Le Sous-secrétaire général des Nations unies et directeur du Bureau régional pour l'Afrique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Ahunna Eziakonwa, s'entretient avec Kingsley Ighobor d'Africa Renewal sur COVID-19, et affirme que le succès de la réponse dépendra de la solidarité panafricaine. Extraits :
Que pensez-vous du fait que l'Afrique produise ses propres équipements médicaux ?
L'Afrique produit déjà des équipements et des fournitures pharmaceutiques et médicales. Nous avons traversé plusieurs crises sanitaires - VIH et sida au virus Ebola et autres - qui ont entraîné la naissance de certaines industries médicales, mais il nous en faut davantage pour lutter contre la pandémie actuelle. L'Afrique a des possibilités. L'Union africaine a une politique industrielle axée sur la production locale, qui peut être activée et portée à un niveau beaucoup plus élevé. Nous voyons des entreprises sud-africaines produire des ventilateurs en quelques semaines ; nous voyons les brasseries de plusieurs pays passer de la production de boissons alcoolisées à celle de désinfectant pour les mains. Le potentiel est là , mais il nécessite une orientation politique. Au minimum, l'Afrique devrait et peut produire la majeure partie de ce dont elle a besoin plutôt que d'importer.
Quelle est la prochaine étape pour l'Afrique ?
L'Afrique a besoin de solidarité. Le renouveau de l'esprit panafricain est important. Nous pouvons gagner la bataille mais pas la guerre si nous nous battons sur une base individuelle. Le destin de l'Afrique est lié par la porosité de nos frontières. C'est pourquoi une réponse efficace à cette pandémie nécessitera une solidarité panafricaine. Deuxièmement, nous ne pouvons pas lutter contre cette pandémie avec des préjugés. C'est un virus qui devrait nous rassembler en tant que famille humaine, et non nous diviser. Et nous ne pouvons gagner que si nous faisons preuve de compassion.
C'est une de ces pandémies où nous ne sommes en sécurité que lorsque tout le monde est en sécurité. Le succès, où que ce soit, ne peut être maintenu sans succès partout.
Troisièmement, les gouvernements africains ne peuvent pas y parvenir seuls. Tout le monde est important. Nous devrions demander aux chefs de communauté, aux chefs traditionnels ou aux chefs d'entreprise d'unir leurs forces à celles du gouvernement pour lutter contre ce virus. Les chefs religieux peuvent jouer un rôle en veillant à ce que la santé spirituelle de leurs congrégations soit maintenue, des choses qui aident à garder l'espoir et à rester en contact les uns avec les autres sans nécessairement se rassembler et s'infecter.
Enfin, nous ne pouvons pas oublier qu'avant cette crise, il y avait des défis sur le continent, qui doivent encore être relevés. Par exemple, 16 millions de personnes déplacées et de réfugiés seront touchés de manière disproportionnée par cette crise. Nous devons trouver des moyens de garantir qu'ils soient protégés et que leurs besoins continuent d'être satisfaits.
Par-dessus tout, nous ne pouvons pas oublier les travailleurs de la santé qui sont en première ligne et qui risquent leur vie pour sauver la nôtre. En tant qu'Africains, mobilisons-nous pour eux, pour les célébrer et pour nous assurer qu'ils disposent de l'équipement de protection dont ils ont besoin.