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Un partisan des sciences et maths

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Un partisan des sciences et maths

—Peter Tabichi, Frère franciscain, lauréat du Prix mondial des enseignants
Zipporah Musau
Afrique Renouveau: 
24 Décembre 2019
Teacher and Franciscan brother Peter Mokaya Tabichi, 36, holds his Global Teacher Award as he is cheered on by his students at Keriko Secondary School in Njoro, Nakuru county.            Getty Images/ Tony Karumba
Getty Images/ Tony Karumba
Peter Mokaya Tabichi, Frère franciscain de 38 ans au milieu de ses élèves.

Peter Tabichi, un prêtre kenyan de l’ordre des Franciscains qui redistribue 80% de son salaire aux pauvres, a remporté cette année le prix du meilleur enseignant au monde, doté d’une récompense d’un million de dollars. Créé en 2014 par la Fondation Varkey pour l’éducation, le prix est remis à un enseignant exceptionnel dont la contribution a été remarquable. Tabichi a été choisi sur une liste de dix finalistes venus de nombreux pays. Dans l’école défavorisée où il enseigne, les inscriptions ont doublé en trois ans et plus de la moitié de ses étudiants sont entrés au lycée ou à l’université. Zipporah Musau l’a interviewé pour Afrique Renouveau.

Afrique Renouveau : Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?

Peter Tabichi: Je m’appelle Peter Mokaya Tabichi. Je suis professeur de mathématiques et de physique au collège Keriko à Nakuru au Kenya. J’enseigne dans un établissement qui manque de ressources et n’a pas de locaux adaptés. Il est difficile d’enseigner dans un tel environnement mais nous essayons d’être créatifs autant que faire se peut. J’aide aussi mes étudiants après les cours pour qu’ils mettent à profit tout leur potentiel.

Pourquoi êtes-vous à New-York ?

En tant que lauréat du prix du meilleur enseignant (Global Teacher Prize), je suis ici en mission spéciale pour parler du professorat. Je veux faire comprendre aux gens que les enseignants sont très importants pour la société et méritent davantage de reconnaissance. Ce prix est un excellent moyen de promouvoir le métier mais également les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM), en particulier en Afrique.

Pourquoi êtes-vous si favorable aux STIM ?

Les STIM peuvent aider la jeune génération. Ce sont des domaines où la jeunesse africaine peut donner le meilleur d’elle-même. Ils permettent d’acquérir des compétences importantes comme la communication, la résolution de problèmes, le travail en équipe ainsi que la créativité et l’innovation. Les étudiants pourront être en mesure de s’attaquer à certains problèmes de l’Afrique, comme le changement climatique, les pénuries d’eau et alimentaires. Nous n’avons pas besoin que d’autres viennent résoudre nos problèmes. Nous avons des idées et les moyens de les réaliser. Ìý Ìý

Tout enfant possède un talent unique, mais parfois il ne peut réaliser ses rêves parce qu’il n’a pas reçu assez de soutien ou n’en a pas eu l’opportunité. Selon moi, les STIM aident les étudiants à découvrir leurs propres talents. Mais il faut aussi trouver les moyens de les aider, en adoptant une approche intégrée.

Que signifie pour vous ce prix ?

Énormément. Le prix n’est pas uniquement pour moi; il montre que ce que font les enseignants dans la société est vraiment important et mérite plus de reconnaissance. Il montre aussi que les étudiants peuvent réussir. C’est grâce aux réussites de mes élèves que j’ai obtenu ce prix.

Je veux être un exemple pour les plus pauvres de ma communauté. Une éducation de qualité ne repose pas seulement sur le savoir académique. Elle concerne aussi la formation de la personnalité, la créativité, les capacités de communication et la découverte de nouveaux talents chez les jeunes. Peu importe d’où il vient, tout enfant possède un talent et il faut lui donner sa chance. En tant qu’enseignants, nous devons en être conscients.

