’ambassadeur Mamman Nuhu est le Secrétaire exécutif de la Commission du bassin du lac Tchad qui y coordonne de l’exploitation des ressources naturelles. Il est également chef de mission de la Force multinationale mixte, (FMM) composée d’unités des armées béninoise, camerounaise, nigérianes, nigérienne et tchadienne luttant contre Boko Haram. Dans un entretien avec Kingsley Ighobor il évoque la situation sur le terrain.
12 millions de dollars US
coûts estimés
Neuf piliers stratégiques :
Pilier 1 : Coopération politique
Pilier 2 : Sécurité et droits de l’homme
Pilier 3 : Désarmement, démobilisation, réhabilitation, réinsertion et réintégration des personnes associées à Boko Haram
Pilier 4 : Aide humanitaire
Pilier 5 : Gouvernance et contrat social
Pilier 6 : Relèvement socio-économique et durabilité́ environnementale
Pilier 7 : ÉܳپDz, apprentissage et compétences
Pilier 8 : Prévention de l’extrémisme violent et construction de la paix
Pilier 9 : Autonomisation et inclusion des femmes et des jeunes
Environnement : De nombreuses espèces végétales et animales, dont les espèces halieutiques disparaissent. Fermiers, éleveurs de bétails et pêcheurs ont perdu leurs moyens de subsistance. Nous sommes en crise.
Défaire Boko Haram : Nous avons fait des progrès. Des territoires ont été libérés mais Boko Haram a toujours une capacité de nuisance quoiqu’il ne soit confiné qu’à certaines régions autour du lac Tchad. La Force multinationale mixte doit, et cela donne des résultats, maintenir la pression permanente en poursuivant les opérations militaires. Elles étaient limitées et sporadiques par le passé. La FMM est composée d’unités des armées béninoise, camerounaise, nigériane, nigérienne et tchadienne.
La situation humanitaire : Nous continuons de faire face à des défis humanitaires. Environ 10,7 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire. Un autre groupe de 2,4 millions personnes ont été déplacées de leurs villes et villages. Nous avons fait des progrès. Certains réfugiés reviennent volontairement dans leurs pays et nous les réintégrons dans leurs communautés. Des efforts de réhabilitation sont en cours – écoles et marchés sont reconstruits, et l’administration est restaurée dans les zones sécurisées.
La stratégie régionale : En 2018, l’Union africaine le Programme des Nations Unies pour le développent (PNUD) ont aidé la Commission du bassin du lac Tchad à mettre en place une solide stratégie régionale. C’est une approche globale autour de neuf piliers, dont l’éducation et la formation professionnelle, la relance socioéconomique, la protection de l’environnement, l’émancipation et l’intégration des femmes. De cette manière, nous pourrions nous occuper de certains des problèmes de la région de manière pacifique. La stratégie de stabilisation de la région n’est pas entièrement opérationnelle. Le PNUD a réussi à mobiliser 60 millions de dollars en 2019 qui nous permettent de nous occuper des défis humanitaires pour l’instant.
«Faire taire les armes d’ici 2020» : Cela requièrt une pression constante sur Boko Haram ainsi que des réponses aux questions à l’origine des problèmes dans le bassin du lac Tchad. La sécheresse et le rétrécissement du lac sont à l’origine de la pauvreté et de la faim par exemple. Nous serons en mesure de faire taire les armes si nous arrivons à régler les questions de développement. Figurez-vous que dans les années 60s, la superficie du lac était de 25.000 kilomètres carrées et qu’elle est maintenant de 4,500 km2. Sur la même période, la population est passée de 7 millions à environ 50 millions.
Efforts en cours pour régler certaines de ces questions : Nous nous occupons des aspects humains tels que les méthodes de production agricole peu durables qui consomment beaucoup d’eau. Nous promouvons des cultures résistants à la sécheresse et de nouvelles techniques agricoles permettant d’utiliser de l’eau de manière efficace. Nous avons également une campagne de sensibilisation à des méthodes de production agricoles durables.
Le dernier mot : Les pays du bassin du lac Tchad doivent maintenir leur relations cordiales. Nous avons aussi besoin du soutien de la communauté internationale afin de mobiliser le financement nécessaire. A eux seuls, les pays de la région n’ont pas les moyens financiers d’entreprendre ces énormes projets.