Alors que la nouvelle maladie de coronavirus continue de se propager en Afrique, le Directeur régional de l'OMS pour l'Afrique, le Dr Matshidiso Moeti, s'est entretenue avec Afrique Renouveau sur l’aide que son organisation apporte aux pays africains.
Entretien en trois parties avec la Directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, le Dr Matshidiso Moeti. Elle parle de la préparation et de la réponse de l'Afrique face à la pandémie COVID-19 et du soutien de l'OMSÌý; des leçons tirées de l’ Ebola et de la solidarité internationale dans la lutter contre la propagation du virus.
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Que fait l'OMS Afrique pour soutenir les pays et les communautés dans la lutte contre ce virus ?
Nous avons travaillé dur, avec le soutien de notre siège et en partenariat avec de nombreuses autres organisations, dont l'Union africaine, les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) et d'autres agences des Nations unies, pour aider les pays [africains]. Tout d'abord, dès le début de la préparation, nous avons organisé un nombre important de formations pour les professionnels de santé en matière de surveillance, de gestion des cas et de diagnostics de laboratoire. Certaines capacités ont également été renforcées grâce à la formation de l'OMS.
Nous avons également aidé nos États membres à élaborer des plans d'intervention nationaux. Je crois que presque tous les États membres ont maintenant élaboré un plan, ce qui est essentiel pour qu'ils puissent mobiliser les ressources nécessaires à un bon état de préparation et pour leur permettre de réagir s'ils ont des cas de COVID-19. Nous avons envoyé environ 80 experts de l'OMS dans 30 pays.
Nous avons également mobilisé des experts pour échanger des compétences entre les pays et aider à remplir des fonctions telles que la mise en place d'un système de gestion des incidents - l'un des [éléments] les plus critiques car c'est là que toutes les données sont rassemblées et [au travers duquel] les actions à prendre sont coordonnées.
Nous avons aidé de nombreux pays à mettre en place des équipes de réaction rapide - afin qu'ils sachent exactement qui doit aller où, pour faire quoi - afin de s'assurer qu'ils sont [pleinement préparés]. Nous avons travaillé avec des partenaires et avec d'autres agences des Nations unies pour aider les pays à se préparer, en reconnaissant que la réponse à cette pandémie ne réside pas uniquement dans les actions du secteur de la santé. Nous avons besoin de la réaction de tous les gouvernements et d'une réponse multisectorielle des agences des Nations unies. Par exemple, nous attendons de nos collègues de l'UNICEF qu'ils contribuent à la communication des risques et à l'engagement communautaire afin que les gens obtiennent les informations dont ils ont besoin. Ensuite, nous vérifions ce que les gens ont appris et compris pour nous assurer qu'ils prennent les bonnes mesures de protection.
Un autre exemple est notre forte promotion de l'hygiène des mains : le lavage des mains. Nous savons que dans beaucoup de nos pays, l'eau n'est tout simplement pas facilement accessible - il ne suffit pas de tendre la main et d'ouvrir un robinet. De nombreux ménages n'ont pas l'eau courante et d'autres utilisent peut-être des robinets communs. Nous allons travailler avec nos partenaires pour nous assurer que l'eau est disponible. Certaines agences des Nations Unies, en particulier dans le contexte actuel de réduction des déplacements des personnes, ont la capacité de soutenir cette logistique. Elles disposent d'avions et de moyens pour déplacer les personnes, le matériel et les fournitures. Ce sont les partenariats que nous mettons en place au sein des Nations unies et avec les agences bilatérales pour soutenir l'action dans les pays.
Au début des activités de préparation, nous nous sommes procuré des outils de travail. Par exemple, des kits et du matériel de laboratoire, ainsi que des fournitures pour la protection personnelle, notamment des masques et des gants, et d'autres kits destinés à protéger les agents de santé et à garantir qu'ils ne seront pas infectés au cours de leur travail sur cette épidémie.
Comment l'OMS Afrique travaille-t-elle avec le CDC Afrique sur la préparation et la réponse?
Nous travaillons beaucoup avec le CDC Afrique et avec la Commission de l'Union africaine, dont le CDC Afrique est un organe technique. Nous avons organisé ensemble de nombreuses formations sur les différents aspects de la préparation et de la réponse, sur le renforcement des capacités des laboratoires, les tests, la gestion des cas et la surveillance. Nous avons donc vraiment travaillé main dans la main avec le CDC Afrique.
Au niveau politique, ils ont organisé, et nous y avons pris part, des réunions ministérielles auxquelles ont participé tous les pays africains. Nous les avons informés des interventions les plus importantes à mettre en place et de la manière de travailler avec l'OMS, les CDC Afrique et d'autres partenaires. A notre tour, nous avons organisé des réunions sous régionales de partenaires à Nairobi et à Dakar pour les régions d'Afrique occidentale, centrale, orientale et australe. Le CDC Afrique a participé très activement à ces réunions, au cours desquelles nous avons convenu de la manière dont ils travailleraient avec nous et avec d'autres agences des Nations unies, avec des partenaires bilatéraux et des agences techniques afin que nous puissions mettre nos efforts en synergie. Nous travaillons en étroite collaboration avec eux et, en fait, le directeur du CDC Afrique [Dr John Nkengasong] a été nommé ambassadeur de bonne volonté de l'OMS pour ce travail.
Dans quelle mesure sommes-nous proches d'un vaccin COVID-19 et que peut-on faire pour qu'il soit accessible à tous ?
De nombreux travaux sont en cours pour identifier un vaccin-candidat qui pourrait être viable contre ce virus. Je crois qu'il y a environ 20 vaccins testés en ce moment par différents chercheurs. Une partie de notre expérience dans le développement d'un vaccin contre le virus Ebola, par exemple, est actuellement utilisée pour promouvoir le partenariat et le partage d'informations autour du développement d'un vaccin [contre le coronavirus].
Le développement d'un vaccin, même en ce mode de travail accéléré, prend un certain temps, et nous ne pensons pas qu'un vaccin sera disponible cette année, au moins. Mais nous sommes encouragés par la détermination et les efforts déployés pour trouver un vaccin. Nous devons travailler avec les partenaires qui assurent traditionnellement l'accès aux vaccins pour préparer les pays africains à recevoir et à utiliser n'importe quel vaccin. Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités réglementaires de ces pays. Ce que nous pouvons offrir, c'est de nous mettre en rapport avec elles dès le début pour nous assurer qu'il n'y a pas d'obstacles ni de retards dans la fabrication du vaccin dans les pays.