Prix du meilleur enseignant au monde 2019

Nom : Peter Tabichi

Age : 38 ans

±·²¹³Ù¾±´Ç²Ô²¹±ô¾±³Ùé : Kenyan

Nombre d’années d’enseignement : 12

ɳٲ¹²ú±ô¾±²õ²õ±ð³¾±ð²Ô³Ù : Keriko Secondary School

³¢´Ç³¦²¹±ô¾±³Ùé : Le comté de Nakuru dans la vallée du Rift au Kenya

Étudiants issus de familles pauvres : 95%

Distance moyenne pour les étudiants jusqu’à l’école : 7 km

Nombre d’étudiants par professeur : 58/1

Nombre d’ordinateurs : 1

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Ses réalisations :

Agrandissement du club de sciences de l’école

Utilise les TIC dans 80% de ses cours

Les inscriptions à l’école ont doublé (400) en trois ans

Les incidents disciplinaires sont passés de 30 par semaine à trois

L’an dernier, plus de la moitié de ses élèves sont entrés au lycée ou à la fac

Les filles, qu’il encourage, ont mieux réussi aux examens que les garçons

Comment allez-vous utiliser le million de dollars que vous avez reçus ?

Je veux me servir de cet argent pour aider et inspirer d’autres personnes, en commençant par mon école, puis la communauté où j’enseigne et au-delà. Mon établissement ne possède aucun équipement de laboratoire, pas de connexion Internet, pas de cuisine, pas de cantine. Ce sont parmi les choses que je veux apporter. Je veux aussi que nous ayons des ordinateurs afin que les professeurs puissent utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication dans leurs classes, et qu’il y ait de l’eau potable à l’école. Pour la communauté dans son ensemble, je veux mettre en place des programmes pour la sécurité alimentaire. Je ne peux pas tout résoudre mais je ferai de mon mieux.

Pourquoi êtes-vous devenu enseignant ?

Je viens d’une famille de professeurs. Mon père et certains de mes cousins le sont. J’ai voulu apprendre ce métier car j’ai été témoin du rôle important que jouent les professeurs. Mon père, qui est à la retraite, a été une source d’inspiration, m’éduquant dans un environnement chrétien avec l’honnêteté et l’intégrité pour valeurs.

Que doivent faire les pays africains pour améliorer leurs systèmes éducatifs ?

Tout pays devrait pouvoir garantir une qualité d’éducation. Au Kenya, mon pays, le gouvernement est en train de mettre en place un nouveau système éducatif basé sur les compétences afin de garantir que les jeunes soient plus indépendants, productifs, innovants et créatifs. Il faut aussi leur enseigner les compétences sociales qui leur permettront de promouvoir la paix et l’unité. Je suis très heureux que cela se passe au Kenya : il s’agit d’une occasion de développer ce genre de système sur le continent. La nouvelle génération peut faire beaucoup. Ces jeunes Africains ont les moyens de devenir des scientifiques et des ingénieurs brillants et reconnus.

Quels sont vos projets ?

A présent que j’ai reçu le prix, je veux promouvoir ce qui va nous permettre de réaliser nos rêves et parler du rôle des enseignants dans la société. Je veux défendre la paix et l’unité, pas seulement au Kenya, mais partout en Afrique et dans le monde.

Quel est votre message aux autres enseignants ?

Il faut être créatif et employer la technologie dans nos cours. Sachez écouter car vous aller ainsi pouvoir changer la vie de nombreux étudiants. Les enseignants ont une grande responsabilité et ils doivent en être conscients. Enseigner n’est pas seulement une question de motivation mais aussi d’engagement, de passion et de capacité à voir au-delà de la salle de cours.

Et aux jeunes ?

Tout enfant possède un talent, essayez de le découvrir. Les jeunes doivent apprendre le travail en équipe, le respect des autres et la créativité.Ìý Ìý Ìý