutes les armes illégales en Afrique. Nous avons un mois d’amnistie en septembre 2020 au cours duquel ceux qui possèdent des armes à feu acquises illégalement pourront les remettre sans encourir de sanctions.

Quand sera-t-elle annoncée ?

Elle sera annoncée au début de l’année 2020 à Addis-Abeba pendant le Sommet de l’UA, qui a pour thème « Faire taire les armes à feu ».

Qui cette campagne cible-t-elle ?

Elle cible les États membres parce que c’est aux gouvernements qu’incombe la responsabilité première d’assurer la paix, la sécurité et la protection globale des citoyens. Nous mettons également l’accent sur les jeunes. C’est leur avenir qui est en jeu.

Silencing the Guns: International, Continental and Regional Policies

Où sont les armes ?Principalement dans les zones de conflit :le Sahel, le bassin du lac Tchad, l’Afrique centrale, l’est du Congo, la Corne de l’Afrique, le Soudan, le Soudan du Sud et la Libye. Cela ne signifie pas que les pays vivant en paix ne doivent rien faire. La prévention est essentielle. Toutes les armes légères acquises illégalement et utilisées à des fins criminelles, de violence urbaine et de vol de bétail doivent également être réduites au silence. Faire taire les armes appelle tous les pays à investir dans la paix.Et après la remise des armes ?Le désarmement à lui seul ne suffit pas. Nous devons trouver des solutions pour que les communautés en conflit puissent coexister.Comment faire taire les armes en Afrique une fois pour toutes ?Nous devons nous attaquer à la cause profonde du problème. Pour construire la paix, nous devons créer des programmes multisectoriels participatifs qui s’attaqueront aux causes économiques, sociales et environnementales de ce défi. Environ 600 millions de jeunes en Afrique sont sans emploi, sans instruction ou en situation d’emploi précaire. Nous devons investir dans le développement économique pour empêcher nos jeunes de prendre les armes.

600 millions
les jeunes en Afrique sont au chômage, sans instruction ou dans un emploi précaire.

L’Afrique peut-elle résoudre ses propres problèmes ?

Je crois que l’Afrique peut trouver des solutions à ses propres problèmes. Lorsque nous avons engagé une médiation sur le terrain sous la direction de l’Afrique, leÌý succès a été retentissant parce que nous avons un lien émotionnel avec nos frères et sÅ“urs sur le continent.

Quels défis prévoyez-vous ?

Le plus grand défi sera l’adoption nationale de la campagne par les États membres. L’appropriation par les gouvernements de la campagne de réduction au silence des armes à feu et l’élaboration effective de plans nationaux. La volonté politique et le leadership doivent se situer au plus haut niveau. L’UA et l’ONU peuvent venir en aide aux pays. Nous devons également mobiliser des ressources pour soutenir toutes ces activités.

Le soutien des Nations Unies
  • En février 2019, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est félicité de la campagne africaine tendant à « Faire taire les armes » et a appelé à un soutien international pour parvenir à la paix dans chaque pays.
  • Le Conseil a adopté à l’unanimité une résolution visant à soutenir les initiatives destinées à trouver des « solutions africaines aux problèmes africains » tout en reconnaissant que d’autres pays peuvent contribuer à accélérer les progrès.
  • Le Conseil a pris note des efforts déployés par l’UA et les groupes régionaux pour créer un continent sans conflits, mais il s’est également ditÌý préoccupé par lesÌý « problèmes de sécurité qui frappentÌý certaines parties de l’Afrique ».
  • Il a mis en évidence les menaces posées par le terrorisme, la piraterie maritime, les tensions entre agriculteurs et éleveurs, la criminalité transnationale organisée et « les actes deÌý violence que continuent de perpétrerÌý les insurgés, les rebelles et les groupes armés ».
  • La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques de l’ONU, Rosemary A. DiCarlo, a déclaré lors d’une discussion précédant l’adoption de la résolution : « L’ONU et l’UA partagent une mission commune : prévenir les conflits. Ces deux dernières années, la capacité de ces deux organisations à détecter les crises et à les désamorcer s’est renforcée, tout comme la coopération visant à faciliter le règlementÌý des conflits qui éclatent. »
  • Ce partenariat porte ses fruits dans différents pays, par exemple à l’appui des efforts déployés par la Somalie pour rétablir la paix et la stabilité, et de l’effort de paix en RCA.
  • « Au Soudan du Sud, la signature de l’accord de paix revitalisé facilité par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) avec le soutien de l’UA et de l’ONU a ravivé l’espoir,Ìý même s’il reste fort à faire pour réduire définitivement les armes au silence et mettre fin aux abus, notamment à la violence sexuelle et sexiste au Soudan du Sud », a déclaré Mme DiCarlo.
  • Au siège de l’ONU, le Secrétaire général António Guterres a mis en place un groupe de travail dirigé par la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix en Afrique, Bintou Keita, afin de coordonner toutes les agences onusiennes pour soutenir la campagne « Faire taire les armes ».

Quelles sont certaines des initiatives sur le terrain ?

Il se passe beaucoup de choses sur le continent : nous avons des exemples de réussite là où des combattants ont été désarmés et des terroristes démobilisés. Les troupes de l’UA sont déployées en Somalie, en RCA, au Darfour et dans le bassin du lac Tchad. Nous avons des projets communautaires sur la réconciliation et la consolidation de la paix.

Quel est le rôle des femmes dans tout cela ?

Les femmes font partie des principaux partenaires pour ce qui est de faire taire les armes en raison duÌý rôle déterminant qui est le leur. Cependant, à la table des négociations de paix et dans les médias, leur impact n’est pas mis en lumière. Le nombre de médiations que ces femmes réalisent d’un village à l’autre est incroyable ! L’Afrique doit comprendre que l’on ne gagne pas le match avec la moitié seulement de l’équipe sur le terrain et que ce qui arrive à l’un des sexes affecte aussi l’autre. Ce sont les femmes qui assureront la prospérité de l’Afrique.

Qui d’autre est impliqué ?

Tous les États membres de l’UA, 57 autres pays du monde entier et l’Union européenne en tant que partenaire majeur. Au niveau du continent, les communautés économiques régionales coordonnent l’action. Les organisations internationales et nationales, la société civile, les jeunes, les femmes, la diaspora : tout le monde est impliqué. Le message est le suivant : la paix n’est pas le monopoleÌý des gouvernements. Nous avons tous un rôle à jouer pour parvenir à la paix en Afrique. Ìý Ìý